
Homélie du 1er mars 2020 (Mt 4, 1-11)
Fr. Michel Fontaine OP – Église St-Paul, Cologny, GE
Thème : À qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle (Jn 6,68) – Au désert avec Jésus, enfants d’un même Père.
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Il y a quelques jours, celles et ceux qui ont vécu la célébration des cendres 0nt pu entendre cette parole : « Convertissez-vous et croyez en l’Evangile ».
C’est un appel à regarder sa vie, son quotidien car Dieu ne fait pas de grands discours. Il vient nous rencontrer là où nous sommes, dans la simplicité de nos existences : au travail, à domicile, le jour, la nuit, en prison, en vacances, à l’hôpital et en ce dimanche des malades, cette rencontre prend un sens tout particulier… Si nous l’accueillons, quelque chose commence à changer…C’est bien là le sens du temps de Carême. Ce temps où Jésus nous invite à le suivre, quand bien même est-ce au désert.
Ainsi pendant cinq dimanches nous seront accompagnés par une parole qui viendra creuser en nous ce désir de le connaître davantage, ce désir de la rencontre avec le Dieu de la vie et de la vie en abondance.
Fragilité de notre identité d’enfant de Dieu
Aujourd’hui, Jésus nous fait réaliser qu’en prenant notre condition d’être humain, Lui, qui est le Fils de Dieu, il vient vivre non seulement l’expérience du combat de l’épreuve et de la tentation mais et surtout nous rappeler que nous partageons sa condition de Fils. Nous sommes tous et toutes « enfants de Dieu ». Ce que vit Jésus au désert, à savoir la possible rupture avec Dieu, son Père, insidieusement orchestré par satan, nous renvoie, certes, à la fragilité de notre identité d’enfant de Dieu, mais aussi à notre capacité de dire non à satan.
Combien de moments dans nos vies se sont trouvés confrontés à des choix qui nous engageaient au plus profond de nous-mêmes ?
Alors en quoi, aujourd’hui, cette expérience de Jésus au désert, m’aide à découvrir ce que je suis vraiment, enfant comme Lui, d’un même Père ?
L’épreuve ultime pour Jésus
Entrons dans ce passage de l’évangile de Matthieu ?
Tout d’abord, où se situe-t-il ? Entre le baptême de Jésus au Jourdain : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, il a toute ma faveur » et le commencement d’un long chemin qui nous conduira au vide du tombeau, lieu de la Résurrection.
Lui, qui vient d’être identifié Fils de Dieu publiquement par son Père, avant même de commencer sa longue marche vers Jérusalem, est « conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable ». Il est confronté à l’épreuve ultime, celle de sa relation avec son Père. Celle de sa filiation. Celle de son envoi par son Père. C’est dans cette relation mystérieuse faite de liberté et de volonté qui nous dépasse et en même temps nous ressemble, car cette relation nous renvoie à nous, donc à celle qui nous relie au Père. Impensable, difficile à comprendre et pourtant il ne peut en être autrement, car c’est le sens profond de la Bonne Nouvelle. Nous sommes nous aussi, « enfants d’un même Père », qui que soyons, quelle que soient nos histoires de vie, les plus tourmentées ou tumultueuses, indépendamment de nos différences culturelles et religieuses, nous partageons avec le Christ cette fraternité.
Oui, Jésus fait l’expérience d’une possible rupture avec Dieu comme nous, nous pouvons parfois l’expérimenter dans nos vies. L’épreuve est bien située au niveau le plus ultime de sa relation avec son Père, comme nous de notre relation avec Dieu. Nous sommes bien là au cœur du lien, de cette filiation entre le Père et le Fils.
Satan divise, cherche à casser le lien avec Dieu
L’évangile d’aujourd’hui nous montre l’origine de ce détournement du lien par l’intervention d’une autre parole mensongère. Celle de satan, qui divise, qui cherche à rompre, à casser, à briser…ce lien entre Dieu et Jésus, entre Dieu et nous. Ce sont les expériences que nous pouvons faire, vous comme moi, en famille, au travail, en communauté, en église, dans notre vie affective et relationnelle…
Mais sommes-nous enfermés dans cette spirale infernale ?
Non et l’évangile de Matthieu vient nous rappeler ce lien indéfectible légitimé par l’Esprit Saint lui-même.
Le lien de l’amour
Il nous faut commencer notre carême par cette question que Jésus lui-même a dû se poser ; comment tenir ce lien, cette relation avec mon Père, le Dieu de la vie ? Comment rester le fils de celui qui « insuffle le souffle de vie » ? Comment faire de ma vie un chemin d’humanisation, pour moi mais aussi pour celles et ceux que je rencontre ? Comment croire encore à cette Parole que résonne en moi.
Par trois fois, Jésus dit non à satan qui voulait l’entraîner sur le chemin de la rupture, par l’attrait des nourritures faciles, de l’illusion et du mensonge du pouvoir. Et par trois fois, Jésus réaffirme avec force que rien ne peut le séparer de l’amour de son Père. Il y a entre lui et son Père un lien indéfectible, celui de l’amour. C’est par l’amour que le lien du Fils au Père est maintenu et sauvé. C’est par l’amour, nous le savons bien dans notre existence, que nous sommes capables nous aussi, de tenir nos engagements et de résister aux tourmentes et à nos tempètes dans notre vie.
Et puis, je pense à cet éclairage d’un de nos frères biblistes qui commentait ce passage : « Jésus ne passe pas un examen dont le satan serait l’examinateur, c’est satan qui est mis en examen, convaincu d’inaptitude en matière de relation, de vie avec Dieu, de don de soi. »
En effet, Jésus nous montre toujours une direction, un chemin d’humanisation, celui de la force du lien d’amour et de la vérité. Aujourd’hui, il nous prend par la main avec Lui, il nous assure de la victoire sur le mal parce que nous sommes avec lui, enfants d’un même Père.
Regardons pendant ce carême ce que nous sommes lucidement. Regardons notre Eglise aujourd’hui enlisée dans ses évènements dramatiques et mortifères qui nous sont révélés. Il s’agit bien là de prendre conscience gravement d’un profond détournement de la parole, légitimant l’insoutenable.
Un lien qui est notre rocher
Mais, n’oublions pas que c’est dans les moments les plus innommables, au milieu de nos déserts personnels et institutionnels, de nos difficultés, de nos doutes, de nos infidélités, qu’aujourd’hui l’Evangile nous rappelle la force d’un lien qui ne sera jamais détruit. Ce lien, c’est notre rocher qui nous fait nous tenir debout, être combatif, être libre et pouvoir dénoncer le mensonge et faire de carême un crème de justice.
De même que Jésus n’était pas seul au désert, l’Esprit était avec lui, de même nous ne sommes pas seuls dans notre vie de tous les jours.
Ce temps de carême vient nous le redire, c’est un temps qui nous appelle à une plus grande liberté et une plus grande vérité. il doit renforcer notre joie profonde de nous savoir vainqueur avec Dieu de tout détournement, capable de dire non, car l’Esprit Saint est aussi avec nous dans nos déserts…
Pourquoi ? mais parce que, qui que nous soyons, et il faut le crier, si nécessaire : nous sommes tous, enfants d’un même Père…
1er dimanche de Carême, Année A
Lectures bibliques : Genèse 2, 7-9 ; 3, 1-7a; Psaume 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17; Romains 5, 12-19; Matthieu 4, 1-11
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Homélie du 23 février 2020 (Mt 5, 38-48)
Abbé Jean-Pascal Vacher – Basilique Notre-Dame, Lausanne
La perfection du Père est-elle un appel lancé à tous ?
« Vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait. » Est-ce un appel lancé à tous ou cette invitation ne concerne-t-elle que quelques exceptions ?
Eliminons tout de suite une interprétation possible mais peu plausible : aucun d’entre nous ne deviendra le Créateur du ciel et de la terre. Imaginer cela, relève d’une autre « perfection », celle de l’orgueil. Or Jésus dont le cœur est doux et humble ne peut pas nous demander d’entrer dans l’illusion de cet orgueil démesuré.
Par contre, cette parole de l’Evangile a trouvé une expression particulièrement forte dans un grand chapitre de la Constitution sur l’Eglise du Concile Vatican II consacré à l’appel universel à la sainteté :
En tous, Jésus a envoyé son Esprit
« Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a enseigné à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Et en effet en tous il a envoyé son Esprit pour les pousser intérieurement à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces (cf. Mc 12,30), et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13,34 ; 15,12)…L’apôtre avertit les chrétiens de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3), de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col 3,12), et de porter les fruits de l’Esprit pour leur sanctification (cf. Ga 5,22 Rm 6,22)…
Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur rang… Ainsi la sainteté du peuple de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat l’histoire de l’Eglise par la vie de tant de saints ». (Cf. Lumen Gentium 40) Cet appel universel à la sainteté a été profondément influencé par le saint patron des journalistes, Saint François de Sales.
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
La sainteté, c’est finalement assez simple ; c’est la perfection de la charité ; c’est imiter Jésus dans notre vie quotidienne ; c’est être convaincu que sans l’aide de sa grâce, nous ne serons jamais des saints puisqu’il nous dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 5) ; mais avec l’aide de sa grâce, nous pouvons tous devenir des saints.
Il ne faudrait pas imaginer qu’il y a deux catégories de fidèles : ceux qui sont appelés à la sainteté et les autres qui seraient en quelque sorte des chrétiens de seconde zone. Il faudrait encore moins imaginer que seuls les ministres de l’Eglise sont appelés à la sainteté et pas les laïcs et pas non plus seulement les laïcs et pas les ministres.
En nous rendant attentifs à rejoindre toutes les situations de précarité, le Pape François n’a pas eu l’intention d’instituer une deuxième catégorie de fidèles qui seraient exclus de la sainteté. Il veut plutôt que nous ayons les uns pour les autres un tel amour que nous puissions descendre comme Jésus à la rencontre de toutes les misères, à commencer par celles qui blessent notre cœur, afin de faire monter le niveau de la charité en tous. Soyons convaincus que notre seule mission est d’aimer Jésus parce qu’il a soif de notre amour. Pour cela, n’ayons pas peur d’ouvrir notre fragilité à la force de son Esprit Saint. Ne disons pas : « Je ne suis pas parfait et pour cette raison, je ne suis pas appelé à la sainteté ». Ne disons pas non plus : « Les autres ne sont pas parfaits, alors pourquoi je chercherais à devenir parfait ». Oui, nous ne sommes pas parfaits ; oui, nous ne vivons pas la plénitude de la charité ; oui, nous ne sommes pas encore arrivés au but ; mais tous, nous sommes invités à emprunter le chemin de la sainteté ; et ce chemin, c’est le Christ : « Pour moi, vivre, c’est le Christ ! » (Ph 1,21).
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous indique le chemin. Les paroles qu’il nous livre, il les a accomplies littéralement et d’une manière éminente dans sa Passion : il a offert avec douceur sa joue à ceux qui le giflaient et son visage aux crachats humiliants ; alors qu’Il possède le pouvoir de repousser l’injustice, il accepte qu’elle s’abatte sur lui en étant trainé d’un tribunal à l’autre ; dépouillé de ses vêtements, il garde un silence sacré d’une dignité impressionnante ; requis de porter sa croix, Il marche librement jusqu’au bout du don de sa vie ; immobilisé par les clous et tourné en dérision par la couronne d’épine, il prononce cette parole bouleversante à l’adresse de ses ennemis : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font ». Son attitude n’a rien à voir avec de la passivité devant la haine et la violence. Elle est l’expression du plus grand et du plus pur Amour. Il veut faire de ses ennemis ses amis et les amis de Dieu son Père.
Appelés à imiter Jésus
Jésus, en nous appelant à devenir des saints, nous appelle à l’imiter jusqu’à cet amour extrême. Il sait que cela est impossible à nos faibles forces ; et c’est pourquoi Il nous applique les forces de son Amour en nous offrant gratuitement les fruits de sa Passion par les sacrements qu’il a institués et spécialement le Saint Sacrifice de la Messe.
Sans aucun doute, avant d’arriver au don total de nous-mêmes, nous sommes invités à vivre des actes plus humbles en les imprégnant d’un amour qui tend à cette plénitude.
Prenons deux exemples concrets :
Une personne malade qui veut tendre à la sainteté, et il y en a sans aucun doute qui nous écoutent, cherchera à vivre sa souffrance dans l’amour. Si elle prend conscience que Jésus est là au creuset de son épreuve, qu’il vient la serrer contre son Cœur qui n’est qu’Amour, alors sa douleur, sans en être diminuée, en deviendra plus supportable parce qu’elle sera illuminée par sa Présence.
Un entrepreneur qui veut vivre l’appel à la sainteté gardera à cœur comme priorité les biens du Royaume de Dieu. Il cherchera à mettre les réalités économiques au service de ce Royaume. Si l’Evangile n’interdit pas à un entrepreneur, de rechercher l’intérêt de son entreprise – c’est légitime et même nécessaire à une charité bien ordonnée – il lui dit aussi par la bouche de la Vérité elle-même : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22,39 et Lv 19, 18).
Si c’est vrai de sa vie personnelle, c’est aussi vrai de sa vie professionnelle. Nous pouvons donc bien dire : « Tu aimeras l’entreprise de ton prochain comme la tienne ». La charité nous presse d’aller au-delà du climat de concurrence qui règne dans le monde économique sans rien attendre en retour. Elle nous invite à exclure tout ce qui pourrait nuire aux autres entreprises. Elle nous dit : « Tu prieras pour l’entreprise de ton prochain, afin qu’elle prospère et même tu y contribueras ». Elle souhaitera que la réciproque soit vraie, non par calcul mais par la gratuité de l’amour. Permettez-moi de rêver un peu : si toutes les entreprises du monde vivaient cette attitude recommandée par Jésus, l’économie mondiale serait bien différente et sans aucun doute bien plus performante. Mais avant de voir cet amour se réaliser dans la globalisation, commençons par celui sur qui nous avons un peu d’influence, c’est-à-dire nous-mêmes.
En nous disant : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » (cf. Jn 13,34 ; 15,12), Jésus nous invite encore à un nouveau dépassement. La mesure de cet amour, ce n’est pas seulement le nôtre mais le sien. Si nous marchons en cherchant à monter vers ces sommets de la sainteté en nous appuyant sur le bâton de la croix avec la grâce de Dieu, alors « tout nous appartient… le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à nous, mais nous, nous sommes au Christ, et le Christ est à Dieu ». (1 Cor 3, 21…23) .
Amen.
7ème dimanche du Temps ordinaire A
Lectures bibliques : Lévitique 19, 1-2. 17-18 ; Psaume 102 ; 1 Corinthiens 3, 16-23 ; Matthieu 5, 38-48.
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Homélie du 16 février 2020 (Mt 5, 17-37)
Abbé Pascal Lukadi – Chapelle de Glace, Leysin, VD
« La justice chrétienne »
Chers frères et sœurs,
Dans cette page de l’Evangile de Matthieu, Jésus nous appelle à surpasser la justice des Scribes et des Pharisiens, pourtant très fervents dans le monde juif contemporain au Christ. Et comment y arriver, sinon mettre ses pas dans ceux de Jésus, le choisir Lui, et nul autre.
En effet, Jésus est le chemin et la Vie (Jn 14,6). Et, il ne propose pas d’autre voie que Lui-même. Oui ! comme la Loi trouve son accomplissement dans sa personne même, il peut se permettre de dire qu’il accomplit cette Loi.
Mettre ses pas dans ceux de Jésus
C’est une vérité qui peut heurter, voire déconcerter. Ainsi, pour l’entendre, il convient d’adhérer à son message, croire qu’il est le Christ, le Fils de Dieu ; croire aussi que par Lui, le salut est entré dans le monde. Il faut donc être chrétien, devenir disciple de Jésus en mettant ses pas dans les siens.
Être chrétien n’a rien avoir avec l’accroissement des principes, mais suivre Jésus dans tout ce que sa vocation implique. La démarche du Christ est plus exigeante, mais en même temps douce. Voilà pourquoi être chrétien c’est s’abandonner à l’Amour du Christ, se faire tout petit entre les bras de Celui qui peut tout en nous, par son Esprit. Ainsi que nous renseigne la petite voie de Thérèse de Lisieux : « Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure, sans réclamer de salaire ici-bas. Ah ! sans compter je donne étant sûre que lorsqu’on aime, on ne calcule pas ! »
Invités à la liberté
Nous venons de l’entendre de la bouche d’un grand sage d’Israël, le fils de Sira : les choix fondamentaux de l’homme dépendent de sa liberté. Et avoir le choix donne surtout l’occasion d’exercer notre liberté. Cette liberté que Dieu respecte, que l’homme choisisse le bien ou le mal (parce que l’homme a toujours le choix). Et parce que l’existence de l’homme compte à ses yeux, l’appel qu’il nous lance est d’abord et avant tout une rencontre. C’est en se laissant accueillir par le Christ que l’homme découvre le chemin à prendre. Tout simplement parce que Dieu l’invite à la liberté. Il sied d’opérer des choix courageux capables de nous conduire à suivre le Christ dans notre vie de famille, dans la société, dans tout engagement pour les autres.
La loi du Seigneur n’est pas hors de notre portée
Ce que Dieu propose, c’est de contempler son Fils Jésus à l’œuvre dans le monde, et de nous laisser associer à cette œuvre, par plus d’amour, plus de justice, plus de sens de service, plus de pardon. L’essentiel n’est pas que ce soit visible aux yeux des hommes mais que cela soit vivant. Il s’agit donc de se laisser transformer en profondeur. Cela en douceur. Et dans dix jours, nous commençons le carême qui nous y prépare. Mais l’aujourd’hui de Dieu, c’est maintenant. Il n’est pas question d’attendre ni de se limiter à ce qu’il faut faire pour être dans les bonnes normes, mais d’aller jusqu’à refuser de se mettre en colère ou d’avoir un regard de convoitise. C’est donc aller jusqu’au bout ou le plus possible, pour que notre « oui« soit « oui« et que notre « non« soit « non« . Voilà un rappel des deux voies du Deutéronome (30, 14-20) qui ajoute que la Loi du Seigneur n’est pas hors de notre portée.
Même s’il n’est pas facile de faire le bon choix, ou même de discerner si le choix que nous avons fait est bon, nous sommes placés devant nos responsabilités. Si tu le veux, tu le peux, et l’ancien président des Etats-Unis d’Amérique disait « Yes, We can ».
Oui, notre salut est en Dieu seul, Lui qui nous connait et qui nous aime mieux que nous-mêmes, mettons-nous dans les dispositions pour l’entendre dans le silence de notre cœur, là où son Esprit demeure. Son Esprit qui scrute le fonds de toutes choses, nous rendra capables d’accueillir son Messie Crucifié par l’inconscience des hommes. Pas donc besoin de renoncer à notre intelligence et à notre connaissance, même si elles ne suffisent pas. La foi peut bien sûr nous dérouter, la logique de Dieu n’étant pas la nôtre, parce qu’être disciple d’un Crucifié n’est pas de l’ordre de l’évidence, ni de la facilité. La Résurrection est la réponse de Dieu en laquelle nous mettons notre espérance. Voilà notre assurance !
C’est elle qui nous revigore, malgré nos faiblesses, nos fatigues, nos migraines, nos soucis familiaux ou de travail, et qui nous envoie semer la Bonne Nouvelle pour redynamiser nos familles, nos paroisses et nos communautés afin que, en accueillant la grâce de Dieu au creux de nos misères, nous devenions les vrais missionnaires et que nos communautés deviennent des lieux de vie pour tous. Et Dieu en sera glorifié ! Amen !
6e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Siracide 15, 15-20; Psaume 118, 1-2, 4-5, 17-18, 33-34; 1 Corinthiens 2, 6-10; Matthieu 5, 17-37