Homélie du 15 juillet 2018 (Mc 6, 7-13)
Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice
» Béni soit, Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a béni et comblé des bénédictions de l’Esprit au ciel dans le Christ ».
Mes frères, mes sœurs, nous venons d’entendre lire tout à l’heure ce cri de joie de saint Paul : « Béni soit Dieu, il nous a comblé des bénédictions de l’Esprit ». Quelle joie dans ce texte, quelle joie dans ces mots ! En ce jour où l’Evangile nous parle de l’envoi en mission, l’envoi des Apôtres, l’envoi du prophète Amos aussi dans la première lecture, et notre envoi, finalement, qu’il est beau de nous rappeler que nous sommes témoins d’un beau message, d’une bonne nouvelle, d’une grande joie.
Le prophète dit Dieu
Tous, mes frères mes peurs, tous sans exception, nous devons devenir des prophètes, parce que nous avons été baptisés et intégrés au « peuple de prêtres, de prophètes et de rois », comme on le dit le jour du baptême, lorsque l’on nous oint d’huile. Nous avons tous à devenir des prophètes, des prophètes selon la Bible. Le prophète, selon la Bible, ce n’est pas quelqu’un qui dit l’avenir, ce n’est pas un devin ; c’est quelqu’un qui dit Dieu, qui révèle l’inconnaissable, qui témoigne de l’indicible. Le prophète, c’est le témoin. Et aujourd’hui le Christ nous envoie tous en mission, afin de rendre témoignage de la Bonne Nouvelle. Partir en mission, partir annoncer la Bonne Nouvelle, cela peut-être un petit peu dangereux. Il y a toujours le danger que nous ne proclamions pas une bonne nouvelle, mais que nous voulions répandre dans le monde une idéologie de plus. « Mes idées sont les meilleures, moi je sais ce qui est juste et bon ». Des idéologies, mes frères, mes sœurs, dans le monde, il y en a bien assez. Il n’y a pas besoin d’en rajouter une.
Une espérance extraordinaire
Ce dont nous avons à témoigner, c’est d’une joie, c’est d’une espérance. C’est de cette expérience intérieure qui fait que j’apprends de Dieu que je suis aimé, que non seulement moi, je suis aimé, mais que tous les hommes sont aimés de Dieu, et qu’il serait bien qu’ils le sachent. Témoigner, cela veut dire témoigner de quelque chose qui est vécu en profondeur et en vérité, en chacun de nos cœurs, en chacune de nos âmes, et dans l’âme de l’Eglise tout entière. C’est témoigner de cette joie qui dit à l’homme qu’il est choisi, qu’il est comblé de grâces et de bénédictions. Bien sûr, la vie n’est pas facile. Cette joie n’est pas exempte de larmes, on le sait du Christ lui-même qui n’a pas caché sa souffrance sur la Croix. Mais au fond de toute chose, au fond de nos joies et de nos larmes, il y a une espérance extraordinaire, une espérance qui devrait nous faire nous lever. Christ, Dieu fait homme, Dieu qui est devenu l’un de nous pour être au milieu de nous et en nous, – Christ est ressuscité, et il veut nous ressusciter avec lui. Qu’avons-nous donc à craindre ? Quelle belle nouvelle, quelle bonne nouvelle, mes frères, mes sœurs ! Et que c’est triste, quand nous ne sommes pas capable de proclamer cette bonne nouvelle. Partir, cela ne veut pas dire forcément partir au loin.
Sortir de chez soi
Le prophète Amos, dans la première lecture, est envoyé auprès des gens de son peuple. Comme ça ne marche pas, on lui conseille d’aller ailleurs. Ça ira mieux là-bas. Amos répond : Non, je suis envoyé près des gens de mon peuple. Partir, cela ne veut pas dire forcément partir au loin. Partir, cela veut dire sortir de soi-même, sortir de chez soi, pour partager avec les autres ce qu’il y a de plus beau dans ce monde. Cette sortie se fait souvent pas très loin de chez nous. Elle se fait chez notre voisin, chez notre parent, dans notre famille, à notre lieu de travail. Nous avons à être des témoins, nous sommes des envoyés. Vous me direz : Ce n’est pas facile. On ne nous écoute pas. Cela ne marche pas. Mes frères mes sœurs, on ne nous demande pas que cela marche. On nous demande de témoigner, parce que ce dont nous avons à témoigner vaut la peine.
Vivre la joie
Aux disciples qu’il envoie, Jésus prescrit de ne rien prendre avec eux, aucune assurance. Il n’y a pas besoin de méthodes. Il n’y a pas besoin d’avoir des préparations particulières. Lis l’Evangile, prie, reçois-Le dans les sacrements. Tu es déjà témoin, tu as déjà quelque chose à dire, parce que tu vis quelque chose. Ne témoigne pas seulement de ce que tu sais. Témoigne surtout de ce que tu vis. Mes frères mes sœurs, cela veut dire qu’il nous faut d’abord… vivre ! Notre témoignage n’a aucun sens, si au plus profond de nous-mêmes, nous ne vivons pas cette joie des rachetés, cette joie de ceux qui, malgré les difficultés, cherchent à Le suivre toujours mieux et toujours plus, c’est-à-dire à aimer toujours mieux et toujours plus.
Le début de la mission, le début de l’évangélisation, c’est notre profond amour de Dieu et du prochain. C’est de cela que nous devons nous réjouir. C’est cela que nous devons travailler en nous. Mes frères, mes sœurs, vous tous, vous êtes des envoyés. Tous, sans aucune exception. Alors, contemplez souvent celui qui vous envoie, apprenez de Lui qu’il est doux et humble de cœur, apprenez de Lui qu’il s’offre pour chacun, afin d’être avec chacun, afin de transformer et transfigurer chacun de nos frères et sœurs. Apprenons de lui la joie qu’il nous envoie, et partons témoigner de cette joie.
Amen
15e dimanche du temps ordinaire, année B
Lectures bibliques : Amos 7, 12-15 ; Ephésiens 1, 3-14 ; Marc 6, 7-13
Les athées craignent pour leur vie en Indonésie
Le Metanoia-Festival bat son plein
Migrations : les contradictions d’une droite dure
Homélie du 8 juillet 2018 (Mc 6, 1-6)
Chanoine Roland Jaquenoud – Chapelle de la Pelouse, Bex
Mers frères, mes sœurs,
Voilà encore un dimanche où la Parole de Dieu nous parle de foi. Aujourd’hui, nous entendons que Jésus « s’étonna de leur manque de foi ». De qui s’agit-il ? Il s’agit des gens de sa région, de ceux qui devraient bien le connaître. « Il s’étonna de leur manque de foi ». Il s’en étonna à tel point qu’il leur dit ces paroles si sévères : « Un prophète n’est méprisé QUE dans son pays, sa parenté et sa maison ». Comme s’il n’y avait pas d’autre endroit où un prophète – quelqu’un qui vient dire Dieu, sa volonté, son amour – soit méprisé.
2000 ans plus tard
Paroles dures ; paroles qui s’adressent à sa famille, à ses proches. Et 2000 ans plus tard, mes frères, mes sœurs, sa famille, ses proches, c’est nous. C’est nous qui sommes ses frères, ses sœurs, c’est nous qui sommes ses pères, ses mères, c’est nous qui sommes ses enfants. 2000 ans plus tard, y-a-t-il lieu encore une fois que Jésus s’étonne de notre manque de foi ? Je ne répondrai pas à votre place, je répondrai peut-être à la mienne. Bien sûr nous ne sommes pas vraiment choqués, nous, les « bons croyants », de ce que Jésus nous dit dans sa parole. Là, ça va peut-être mieux.
Le fruit de notre relation à Dieu
Mais quel est le résultat de notre foi? Que se passe-t-il avec cette foi que nous avons depuis si longtemps, que nous professons ? Quel est le fruit de cette relation à Dieu que nous prétendons cultiver, jour après jour, dimanche après dimanche. Nous avons entendu tout à l’heure le prophète Ézéchiel : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël », c’est-à-dire vers tous mes enfants, « vers une nation rebelle, qui s’est révoltée contre moi. Les fils ont le visage dur et le cœur obstiné. C’est à eux que je t’envoie ».
Mes frères, mes sœurs, combien encore, parmi les enfants de Dieu, combien sont ceux qui ne savent même pas qu’ils sont enfants de Dieu ? Combien y a-t-il de gens pour qui cette extraordinaire bonne nouvelle du Christ ressuscité, du Dieu qui nous rejoint, qui nous aime jusqu’à se donner soi-même complètement et totalement, non pas seulement un jour passé, il y a 2000 ans, sur la Croix, mais chaque jour dans l’Eucharistie, – combien sont-ils qui ne le savent pas, combien sont-ils ceux vers qui nous n’allons pas, parce que nous disons que cela ne sert à rien, qu’on ne nous écoute de toute façon pas, qu’il nous arrivera des choses pas très agréables ?
Le prophète dit la proximité de Dieu
Peut-être que ces paroles du Prophète Ézéchiel, ou plutôt de Dieu chez le prophète Ézéchiel, nous concernent tout particulièrement : « Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu. Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux ». Pour le moment, ils ne savent pas qu’il y a un prophète au milieu d’eux. Qui est ce prophète ? Ce prophète, c’est Jésus lui-même, lui qui est prêtre, roi et prophète. Un prophète, dans la Bible, ce n’est pas quelqu’un qui dit l’avenir. Un prophète, c’est celui qui révèle, qui dit que Dieu est proche, qui dit que Dieu aime chacun, particulièrement tous ceux qui sont loin de lui.
Tans de gens ne savent pas qu’il y a parmi nous, parmi les hommes, ce prophète-là, qui est Dieu lui-même, fait homme, devenu l’un de nous, qui se donne à chacun d’entre nous dans l’Eucharistie pour que nous devenions Lui, que nous devenions nous-même ces relais du Prophète, pour que nous devenions ces prophètes de la Bonne Nouvelle.
Accepter tout
Alors peut-être qu’en nous regardant nous-mêmes, nos peurs, en regardant toutes les difficultés que nous avons à témoigner de notre foi dans ce monde, – peut-être que nous pouvons être réveillés par ces paroles de Jésus : « Et il s’étonnait de leur manque de foi ». Oui, bien sûr, c’est pas facile. Je ne sais pas parler, je ne sais que dire, je ne sais que faire, on ne m’écoutera jamais. Rappelez-vous les paroles de Jésus à saint Paul : « Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Et saint Paul de continuer : « J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes ». J’accepte tout, parce qu’il y a encore dans ce monde des hommes et des femmes malheureux, j’accepte tout pour dire ce bonheur d’un Dieu qui est si proche qu’il veut panser, guérir, relever. J’accepte tout, dit saint Paul, – lui qui est aussi prophète du Prophète Jésus – J’accepte tout … Que ces paroles puissent, petit à petit, devenir les nôtres. « Il s’étonna de leur manque de foi » était-il dit de Jésus tout à l’heure dans l’Evangile, et saint Marc précisait qu’il n’avait pas vraiment pu faire des miracles dans cet endroit-là. Il n’y avait pas la foi. Pourtant il guérit quand-même quelques malades…
Mes frères, mes sœurs, Jésus est prêt à faire des miracles, à guérir ne serait-ce que quelques malades, si nous acceptions de nous mettre à l’ouvrage et de faire que notre foi, reçue en don de Dieu, devienne une foi vivante, une foi au service de nos frères et de nos sœurs qui ont tant besoin de la proximité de Dieu. Amen
14e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Année B
Lectures bibliques : Ézéchiel 2, 2-5; Psaume 122; 2 Corinthiens 12, 7-10; Marc 6, 1-6
Version internationale de l’hymne des JMJ de Panama 2019
Un désir de communion
Le Pape François appelle à prier pour les prêtres dans leur mission pastorale
