Homélie du 8 mai 2016 (Jn 17, 20-26)

Chanoine Michel-Ambroise Rey – Eglise du Feddey, Leysin

 

Chères auditrices, chère mamans, chers malades, chers frères et sœurs,

Pour la première fois dans ma vie, le jeudi 14 avril 2016, j’ai vu un volcan en pleine activité. C’était un spectacle éblouissant et prodigieux. Une immense colonne de fumée grisâtre de plus de 5 kilomètres de haut et d’une largeur d’environ cinq cents mètres s’élevait dans les cieux azurs des Andes péruviennes. L’émotion m’envahit encore jusqu’à présent lorsque je pense à cet événement exceptionnel.

Pourtant cette merveille de la nature est incomparablement beaucoup moins belle que la petite créature qu’une maman façonne dans son sein lorsqu’elle est enceinte. Chaque fois que je rencontre une maman en attente de mettre au monde un enfant je rends grâce au Seigneur pour ce miracle de la Vie et j’admire le plan divin qui permet qu’à partir de la rencontre d’un ovule et d’un chromosome un être humain organise déjà tout son être avec beaucoup de justesse et d’adresse. Quelle œuvre admirable et combien nous pouvons nous émouvoir devant la sagesse du Créateur qui a prévu un tel déroulement de la Vie dans le sein de nos mamans. Oui, très chères mamans, à vous toutes un immense et très reconnaissant merci pour l’amour avec lequel vous portez votre enfant et le mettez au monde.

« Très chères mamans, un immense merci pour l’amour avec lequel vous portez votre enfant et le mettez au monde »

Vous façonnez tout d’abord le corps de chacun d’entre nous, chères mamans, puis une fois que nous avons découvert le monde visible, votre mission ne s’arrête pas, car il vous revient encore de nous engendrer à la vie sociale et si possible à la vie spirituelle en nous octroyant vos qualités morales et, bien sûr, aussi votre foi en Dieu le Père et en Jésus le Christ dans l’Esprit Saint, vous pouvez ainsi vous rendre compte de l’éminente splendeur de votre mission.

Pourtant  tout cela n’est encore rien en comparaison du bonheur que chacun d’entre nous peut éprouver dès aujourd’hui s’il comprend que le mystère pascal que nous célébrons ces jours-ci nous ouvre à la joie et l’action de grâce,   car nous sommes les membres du corps du Christ et sa Résurrection est déjà notre victoire, son Ascension est aussi déjà notre victoire. Comme le dit saint  Paul dans sa lettre aux Romains (cf.8,34 – 39) «  nous vivons en Christ, nous sommes affermis dans l’espérance de vivre avec le Christ. Qui donc pourra nous séparer de Lui, ni la mort, ni la fatigue, ni la maladie, ni l’angoisse, ni les peines, ni les douleurs. Oui, j’en ai l’assurance, poursuit  saint Paul, ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ, notre Seigneur ».

« Christ est vivant et il recommence son exode humble et caché pour chaque homme »

Pour vous très chers malades, très chers prisonniers comme pour nous tous  le souffle pascal est là et il a comme mission de nous remplir de cette espérance qui nous est donnée en Christ que tout homme, toute femme, quelle que soit sa situation sociale, morale, politique, économique, même complètement mort aux yeux de la société peut toujours ressusciter à la Vie par la grâce du Christ Jésus.

J’aime ce temps pascal parce qu’il ranime en nous par les célébrations de la mort et de la résurrection de Jésus la certitude que « le Seigneur nous rejoint sur nos sentiers, puisqu’il s’est levé d’entre les morts, Jésus, le Fils de Dieu, notre frère. Il a saisi notre destin au cœur du sien pour le remplir de sa lumière. Christ est vivant auprès du Père et son exode humble et caché, le Fils aîné le recommence pour chaque homme ».

Cette hymne pascale le proclame haut et fort. Elle nous permet de comprendre la beauté et l’incroyable amour que le Seigneur a à l’égard de chacun d’entre nous puisqu’il recommence pour chaque homme son exode humble et caché. En Jésus s’accomplissent toutes les prophéties et toute l’histoire biblique et  puisque nous sommes les membres de son corps, nous pouvons encore dire qu’ en nous aussi s’accomplissent toutes les prophéties et toute l’histoire biblique. C’est tout à fait prodigieux et splendide. La dimension pascale qui nous est proposée est si admirable que nous pouvons alors comprendre que le sacrifice du Christ, notre Pâque, est une œuvre plus merveilleuse encore que l’acte de la création au commencement du monde. Nous pouvons comprendre ainsi l’éminente dignité de chaque homme et de chaque femme, de chaque enfant de l’homme et enfant de Dieu puisque aux yeux de notre Dieu nous avons davantage de valeur que la création tout entière !

En poursuivant dans cette perspective pascale, demandons au Seigneur d’augmenter en nous la grâce de saisir chaque jour davantage quel baptême nous a purifiés, quel Esprit Saint nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés. C’est dans ce sens-là que je vois la très grande importance de baptiser les enfants dès leur plus jeune âge.

Voyez-vous : Jésus saisit notre destin de malades, de prisonniers, de femmes abandonnées, violées pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière; Jésus saisit notre destin de migrants, de méprisés, de miséreux pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière ; il saisit notre destin d’enfant, de jeune, de personne âgée pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière  et c’est alors que la Pâque, c’est-à-dire le passage du Seigneur,  se réalise en chacun d’entre nous, et c’est alors que la résurrection n’est plus quelque chose d’extérieur à notre vie, mais elle devient partie intégrante et intégrale  de notre existence et nous vivons dès lors sur cette terre illuminée par la grâce de Dieu en enfants de lumière.

Quel admirable destin nous offre notre vie en Christ puisque nous devenons réellement ce que nous recevons dans la sainte communion le corps du Christ, nous devenons par la grâce pascale un autre Christ et nous sommes alors invités à vivre sur cette terre comme le Christ, avec la charité du Christ, avec son amour, avec sa miséricorde, sa bonté et sa simplicité.

« Une vie humaine est réussie lorsque nous faisons de notre vie un chemin pascal »

Le volcan Sabancaya auquel j’ai fait allusion est une œuvre splendide ;  l’enfant dans le sein de sa maman est une œuvre encore plus splendide ;  toutefois la résurrection et l’ascension du Christ à la droite du Père provoquent notre admiration qui  dépasse tout entendement. Finalement,  tout cela n’est encore absolument rien en comparaison de la révélation de Jésus dans l’évangile de ce jour : que tous soient un en nous, eux aussi, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi, remplis de la gloire de Dieu.

Par la contemplation du mystère de la Sainte Trinité, par la prière avec Jésus dans l’Esprit Saint nous pouvons comprendre que notre destinée terrestre que nos parents nous offrent en nous mettant au monde est appelée à s’épanouir dans la vie divine en partageant la gloire que le Père offre à son Fils Jésus et par lui et en lui à tous ses enfants d’adoption et dans ce sens-là je peux dire qu’une vie humaine est réussie, est pleinement réussie lorsque nous faisons de notre vie un chemin pascal, car au-delà de notre mort, Jésus nous attend sur le rivage (cf. Hymne pascale : Il s’est levé d’entre les morts)  pour que nous entrions dans la gloire de Dieu.

L’Esprit Saint nous ouvre alors à la joie et à l’action de grâce car nous croyons que le Christ est dans la gloire auprès du Père et nous croyons aussi qu’il est encore avec nous jusqu’à la fin des temps comme il nous l’a promis. Il souhaite que là où Il est, nous soyons aussi avec Lui en contemplant sa gloire et la gloire que Dieu donne à tous ceux qui font sur cette terre sa volonté.


7e DIMANCHE DE PÂQUES

Lectures bibliques : Actes 7, 55-60; Psaume 96; Apocalypse 22, 12-14.16-17.20; Jean 17, 20-26


 

Homélie TV du 5 mai 2016 (Lc 24, 46-53)

Don Italo Molinaro – Eglise Saint Sylvestre, Meride, Tessin

Jésus reviendra. Il l’a promis. Nous l’attendons. Il reviendra, mais comment nous trouvera-t-il? Il y a une phrase récente du pape François qui m’a frappé: «Que le Seigneur nous trouve au moins ‘en chemin’ quand il reviendra».
«En chemin» – c’est aussi le thème général des sculptures que l’artiste tessinois Fabio Masdonati a réalisées ces derniers mois avec le marbre d’Arzo, de la célèbre carrière qui se trouve en-dessous de Meride. Aujourd’hui, nous les avons placées ici à l’entrée de l’église.

Avec les restes de marbre de la carrière, il a sculpté des dizaines d’hommes en chemin: les restes des peuples qui se pressent aux frontières de l’Europe, en fuyant les guerres, à la recherche d’un avenir. Un fil barbelé les bloque, parce que malheureusement le chemin de ces fugitifs se confronte aux sentiments de peur et aux intérêts économiques qui empêchent des politiques courageuses et novatrices, nécessaires pour ouvrir des routes nouvelles et remplies d’humanité.

Mais l’Ascension est la fête du chemin, d’un chemin ouvert, et même si nous ne savons pas atteindre immédiatement le but idéal, la chose importante – rappelez-vous les paroles du Pape – c’est précisément d’être sur le chemin.

« l’Ascension est la fête d’un chemin ouvert »

La fête de l’Ascension est très mystérieuse. Les narrateurs de la Bible l’expliquent avec des mots hésitants et symboliques: monter, ciel, élevé, nuage.

Ils suggèrent l’idée d’un Dieu qui tient ensemble la terre et le ciel, l’humain et le divin, devenant lui-même le pont, le lien, le chemin d’accès.

La lettre aux Hébreux parle de Jésus comme d’un «chemin nouveau et vivant» et son «corps» est justement ce chemin. Le corps est Jésus, c’est tout ce qu’il a fait et ce qu’il a dit, et c’est un corps donné.

Parce que Jésus résume tout en lui-même et nous montre comment être en chemin. L’Ascension n’est donc pas un mythe, un départ en ascenseur vers les nuages.

« Jésus abat le mur entre le sacré et le profane »

L’Ascension montre le cœur de l’Evangile: Jésus qui unit la terre au ciel. Et en cela, il détruit l’une des croyances les plus profondément enracinée dans la religion naturelle: la séparation entre l’humain et le divin. Jésus abat le mur entre le sacré et le profane, et enseigne aux humains à se mettre en chemin l’un vers l’autre, et ensemble vers Dieu.

Mais alors, si le chemin vers Dieu est ouvert, comment est-ce possible que l’homme crée tant de barrières? Pour être cohérent, il faut percevoir les frontières et les murs comme un scandale, un péché mortel, une insulte énorme au projet de Dieu!

Ce n’est pas seulement le drame des réfugiés: ces hommes en chemin représentés par Fabio Masdonati, ce sont aussi nous-mêmes.

Comme il est parfois difficile d’être ensemble, de s’écouter, de se comprendre. Et comme il est résistant le mur qui nous empêche d’estimer l’autre, d’avoir de la compassion les uns pour les autres.

En même temps, ces obstacles sont compréhensibles, parce qu’ils sont une solution facile, un raccourci. Se mettre en chemin, en fait, exige beaucoup plus d’énergie et d’imagination. Et la peur nous arrête. Sans oublier que de nombreux points de vue politiques, religieux, économiques et culturels barrent la route tout en se considérant justes et sacrés.

« Retrouver l’innocence de l’Ascension, ce monde sans barrière »

Mais Jésus est la voie nouvelle et vivante qui unit, et en tant que chrétiens, nous avons la responsabilité de nous convertir à cette vision de communion. Comment retrouver l’innocence de l’Ascension, ce monde sans barrières qui est l’unique réponse au rêve de la paix des cœurs?

Une fois, avec quelques familles, nous avons regardé un film. A la fin, un garçon de six ans a dit: «Mais je ne comprends pas pourquoi ils en veulent tellement à ces gens». C’était la première fois qu’il découvrait le thème du racisme, et jamais personne ne lui avait dit que la couleur de la peau est, pour beaucoup dans le monde, une frontière infranchissable.
Mais nous par contre, nous avons besoin de retrouver l’innocence de cet enfant, l’innocence d’un monde en chemin, et Jésus qui devient le chemin vers Dieu veut nous apprendre à nous rapprocher les uns les autres.

L’invitation de la Lettre aux Hébreux à nous rapprocher de Dieu avec un cœur sincère, plein de foi, avec la conscience pure, est en fait une sorte d’apprentissage.

De nous rapprocher vraiment de Dieu nous amène, à la fin, à nous découvrir encore plus proches les uns des autres. Et ainsi nous faisons l’expérience que les autres ne sont pas l’enfer, mais il est peut-être un avant-goût du ciel.

Amen.


Fête de l’Ascension du Seigneur

Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46; Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23; Luc 24, 46-53

Homélie du 5 mai 2016 (Lc 24, 46-53)

Mgr Jean Scarcella  – Abbaye de Saint-Maurice

 

Mes sœurs, mes frères,

Lire le récit de l’Ascension de Jésus au ciel s’accompagne immanquablement d’images qui passent dans notre esprit ; peut-être est-ce celle d’un tableau d’un grand maître de la Renaissance ou simplement celles nées de notre imagination. En effet, recevoir ce récit par de simples mots est difficilement traductible par notre raison, aussi avons-nous besoin de la dessiner dans notre imaginaire.

À l’écoute du Livre des Actes des Apôtres comme de l’Évangile de Luc, le récit dit l’évènement et on peut le recevoir tel quel avec foi, ou sourire au lèvres. Mais en fait cette apparente facilité à appréhender cet événement de l’Ascension de Jésus fait face à un grand et merveilleux mystère. Jésus n’est pas simplement monté aux cieux pour y passer sa retraite, non bien sûr ; Jésus a été ”emporté au ciel” afin d’y ”entrer”, précise bien l’auteur de la Lettre aux Hébreux ; Jésus « est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. » Et ce qu’il faut que l’on retienne maintenant de cette phrase essentielle qui dit le cœur du mystère, c’est ce ”pour nous” – Jésus se tient pour nous devant la face de Dieu… pour nous, encore une fois. Jésus est né pour nous, afin de nous dévoiler la Parole de Dieu son Père ; Jésus est mort pour nous, afin de nous racheter de notre péché ; Jésus est ressuscité pour nous, afin de nous obtenir la vie éternelle, et enfin Jésus est entré pour nous au ciel pour anticiper notre salut.

« Jésus se tient pour nous devant la face de Dieu »

Frères et sœurs, nous sommes ici, dans la contemplation de ce mystère et, à l’écoute des textes sacrés, en pleine atmosphère pascale. L’Ascension nous est présentée avec la Résurrection comme un mouvement unique qui emporte le Seigneur dans la gloire. Et c’est là que se situe le mystère que nous évoquions à l’instant : la solennité de l’Ascension célèbre donc le mystère de l’accomplissement de la Pâque dans le Corps total du Christ ; ce Corps qui est total précisément parce qu’il est composé du Christ, chef et tête, et des membres, nous, peuple de Dieu. Ainsi, frères et sœurs, vous voyez que nous ne pouvons pas nous départir du mystère pascal, puisque tout cela le Père l‘a réalisé, nous le disions : pour nous !

Dès lors nous pouvons comprendre que la raison finale de l’Ascension de Jésus s’élevant dans les cieux est ce qui conduit à cette fin qu’est la divinisation de l’homme ; quand Jésus est venu sur terre, Dieu est devenu homme afin que l’homme soit divinisé. En ce jour Jésus vient s’asseoir à la droite de Dieu son Père et voilà comment notre nature humaine a été élevée au-dessus des cieux ; un de nous est donc entré dans la gloire de Dieu, pouvons-nous dire en forme de raccourci ! La prière eucharistique dit d’ailleurs : en ce jour, le Christ « a fait entrer notre nature avec sa faiblesse dans la gloire de Dieu », et une préface de la fête ajoute : « il est monté au ciel pour nous rendre participants de sa divinité ».

Cette ”Ascension du Sauveur est le principe de notre propre élévation”

Voilà, frères et sœurs, ce mystère inouï qui fait de cette fête du Seigneur aussi notre fête ; cette ”Ascension du Sauveur est donc le principe de notre propre élévation”, commente Ludolphe le Chartreux au 14è siècle, qui ajoute : ”aussi devons-nous en ce jour nous livrer à la joie et à la reconnaissance”. Oui, cette fête est pour nous source de grande joie dans notre espérance.

En résumé nous pourrions dire : certes, Jésus s’en va, mais nous restons unis à lui ! Et plus que jamais, ce mystère devient donc celui de l’absence-présence. Et les apôtres l‘avaient bien compris eux qui, ainsi que nous le rapporte saint Luc, ”retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu”. De là à faire un parallèle avec l’épisode d’Emmaüs il n’y a qu’un pas. La joie des disciples au retour d’Emmaüs était celle de l’expérience de la résurrection, celle des disciples témoins de l’Ascension fut celle de l’expérience de la vie éternelle, du salut. Pas plus qu’à Emmaüs, les disciples de Béthanie ne restèrent béats à contempler, non plus un pain rompu, mais la nuée dans le ciel. En effet si nous imaginons qu’un homme nous quitte en s’élevant dans les nuages, nous tuons le mystère de l’Ascension : nous en faisons une absence, alors que c’est un mystère de présence multipliée ; absence-présence, disions-nous à l’instant. De ce fait tout comme l’Eucharistie met la présence du Christ dans les cœurs d’une multitude, autant la contemplation du ciel n’est pas pour les chrétiens une évasion. En conséquence, si les anges ont dit aux apôtres que le Seigneur reviendrait, c’est pour les renvoyer à leur tâche de présence de ce Christ devenu absent de corps, en leur rappelant leur mission de témoigner de tout ce qu’ils ont vu :”à vous d’être les témoins”, leur avait dit Jésus, ”vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre”. Voilà donc le résultat du mystère dans la présence multipliée.

« Chercher Jésus dans le ciel et travailler avec lui sur la terre »

En contemplant ce mystère nous passons, frères et sœurs, de la vision réelle qui fut celle des apôtres à une vision de foi, la nôtre. C’est chercher Jésus dans le ciel et travailler avec lui sur la terre. L’effort de foi qui nous est demandé c’est d’unifier ces deux relations avec Jésus ; certes elles peuvent apparaître fort différentes, mais soyons assurés que notre propre vie est déjà aimantée par la vie de Jésus au ciel, qui nous attire jour après jour quand nous « fixons notre désir, là où le regard ne parvient », selon le célèbre mot de saint Léon.

Oui, frères et sœurs, mes amis, ayez foi en ce Jésus qui sera Présence pour vous qui lui ouvrez votre vie. André Sève disait cette phrase que je vous laisse comme envoi : « Jamais il n’est autant demandé à notre foi qu’en ce mystère de l’Ascension où elle doit apprendre à vivre avec Jésus dans le ciel et sur la terre. »

AMEN !


Fête de l’Ascension du Seigneur

Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaue 46; Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23; Luc 24, 46-53


 

Homélie du 1er mai 2016 (Jn 14, 23-29)

Abbé Henri Roduit – Eglise St-Laurent, Riddes

« Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau. La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau.»

Ce passage de l’apocalypse que nous venons d’entendre rapporte la vision de la Jérusalem nouvelle que Jean nous décrit comme une Ville Sainte qui descend de chez Dieu. Dans les  évangiles synoptiques, on emploie plutôt le  terme « Royaume de Dieu » pour parler de la plénitude de vie en Dieu, de la création ou de l’humanité pleinement réconciliée avec lui. Mais c’est le même thème.
La question du lieu de la rencontre avec Dieu intéresse beaucoup l’auteur de l’Apocalypse. Plusieurs passages de l’évangile de Jean, qui est du même auteur, abordent cette question.

Dans la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, celle-ci lui demande où il faut adorer. Et Jésus lui répond : «Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous  adorerez  le Père… Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent, doivent l’adorer en esprit et en vérité.» (Jn 4,21.24)

Ou encore dans le récit des vendeurs chassés du temple, les juifs disent à Jésus « Il a fallu quarante-six ans pour construire ce temple et toi, tu le relèverais en trois jours ? » Mais lui parlait du temple de son corps. Le temple, le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu des sacrifices, ce n’est plus un bâtiment mais une personne, Jésus lui-même, l’homme-Dieu, l’homme descendu du ciel, l’homme qui s’identifie aux pauvres et aux humiliés. Depuis l’Incarnation du fils de Dieu, le sanctuaire c’est pour la communauté des croyants, chaque homme, en particulier le pauvre et l’humilié.

« Le véritable lieu du culte nouveau c’est l’homme concret »

Le fait que le véritable lieu du culte nouveau c’est l’homme concret est manifeste dans l’affirmation de l’évangile de ce jour où Jésus affirme « Mon Père et moi, nous viendrons chez lui, et en lui, nous nous ferons une demeure. Le Temple, c’est l’homme.
En ce 1er mai, nous pensons particulièrement à ceux qui sont pauvres ou humiliés parce qu’ils n’ont pas de travail ou un travail dans des conditions déshumanisantes à cause de la course aux profits de ceux qui détiennent pour eux-mêmes  le pouvoir de l’argent. »

« Remettre au centre la personne et le bien commun »

Le Pape François l’a affirmé fortement à Cagliari en Sardaigne, le 22 septembre 2013:  «A la racine il y a une trahison du bien commun, de la part des individus et de la part des groupes de pouvoir. Il est donc nécessaire de retirer son caractère central à la loi du profit et du revenu et de remettre au centre la personne et le bien commun. Un facteur très important pour la dignité de la personne est justement le travail ; pour qu’il y ait une authentique promotion de la personne, il faut que le travail soit garanti. C’est une tâche qui est celle de toute la société… »

Le profit de quelques-uns se fait sur le dos des plus faibles. Les médias, il y a environ 2 mois, nous révélaient des chiffres impressionnants : 68 personnes, à elles seules,  possèdent plus de fortune que  3,5 milliards d’êtres humains, soit la moitié de la population mondiale. Le capital est bien mieux rémunéré que le travail. Beaucoup de gens qui ont un emploi à 100% joignent difficilement les deux bouts à la fin du mois.
De plus les travailleurs peuvent craindre dorénavant l’arrivée de robots pour les remplacer. Le cri du pape : « Un facteur très important pour la dignité de la personne est justement le travail ; pour qu’il y ait une authentique promotion de la personne, il faut que le travail soit garanti » est donc d’autant plus actuel.

En ce jour de fête des travailleurs, nous nous rappelons que le lieu de la rencontre avec Dieu, le sanctuaire est l’homme lui-même, tout particulièrement le plus fragile. Nous prions pour ceux qui détiennent une part du pouvoir dans le monde du travail : patrons chrétiens, politiciens qui se réclament de l’Eglise. Que l’Esprit Saint leur donne le courage et la force d’agir conformément à leur foi, dans toutes leurs décision.

Nous portons aussi  tout particulièrement dans notre prière les chômeurs, les jeunes en quête de travail et aussi les demandeurs d’asile qui cherchent à faire un stage non payant de deux semaines dans une entreprise pour découvrir ce qu’est le travail en Suisse. Et nous demandons au Seigneur de nous donner la force de nous engager pour qu’il y ait une authentique promotion de la personne dans le travail et que le travail soit garanti pour chacun.


6e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques : Actes 15, 1-2.22-29; Psaume 66;Apocalypse 21, 10-14.22-23; Jean 14, 23-29