À Genève, une affiche de la Vierge avec un paresseux fait débat

Homélie TV du 25 décembre 2023 (Jn 1, 1-18)
Abbé Ciarán Clarke – Eglise Saint-Colomban, Ballivor, Irlande
Dans le monde d’aujourd’hui, la plupart des gens sont familiarisés avec l’envoi de messages —messages texte, WhatsApp, messages vocaux, Twitter, Snapchat, Instagram, Facebook Messenger, Googles messages, etc.
Nous savons tous que l’envoi de messages, en particulier de messages rapides et instantanés, fait désormais partie intégrante de la plupart de nos vies. Nous pouvons également utiliser des courriers électroniques, des tableaux d’affichage électroniques et bien d’autres moyens pour faire passer un message à l’autre. Mais si nous nous concentrons sur le mot « Messenger » « Message », nous découvrirons qu’il ne s’agit pas seulement d’un mot moderne utilisé pour les applications de nos téléphones portables modernes !
Si nous pensons au passé et revenons à l’époque de la naissance de Jésus, il y a plus de 2 000 ans, il est évident qu’il n’y avait pas d’application de messagerie, ni de téléphone portable pour communiquer des messages.
Le mot « message » dans l’histoire de Jésus
Cependant, nous pouvons affirmer que le mot « message » existait bel et bien, et qu’il joue un rôle important dans l’histoire de Noël ou l’histoire de Jésus.
Reconnaissons que le plus grand messager de l’époque n’était pas une application pour téléphone portable, ce n’était pas une note écrite sur du papier ou ce n’était même pas une personne! Le plus grand messager était un ange merveilleux qui venait de Dieu et qui apportait le meilleur message à tous, à savoir la nouvelle qu’un sauveur allait naître, que le « Verbe s’est fait chair » et qu’il « a vécu parmi nous ».
Le messager était l’Ange de Dieu et les premiers à entendre ce message à propos du sauveur n’étaient pas les dirigeants, les gouvernants ou les chefs religieux riches et puissants.
Un messager de Dieu qui s’adresse aux humbles
Le messager de Dieu, l’Ange, s’est d’abord adressé à ceux qui étaient humbles et prêts à accueillir le roi nouveau-né, né dans la pauvreté et couché dans une mangeoire. Bien sûr, même avant cela, nous savons que l’ange Gabriel est d’abord allé voir Marie pour lui annoncer la bonne nouvelle qu’elle donnerait naissance à un fils qui serait le sauveur et qu’elle l’appellerait Jésus, puis il est allé voir Joseph pour lui annoncer également cette bonne nouvelle.
À la naissance de l’enfant, l’ange se rendit auprès des bergers et fut rejoint par d’autres anges qui louèrent Dieu et chantèrent leur hymne de gloire.
Après que les anges aient chanté leur hymne de gloire en présence des bergers, ceux-ci se sont empressés d’aller voir Jésus, ce sauveur nouveau-né.
Le messager de Dieu, l’Ange, a annoncé cette bonne nouvelle pour que tout le monde la connaisse. Cette bonne nouvelle était que la Parole de Dieu était devenue chair pour nous en la personne de Jésus.
Jésus est entré dans nos vies de cette manière afin que nous puissions voir, expérimenter et connaître Dieu d’une manière plus personnelle.
La joie de Noël : une joie éternelle
La période de Noël est traditionnellement l’occasion d’envoyer et de recevoir de nombreux cadeaux, mais souvenons-nous que le don de Dieu remplit nos cœurs de joie et de gratitude, de paix et d’amour, et que ce sont les plus beaux cadeaux que nous puissions recevoir.
Que le message de l’Ange nous rappelle que la joie de Noël ne dure pas un jour, quelques semaines ou une saison ! C’est une joie éternelle, dont nous faisons déjà l’expérience dans les sacrements.
Que tous ceux d’entre nous qui considèrent Jésus comme le plus beau cadeau de Noël et de leur vie l’accueillent dans la « boîte de réception spirituelle de leur âme », afin qu’ils puissent toujours faire l’expérience de la bonté de l’espoir, de l’amour, de la joie et de la paix de Dieu dans leur vie, sur lesquels nous nous sommes concentrés pendant notre voyage de l’Avent, en préparation de Noël.
Puissions-nous utiliser nos moyens de communication modernes pour partager et diffuser le message de la « bonne nouvelle » du Christ – que ce soit par le biais de la télévision, de la radio, de l’internet et même des nombreux moyens d’envoyer des messages que j’ai mentionnés au début – SMS, WhatsApp, etc.
Je vous souhaite à tous un joyeux Noël ! Feliz Navidad !
Joyeux Noel ! Frohe Weihnachten !! Nollaig Shona duit ! !!
Messe de NOEL
Lectures bibliques : Isaïe 52,7-10; Psaume 97; Hébreux 1,1-6; Jean 1, 1-18

Homélie du 25 décembre 2023 (Jn 1, 1-18)
MESSE de NOEL
Le Verbe était la vraie Lumière
Abbé Pascal Desthieux – Basilique Notre-Dame, Genève
Frères et sœurs, aujourd’hui c’est Noël !
Vous avez bien fait de venir à la basilique Notre-Dame ou d’enclencher votre radio ou encore de lancer le podcast « messe » pour vivre la célébration chrétienne de cette fête : aujourd’hui nous célébrons Dieu qui s’est fait l’un de nous, pour être au plus proche de nous et nous conduire à lui. Ce petit bébé qui naît à Noël, c’est le Messie qui va être la Parole de Dieu pour ceux qui vont l’écouter. Voilà pourquoi, en ouvrant son Évangile, saint Jean l’appelle tout simplement le Verbe, la Parole, en grec le Logos. Ce Verbe qui est auprès de Dieu, et même qui est Dieu lui-même, voilà qu’il se fait chair, qu’il vient demeurer en notre humanité pour la sanctifier, pour la sauver.
Nous avons besoin de lumière
Saint Jean utilise aussi une autre comparaison, tout aussi parlante : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Ce Verbe fait chair nous apporte la lumière, il vient nous éclairer.
Comme nous avons besoin de cette lumière ! Comme notre monde a besoin de lumière. Saint Jean nous a averti : « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Cette année 2023 a été difficile et douloureuse sur bien des plans. Cette terrible guerre à Gaza nous affecte, ainsi que celle n’en finit pas en Ukraine. Il y a aussi toutes ces révélations d’abus commis en Eglise, on aimerait bien que cela s’arrête un jour…
Si douloureuses soient-elles, je vois dans ces révélations une œuvre de lumière. La parole se libère, les victimes sont écoutées et accueillies dans ce qu’elles ont subi et qui les a marquées à vie, des enquêtes sont ouvertes, des agresseurs sont confrontés à ce qu’ils ont fait. C’est un long travail de purification, qui demande justement de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Et aujourd’hui, avec les mesures qui ont été prises, et surtout la conscientisation de toute la société qui prend désormais beaucoup plus au sérieux la parole d’un enfant ou d’une personne vulnérable victime d’abus, notre Église et notre monde sont plus sûrs qu’autrefois, même si encore beaucoup à faire.
Que cette même lumière vienne éclairer le cœur des belligérants. Qu’ils prennent conscience de l’absurdité de cette course à la violence et à l’oppression. Tant du côté de Gaza que de l’Ukraine, nous voyons bien comment la guerre ne résout rien, mais ne fait que creuser des sillons de haine et de vengeance. Nous savons qu’il est impossible qu’un camp gagne complètement sur l’autre sans que couve, comme un volcan prêt à rejaillir, une soif de vengeance et d’en découdre. Oui, notre monde a tant besoin de cette lumière qui vient dissiper les ténèbres de ces atrocités. En ce jour de Noël, nous prions pour que des hommes et des femmes se lèvent avec des propositions audacieuses et courageuses qui ouvrent un avenir pour des populations qui n’en avaient plus, et qu’ainsi puisse se construire une paix juste et durable.
Laisser le Verbe fait chair illuminer nos zones d’ombre
Ce souhait de lumière pour notre Église et notre monde, nous pouvons aussi l’accueillir pour nous-mêmes. En reconnaissant tout d’abord qu’il y a des zones de notre vie auraient besoin d’être illuminés par ce Verbe fait chair qui est la lumière du monde. À nous « d’arrêter » cette lumière, c’est-à-dire d’en prendre un peu, de la capter, sans la laisser filer.
En conclusion, on dit de quelqu’un qui est un peu limité dans ses raisonnements qu’il « n’a pas la lumière à tous les étages ». Aujourd’hui, on peut le dire : notre monde, et même notre Église, et bien sûr nous-mêmes n’avons pas la lumière à tous les étages ! Alors, vous voyez combien cette fête est importante pour nous : « le Verbe était la vraie lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Comme le dit ce beau chant de Taizé : « Jésus, le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler. Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour » Oh oui, viens Seigneur Jésus, viens, en ce grand jour de Noël, éclairer tout ce qui est ténèbres en nous ! Donne-nous d’accueillir pleinement ton amour.
Voici pour terminer ce beau poème reçu d’une paroissienne de Genève avec les vœux de Noël. Avec son accord, je vous le lis :
Des forêts s’enflamment
Des rivières débordent
Des hommes se tuent
Des enfants souffrent
Et pourtant
Des fleurs s’épanouissent
Des terres fructifient
Des cœurs se réconcilient
Des solidarités se créent
Cependant
Noël est là [tout proche]
Avec ses traditions et ses chants
Son message d’amour et de paix
D’espérance et d’humanité
Joyeux Noël !
Messe de NOEL
Lectures bibliques : Isaïe 52,7-10; Psaume 97; Hébreux 1,1-6; Jean 1, 1-18

Homélie du 25 décembre 2023 (Lc 2, 1-14)
Messe de MINUIT
Les 800 ans de la première crèche vivante de Greccio
Abbé Pascal Desthieux – Basilique Notre-Dame de Genève
Au début de cette messe de minuit, pendant que nous chantions « Les anges dans nos campagnes [qui] annoncent la naissance du libérateur », je suis venu apporter l’enfant Jésus à la crèche. À la basilique Notre-Dame, nous avons une magnifique crèche, qui remplit la chapelle latérale du Sacré-Cœur. Notre crèche mesure bien 8 à 10 m de largeur, pour 3 m de hauteur et autant de profondeur. Il y a toute une équipe qui s’est retrouvée chaque semaine pour la construire et la faire évoluer au cours de l’Avent. Un petit groupe d’artistes a même travaillé tout au long de cette année pour restaurer des personnages et en créer de nouveaux.
Alors que les crèches ont tendance à disparaître des espaces publics, avec le risque d’effacer peu à peu le sens profond de Noël, je suis pratiquement sûr que vous avez une belle crèche à la maison. Et vous avez bien raison, car c’est un magnifique support pour vivre Noël, mais aussi pour en témoigner par exemple auprès de vos enfants ou petits-enfants. J’espère que vous avez eu de la joie à ressortir les santons et à la constituer ces derniers jours. Moi aussi, j’ai une belle crèche faite par les Sœurs de Bethléem qui a une signification toute particulière pour moi, puisque ma maman m’a offert chaque année un nouveau personnage de la crèche, ou un animal comme l’âne, le bœuf, et même le chameau d’un des rois mages. Les personnages ont été achetés au Monastère des Voirons, au-dessus de Genève.
Vous allez peut-être, en rentrant de cette messe, placer vous aussi l’enfant Jésus dans la mangeoire. Et vous qui célébrez avec nous la radio, je vous invite à suivre cette homélie devant votre crèche.
Lien entre l’incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie
Savez-vous depuis quand on fait des crèches ? On aime faire remonter l’invention des crèches à Saint François d’Assise, qui a eu la bonne idée de constituer une crèche vivante dans le petit village de Greccio, dans la nuit de Noël 1223. C’était donc exactement, jour pour jour, heure pour heure, il y a 800 ans. Pour marquer ce jubilé, il vaut la peine de revenir sur cette belle histoire, racontée par son biographe Thomas de Celano.
Revenant de Rome, où le pape avait confirmé la règle franciscaine, François s’arrêta à Greccio, situé à 90 km au sud d’Assise, où habitait Giovanni Velita, ami et disciple du saint. En se promenant vers les grottes du village, il se souvint de Bethléem, qu’il avait visité lors de son voyage en Terre Sainte et, en particulier, les grottes où Jésus était né. Quinze jours avant Noël, François demande à son ami Giovanni de l’aider à réaliser un vœu : « Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l’âne » (1 Celano, 84). L’ami fidèle alla immédiatement préparer, à l’endroit indiqué, tout le nécessaire. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le bœuf et l’âne. Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Ému, François d’Assise qui était diacre, prêcha avec beaucoup de ferveur et d’émotion, en décrivant l’enfant Jésus venu si humblement dans une crèche, pauvre parmi les pauvres. Il demanda ensuite à un ami prêtre franciscain de célébrer la messe sur le praesepium, qui signifie mangeoire, montrant le lien entre l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie. L’histoire de la crèche commença donc avec cette crèche vivante, faite de fidèles en chair et en os qui célébraient ensemble la pauvreté de Dieu fait Homme.
Thomas de Celano, premier biographe de saint François, ajouta que cette nuit-là, une des personnes présentes vit, couché dans la mangeoire, l’Enfant Jésus lui-même. Les gens retournèrent chez eux profondément touchés.
Signification et valeur de la crèche
Le pape François, qui a choisit son nom de pontificat en référence au saint d’Assise, est venu à Greccio il y a quatre ans, et c’est depuis le Sanctuaire de la crèche qu’il a signé et offert une magnifique lettre sur la signification et la valeur de la crèche. J’aimerais vous en citer quelques lignes :
Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés.
Le pape ajoute que la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux.
Je vous invite à relire cette belle lettre du pape François, vous la trouverez facilement sur Internet, alors que nous célébrons cette nuit le 800e anniversaire de cette première crèche vivante. Il détaille chaque personnage de la crèche, et même l’étoile qui nous rappelle que dans les obscurités de nos vies, Dieu ne nous laisse pas seul : il répond aux grandes questions de nos vies, et se fait proche de nous en se faisant l’un de nous. Il conclue sa lettre ainsi : « la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur. À l’école de saint François, ouvrons notre cœur à cette grâce simple et laissons surgir de l’émerveillement une humble prière : notre « merci » à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls. »
C’est bien ce que j’aimerais retenir de cette première crèche de Greccio il y a 800 ans, des crèches que nous avons montées dans nos églises et nos maisons, et plus encore de cette fête de Noël que nous célébrons : quand Dieu se fait l’un de nous, il vient dans notre réalité, dans tout ce que nous vivons. Les habitants de Greccio ont été eux-mêmes les personnages de cette première crèche vivante en 1223. Nous aussi sommes les personnages de la crèche vivante de cette nuit de Noël 2023. Jésus reçoit Noël ce merveilleux nom d’Emmanuel Dieu avec nous. La conjonction « avec », entre Dieu et nous est importante. Dieu est « avec » chacun d’entre nous, pour que nous puissions être toujours plus avec les autres, et en paix avec nous-mêmes. Nous ne sommes jamais seuls puisqu’il est là avec nous.
Messe de MINUIT
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14

Homélie TV du 25 décembre 2023 (Lc 2, 1-14)
Messe de MINUIT
Abbé Arjen Bultsma – Basilique Sint Franciscus, Bolsward, Pays-Bas
Ce n’est qu’à mi-parcours que l’extrait d’évangile que nous venons d’entendre devient vraiment intéressant. Au début, nous avons d’abord entendu parler de ceux qui étaient au pouvoir à l’époque et qui, par conséquent, voulaient savoir sur qui ils pouvaient compter.
Nous avons entendu parler de Joseph et de Marie voyageant pour se faire recenser et recevant le premier-né en chemin. Une naissance racontée presque avec désinvolture en une seule phrase. Si nous n’avions pas d’autres informations, l’Évangile ne serait jusque là qu’une belle histoire, mais pas vraiment spéciale.
Les bergers entendent une proclamation
Il en va tout autrement lorsque l’attention se porte sur les bergers dans les champs. Ils entendent parler de cette naissance, mais pas de la manière dont nous avons été informés jusqu’à présent. Ce qu’ils entendent n’est pas de l’histoire, mais une proclamation. Il ne s’agit pas seulement de faits historiques.
La proclamation contient une interprétation.
La proclamation contient un engagement personnel.
La proclamation ouvre des perspectives inouïes et nous encourage à prendre la route avec eux.
La proclamation relie.
Ce n’est que maintenant – la nuit dans les champs – que nous entendons que cette naissance si mal décrite concerne notre Sauveur, le Messie : le Christ Seigneur, tant attendu en tant que Fils de David.
Témoins d’une liturgie céleste qui invite à la joie et relie
Après cette première proclamation, une perspective inédite s’ouvre. Nous devenons les témoins d’une liturgie céleste où une armée céleste glorifie Dieu. C’est une liturgie qui invite à la joie. Une liturgie qui relie.
Cette année, cela fait huit cents ans que saint François d’Assise a construit une crèche. Dans cette basilique placée sous son patronage, nous pouvons certainement y réfléchir. Car François n’a pas seulement créé une étable avec des animaux vivants. La liturgie de Noël y a été célébrée, de sorte que la nativité n’est pas restée le simple récit d’une naissance remarquable, mais qu’elle est devenue une véritable proclamation.
En Jésus, nous rencontrons le Dieu compatissant
Ouvrir les yeux et les cœurs à ce qui se passe réellement. Ici, nous faisons l’expérience que Dieu se soucie tellement des gens depuis les origines qu’il veut être vu avec eux. C’est un Dieu que rien n’arrête et qui – malgré tous les problèmes qui surviennent et qui sont comme résultats la mesquinerie humaine – ne perd pas de vue l’homme lui-même. Il le regarde avec amour et le prend personnellement par la main en Jésus.
En Jésus, le premier-né, nous rencontrons le Dieu compatissant lui-même. Il s’est incarné afin de vivre avec nous, de vivre pour nous et de nous faire avancer, à travers la mort, vers une vie nouvelle avec Dieu et les autres.
Une proclamation qui nous exhorte à mieux vivre ensemble
Depuis cette première crèche, de nombreuses autres ont été construites. Des petites et des grandes. Dans les églises et dans les maisons. À l’extérieur et à l’intérieur. Toutes racontent une même histoire. Cela peut sembler purement ludique, artistique ou simplement chaleureux. Biensûr… Toutefois, la proclamation devient réelle proclamation lorsqu’elle montre également notre engagement personnel et qu’elle est un lieu de célébration et de prière.
La proclamation devient réelle proclamation lorsque nos rassemblements de Noël offrent ce Dieu-avec-nous et nous exhortent à mieux vivre ensemble.
Non pas pour être vu, mais parce que nous comptons – que nous avons de l’importance – et que nous pouvons donc partager la paix, la joie et l’amour communicatif que Dieu est et avec lequel il nous rencontre aujourd’hui.
Joyeux Noël.
Messe de MINUIT
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14

Homélie du 24 décembre 2023 (Lc 1, 26-38)
Père Emmanuel Emmenegger – Abbaye d’Hauterive, Posieux, FR
Chers frères et sœurs,
Le 25 mars, nous avons célébré la fête de l’Annonciation. Lors de cette fête, nous avons entendu le même Évangile qu’aujourd’hui : l’archange Gabriel transmet à la Vierge Marie le message qu’elle va concevoir un enfant. Neuf mois plus tard, nous nous trouvons à la veille de la naissance de cet enfant annoncé.
Un enfant qui sera roi
Aujourd’hui, l’accent est moins mis sur l’annonce de la naissance de Jésus que sur le fait que cet enfant sera un roi. Dans la première lecture, nous avons entendu le prophète Nathan promettre au roi David qu’un de ses descendants occupera son trône et régnera. Dieu sera un père pour ce dernier et lui, un fils pour Dieu.
Nous retrouvons cette promesse dans notre évangile sur les lèvres de l’ange Gabriel : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Avec la naissance de Jésus, la promesse faite par le prophète Nathan au roi David s’accomplit donc.
Il faut toutefois reconnaître que si Jésus est bien un roi – nous avons célébré la fête du Christ-Roi il y a quelques semaines seulement –, il ne l’est pas comme la plupart des gens se l’imaginaient. En effet, à l’époque de Jésus, on attendait un Messie qui serait également roi, mais un roi qui s’emparerait du pouvoir politique et chasserait l’occupant romain du pays. Même les disciples de Jésus avaient cette attente.
Mais Jésus est un tout autre roi. Durant toute sa vie, il n’a pas eu d’ambitions politiques et il n’a pas non plus combattu contre les Romains. Ceux-ci semblent avoir été totalement indifférents à Jésus.
Jésus, un roi qui veut être aimé pour lui-même et non pour ce qu’il peut donner
Mais quel drôle de roi sera donc cet enfant dont nous fêterons la naissance demain, s’il se désintéresse complètement du pouvoir temporel et politique ? Eh bien, Jésus sera le roi du royaume des cieux, ou encore du royaume de Dieu. Ainsi, à la fin de sa vie, peu avant sa condamnation, il répondra à Ponce Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs, mais mon royaume n’est pas d’ici. » Et un peu plus loin : « Tu le dis, que je suis un roi. Je suis né pour cela et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. »
Dans le règne de Jésus se révèle la manière dont Dieu règne sur le monde. Il s’agit d’une manière humble de régner, qui ne domine pas, mais sert, qui ne s’impose pas par la force ou la manipulation, mais qui cherche le libre consentement dans le respect de la liberté. Jésus ne cherche pas non plus à acheter notre dévouement d’une manière ou d’une autre. Lorsque les gens ont voulu le couronner roi après la multiplication des pains, il s’est retiré. Non, Jésus est un roi qui veut être respecté et aimé pour lui-même et non pour ce qu’il peut donner.
C’est pour cette raison que Jésus vient dans le monde en tant que pauvre. C’est pour cette raison que Jésus a voulu naître dans une étable et non dans un palais. Son humble manière d’être roi se révèle ainsi dès le premier jour de sa vie et se poursuivra jusqu’à sa mort sur la croix.
La promesse du prophète Nathan au roi David s’accomplit, tout comme celle de l’ange Gabriel à Marie : en Jésus vient au monde un roi dont le règne ne finira jamais.
Les promesses se réalisent, mais pas comme les hommes l’avaient imaginé. Pour beaucoup, Jésus n’a pas répondu aux attentes et ils se sont détournés de lui.
Et nous ? Quelles attentes portons-nous en nous vis-à-vis de cet enfant dont nous fêtons la naissance demain ?
Attendons-nous de Jésus qu’il résolve nos problèmes temporels ? Qu’il nous offre une sécurité matérielle ? Qu’il nous libère des difficultés de la vie ?
Jésus nous offre sa propre humilité, un don qui nous libère
Bien sûr, il est au pouvoir de Dieu de faire tout cela. Les miracles de Jésus mentionnés dans les évangiles en témoignent. Cependant, Jésus veut nous donner plus que tout cela. Il veut que nous le reconnaissions comme roi et que nous le servions avec amour. En d’autres termes, il veut nous offrir sa propre humilité.
L’humilité n’est peut-être pas ce que l’on souhaiterait en premier lieu. Pourtant, c’est le seul don qui nous libère vraiment, qui nous libère de nous-mêmes et nous ouvre aux autres. Sans humilité, l’amour divin n’est pas possible. L’amour divin auquel Jésus souhaite nous faire participer.
Examinons-nous donc pour savoir ce que nous attendons réellement de l’enfant de la crèche et soyons prêts, si nécessaire, à laisser tomber les fausses attentes si elles ne correspondent pas à notre roi qui nous aime humblement.
4e Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : 2 Samuel 7…16 ; Psaume 88 ; Romains 16, 25-27 ; Luc 1, 26-38

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Homélie du 17 décembre 2023 (Jn 1, 6-8, 19-28)
Père Jean-Marie Lussi – Abbaye d’Hauterive, Posieux
Dieu absent ? Peut-être au ras de l’histoire des hommes dans l’immédiat de notre existence. Mais il vient et il est même tout proche, nous disent les textes d’aujourd’hui. La fête de Noël commence à être proche. Nous pouvons en ce dimanche nous laisser aller à la joie que promet l’annonce d’une « Bonne Nouvelle ».
Nous laisser aller à la joie
La première lecture nous offre le texte que Jésus, au début de son ministère, s’appropriera dans la synagogue de Nazareth. Il reprend pour le messie qu’il annonce, la métaphore des noces. D’où cette joie qui éclate devant la promesse du salut pour les pauvres, les cœurs brisés, les prisonniers tous les déshérités et les souffrants de la terre.
Cette joie est relancée par Paul dans la deuxième lecture du moins pour tous ceux qui n’éteindront pas l’Esprit.
La joie de Jean le Baptiste est sans doute plus retenue et même probablement un peu douloureuse, mais il n’hésite pas en tout cas à proclamer la présence au milieu de ses auditeurs de « celui que vous ne connaissez pas ». En fait, lui-même le connaît-il exactement ? Ce n’est pas certain, puisque du fond de sa prison il enverra ses disciples l’interroger : »Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Mais Jean est tout entier donné à cette œuvre de préparation que nous évoquions dimanche dernier et c’est là sa joie que personne ne pourrait lui ravir.
Il est frappant de constater que la liturgie chrétienne à prévu, au cours des deux grandes périodes de pénitence de l’année, un dimanche de la joie : c’est le 3e dimanche de l’Avent et le quatrième du Carême.
Jadis toujours et dans notre communauté aujourd’hui encore, les sacristies recevaient une chasuble spéciale, de couleur rose, que le célébrant ne doit porter que deux fois l’an, en ces occasions. C’est peut-être un peu du gaspillage et c’est sans doute pas du meilleur goût, mais le fait est intéressant : il dit que même au sein de l’effort de conversion, même au cœur de la contrition de ses péchés, le disciple du Christ est un homme heureux.
La joie naît de l’expérience du Salut
De quoi peut naître une telle joie sinon de l’expérience du Salut ? Je dis bien : l’expérience et non pas seulement une croyance ou un savoir. La joie véritable, durable ne peut naître que du plus profond de l’être, la où un jour, une Présence s’est fait reconnaître, une rencontre s’est produite, là où est née une amitié, la où s’est nouée une Alliance. Ensuite sont venues des jours de grisaille des nuits même, des traversées de désert dans l’aridité et la solitude. Mais au fond de l’être cette expérience fondatrice de la foi si elle a eu lieu vraiment, ne s’efface plus. Elle demeure vivace sous les sables ou les herbes folles de notre vie, elle demeure vivace et puissante, source toujours prête à jaillir pour désaltérer nos peurs et rafraîchir nos angoisses, pour adoucir nos déceptions. Dieu est déjà venu. On peut croire alors, sans se forcer, qu’il reviendra.
Faire désert en nous pour entrer dans un mystère
Dans sa simplicité, Jean le Baptiste, sans pour autant s’écraser, se nier, nous convie à faire désert en nous pour entrer dans un mystère qui nous dépasse : celui du Fils de Dieu, Jésus Christ. Entrer dans un tel mystère, ce n’est pas réaliser un idéal, encore moins se désoler d’être dans l’ordre de l’incompréhensible.
Entrer dans un mystère c’est simplement se mettre en marche pour commencer à essayer de comprendre. C’est sans doute la raison pour laquelle Jean-Baptiste nous dit : »Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas (Jn 1,26) ».
Il ne crie rien de plus. Jean Baptiste ne dit rien de lui mais tout de Dieu en ne disant rien si ce n’est qu’il est au milieu de nous. Quel paradoxe ? Et c’est de cette manière que nous sommes invités à entrer dans le mystère de Noël.
3e Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 61, 1…11 ; Cantique Luc 1, 46… 54; 1 Thessaloniciens 5, 16-24 ; Jean 1, 6-8, 19-28