Homélie du 30 juillet 2017 (Mt 13, 44-52)

Abbé André Carron – Hospice du Grand-Saint-Bernard


Donne à ton serviteur un cœur attentif !

Il y a un trésor à découvrir !
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Le Livre de Rois nous ramène mille ans avant Jésus-Christ !
Le jeune roi Salomon, magnifique, arrive au pouvoir…
Il lui a fallu, on l’a aidé, notamment sa mère Bethsabée, à coups d’intrigues et de ruses, à éliminer plusieurs rivaux, entre autres ses trois grands frères…
Tout n’est pas très clair dans son parcours mais, une fois roi, il est conscient qu’il y a plus grand que lui. … qu’il a des « ordres » à prendre plus haut !

Du coeur-à-coeur

Au coeur d’une nuit, en songe, il vit une rencontre avec Dieu…
Genre de visitation dont Dieu a le secret ! C’est du cœur-à-cœur ! C’est au-delà des mots…
Son cœur entend : « Demande ce que je dois te donner ! »
Attention : ce n’est pas « Demande ce que tu veux ! » mais « ce que je dois te donner ». Il y a un enjeu, un vrai choix à faire !

Salomon est « inspiré »… Il ne se trompe pas !
Il demande le meilleur… L’essentiel, ce dont il a vraiment besoin pour être un vrai roi. Salomon demande un « cœur attentif »…
« Donne à ton serviteur un cœur attentif ! »
• Un cœur de serviteur ! tant il est vrai que le roi doit être le premier serviteur de son peuple…
• Un cœur tourné vers les autres !
Salomon a demandé l’essentiel. Un trésor ! Un trésor pour la vie !

Douceur, humilité

C’est ce genre de cœur qui doit battre pour pratiquer l’hospitalité , thème de notre marche d’hier.
Ce genre de cœur attentif bat ici dans les murs de l’hospice depuis bientôt mille ans !
Là, j’entends avec vous Jésus nous dire :
« Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ! »
On se rappellera tout à l’heure, après la consécration, que nous avons à l’imiter.
« Nous te rendons grâces car tu nous as choisis pour servir en ta présence ! »
Je l’entends aussi nous confier : « Je suis doux et humble de cœur ¨ »
• Douceur, vertu des forts !
• Humilité, vertu des réalistes !
La prière de Salomon reste un modèle de prière !
Elle peut inspirer les nôtres, la mienne !

« Le monde rêvé par Dieu »

Saint Paul est un passionné du Christ !
Pour lui, il y a eu un avant et un après sa rencontre de Damas !
Dans ce chapitre 8 de la lettre aux Romains, il contemple toute l’histoire de l’humanité (+ même celle de l’univers ») et désire nous ouvrir à un grand mystère : nous sommes en marche vers un magnifique avenir, le fameux royaume de Dieu dont parle Jésus dans l’évangile. Il ne s’agit pas d’un territoire mais du « monde rêvé par Dieu » où le « Aimez-vous les uns les autre aura atteint sa perfection…
Pour l’instant, ce royaume de Dieu est en chantier !
Commencé, mais tellement difficile qu’il y a de quoi être fatigués et même découragés…
Baptisés, nous voulons croire que c’est possible, nous pouvons en voir des signes partout et nous affirmons un Jésus victorieux, qui enlève le péché du monde !
Au-delà de tous les jours, il y aura ce fameux 8ème JOUR !
Jésus pourra alors dire : « Père, j’ai réussi à parler de ton amour à tous les cœurs, chacun a répondu oui, ils sont tous là… Ma mission est accomplie ! »

Le trésor de l’amour de Dieu

Le « trésor » dont nous parle Jésus dans l’évangile ?
Il est découvert par hasard ou cherché longtemps !
Ce trésor est accessible à tous les êtres humains !
C’est le trésor de l’amour de Dieu !
Le trouver procure une joie immense, profonde et imprenable, insurpassable !
J’ai la conviction que toutes les personnes que je croise, que j’accueille, à qui j’offre l’hospitalité ont quelque chose d’unique à me révéler de l’immense mystère de présence et d’amour de Dieu.
C’est le sens profond de l’affirmation gravée près de la porte de l’hospice :
« Ici le Christ est adoré et nourri ! »
Alors, l’autre c’est qui ? … mais c’est le premier venu !
Comme j’ai intérêt à l’accueillir, à l’inviter chez moi, comme un hôte intéressant et précieux !
Comme on a raison de laisser la porte de cet hospice toujours ouverte !

Nous sommes des pèlerins ! Il y a encore du chemin, Jésus marche avec nous, lui qui est venu, comme dit un chant, « marcher sur nos routes »…

Je vous propose de prier ensemble la dernière partie de la « Prière du pèlerin de la montagne » :

Créés par amour, pour aimer
Fais, Seigneur, que je marche,
Que je monte
Par les sommets
Vers toi !
Avec toute ma vie
Avec tous mes frères
Avec toute la création
Dans l’audace et l’adoration.
Amen


17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, Année A

Lectures bibliques : 1 Rois 3, 5.7-12; Psaume 118, 57.72, 76-77, 127-128, 129-130Romains 8, 28-30;  Matthieu 13, 44-52


 

[Série d’été] Animaux et religion

Antispécisme: vouloir l’égalité entre homme et animal, une démarche religieuse?

Après le véganisme, l’antispécisme, qui combat la discrimination entre les espèces animales, a pris de l’ampleur ces dernières années. Peut-on parler d’un phénomène religieux? Non, estiment un docteur en philosophie antispéciste et un historien des religions. Lire la suite


Frère Adam, faiseur de reines

L’abeille Buckfast porte le nom de l’abbaye anglaise bénédictine d’où elle est issue. L’histoire de cette abeille est étroitement liée à celle de Frère Adam, un moine bénédictin qui développa durant 60 ans cette race, aujourd’hui présente dans le monde entier. Lire la suite


L’interdiction ancestrale de la viande porc

Musulmans et juifs ne mangent pas de porc. Les raisons de cette interdiction varient. Mais, en sol helvétique, la réalité à laquelle se confrontent ces deux communautés religieuses complique l’observation de ce commandement. Lire la suite


Des animaux et des évangélistes

Trois des quatre évangélistes ont un animal pour symbole. Il s’agit de créatures impressionnantes et fortes: le lion, le taureau et l’aigle. Ces références leur ont été associées bien après la rédaction des plus importants textes bibliques du christianisme. Lire la suite


La Bible ne donne pas une bonne image du serpent (Photo: Pixabay.com)

« Un serpent n’est ni méchant ni rusé »

L’homme éprouve naturellement de la crainte face au serpent. Réflexe inné ou fruit de l’image négative qu’en donne la Bible? Christophe Rotzetter, à la fois catholique pratiquant et amoureux des serpents, tente de réhabiliter l’image d’un animal injustement soupçonné d’être l’incarnation du mal. Lire la suite


Les animaux de Sankt-Urban: des moutons aux coquilles Saint-Jacques

Des animaux vivants aux différentes espèces représentées dans l’église baroque de Sankt-Urban: le diacre lucernois Sepp Hollinger prend soin de deux catégories de bêtes. Point commun: elles ont toutes un lien avec la Bible. Tour d’horizon dans cet ancien couvent cistercien, dans le cadre de la série d’été « Animaux et religions ». Lire la suite


Eucharistein: des animaux pour renouer avec le réel

Chèvres, lapins, canetons: au sein de la Fraternité Eucharistein d’Epinassey (VS), les animaux requièrent une attention constante. Une exigence, mais aussi une chance, pour les personnes accueillies, celle de renouer avec le réel.


Au Grand-Saint-Bernard, les animaux rappellent la beauté de la Création

Les célèbres saints-bernards au pelage blanc et rouge-brun et aux oreilles retombantes, longtemps employés comme chiens d’avalanche, sont indissociables de l’aura internationale de l’Hospice du Grand-Saint-Bernard. Lire la suite


 

Médor en route vers le paradis

“Je fais le plus beau métier du monde”, estime Micaela Gsponer, créatrice d’une entreprise de pompes funèbres pour animaux à Pampigny, dans le district de Morges. “Les animaux le méritent, leurs maîtres le méritent aussi. En quelque sorte, je travaille pour le respect de la vie”. Pour elle, la perte d’un animal est un véritable deuil. Lire la suite


Abbé Christian Meyer: « J’espère retrouver mes perroquets au paradis »

Le Père Christian Meyer, Abbé du monastère bénédictin d’Engelberg, dans le canton d’Obwald, a deux couples de perroquets dans son bureau. Ces oiseaux sont dotés d’une grande sensibilité et sont capables de jalousie, a-t-il expliqué à kath.ch. Il ne cache pas qu’il peste parfois contre eux quand ils sont trop bruyants. Lire la suite

Homélie du 23 juillet 2017 (Mt 13, 24-30)

Chanoine Raphaël Duchoud – Hospice du Grand-Saint-Bernard

Chers Pèlerins, chers frères et sœurs dans le Christ qui vous vous unissez à notre célébration par l’intermédiaire des ondes de la Radio romande,
Chaque année, par les différents pèlerinages alpins organisés par l’Hospice du Grand-Saint-Bernard auxquels chacun est invité à participer, l’exhortation de se mettre en route pour vivre une expérience d’Eglise à la recherche du Christ résonne dans le cœur et invite à se mettre en marche. Pour certains, cette participation au pèlerinage est une tradition qu’on ne veut pas manquer, pour d’autres c’est une découverte vers l’inconnu : l’inconnu de la rencontre, l’inconnu de la marche, l’inconnu de la destination.

La route : école de confiance

Dans l’Ancien Testament, quand le Seigneur exhorte Abraham à quitter sa nation pour aller vers le pays qu’il lui aura indiqué, il l’invite à la confiance, mais aussi à la patience face aux imprévus de l’histoire. Se mettre en route implique donc un certain renoncement aux sécurités pour se mettre à l’école de la confiance, de la patience et de la miséricorde, attributs spirituels qui rapprochent des sentiments divins du Seigneur à l’égard de toute l’humanité.
“L’amour prend patience, l’amour rend service” proclame-t-on souvent lors de célébrations de mariage. On retrouve ces mêmes sentiments dans l’attitude du maître de la moisson dans la Parabole de l’ivraie et du bon grain que la liturgie de ce dimanche présente à notre méditation.

Une humanité imparfaite

Notre Dieu ne cesse de vouloir entrer en relation avec notre humanité marquée par le péché et qui, par conséquent, reste imparfaite ; dans toute activité humaine croissent ensemble une part d’ivraie et de bon grain, en tenant compte que, dans la parabole de l’Evangile, l’ennemi qui sème l’ivraie n’est pas propriétaire du champ, par contre le bon grain relève du travail accompli par le propriétaire du domaine. Cela revient à dire que tout ce qui comporte de bien, de grand et de beau dans n’importe quelle œuvre humaine accomplie en vue du Royaume appartient au Maître de la moisson.

L’hospitalité, source de relation

Dans un même ordre des choses s’inscrit le charisme de l’hospice du Grand-Saint-Bernard : l’hospitalité. En effet, le thème des pèlerinages alpins organisés par l’hospice s’intitule : l’accueil et l’hospitalité, c’est pas compliqué. En se référant à l’antienne du cantique de la Vierge Marie chantée lors des Vêpres de la Fête de saint Bernard, on trouve cette pensée : « Il faut peu de choses : un toit, de l’eau, de la lumière, et le passant s’y réchauffe, le temps de traverser la nuit. » L’hospitalité peut donc se pratiquer dans la grande simplicité sur le plan matériel sans pourtant être dépouillée de toute richesse humaine qu’elle peut engendrer quand elle devient source de relation.

Accueil de l’inconnu

La devise de l’hospice du Grand-Saint-Bernard (ici le Christ est adoré et nourri) invite à vivre une dimension relationnelle dans la pratique de l’hospitalité : une expérience de vie, d’accueil et de respect. Il est vrai qu’on peut vivre cela chez soi, à la maison, avec les voisins de palier, dans les communautés villageoises, etc. Mais au cœur d’une démarche de pèlerinage, elle se vit dans l’accueil de l’inconnu qui demande une certaine ouverture de la part de chacun. Le Seigneur Jésus ne s’arrêtait pas aux apparences pour rencontrer les gens et les accueillir, mais c’est au niveau de la foi qu’il construisait un lien de vie avec ceux qui l’approchaient. Il se montrait ouvert en respectant toute personne qui l’approchait. Mais chacun est invité à entrer en relation avec lui dans une démarche de vie et de foi, aussi bien la Samaritaine que l’Aveugle de naissance ou encore les lépreux, les démoniaques et même les Pharisiens hostiles à sa doctrine : tous y sont invités, les bons comme les moins bons ; personne n’est exclu.

Présence divine au cœur de toute rencontre

Au cœur de la rencontre qui devient hospitalité, Dieu se fait hôte. Comme auprès d’Abraham, au Chêne de Mambré, Dieu s’invite à déjeuner dans la simplicité, il le fait pareillement auprès des hôtes que nous sommes. Certes, cela occasionne parfois des difficultés à reconnaître une présence divine au cœur de toute rencontre et de vivre cet accueil dans la sérénité d’une disposition intérieure ; l’hospitalité manquée, faute de confiance, rappelle la réalité de la vocation d’une Eglise qui tend à la perfection mais qui reste en elle-même composée d’êtres humains pécheurs, réalité dont elle est pleinement consciente.

L’Esprit Saint nous fortifie

Mais comme l’amour du Seigneur est de toujours à toujours, l’affection de Dieu pour son Eglise va au-delà de toutes les imperfections dues à la présence de l’ivraie au cœur de l’action quotidienne de ses enfants. Au sein de la communauté des Apôtres qui était loin de constituer un groupe d’élites parfaites, il envoie son Esprit-Saint qui est défini comme celui de la paix : « Recevez l’Esprit-Saint : tout homme à qui vous remettez les péchés, il lui seront remis … ». Ce même Esprit accompagne l’Eglise dans sa mission, c’est lui qui fortifie ses membres pour permettre à ceux-ci de tamiser le bon grain et l’ivraie afin de recueillir dans le grenier ce qui a de la valeur. Certes, même au cœur de l’hospitalité, un tri de ce genre est à faire : combien de fois la fatigue, par exemple, peut altérer notre manière d’exercer l’hospitalité !

Le bon grain porteur de vie et d’espérance

En se référant à la lettre aux Galates, on y trouve mentionné les neuf fruits de l’Esprit Saint énumérés par l’Apôtre Paul: « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, confiance, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). Chacun de ceux-ci renferme une qualité propre à rendre l’hospitalité signe de la présence divine au cœur de notre monde ; tous reflètent une attitude de respect de la part d’un cœur qui recherche vraiment Dieu et chacun des fruits peut se vivre au quotidien dans une relation constructive qui révèle que le bon grain est porteur de vie et d’espérance.

Purification nécessaire

Si le passage de la lettre aux Romains de ce dimanche souligne que l’Esprit saint vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut, l’auteur est conscient que, malgré les bonnes dispositions de chacun, il y aura toujours de l’ivraie à passer au tamis pour que le bon grain puisse être purifié, il y aura toujours une purification nécessaire pour que nos sentiments tout humains puissent se rapprocher de ceux du Seigneur dont l’image de patience nous est révélé par Jésus lui-même, puisqu’il nous exhorte à tendre vers la perfection par ce commandement : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Pratiquons donc l’hospitalité au plus intime de nous-mêmes à l’égard de Celui qui peut tout en nous faisant mendiant de sa grâce.

 

Seigneur,
Je voudrais aimer comme tu aimes.
Pouvoir aimer sans condition.
Pouvoir partager mon pain avec ceux qui n’en n’ont pas.
Mettre un couvert de plus à ma table pour l’étranger.
L’accueillir, en lui donnant le meilleur de moi.
Si je ne peux pas donner autre chose que mon sourire,
qu’il voie ta nature en moi !
Tel est mon désir, mon Roi.
Je ne cherche pas de récompense
Seulement donner ce que tu me donnes
L’amour pour l’humanité
Amen


16e dimanche du temps ordinaire, Année A
Lectures bibliques : Sagesse 12,13.16-19; Romains 8, 26-27; Matthieu 13, 24-30