Homélie du 09 août 2015

Prédicateur : Père Albert Longchamp S.J.
Date : 09 août 2015
Lieu : Basilique Notre-Dame de l’Assomption, Neuchâtel
Type : radio

Chers Frères et Sœurs en Jésus-Christ

« Croyez-vous en l’homme ? »

Vous allez peut-être sursauter ! Vous émouvoir. On croit en Dieu ! C’est le païen qui croit en l’homme. Et pourtant, ces mots presque violents, et apparemment insultants, ces mots si humains, couvrent le titre d’un livre de l’abbé Maurice Zundel paru pour la première fois il y a environ cinquante ans et intitulé, j’ai bien lu, « Croyez-vous en l’homme ? ».

On pourrait lire, ou relire l’œuvre de ce prêtre passionné dont le corps repose aujourd’hui tout près de nous dans cette église : en aucune page il ne détournait son regard du sort de l’humanité. Dès sa jeunesse il est tout entier comme aspiré par le destin de la création divine. J’ai retrouvé dans le livre que je viens de citer une page de Zundel qui ne pouvait pas tomber aussi bien qu’aujourd’hui: « Il suffit, écrit-il, d’ouvrir un journal en cette première quinzaine d’octobre 1955, pour éprouver l’absence de l’homme dans le jeu de bascule auquel sont condamnés les arbitres des compétitions internationales où se joue le destin de l’humanité. »

A l’humanité d’aujourd’hui comme hier, la croix de Jésus rappelle que notre Dieu n’a pas réponse à tout, il n’a pas pouvoir sur tout : n’est-il pas « la première victime du mal » ? A l’instar de notre Pape actuel, qui a pris le nom de François, l’abbé Maurice Zundel a voulu suivre les traces du « poverello » d’Assise : humble et pauvre à la suite du Christ sous le regard de Marie. C’est vers les quinze ans, après avoir entendu d’un ami le récit des Misérables de Victor Hugo, qu’il pris la résolution de « devenir le prêtre des pauvres, de n’avoir rien à moi ». Il avouera plus tard, non sans humour, « qu’en effet, toute ma vie, des mendiants m’ont exploité et des pauvres m’ont vidé les poches et les tiroirs. »

Chers Amis et Paroissiens, nous venons d’entendre dans la lettre de saint Paul aux Ephésiens (4,30 -5,2) une invitation surprenante : « Cherchez à imiter Dieu ». Est-ce possible ? Pensable ?

Aucun doute : la morale chrétienne consiste d’abord à mettre nos pas dans ceux de Jésus, à suivre Marie, Joseph et les Apôtres. Dans son Encyclique « Loué sois-tu », le Pape François rappelle que ce n’est point seulement un souhait, une phrase. « Aujourd’hui croyants et non croyants », nous dit-il, « nous sommes d’accord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous » (n° 93).

Hélas, notre monde actuel est au bord du gouffre. Je ne puis aujourd’hui oublier les centaines de migrants abandonnés à la mer il y a quelques jours. On n’ose y penser. Dans le même temps, les représentants de 193 pays de l’ONU ont fixé un plan d’action pour éradiquer la pauvreté de la planète et le Pape ira lui-même à New York en septembre.

Pour connaître et aimer Dieu, il faut d’abord respecter l’être humain et croire en sa dignité fondamentale. Toute personne humaine vient du Créateur et reste l’espérance de Dieu. Donnons vie à la requête de saint Paul aux Ephésiens: « Cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés ». AMEN !»

19e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : 1 Rois 19, 4-8; Psaume 33; Ephésiens 4, 30-5, 2; Jean 6, 41-51