Homélie du 17 décembre 2017 (Jn 1, 6-8.19-28)

Abbé Philippe Blanc – Église St-Pierre, Fribourg

Dans le message de Jean-Baptiste, un verset pourrait retenir notre attention : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Quelle constatation, qui traverse les temps et vient nous interpeller aujourd’hui.

Une conversion du regard

Ce temps liturgique, qui nous propose d’être actifs dans notre préparation intérieure, nous conduit à ouvrir les yeux car, bien souvent, nous ne savons pas voir ou alors, nous nous arrêtons à la superficie des êtres et des choses. Pour nous, il s’agit, comme dit saint Paul de discerner et, dans ce cas, de discerner la présence du Christ en toute humanité. Bien sûr, cela nous demande une certaine conversion du regard si nous ne voulons pas en rester aux impressions, aux comparaisons ou aux jugements. Dieu est présent dans sa création, il rayonne d’une façon unique et éminente dans l’homme et la femme créés à son image, il se fait notre prochain le plus immédiat et se dévoile dans la personne de son Fils… et nous ne connaissons pas encore celui qui se tient au milieu de nous.

Le Christ, source de notre joie

Pourtant le prophète Isaïe nous indique des pistes : Celui qui est au milieu de nous se fait lui-même bonne nouvelle pour les petits et les pauvres ; il guérit ceux dont le cœur est brisé par les souffrances, les solitudes et les abandons ; il offre la libération à tous ceux qui sont encore captifs de leur égoïsme, de leur recherche de satisfactions faciles et passagères, de leur enfermement ; il fait le cadeau d’une vie et d’une espérance nouvelles à tous ceux qui savent encore s’émerveiller et osent se mettre au service de leurs frères et sœurs. Celui qui est au milieu de nous, c’est le Christ et c’est lui la source de notre joie.

L’esprit du Seigneur : une puissance de vie

A la suite de Jean-Baptiste, nous ne cessons de préparer ses chemins pour qu’il puisse établir sa demeure en nous et chez nous. Nous sommes la voix qui fait entendre la Parole que nous avons pris le temps d’écouter. Et cette Parole peut susciter la foi et l’aider à grandir et à porter du fruit. Nous sommes les prophètes qui annoncent, désignent et aussi s’effacent pour que la rencontre soit possible avec le Dieu vivant et vrai. Peut-être nous faut-il découvrir que cette mission est confiée à tous les baptisés et pas seulement à quelques-uns ? Avec le prophète et le psalmiste nous tressaillons de joie car le Seigneur nous appelle et nous associe à son œuvre. L’esprit du Seigneur qui est chez lui chez nous est comme une puissance de vie qui ne demande qu’à se répandre dans la terre de notre humanité pour qu’elle porte du fruit à la gloire du Père. Alors, veillons à ne pas éteindre l’Esprit, n’étouffons pas la vie, n’écrasons pas l’espérance !

L’occasion d’annoncer le Christ

Peut-être qu’en nous voyant vivre, certains nous questionneront : mais qui es-tu et que dis-tu de toi-même ? Alors, comme Jean-Baptiste, avec la même liberté et la même joie intérieure, nous aurons l’occasion d’annoncer le Christ et de signifier qu’il vient pour nous rencontrer. Il vient pour poser sur nous un regard de tendresse. Il vient pour nous relever de toutes nos chutes en nous comblant de sa paix. Il vient pour nous révéler que nous sommes faits pour la communion avec lui et avec le Père dans la joie de l’Esprit.

Et n’oublions pas que celui que nous désignons est vivant en nous et que c’est au cœur-même de notre histoire personnelle, familiale et communautaire qu’il se laisse rencontrer aujourd’hui. Le Christ est fidèle, lui qui nous appelle : tout cela, il le fera.


3e dimanche de l’Avent – Année B

Lectures bibliques : Isaïe 61, 1-2a.10-11; Cantique : Luc 1, 46b-50, 53-54; 1 Thessaloniciens  5, 16-24; Jean 1, 6-8.19-28


 

Jean-Michel Poffet

Originaire de Fribourg, Jean-Michel Poffet est dominicain. Pour lui, méditer les saintes Ecritures, “c’est plonger dans les profondeurs de l’humain, aussi avec ses peurs et ses lâchetés”. Exégète passionné, son intérêt pour la Bible est de toujours. Il a suivi un cursus d’étude à l’Institut biblique de Rome qu’il a complété par une thèse en histoire de l’exégète, après son ordination sacerdotale et quelques années de ministère pastoral à Genève. Le Frère Jean-Michel Poffet a été nommé directeur de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem en 1999 et a passé dix ans à ce poste.

Homélie du 10 décembre 2017 (Mc 1, 1-8)

Abbé Philippe Blanc – Église St-Pierre, Fribourg

           

Nous voici rassemblés autour du Christ vivant et nous venons nous abreuver à la source toujours nouvelle de l’évangile. D’une certaine manière, chaque fois que nous écoutons la Parole de Dieu et nous rendons disponibles pour qu’elle accomplisse en nous ce qui a été proclamé, nous vivons comme un « commencement ». Et c’est ensuite dans nos vies que cette Parole va prendre chair et devenir visible.

La rencontre avec la Parole de Dieu, la rencontre personnelle avec ce Dieu qui me parle et espère un dialogue familial entre lui et moi, est lourde de promesses pour une vie nouvelle.

Raviver la petite flamme de notre espérance

Le prophète Isaïe disait déjà que la Parole proclamée rendait féconde les déserts humains pour leur permettre de porter du fruit. Et ce sera aussi l’appel lancé par Jean Baptiste afin que l’humanité s’ouvre à la miséricorde en vue d’une vie nouvelle. Notre Dieu ne craint pas de venir à la rencontre de nos souffrances ou incompréhensions, de nos doutes ou de nos angoisses. Il ne vient pas les expliquer, il vient les habiter de sa présence, comme pour nous offrir la consolation et raviver la petite flamme de notre espérance. Notre Dieu n’est pas seulement un berger qui marcherait en avant de son troupeau mais, d’après le prophète et cela est bien notre expérience personnelle, il porte chacune de ses brebis sur son cœur. Il ne se contente pas de nous parler de son amour, il nous le fait voir à l’œuvre.

Jésus vient nous rencontrer

En ce temps de l’Avent, nous sommes dans l’émerveillement car nous nous souvenons avec saint Pierre que le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse. Elle a déjà été accomplie lorsque Jésus est venu dans notre chair pour nous rencontrer et pour nous permettre de rencontrer le Père en passant par lui. Il viendra encore pour établir définitivement le ciel nouveau et la terre nouvelle où l’humanité sera débarrassée de tout ce qui l’amenuise, la défigure et l’abime pour être revêtue de gloire.

Notre mission : désigner le Christ

Ecoutons encore la voix du Baptiste et regardons son geste. Son appel à la conversion nous demande de ne pas remettre à demain ce qui pourrait rendre possible la rencontre avec l’aujourd’hui de l’amour de Dieu. Son geste désigne Celui qui vient pour combler nos cœurs d’amour et de tendresse en les brûlant au feu de l’Esprit Saint. Grâce au témoignage de Jean et à sa parole courageuse, tous ceux qui venaient à lui étaient invités à se préparer pour la rencontre avec le Messie promis. Cette parole et ce geste disent quelque chose de notre mission au cœur du monde et en ce temps : faire retentir l’Evangile car il est Chemin, Vérité et Vie ; désigner le Christ car il est l’unique Sauveur. Parce que nous avons rencontré le Christ, nous sommes heureux de conduire les autres aussi à cette rencontre.

Oser la rencontre

Nous ne pouvons pas nous contenter de rester entre nous comme si nous étions détenteurs d’un secret réservé à quelques-uns. L’amour du Christ et sa Parole nous poussent à oser la rencontre avec tous ceux qui sont encore aux périphéries ou plus loin encore. C’est aussi cela le dynamisme de l’Avent : nous préparer et accompagner la préparation des autres pour que Celui qui vient soit accueilli au mieux, dans la paix et l’espérance.


2e DIMANCHE DE L’AVENT – Année B
Lectures bibliques : Isaïe 40, 1-5.9-11Psaume 84, 9ab-10, 11-12, 13-142 Pierre 3, 8-14 Marc 1, 1-8