Voler des hosties pour de l'art anti-catholique? Légal en Espagne

Un juge espagnol a rejeté les charges pesant contre un artiste ayant volé des hosties consacrées pour réaliser une oeuvre d’art attaquant la religion catholique.

Abel Azcona a volé plus de 200 hosties lors de messes à Madrid et à Pampelune, rappelle l’agence d’information américaine Catholic News Agency (CNA). Il s’est ensuite photographié nu avec les hosties arrangées sur le sol pour former le mot «pédérastie». En novembre 2015, les photos ont été affichées dans une galerie d’exposition appartenant à la ville de Madrid, dont l’entrée était libre. A la fin de l’exposition, l’artiste espagnol a vendu les hosties pour une somme totale de 268’000 dollars.

«De petits objets ronds et blancs»

Une plainte pour atteinte aux sentiments religieux et profanation a été portée contre Abel Azcona, des délits réprimés par la législation espagnole. Le juge Fermin Otamendi, de Pampelune, a cependant classé le dossier, mi-novembre 2016. Dans son jugement, le magistrat qualifie les hosties de «petits objets ronds et blancs». Il rejette les accusations de profanation, expliquant que d’après le dictionnaire, la profanation est le fait de «traiter quelque chose de sacré sans le respect qui lui est dû ou de l’utiliser pour des desseins profanes». Il a affirmé que le fait de ne pas utiliser les hosties conformément aux directives de l’Eglise catholique ne constituait pas un manque de respect. Le juge a en outre estimé qu’Abel Azcona avait traité les hosties «de façon confidentielle, sans que l’on puisse qualifier son comportement d’irrespectueux, d’offensant ou d’irrévérencieux». Le magistrat n’a en conséquence pas jugé que la démarche était une atteinte aux sentiments religieux.

Messe de réparation

L’Association espagnole des juristes chrétiens, qui a déposé la plainte, a annoncé qu’elle ferait appel. Les avocats ont fait valoir que les 110’000 signatures envoyées aux autorités madrilènes dénonçant l’exposition étaient bien la preuve que les sentiments religieux ont été offensés. De nombreuses manifestations ont en outre été organisées pour demander le retrait de l’exposition. L’archevêque de Pampelune, Mgr Francisco Perez a célébré une messe de réparation à laquelle plus de 4’500 personnes ont participé. (cath.ch/cna/rz)