Homélie du 16 juillet 2017 ( Mt 13, 1-23 9

Chanoine Jean-Jacques Martin – Abbaye de Saint-Maurice

Chers amis,

Nous le savons bien : s’il y a une personne qui sème des graines au printemps, elle est confiante de pouvoir récolter le moment venu, sauf bien entendu si les conditions météorologiques sont désastreuses.

De notre côté, nous semons bien des actes de générosité, de tendresse, d’amour. Nous savons dire des paroles de consolation, des paroles d’encouragement, des paroles pour aider l’autre à rester debout…

Et nous sommes toujours agréablement surpris lorsque nous récoltons des fruits de ces actes de générosité ou de ces paroles d’encouragement.

Vous avez semé

Mais malheureusement nous mesurons aussi combien nos paroles peuvent tomber dans un cœur qui ne veut pas s’ouvrir à l’amitié, au partage.

Je me souviens de la parole de cette grand-maman qui me disait, à la sortie d’une célébration de la confirmation : « tous ces jeunes qui viennent d’être confirmés, on ne les reverra plus à l’église. Et, dans ma propre famille, mes petits enfants ne sont même pas baptisés ».

Je me suis permis de répondre : oui, c’est vrai, mais même s’ils ne viennent plus le dimanche, même si vos petits enfants ne sont pas baptisés, vous avez semé. Et ce que vous avez semé est précieux.

Savoir accueillir ce qui pousse

Il en va de même avec la Parole de Dieu. Si nous sommes là aujourd’hui dans cette basilique, si vous continuez d’écouter la retransmission de cette eucharistie par les ondes, c’est certainement que la parole de Jésus a donné des fruits en nous.

La semence a tout ce qu’il faut en elle pour porter des fruits, mais elle doit naturellement tomber dans de la bonne terre…

Qu’avons-nous donc à faire ? Notre mission de chrétiennes et de chrétiens, c’est d’être attentifs à la terre et savoir accueillir ce qui pousse.

La terre, ce sont les personnes que nous rencontrons dans le monde qui est le nôtre. Nous devons nous adapter à ce qui fait le monde aujourd’hui.

Dire la Parole dans le monde d’aujourd’hui

Le Christ lui-même a su dépasser le passé pour dire sa Parole dans le monde qui était le sien : il a dénoncé des injustices, il s’est révolté contre les puissances, il s’est approché de celles et ceux qui étaient méprisés par les gens et la loi.

Lorsque nous voulons annoncer la Parole du Christ, est-ce que nous sommes prêts à nous ajuster aux personnes à qui nous adressons notre message ? En n’oubliant pas, à la suite de l’évangile de ce jour, que parfois les conditions sont difficiles, voire impossibles et que, de certains sols, il ne peut rien sortir…

Être prêts à accueillir une forme d’Église inattendue

En rejoignant les participants à la Semaine romande de musique et de liturgie, je me pose la question de savoir si nous n’avons pas tendance parfois à trop nous pencher sur le passé : ah, le temps des chorales paroissiales où il y avait du monde… et puis, vous savez, on chantait tous les dimanches et les jours de fête… quelle époque idéale ! J’ai entendu cela cette semaine… avec dans les yeux et dans le cœur un regret qui ne donnait que peu de chance à l’avenir…

Aussi je nous pose aujourd’hui la question : sommes-nous prêts à accueillir une forme d’Eglise nouvelle et inattendue qui surgira de la Parole semée ?

Si nous répondons « oui », alors je vois trois conditions pour que, de nos liturgies, surgisse une Parole semée :

que vos chants annoncent Jésus-Christ
que vos musiques aident vos frères à prier
que vos assemblées soient signe d’espérance

Vous le constaterez avec moi : il n’y a finalement rien de nouveau. Mais continuez, chers participants à la semaine romande de musique et de liturgie, continuez à :
Faire résonner vos musiques qui ouvrent nos cœurs à l’amour de Dieu et des hommes, à la joie de l’Esprit Saint, à l’action de grâce eucharistique et qui, lorsqu’elles se taisent, nous laissent au seuil de l’adoration silencieuse. (Cardinal Marty).

Alors, vous qui nous écoutez et nous qui sommes ici : soyons courageux, laissons le message de Jésus traverser notre vie au point de faire de nous des témoins du royaume face à ceux que nous rencontrerons ces prochains jours et tout au long de notre vie.

« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

AMEN !


15ème dimanche du temps ordinaire, A – Semaine romande de musique et de liturgie

Lectures bibliques : Isaïe 55, 10-11; Psaume 64, 10abcd, 10e-11, 12-13, 14; Romains 8, 18-23;  Matthieu 13, 1-23


 

Homélie du 9 juillet 2017 (Mt 11, 25-30)

Père Claude Etienne – Chapelle des Soeurs de St-Maurice, Bex

C’est à cette foule accablée par la vie, mais aussi à chacun de nous avec ses pesanteurs et ses faiblesses que Jésus adresse son appel : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau !» Lui qui a tout porté sur ses épaules avec sa croix nous invite à nous appuyer sur lui. Il nous tend la main. Il a même une parole qui risque d’être mal comprise : «Prenez sur vous mon joug !»

Les sages et les savants, se trompent souvent dans l’interprétation de cette parole. Serait-ce un fardeau de plus ? Pour comprendre cette parole de Jésus, il faut avoir connu les paysans des anciennes générations. Ceux-ci ne possédaient pas de tracteur. Ils travaillaient avec des bœufs qui étaient reliés l’un à l’autre au moyen d’un joug. Ils pouvaient ainsi tirer des fardeaux très lourds, remorque de foin, de bois, machine agricole… Un tout seul ne pouvait pas tirer ce fardeau, mais reliés l’un à l’autre au moyen du joug, ils étaient plus forts et tout devenait possible.

« Venez à moi ! »

Le Christ voit le lourd fardeau que nous traînons tout au long de notre vie. Mais il ne veut pas nous laisser seuls. S’il nous invite à prendre son joug, c’est précisément parce que ce fardeau il veut le porter avec nous. Cela ne sera possible que si nous acceptons d’être reliés à lui. Ce qui est important c’est cet appel : « Venez à moi ! » Or quand l’épreuve et le désarroi sont trop lourds, on ne veut voir personne. Celui qui souffre est tenté de s’enfermer dans le silence et l’isolement. Il est convaincu que personne ne peut le comprendre ni le soulager.

Une énergie nouvelle

« Je referai vos forces », nous dit Jésus. Cela veut dire qu’il vient nous relever par une force intérieure nouvelle. Il veut nous faire revivre, renaître. En nous donnant son Esprit Saint, il nous donne une énergie nouvelle pour marcher à nouveau et repartir vers une nouvelle étape. Nous ne serons pas dispensés de nos responsabilités. Nos fardeaux n’auront pas disparu. Mais ils cesseront de nous anéantir. Nous ne serons plus seuls à les porter.

La certitude d’être aimés

La bonne nouvelle de ce jour, c’est que l’Evangile est libérateur parce qu’il dénoue des liens du légalisme et de la culpabilité. Il n’est pas condamnation mais encouragement. Il apporte cette force extraordinaire que constitue cette certitude d’être aimés par le Seigneur. L’évangile est exigeant aussi, mais cette exigence est la clé d’un dépassement de soi, d’un bonheur de vivre une vie donnée. Il est source d’épanouissement joyeux.

Ne pas accabler l’autre

« Portez les fardeaux les uns des autres » nous dit saint Paul. Jésus a réagi très sévèrement contre la façon d’imposer la loi qu’avaient les scribes et les pharisiens de son époque. Ils la compliquaient et la rendaient insupportable : « Vous liez sur les épaules des gens des fardeaux considérables, et vous-mêmes vous n’y touchez pas d’un seul de vos doigts ». Nous devons éviter ce travers qui fait que nous sommes très exigeants pour les autres et très conciliants pour soi-même. Ne demandons pas aux enfants, aux jeunes, aux gens simples ce dont nous ne sommes pas capables. Ne leur demandons pas ce dont nous nous dispensons si facilement. Et puis, n’en rajoutons pas quand quelqu’un essaie péniblement de vider son sac. Il ne faut pas accabler celui qui a déjà tendance à se charger.

Venus à l’Eucharistie, nous déposons notre poids de vie auprès du pain et du vin offerts en sacrifice. Nous reconnaissons le Seigneur au partage de son Corps et de son sang qui nous fortifient. Jésus nous propose la nourriture qui nous permettra de continuer notre route et de vivre reliés à lui. Et nous repartirons heureux de témoigner que l’Evangile est un fardeau léger qui nous porte bien plus que nous ne le portons.


14ème dimanche du Temps ordinaire  A 

Lectures bibliques : Zacharie 9, 9-10; Psaume 144, 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14; Romains 8, 9.11-13; Matthieu 11, 25-30