Saint Dominique, frère pour l’Evangile

Regard oblique sur…la Bible
La vidéo du pape, avril 2016

Nos amis, les robots?
Sion: une messe en patois

Pierre m’aimes-tu vraiment? Amoris Laetitia

Homélie TV du 10 avril 2016 (Jn 21, 1-19)
Abbé Jean-Jacques Martin, vicaire épiscopal – Eglise Notre-Dame de l’Assomption, Le Locle (NE)
Bon, ben… voilà ! Les disciples sont retournés chez eux, en Galilée !
Il y a eu la mort tragique de Jésus. Ce fut un drame épouvantable.
Ils avaient tellement misé sur lui. Ils avaient tellement mis leur espoir en lui. Alors il faut bien faire quelque chose !
Ils décident de faire ce qu’ils savent faire : aller à la pêche… Cela passera le temps… Ils ne sont pas nombreux : 7 !
Où sont les autres ? Que font-ils ? Qu’attendent-ils ? On ne le sait pas… Sept dans une barque, sur la mer, en train de pêcher mais sans rien prendre…
Toute la nuit ils ont travaillé en vain. Ils reviennent bredouille, fatigués et déçus.
Au lever du jour, Jésus est là, sur le rivage. Vous l’aurez remarqué, Jésus ne dit pas « bonjour » ou bien encore « la paix soit avec vous », il leur dit : Eh les enfants, vous n’avez pas quelque chose à manger ?
Il les appelle « enfants » parce qu’ils sont comme des nouveau-nés.
La nuit est derrière eux. Lui, il est sur le rivage, devant, comme pour le montrer un monde neuf.
Mais ils ne comprennent pas encore, c’est pourquoi à la question « vous n’avez rien à manger »,
ils sont bien obligés de répondre « non » ! Et, devant leur découragement, la seule chose qu’il leur dit, c’est de jeter le filet à droite de la barque.
Et, curieusement ils le font, comme s’il y avait une force en eux qui les contraignait à écouter la voix. Et le filet est plein.
Alors Jean dit à Pierre : « C’est le Seigneur ». Et Pierre se jette à l’eau. Il ne dit rien, il sent bien que c’est lui, Jésus qui est là sur le rivage.
Et il n’y a que lui qui peut faire une chose pareille. Oui, c’est le Seigneur !
Sur le rivage, le feu est prêt, il y a du pain : on peut manger ! Vous vous souvenez certainement des disciples d’Emmaüs.
Jésus leur parle sur la route, mais ils ne le reconnaissent pas. C’est seulement lorsqu’il aura partagé le pain qu’ils vont tout d’un coup le reconnaître.
Pourtant, dans notre récit, personne n’a le courage de lui demander si c’est bien lui !
Ils savaient, intimement, que c’était bien le Seigneur.
C’est vrai que les disciples l’ont déjà reconnu, mais en quelque sorte ils sont réconfortés dans leur reconnaissance de Jésus.
« Il faudra le partage du pain … pour que nous puissions reconnaître Jésus »
Il en va bien souvent de même pour nous. Peut-être que ce matin nous sommes venus dans cette église ou devant le poste de télévision sans vraiment le reconnaître. Il faudra le partage du pain et du vin, son corps et son sang, pour que nous puissions le reconnaître ou mieux : le connaître.
Alors la confiance est pleinement retrouvée !
Il ne s’agit pas d’une leçon de catéchisme. Ni pour les disciples, ni pour nous. C’est une question de vie.
Nous avons à redire, à la suite des disciples, au plus profond de nous-mêmes que Jésus est notre Seigneur et notre Dieu.
Qu’il fait donc, si nous le voulons bien, partie de notre vie.
Ainsi nous avons toujours à nous rendre compte qu’il fait partie de notre existence.
Oh, je le sais bien, comme pour les disciples, il pourrait nous paraître parfois absent.
Mais il y aura des moments où nous serons certains de sa présence, de son amour pour nous.
Il y aura des moments où il nous donnera rendez-vous pour nous aider et nous éclairer quand nous ne pécherons rien, c’est-à-dire dans ces moments où nous n’arrivons à ne plus aimer notre entourage, où tout ce qui est entrepris rate, où nos efforts n’aboutissent à rien.
Et nous entendrons, dans notre cœur, Jésus nous dire : « m’aimes-tu ? ». Il nous le dira même plusieurs fois, si cela est nécessaire.
« Seigneur, je t’aime malgré mes trahisons »
Et viendra ce moment magique où l’on pourra sentir les larmes nous monter aux yeux et où on pourra dire : « mais Seigneur, tu sais bien que je t’aime ».
Oui, Seigneur, je t’aime malgré mes trahisons, je t’aime tellement parce que j’ai besoin de toi.
Et Jésus me fera comprendre que je peux aller de l’avant, que je peux continuer ce chemin de vie avec lui, que je n’ai pas à m’inquiéter parce qu’il sera toujours avec moi, parce qu’il m’aime !
Chers amis ici présents, et vous qui suivez notre célébration grâce à la télévision, n’oubliez jamais que seul l’Amour, avec un « A » majuscule, est nécessaire pour suivre le Christ et donc pour accomplir la mission qui nous est donnée et qui consiste à aimer, à servir, à guider, à encourager les autres, mon prochain, celui qui m’est le plus proche, comme Jésus nous en a montré l’exemple.
Dans l’Eglise d’aujourd’hui, où le Christ est toujours présent, chacune, chacun a un rôle important à jouer, avec son charisme propre.
Dans un instant nous aurons la joie d’accueillir des bénévoles de notre Unité pastorale qui ont su répondre à cet appel du Seigneur : « m’aimes-tu ? » Ils ne sont pas les seuls à avoir répondu à l’amour du Seigneur, bien entendu. Il y a eu 153 poissons dans le filet : cela représente la diversité de celles et ceux qui forme une communauté unie : le filet ne se déchire pas !
Dans l’évangile que nous venons de lire, le Seigneur dit à Pierre : « suis-moi ».
Il lui confie une mission : prendre soin des brebis du Seigneur, ce qui veut dire prendre soin de chacune, de chacun, tel qu’il est, quel qu’il soit !
Ce ne sont pas les qualités professionnelles, les compétences ou le savoir faire de Pierre qui lui permettra de suivre le Christ, mais bien son amour pour Jésus.
C’est cette foi totale en Jésus qui permet de passer de la bredouille à la pèche totale, de la mort à la vie.
Ce qui est valable pour Pierre, l’est aussi pour chacun de nous.
Nous avons à prendre conscience de nos faiblesses, de notre pauvreté.
C’est cela qui est le chemin pour pouvoir vivre de l’amour même qui habite Jésus.
Oh, je le sais bien, vous trouvez cela très difficile !
Eh bien justement, non !
Puisque c’est le sens même de notre vie, c’est notre vocation, c’est cet appel auquel nous pouvons répondre pour nous mettre au service de nos frères et sœurs.
C’est vrai que parfois nous pouvons penser : il n’y a pas que moi !
Et les autres ? Dans nos communautés, nous avons de la peine à recruter, à trouver de nouveaux bénévoles.
N’oublions jamais que Jésus adresse à chacune et à chacun un appel personnel, singulier.
Vous savez, je ne peux pas, à partir de ce que Dieu me demande, deviner ni mesurer ce qu’il demande à l’autre, même si je le connais bien.
« Jésus adresse à chacune et à chacun un appel personnel, singulier »
La réponse que nous apportons à Jésus, c’est finalement une affaire personnelle.
On peut presque dire que c’est le test de notre amour pour lui.
Nous avons quelques craintes ou quelques peurs ? Aucune importance !
Jésus vient à notre rencontre et nous dit : « que t’importe, toi, suis-moi ! »
Merci à vous qui avez répondu à cet appel ! Et toutes celles et tous ceux qui hésitent : venez, voyez, cela est enthousiasmant, cela en vaut la peine !
Il n’est jamais trop tard pour faire de la place à Jésus au plus intime de notre cœur.
AMEN !
3e dimanche de Pâques
Lectures bibliques : Actes 5, 27b-32.40b-41; Psaume 29; Apocalypse 5, 11-14; Jean 21, 1-19

Homélie du 10 avril 2016 (Jn 21, 1-19)
Chanoine Olivier Roduit – Eglise Saint-Clément, Bex
Nous venons d’entendre une belle page d’évangile qui pourrait bien nous émerveiller. Il est question d’un lac, d’une partie de pêche, d’un pique-nique au bord de l’eau et d’une belle discussion sur l’amour. Mais finalement, tout tourne autour de ces deux petits mots que Jésus adresse à Simon-Pierre : « Suis-moi ».
Si, huit jours après sa résurrection, Jésus apparaît à sept de ses disciples, ce n’est pas pour le spectacle d’un beau tableau champêtre. Le Seigneur vient renforcer la foi de ses disciples désemparés.
Pourtant déjà témoins d’apparitions du Ressuscité, ils avaient repris leurs activités professionnelles de pêcheurs, presque comme si rien ne s’était passé depuis trois ans. Et le Seigneur vient leur demander à nouveau de le suivre et de vivre selon leur foi chrétienne.
Vivre sa foi chrétienne : ce n’est pas facile, cela n’a jamais été facile !
Il y a certes des moments où l’on est heureux de proclamer ensemble, avec les anges du texte de l’Apocalypse : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. » C’est ce que nous avons pu chanter au milieu des Alléluia du matin de Pâques.
Vivre sa foi, c’est aussi témoigner de son espérance, comme nous le lisons dans la première lecture, tirée des Actes des Apôtres. Ceux-ci se disaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.
Et subir des humiliations au nom de sa foi est hélas encore très actuel.
Dans notre société qui se prétend laïque, est-ce que la bien-pensance et le politiquement correct ne veulent-ils pas que l’on cache, voire que l’on méprise les convictions religieuses ? N’est-il pas de bon ton de se moquer des chrétiens, de les réduire au statut d’affreux rétrogrades bornés ?
« Subir des humiliations au nom de sa foi est très actuel »
De plus, combien de chrétiens de par le monde subissent aujourd’hui encore humiliations, vexations et violence, forçant certains à l’exil et d’autres au témoignage du martyre. Combien de chrétiens, hélas, n’arrivent pas, comme les apôtres de notre lecture, à être joyeux d’avoir été jugés dignes de subir ces humiliations.
Savons-nous écouter leur témoignage et ouvrir notre cœur à la compassion ? Oserons-nous nous engager à leurs côtés, comme nous le demande notre pape François qui se rendra la semaine prochaine sur l’île grecque de Lesbos, afin de souligner le grave problème des réfugiés. Le but de cette visite humanitaire, selon les évêques grecs, est « de contribuer à la prise de conscience de la communauté internationale en vue d’une cessation immédiate des hostilités dans la région de la Méditerranée et du Moyen-Orient, qui affectent fortement les communautés chrétiennes, mais aussi l’émergence d’un grand problème humanitaire causé par les réfugiés désespérés qui cherchent un avenir meilleur sur le continent européen ».
D’où vient donc cette force qui a permis, et qui permet encore aujourd’hui à tant de chrétiens de supporter des situations si difficiles ?
Revenons à notre belle page d’Evangile construite en trois parties.
Dans un premier temps, les disciples, affairés à leurs occupations matérielles, n’arrivent pas à reconnaître Jésus qui les attendait sur le rivage. N’est-ce pas si souvent notre cas à nous aussi ? Nous fonçons à nos tâches habituelles, confrontés si souvent à de graves difficultés, et nous n’arrivons pas à lever les yeux pour voir que le Seigneur ressuscité est tout proche de nous et qu’il nous fait signe.
Dans une seconde partie du texte évangélique, Jésus nourrit mystérieusement ses disciples. Alors qu’ils rentrent de la pêche, ils découvrent un feu de braise avec du poisson et du pain, que Jésus leur donne à manger. Comment ne pas voir là une allusion à l’eucharistie que nous célébrons ?
Finalement, en réponse au triple reniement de Pierre lors de la Passion, Jésus pose par trois fois la question au chef des apôtres : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » A la triple réponse affirmative de Pierre, Jésus lui demande de le suivre, même là où il n’aurait pas voulu aller.
La présence de Jésus dans nos vies, la nourriture eucharistique qu’il nous donne et l’appel à le suivre renouvellent notre foi et notre espérance et refont la jeunesse de son peuple, selon la belle formule de la prière d’ouverture de cette messe.
La jeunesse n’est-elle pas le temps de tous les possibles ? même celui de Dieu ?
Laissons-nous donc faire par cet amour ineffable qui saura prendre soin de nous, comme un père veille sur son enfant bien-aimé. Il nous donnera la force et les moyens de suivre le Christ jusqu’au bout de l’amour.
3e dimanche de Pâques
Lectures bibliques : Actes 5, 27b-32.40b-41; Psaume 29; Apocalypse 5, 11-14; Jean 21, 1-19
