Père Henri-Marie Couette – Abbaye d’Hauterive, Posieux
« Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » : tels sont les mots que nous venons d’entendre ! Tout commencement recèle quelque chose de solennel, d’une nouveauté qui interpelle et qui provoque ! D’autant plus quand il s’agit d’une annonce au sujet du Fils de Dieu Lui-même ! Tout commencement suggère l’idée d’une mise en route nécessitant une préparation : « Préparez le chemin du Seigneur », s’exclame Jean le Baptiste. Sa voix forte qui nous exhorte ce matin avec vigueur est celle du prophète, celle de ce précurseur unique – c’est-à-dire de celui qui prend les devants pour ouvrir la voie à un nouveau commencement précisément.
Appel à vivre « dans la sainteté et la piété »
Et qu’annonce-t-il ? « Un baptême de conversion pour le pardon des péchés » : baptême, signe par excellence d’une décision pour une vie nouvelle, signe d’un changement radical d’orientation ! Signe d’un nouveau commencement comme appel à vivre désormais « dans la sainteté et la piété », pour reprendre les mots de saint Pierre (2e lecture). Tout débute en effet avec la reconnaissance humble et sans concession de notre propre péché. Car il n’y a pas de commencement possible, et donc d’ouverture à une vie nouvelle, sans ce préalable – certes exigeant, mais ô combien nécessaire et libérant !
Apprendre à nous libérer de tout encombrement
De fait, comment prétendre accueillir Celui qui est annoncé à notre porte sans préparer d’abord notre cœur avec lucidité et droiture ? Avec grand réalisme, la liturgie de ce 2e dimanche de l’Avent a commencé par une prière dans laquelle nous avons demandé que notre marche ne soit pas entravée « par le souci de nos tâches présentes. » Combien d’entraves, en effet, jalonnent ce chemin des commencements ! En partant des préoccupations liées à la préparation des fêtes prochaines et en passant par les multiples prétendues urgences que nous entendons nous inventer au fil de nos journées. Mais quel sens donner à tant d’agitation futile si cela ne nous conduit pas à faire la place qui Lui revient à Celui qui se fait pauvre pour nous apprendre à nous libérer de tout encombrement ? Pour citer les mots de la prière finale de cette messe, exerçons-nous à « évaluer avec sagesse les réalités de ce monde » qui passe, pour choisir Celui qui est éternel et qui vient nous rencontrer dans le temps.
Un chemin lumineux de nouveaux commencements
Aujourd’hui, il nous incombe de comprendre que l’unique urgence qui vaille la peine est de nous préparer à L’accueillir, Lui qui seul est capable de remettre notre cœur à l’endroit pour l’ouvrir à Sa liberté, à Sa paix et Son infinie tendresse ! Oui, que Celui qui baptise « dans l’Esprit Saint » nous porte et nous affermisse sur ce chemin lumineux des nouveaux commencements ! Alors, selon l’heureuse formule de saint Grégoire de Nysse, « nous ne nous arrêterons jamais d’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin. »
2e Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 40, 1-11 ; Psaume 84 ; 2 Pierre 3,8-14 ; Marc 1, 1-8