Homélie du 11 août 2013

Prédicateur : Père Guy Musy
Date : 11 août 2013
Lieu : Carmel du Pâquier
Type : radio

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ! » (Luc 12, 34)

Ton cœur ? Qu’est-ce à dire ?

Ton cœur ? Et bien, toute ta force d’aimer, de désirer, de jouir de ce qui t’attire au-delà de toi-même…

Ton coeur ? Toute ton énergie vitale, celle qui te dominais dans ta jeunesse et qui ne s’éteint pas quand tu vieillis…

Ton cœur ? Tout ce qui vibre en toi tant que tu as quelqu’un ou quelque chose à aimer…Tant que tu ne le tiens pas encore entre tes mains…

Alors, dis-moi, où est ton trésor pour que je sache aussi où se cache ton cœur ? Dis-moi cette chose ou cette personne qui te fait courir au bout du monde, pour l’avoir entre tes doigts, le caresser, comme Harpagon caressait de ses griffes d’avare la divine cassette qu’il adorait.

Curieuse histoire de ce mot « trésor ».

Il évoque le jeu de la course au trésor de nos enfances, le pactole de Rakham le Rouge de Tintin et de son fameux capitaine. Un Eldorado aussi fictif que merveilleux qui aurait pour vocation de combler toutes nos attentes.

Mais quittons le monde du rêve.

Ton trésor ? Est-ce ton amoureux ? Ton amoureuse ? « Dein Schatz », comme susurrent les amants d’Outre-Sarine ?

A moins que ton trésor ne soit ce bout de choux qui trottine entre tes jambes ou cette petite puce que tu tiens dans tes bras et que tu appelles tendrement : « mon trésor » ?

Ton trésor ? Plus banalement, ta voiture dernier cri, celle que tu bichonnes chaque samedi pour épater tes copains et tes copines ?

Ou alors, plus banalement, tes comptes à numéros, tes bijoux, tes tableaux enfouis dans un coffre bancaire ?

Dis-moi où est ton trésor, je te dirai alors où est ton cœur.

Retour à l’évangile. Il nous parle aujourd’hui d’un autre trésor. Curieusement, Jésus ne lui donne pas de nom particulier, mais définit ses caractéristiques : il est inusable, inoxydable ; il ne s’éclipse pas de nos mains quand elles croient le tenir et personne ne peut nous le ravir.

Tandis que nos trésors habituels s’effritent, se dilapident, ne durent guère. Comme une boule de neige que vous tiendrez au creux de la main un jour de canicule. Inutile d’insister. L’expérience est là pour attester que même nos plus belles amours, soit disant éternelles, se diluent au fil des jours et des années.

C’est pourquoi Jésus nous encourage à miser sur des valeurs sûres, cotées à la bourse du ciel. « Faites-vous un trésor dans les cieux », dit-il. Autrement dit, DIEU est votre vrai trésor ! Lui seul mérite tout votre amour. En Lui se repose comblé votre coeur !

« Nous voici bien avancés », dites-vous ! Et tous nos petits bonheurs, toutes nos amours ? Tout cela n’est-il que vapeur et fumée inconsistante ? Non, dit Jésus, tous ces petits trésors peuvent nous conduire à Dieu à condition de ne pas nous y agripper, nous y enfermer. Et, dans ce but, Jésus de nous conseiller le dépouillement volontaire de tout ce qui nous barricade et nous entrave. De lâcher prise, comme on aime dire aujourd’hui.

« Mais nous ne sommes ni des moines ni des moniales », répliquez-vous. « Nous n’avons point prononcé de vœux de chasteté et de pauvreté ». « Qui vous parle d’ascèse ? » , réplique Jésus. Votre dépouillement doit prendre la forme du DON. Libérez-vous du superflu en faveur des pauvres qui manquent du nécessaire, ne vous laissez pas emprisonner par de fausses richesses. Alors, vous trouverez Dieu, votre plus sûr bonheur.

Dieu, le vrai trésor, ne se découvre donc que dans le partage et le don. Je trouve mon bonheur quand je m’oublie et me donne sans réserve.

Parfois, nos châteaux s’effondrent brutalement sans que nous le voulions. Et nous voilà sur la paille et la cendre. Comme ce personnage de François Mauriac qui après avoir perdu en une seule nuit d’orage et de grêle toute sa vigne précieuse qui était son trésor, soupçonne en balbutiant l’existence d’un autre trésor : « Enfin, je suis détaché. Je ne sais quoi, je ne sais qui m’a détaché ; des amarres sont rompues ; je dérive. Quelle force m’entraîne ? Une force aveugle ? Un amour ? Peut-être un amour… »

Il fallut le malheur pour mettre ce vieil avare sur le chemin de l’amour. Il vaut mieux prendre les devants, ne pas attendre d’être dépouillé par les éléments, la maladie et toutes les forces contraires. Il vaut mieux se dépouiller soi-même pour découvrir l’Amour, le seul qui ne mente pas.

Cette messe est célébrée au Carmel du Pâquier. Il y a deux jours nous faisions revivre dans cette chapelle la mémoire d’une carmélite d’exception, Edith Stein, morte à Auschwitz en 1942. Elle aurait pu se réfugier ici même si les autorités suisses du moment avaient montré plus d’empressement pour l’accueillir. Juive d’origine, elle a sacrifié ses relations familiales, sa brillante carrière professionnelle, parce qu’elle était à la recherche d’un trésor que les mites, la rouille et les voleurs ne pourraient ni détruire ni voler. Elle a compris que pour l’obtenir elle devait elle-même suivre Jésus sur son chemin d’offrande, sur son chemin de croix. Mais elle a fait de ce dépouillement obligé un don gratuit. Alors que la Gestapo l’emmenait avec sa sœur vers le camp de la mort, elle dit simplement : « Allons pour notre peuple ». Donnons notre vie pour lui ! Edith faisait de sa mort programmée, de cette ultime pauvreté, le don le plus sublime. Son trésor était au bout de ce chemin.

Témoignage sublime et qui nous dépasse !

Nous en avons tout de même besoin.

Les saints ne sont-ils pas des phares sur les rives de nos mers agitées ?

Des étoiles au plus profond de notre nuit ?

Des boussoles dans la forêt où nous nous égarons ?

Edith Stein ouvre la piste de notre course au trésor.

 

19e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Sagesse 18, 6-9; He 11, 1-2.8-19; Luc 12, 32-48

Homélie du 04 août 2013

Prédicateur : Chanoine José Mittaz
Date : 04 août 2013
Lieu : Hospice du Grand-Saint-Bernard
Type : radio

A l’écoute de la parole de Dieu dans la réflexion, dans la méditation de notre foi, il nous arrive très souvent de réfléchir, de scruter le mystère de la pauvreté, de nos pauvretés ; de ce qui est misère en nous, de ce qui est petit en nous.

L’évangile de ce matin nous invite à poser un regard sur ce qui est richesse. Peut-être parce qu’il est tout aussi difficile de bien vivre nos richesses que de bien vivre nos pauvretés : l’une et l’autre doivent s’apprendre. La réflexion sur la richesse, dans l’évangile que nous venons d’entendre, est amorcée par cet homme qui demande à Jésus au milieu de la foule : « Maître, dit à mon frère de partager avec moi notre héritage ». Richesse, héritage.

A l’écoute peut-être de l’histoire de notre famille ou en tout les cas de l’histoire de Jean que nous connaissons, nous savons combien le partage d’un héritage est un moment délicat. Et ceci nous invite déjà à entendre que derrière le mot « richesse à partager », il n’y a pas que la question de l’argent : il y a la question « qui suis-je ? ». Si je ne reçois pas la part d’héritage qui me revient parce que j’appartiens à telle famille, et bien je ne me sens pas reconnu pour qui je suis. Richesse a à voir avec reconnaissance. C’est tellement vrai que quand on cherche à savoir qui est l’autre, on lui demande qu’est-ce qu’il fait comme profession, pour pouvoir le situer dans une échelle sociale et peut-être aussi économique. C’est évidemment un piège. C’est un piège parce que cela peut nous conduire justement à chercher de la reconnaissance en amassant les biens.

Vous l’avez entendu dans la parole de Dieu, dans la parabole que Jésus nous a proposé, cet homme très riche qui vivait dans l’abondance – et Jésus ne critique pas que cet homme était dans l’abondance – Jésus nous invite à discerner le chemin à suivre, à partir de cette réalité. Il est dans l’abondance et son soucis c’est que ses greniers sont déjà pleins et ils sont trop petits pour la récolte qui vient d’arriver. Que fait cet homme ? Il réfléchi en lui-même. Et vous connaissez la suite : il décide de construire un plus grand grenier, un plus grand entrepôt, pour entasser tout son blé. Et il se dit à lui-même « te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années, repose toi, mange, bois, jouis de l’existence ».

Il y a une grande tristesse dans cette attitude. La tristesse ce n’est pas qu’il n’a pas été charitable, au sens moral du mot. La vraie tristesse, c’est qu’il est dans un monologue intérieur. Il est seul cet homme. Il est aussi seul que celui qui a interpellé Jésus en disant « mais fais en sorte que mon frère partage avec moi parce que sinon je me sens seul, je ne me sens pas reconnu dans ces liens qui tissent mon existence ! » Le monologue intérieur, peut-être que chacune et chacun d’entre nous en a une expérience, de ces paroles qui tournent en rond à l’intérieur de nous même, de ces paroles qui nous empêchent d’être en lien avec l’autre, de ces paroles, de ces pensés qui nous sabotent et qui polluent notre regard d’espérance, notre regard d’émerveillement. On peut se demander d’ailleurs, si l’homme de la parabole, si sa vraie richesse ce n’est pas son monologue intérieur ; et voilà que la tristesse est encore plus désolante.

Parce que c’est quoi la richesse ? La richesse c’est ce qui m’emplie le cœur. Quelles sont mes préoccupations ? Quels sont mes désirs ? Quels sont mes projets ? Quels sont mes biens ? Et qu’est-ce que j’en fait ? Toutes ces questions là nous font découvrir où nous situons notre vraie richesse. Parce que la vraie richesse, ce n’est pas des billets de banque en soi ; c’est peut-être ce que j’en fais. La richesse ce n’est pas une opulence, c’est ma manière de me donner. Et quand cet homme se dit en lui-même – dans ce monologue triste – « repose toi, mange, bois, jouis de l’existence ! » ; ce ne sont pas ces verbes là qui font problème, c’est la manière de les vivre.

Rappelez-vous, dans un autre passage du même évangile, quand les disciples sont envoyés deux par deux en mission et qu’ils reviennent enthousiasmés par tout ce qu’ils ont pu offrir de leur richesse et de la présence de Dieu qu’ils avaient déjà pu intériorisé en eux-mêmes ; et bien Jésus leur dit « venez à l’écart et reposez-vous, un peu ». Se reposer, ce n’est pas contraire à l’évangile.

L’itinérance nous appelle, je le disais en introduction, à faire de nos richesses un chemin vers l’autre. Mais le repos, la paix, c’est une manière aussi d’être en lien avec sa profondeur, pour que le chemin vers l’autre ne me fasse pas oublier qui je suis. Nous avons certes à nous donner, à donner la richesse que nous sommes, mais nous avons aussi à prendre soin de qui nous sommes.

Dans le don de nous-mêmes, il ne s’agit jamais de se sacrifier : il s’agit plutôt de faire une œuvre sacrée, de consacrer notre vie pour une valeur, pour une présence qui fait notre richesse. Cet homme qui interpelle Jésus du milieu de la foule, il devait être bien triste, il devait être dans un conflit intérieur bien délicat. Parce qu’en général quand on a ce type de problème de famille et d’héritage, on ne le dit pas au milieu de la foule. On le dit, on se confit dans le secret, ou alors si parfois on le crie c’est parce qu’il y a tellement de souffrance que l’on en devient violent. Cet homme ne parvient plus à parler à son frère, et en ne parvenant plus à parler à son frère, il risque de faire de Jésus un juge et non plus un sauveur, et non plus un frère qui partage notre condition humaine. Ce que vit cet homme, chacune et chacun d’entre nous le vit également. C’est pourquoi Jésus, lorsqu’il offre cette parabole, il ne s’adresse plus à cet homme mais il s’adresse à toute la foule qui est là. Chacune et chacun d’entre nous est concerné par ce questionnement. « Jouis de l’existence, mange et bois », ces verbes sont aussi importants.

Qu’est-ce que nous célébrons ce matin ? Nous célébrons le mystère où Jésus nous dit « prenez et mangez en tous, ceci est mon corps livré pour vous ; prenez et buvez en tous, ceci est mon sang livré pour vous ». Il nous offre sa présence comme son unique richesse et il nous appelle à faire de même quelle que soit l’histoire de notre vie, sans nous perdre en nous-mêmes dans ces monologues de culpabilité, mais en osant croire au cadeau que nous sommes, puisque Dieu désire être accueilli en nous. Aussi, jouir de l’existence, ce n’est pas éprouver le plaisir pour soi, un plaisir égoïste, chargé d’amertume. Jouir de l’existence, c’est se réjouir que ma présence puisse dessiner le sourire sur le visage de l’autre. Mais nous le savons là aussi, et c’est peut-être notre pauvreté, nous pouvons parfois nous donner pour offrir cette présence souriante et l’autre ne le reçoit pas. Dans ces moments-là, disons nous simplement que nous sommes au Vendredi Saint. Et Saint Paul nous invite à oser continuer à regarder vers les réalités d’en haut parce que nous sommes ressuscités avec le Christ.»

18e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Ecclésiaste 1, 2 ; 2, 21-23; Colossiens 3, 1-5.9-11; Luc 12, 13-21

Homélie du 28 juillet 2013

Prédicateur : Chanoine Raphaël Duchoud
Date : 28 juillet 2013
Lieu : Hospice du Grand-Saint-Bernard
Type : radio

Frères et Sœurs dans le Christ,

Au cœur de ce pèlerinage que nous avons commencé hier en marchant depuis Ferrêt jusqu’ici à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, en méditant sur le thème : “Fragile existence : un appel à vivre”, nous sommes interpellés ce matin par une parole de Dieu qui révèle une dimension fragile dans le cœur de l’homme et, si j’ose me permettre de dire, également dans le cœur de Dieu.

Dans l’Evangile dont nous venons d’entendre la lecture, un des disciples demande à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier comme Jean-Baptiste l’a appris à ses disciples. »

Question surprenante quand on pense que les disciples partageaient quotidiennement leur temps avec Jésus. Mais cette question ne révèle-t-elle pas un manque ressenti dans le cœur des apôtres, témoins de la vie spirituelle de Jésus ? Ce qui peut encore surprendre davantage, c’est que ce sont les disciples eux-mêmes qui demandent à Jésus de leur enseigner à prier, comme si leur maître ne se souciait pas de leur enseigner à entretenir un rapport avec Dieu dans la prière.

C’est que Jésus ne s’impose pas ; il laisse à chacun de ses disciples, comme à chacun de nous, cette liberté intérieure de se tourner vers le Père. De notre part, il nous arrive de nous comporter comme des personnes auto-suffisantes : en nous appuyant sur nos propres forces quand tout semble bien aller dans notre vie, en oubliant que nous ne sommes pas faits pour les réalités de ce monde et en mettant Dieu hors de la sphère de notre existence. A partir du moment où nous ressentons que notre vie est fragile, deux perspectives peuvent voir le jour : ou bien on se replie sur soi-même dans une attitude de découragement, ou alors, au cœur de cette prise de conscience de la fragilité nous discernons un appel à vivre, à aller de l’avant.

Les disciples de l’Evangile d’aujourd’hui demandent à Jésus de leur enseigner à prier ; certes, en voyant le Sauveur passer de longues heures en prière, ils prennent conscience du manque dont ils sont habités par le fait de ne pas savoir prier. Ce qui est intéressant, c’est de noter que ce sont les disciples qui en font la demande et ce n’est pas Jésus qui les y oblige. Le Seigneur respecte leur temps, mais quand il exauce leur prière, il les amène vers l’authenticité des rapports de l’homme avec son Père en leur enseignant la relation filiale avec Dieu au moyen de la prière par excellence : celle du Notre Père.

Un deuxième aspect à relever dans ce contexte est celui qui invite et aussi fait sortir impérativement chacun de sa tranquillité : celui de la prière qui dérange. Dans la parabole que Jésus exprime dans la deuxième partie de l’Evangile, celle de l’ami importun, la fragilité de l’existence du requérant à cause du manque de pain en l’occurrence se traduit par un appel à vivre adressé à celui qui « à cause du sans gêne ce cet ami, se lèvera et lui donnera tout ce qui lui faut. »

Frères et sœurs dans le Christ, cette prière incessante, voire importune à laquelle le Christ exhorte conduit à une découverte plus profonde du visage du Père tel que l’Evangile nous révèle. On peut même découvrir une fragilité chez Dieu, non pas due à la présence du mal en lui puisqu’il est parfait, mais à la présence d’un amour vulnérable qu’il voue pour sa créature bien-aimée qu’il a créée à son image et sa ressemblance.

Par son exhortation de prier sans cesse, Jésus introduit ses disciples dans la connaissance d’un Dieu amoureux de l’homme, qui se laisse déranger par les supplications de ses enfants. L’homme de l’Ancien Testament, Abraham, apprend déjà à découvrir cette mansuétude divine par sa prière insistante pour le salut des justes dans la ville de Gomorrhe. Mais Dieu a une manière de répondre qui va dans le sens du don de la vie pour ses enfants : de la même façon que des parents avisés donnent satisfaction à la requête de leurs enfants pour leur bien, Dieu répond à nos prières de façon à nous procurer ce qui est nécessaire à notre vie spirituelle. « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut » nous dit saint Paul.

Dans ce contact avec Dieu dans la prière, le Seigneur nous invite à faire l’expérience de la fragilité de notre existence mais dans le sens d’un appel à vivre. Souvent celui-ci prend des chemins inattendus pour nous atteindre. Bien souvent, cela se manifeste dans l’attitude de la prière : combien de fois entendons-nous dire que nos prières ne sont pas exaucées.

Cela me fait revenir à la mémoire cette anecdote vécue lors d’une de mes visites auprès des malades à l’hôpital au début de mon ministère en paroisse en tant que jeune prêtre : alors que je me trouvais près du lit d’un octogénaire frappé par une attaque cérébrale, je me suis entendu cette réflexion de la part de ce patient : « Monsieur le Vicaire, savez-vous pourquoi souvent nos prières ne sont-elles pas exaucées ? C’est parce qu’elles ne sont pas faites au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ. »

Au cœur de notre existence fragile, l’appel à la vie nous invite à nous tourner vers celui qui est venu habiter parmi nous et remplir notre souffrance de sa présence. C’est lui qui est venu au cœur de notre fragilité humaine nous enseigner le chemin qui conduit à la vie. « Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés » nous dit saint Paul dans sa lettre aux Colossiens. Certes, ce n’est pas le chemin auquel on aurait pensé de prime abord, mais la fragilité qu’on peut ressentir en diverses occasions peut et doit être le point de départ d’une nouvelle étape dans la vie, ce qui fait comprendre que la croissance intérieure n’emprunte pas d’autres chemins que celui de la Croix du Christ.

J’ai demandé la force   Dieu m’a donné les difficultés pour me rendre fort.
J’ai demandé la sagesse   Dieu m’a donné des problèmes à résoudre.
J’ai demandé la prospérité   Dieu m’a donné un cerveau et des muscles pour travailler.
J’ai demandé de pouvoir voler   Dieu m’a donné des obstacles à surmonter.
J’ai demandé l’amour   Dieu m’a donné des gens à aider dans leurs problèmes.
J’ai demandé des faveurs   Dieu m’a donné des potentialités.

Je n’ai rien reçu de ce j’avais demandé…
Mais j’ai reçu tout ce dont j’avais besoin.

17° dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Genèse 18, 20-32; Colossiens 2, 12-14; Luc 11, 1-13

Homélie du 21 juillet 2013

Prédicateur : Pasteur Pierre Boismorand
Date : 21 juillet 2013
Lieu : Hospice du Grand-Saint-Bernard
Type : radio

Vous connaissez l’histoire ?

Un homme voyage dans un pays lointain. Il y passe trois semaines. A son retour, il publie tout un livre.

Un autre homme se rend dans le même pays. Il y reste davantage : trois mois. A son retour, il rédige seulement un article.

Un autre homme séjourne dans ce même pays. Il y demeure plus de trois années. A son retour, alors qu’on lui demande d’en parler, il répond : – « Vous savez, ce pays est tellement complexe, divers, varié… Il faudrait que j’y vive bien plus longtemps pour être capable de dire, d’écrire quelque chose de véritablement sérieux ».

Appliquons cette leçon aux Evangiles. Et même à toute la Bible.
Est-il concevable que nous ayons : une vue d’ensemble des Ecritures ?
Que, sur la Bible, nous portions un regard le plus large possible ?
Plus notre connaissance est étroite, limitée, plus nos idées risquent de l’être, elles aussi.
Et quand notre attention se focalise sur un passage, sur une parole, le parti-pris nous menace.
Mais la conscience de ce piège ne nous empêche pas de nous emparer d’un texte, parfois même : de saisir un seul verset et de généraliser.
D’ériger des absolus.
Et d’aboutir à des conclusions finalement peu nuancées.

D’ailleurs, n’est-ce pas ainsi que nous procédons avec Marthe et Marie.

Prenant appui sur ces quelques versets de l’Evangile de Luc, sur ce récit de leur rencontre avec Jésus, nous nous faisons une idée du caractère des deux sœurs.

Et nous agissons comme si ce texte constituait notre seule source d’information à leur sujet.

Alors, évidemment, quand on s’en tient à ce passage. On constate que : Marthe est dévouée et qu’elle a l’esprit d’initiative :

C’est elle qui invite, qui « reçoit Jésus dans sa maison ».

Et on l’oppose à Marie, qui est fervente et semble plus détachée des réalités matérielles : « assise aux pieds du Seigneur, elle écoute sa parole ».

Et puis on précise.

On relève que Marthe est : peu patiente et plutôt impulsive. Mais qu’elle a le sens de la justice.

En effet : « accaparée par les multiples occupations du service », elle n’accepte pas que sa sœur reste les bras croisés, tandis qu’elle s’active.

Ça l’agace !

Aussi, elle prend Jésus à témoin. Se plaint du comportement de Marie. Et souhaite que leur hôte intervienne en sa faveur.

Sauf que Jésus tranche d’une manière tout à fait inattendue.

Il déclare que : l’attitude de Marie est de loin la meilleure.

Voilà donc « deux ou trois choses que l’on sait d’elles ». Quelques éléments qui nous permettent de dessiner les contours de leurs personnalités.

Maintenant, est-il possible d’approfondir ? Afin d’en savoir un peu plus sur Marthe et sur Marie.

Le moyen habituel dont on dispose pour aller plus loin, c’est : l’interprétation du texte.

Partant de ce qui est écrit, on procède par déduction.

On essaye de faire parler l’Evangile. De lire entre les lignes.

On espère mieux comprendre. En apprendre davantage.

Mais cette méthode n’est pas assurée.

Bien ! Maintenant, imaginons qu’un chercheur découvre, au fond d’un tiroir d’une vieille bibliothèque ou dans les sables du désert, un ancien manuscrit qui parle de Marthe et de Marie.

Ce serait véritablement passionnant.

Ça nous permettrait de compléter nos connaissances à leur sujet.

Eh bien, chose inouïe, cet antique manuscrit, je l’ai trouvé !

Et Anne-Marie va vous en lire quelques extraits :

« … Jésus arriva à Béthanie où se trouvait Lazare, qu’il avait relevé d’entre les morts. On y offrit un dîner en son honneur : Marthe servait, tandis que Lazare se trouvait parmi les convives.

Marie prit alors une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix ; elle oignit les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux et la maison fut remplie de ce parfum. ».

Vous avez entendu ?

Marie ne serait pas cette femme discrète, passive, très en retrait qu’on imagine !

D’après ce manuscrit, elle aurait fait preuve d’une audace incroyable.

Devant tout le monde, elle aurait posé un geste, osé une offrande, manifesté pour le Christ un amour et une liberté tout à fait saisissants.

Admettons que mon manuscrit dise vrai.

Et que ce soit Marie qui ait versé ce parfum sur les pieds de Jésus. Puis, dénouant ses cheveux, qui les ait essuyés.

Est-ce que ça ne modifierait pas notre regard ?

Est-ce que ça n’élargirait pas notre compréhension de l’Evangile ?

Sachant que cette femme était capable d’écouter le Christ, mais l’avait aussi imploré avec une douceur, une tendresse incomparables !

Ça me fait penser à ces paroles de Mère Teresa : « Plus nous recevons dans notre prière silencieuse…, plus nous pouvons donner dans notre vie active. Nous avons besoin d’écoute et de silence pour toucher les âmes… et porter un regard neuf sur toutes choses… L’essentiel n’est pas ce que nous disons, mais ce que Dieu nous dit, et ce qu’il dit à travers nous ».

Mais Anne-Marie nous lit un dernier extrait de ce manuscrit … :

« Il y avait un homme malade ; c’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe.

Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère Lazare qui était malade.

Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : – Seigneur, celui que tu aimes est malade…

Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare.

Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison. Marthe dit à Jésus : – Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera.

Jésus lui dit : – Ton frère ressuscitera.

– Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour.

Jésus lui dit : – Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

– Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.

Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : – Le Maître est là et il t’appelle.

A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui.

Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : – Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla.

Alors Jésus pleura.

A nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau ;

c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée.

Jésus dit alors : – Enlevez cette pierre. Marthe, la sœur du défunt, lui dit :

– Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours…

Mais Jésus lui répondit :

– Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?

Vous avez entendu ?

Ce texte, cet antique manuscrit que j’ai en ma possession, qui nous apporte des révélations extraordinaires sur Marthe et sur Marie. Il se trouve que vous le connaissez aussi bien que moi. Puisque c’est, tout simplement : l’Evangile de Jean !

Et alors que Luc ne consacre que 5 versets à Marthe et à Marie.

Jean, lui, nous parle d’elles et de leur frère Lazare pendant 68 versets et pas moins d’un chapitre et demi ! Excusez du peu : ça fait seulement 13 fois plus !

Et vous voyez à quel point ça peut éclairer d’un jour nouveau notre point de vue sur ces deux sœurs.

Nous les rencontrons, dans la profondeur et la vérité de leur être.

Marthe et Marie ! Généreuses, accueillantes, passionnées, tellement attachantes avec leurs contradictions :

Comme Marthe : capable d’une des plus belles confession de foi de l’Evangile : – « Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ». Mais qui, l’instant d’après, s’emporte ou est saisie par le doute.

Marie et Marthe : éplorées, crucifiées par le deuil, courant, éperdues, au devant du Christ et lui reprochant : – « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ».

Puis goûtant la résurrection, la Vie, « témoins de la gloire de Dieu ».

Quelle joie de redécouvrir avec vous cette Bonne Nouvelle adressée aux femmes, adressée à nous par des femmes.

Et de se rendre compte que, loin de faire des différences entre Marthe et Marie, Jésus les aime toutes les deux. Amen»

16e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Genèse 18, 1-10a; Colossiens 1, 24-28; Luc 10, 38-42

Homélie du 14 juillet 2013

Prédicateur : Mgr Joseph Roduit, abbé
Date : 14 July 2013
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

« Elle est près de toi cette parole, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »

Par cette phrase du Livre du Deutéronome, la Bible nous donne un des enseignements des plus importants de Moïse. Aujourd’hui encore combien pensent que Dieu est muet. Et voilà que Moïse enseignait déjà qu’il parle par notre bouche et dans notre cœur. Saint Augustin découvrira que Dieu est plus intime à chacun de nous que notre propre intimité. Ne cherchons pas Dieu au dehors, il est au dedans de nous. Ne cherchons pas sa parole au loin, elle parle en nos cœurs.

La parabole dans nos vies

Nous sommes tous concernés par la parabole du Bon Samaritain.

Elle se vit chaque jour dans nos vies. On peut passer à côté et faire semblant de n’avoir rien vu, comme on peut porter secours de bien des manières à un blessé de la vie.

Ça va de l’épouse qui souffre en silence et qu’un mari méprise, de l’époux qu’on évite et se sent rejeté.

Ça va de l’infirme sur sa chaise roulante qu’on ne regarde pas trop à un membre de son propre entourage qu’on évite quand on sent qu’il voudrait nous parler.

C’est encore l’adolescent que l’on gronde sans cesse sans essayer de comprendre son désarroi ou le vieillard qu’on n’écoute plus parce qu’il raconte toujours les mêmes histoires.

Ou encore cela va l’ouvrier étranger qui ne connaît pas la langue et qui a de la peine à s’intégrer jusqu’au mendiant dont on fuit le regard. Qui n’a pas détourné son regard de ceux qui, assis parterre, vous tendent la main ?

Les exemples de personnes qui auraient besoin d’un regard de bonté ou de compassion ne manquent pas.

Tout cela nous le savons bien. Je n’ai pas besoin d’insister. Je suis d’ailleurs le premier à devoir m’accuser de tous mes manques d’égards et de regards, mes manques d’amour et de patience.

Un jour que je me trouvais en France, dans une ville, et j’ai causé un instant , successivement, à trois mendiants. Quand je suis repassé par là, une demi-heure plus tard, ils étaient tous trois attablés à une table de bistrot et m’ont invité à partager un verre avec eux. Et ils m’ont dit : « Tu ne nous as rien donné, mais tu as parlé avec chacun de nous. C’est pour cela que nous voulons te remercier ensemble. » Ce jour-là, j’ai reçu une belle leçon !

Tirons tout de même un premier enseignement de cette parabole : osons poser un regard de bienveillance sur les autres. C’est une première manière de se faire le prochain de l’autre, comme l’a demandé Jésus à celui à qui il a adressé cette parabole.

Ce n’est pas pour rien que ceux qui suivent des cours de premiers secours, on les appelle des samaritains. Parfois, en famille, en société, en communauté, les premiers secours, les premiers soins, sont ceux du dialogue qu’on n’a pas fui, du temps qu’on a pris pour écouter et soulager une peine.

Sens spirituel de la parabole

Voilà pour le sens pratique et quotidien. Mais il y a une autre interprétation spirituelle de cette parabole. On la trouve chez les Pères de l’Eglise, ces théologiens des premiers siècles. Tel Origène, un grand docteur de l’Eglise d’Alexandrie en Egypte.

Pour lui, l’homme descendant de Jérusalem à Jéricho, c’est Adam venant du paradis et allant vers le monde. L’attaque des bandits, c’est l’assaut des tentations, c’est le péché originel. L’homme est dépouillé de ses vêtements, c’est-à-dire qu’il perd l’innocence par le péché d’origine. Il est laissé à demi-mort dans son humanité blessée.

Le prêtre qui passe d’abord, c’est la Loi. Le Lévite, ce sont les prophètes. Le bon Samaritain , c’est Jésus lui-même.

Le vin, c’est la parole de réconfort, la parole de Dieu. L’huile versée sur les plaies ce sont les sacrements. L’hôtellerie, c’est l’Eglise. Les deux deniers qu’il laisse à l’aubergiste, ce sont les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.

Cette interprétation allégorique d’Origène donne un sens à chaque personnage, à chaque geste. Juste avant cet évangile, Jésus s’exclamait : « Heureux êtes-vous d’entendre ce que vous entendez ! Beaucoup de prophètes auraient désiré entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ; voir ce que vous voyez, mais ne l’ont pas vu »

Or les apôtres ont entendu et vu.

Il en est de même pour nous aujourd’hui. C’est un bonheur d’entendre ces paroles et paraboles de l’évangile.

Car le blessé au long du chemin de la vie, c’est chacun de nous. Chacun de nous a été pris en charge par le Christ, conduit à l’Eglise par des parents, des personnes qui ont donné l’exemple. Chacun a été soigné par les sacrements, réconforté par la Parole de Dieu.

Comme à celui qui a demandé « qui est mon prochain ? » Jésus nous répond encore : Le prochain c’est celui qui s’est fait proche de celui qui est blessé par la vie. Et à chacun de nous Jésus, qui nous soigne et guérit, nous dit encore : « Va et toi aussi fais de même ! »»

15e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Deutéronome 30, 10-14; Colossiens 1, 15-20 ; Luc 10, 25-37

Homélie du 07 juillet 2013

Prédicateur : Abbé Emmanuel Rudacogora
Date : 07 juillet 2013
Lieu : Chapelle Saint-Michel, Begnins
Type : radio

Des jeunes au service de l’évangile.

On les accuse de ne pas rentrer dans les normes traditionnelles, ils ne vont pas à la messe tous les dimanches, ils ne sont accrochés qu’à leurs portables, bref il y en a même qui se droguent – mais cette définition est-elle objective ? Nos jeunes ont d’autres valeurs : ils ne connaissent probablement pas par cœur les mystères du Rosaire mais ils savent bien ce qu’est le service du prochain. Vivant dans une société de plus en plus métissée, les jeunes, nos jeunes ont une capacité d’adaptation défiant toute concurrence. Chers jeunes, vous partez au Togo pour rendre service dans un orphelinat, vous serez au contact avec les enfants blessés par un deuil et peut-être dans des circonstances tragiques.

Je vous envoie comme des agneaux nous dit Jésus dans l’évangile de ce jour. La tendresse et l’amour sont des armes redoutables qui ne font que du bien. N’hésitez pas à puiser au fond de vous ce trésor de bonté pour porter plus haut le flambeau de votre foi et la couleur du drapeau suisse. En Suisse, tout le monde n’est pas riche ! Si, tout le monde est riche de paix plus que de compte bancaire. En Suisse, tout le monde n’est pas individualiste ! C’est vrai, nous avons une tradition de solidarité et de partage. Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir nous dit l’évangile. Donner plus ce que nous sommes que ce que nous avons et surtout accueillir l’autre comme une richesse unique.

N’emportez rien mais restez authentiques. Attention à l’excédent de bagages. Ni sac, ni argent, ni sandales : un peu dur non ! Jésus : au moins une brosse à dent et quelques produits intimes ! J’ai compris, tu rappelles à celles et ceux que tu envoies que l’essentiel est à l’intérieur de soi, non dans le sac. Que c’est plus facile de distribuer des bonbons et des biscuits que de donner son temps dans la patience. Donc presque rien dans le sac et tout dans le cœur. C’est l’authenticité de l’humanité et de nos convictions.

Comment bronzer sans bikini ? Lomé, la capitale du Togo est au bord de l’océan Atlantique. Vous ne partez pas pour bronzer au bord de l’océan. En travaillant dans l’orphelinat, vous allez bronzer autrement. Construire un lieu de re-création, de loisir pour les petits, les caresser sur vos genoux (j’utilise les paroles de la première lecture de ce dimanche), fraterniser pour partager un peu d’humanité, vous allez accomplir une mission magnifique. Eh oui, la tendresse sauvera le monde.

Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Les Togolais ne sont pas des loups, surtout pas les enfants de l’orphelinat. L’abbé Jean-Jacques connaît certes les quartiers branchés de Lomé mais attention, avec modération, vous voyez ce que je veux dire. Jésus nous invite aussi à chasser le loup qui habite chacun de nous pour qu’enfin l’agneau de la tendresse se manifeste pour le bien de tous.

Nous avons une pensée pour tous les jeunes de la Suisse Romande qui se rendront à Rio pour les journées mondiales de la jeunesse. Merci à tous ceux qui aiment et soutiennent les jeunes. En revenant d’Afrique ou du Brésil, ayez à cœur de vous dire à vous mêmes et aux autres que le bonheur est possible dans la simplicité.»

14e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Isaïe 66, 10-14c; Galates 6, 14-18; Luc 10, 1-12.17-20

Homélie du 30 juin 2013

Prédicateur : Eric Monneron, diacre
Date : 30 juin 2013
Lieu : Chapelle Saint-Michel, Begnins
Type : radio

Voici donc un Evangile surprenant, voire même choquant. D’habitude, lorsque Luc évoque Jésus, il nous le montre, la plupart du temps, comme un homme qui parle et agit en témoin de la miséricorde.

Or voilà, qu’aujourd’hui, Luc nous rapporte trois dialogues caractérisés par une certaine concision dans les répliques du Seigneur. On pourrait même y voir une certaine dureté.

Pourquoi donc une telle attitude de la part de Jésus ? Pourquoi donc une pareille dureté ?

Pour répondre à cette question, il faut peut-être envisager la première phrase de cet extrait d’Evangile : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem ».

Voici donc le début de la dernière et ultime étape, étape décisive, de la vie de Jésus.

Il quitte la Galilée qui lui a été si propice et il s’engage sur le chemin de la Judée en direction de la capitale, Jérusalem. Et c’est dans cette cité qu’il livrera la grande bataille qui le confrontera à ses ennemis.

Et vous l’avez peut-être remarqué, Luc dit que c’est avec courage qu’il prend la route. Le texte nous dit littéralement qu’il « durcit son visage ».

Durcir son visage, dans le cas de Jésus, cela signifie qu’il rassemble toute son énergie pour surmonter sa peur, afin d’accomplir ce qu’il doit accomplir.

A ce moment-là, on peut considérer que Jésus commence son agonie : il entre en lutte, d’abord avec lui-même, mais il entre en lutte aussi avec Satan dans un combat qui, nous le savons, sera triomphal et permettra d’assurer le règne définitif de l’amour miséricordieux du Père.

L’heure est arrivée où il va accomplir le plan divin, où il va se donner complètement, faisant preuve du plus grand amour en souffrant et mourant sur une croix, et cela pour le salut de tous les hommes.

Le moment est donc grave et c’est donc sur un ton d’une très grande gravité qu’il va s’entretenir avec ces trois hommes qui sont disposés à la suivre.

A noter ici que les disciples de Jésus, Jacques et Jean, ont également besoin d’entendre les propos percutants de Jésus, eux qui sont furieux devant le refus des Samaritains d’accueillir leur Maître. Ils sont prêts d’ailleurs à leur envoyer la destruction par le feu tombant du ciel. Voilà, vous en conviendrez, une attitude fort peu évangélique.

Et oui : tout au long de l’histoire humaine – et cela continue hélas ! – on a tellement cherché à détruire et à exterminer…

A la lecture de ce morceau d’Evangile, nous nous trouvons à un moment quasi historique, et cela peut expliquer l’attitude de Jésus à l’égard de ces trois personnages.

Si vous voulez me suivre, leur dit-il, il ne faut pas vous faire d’illusions : il faut me préférer à tout autre, il faut adhérer totalement et inconditionnellement à ma personne et à mon message.

Et c’est ainsi que Luc veut nous faire comprendre très fort les exigences qui sont au cœur du message.

Reprenons attentivement chacune des déclarations prononcées par le Christ, en considérant qu’elles sont la Bonne Nouvelle qui nous est adressée, une Bonne Nouvelle qui est celle de l’indépendance, de la vie renouvelée et de notre propre consécration au Royaume de Dieu que nous avons mission de bâtir.

La Bonne Nouvelle de l’indépendance se trouve dans la métaphore des renards et des oiseaux : « Les renards ont des tanières, affirme Jésus, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ».

Nous ne pouvons suivre Jésus si nous voulons auparavant programmer notre destin. Pour suivre Jésus, il faut être entièrement disponible.

Mais il faut le reconnaître : c’est très difficile, car, jaloux de notre indépendance, nous voulons être en quelque sorte « le seul maître à bord », même si nous sommes de bonne volonté pour suivre Jésus.

Oui, c’est bien difficile d’intégrer notre propre indépendance dans celle du Seigneur, d’accepter, en quelque sorte de lui signer un chèque en blanc.

La Bonne Nouvelle de la vie renouvelée, nous la trouvons dans les propos que Jésus adresse à son deuxième interlocuteur : « Laisse les morts enterrer leurs morts. »

Entendons-nous bien : Jésus n’a pas l’intention de supprimer le commandement qui nous enjoint de donner une digne sépulture à nos défunts.

Mais il veut que nous regardions au-delà de l’humain; il veut que nous nous situions dans un autre ordre qui est celui du surnaturel, c’est-à-dire du spirituel.

Pour lui, celui qui ne veut pas entrer dans cet ordre est un mort. « Laisse les morts enterrer leurs morts ». C’est-à-dire : Laisse ceux qui ne peuvent dépasser l’ordre matériel , qui ne peuvent pas se lier à moi, enterrer leurs défunts.

En nous attachant au Christ, nous naissons à une vie nouvelle, à une vie surnaturelle, spirituelle, une vie qui doit s’enrichir chaque jour davantage.

Voilà ce que Jésus souligne : il n’y a pas d’obligation humaine à prioriser si on veut s’attacher à Lui. « Je suis la Vie », nous dit-il. « Je suis venu pour que vous l’ayez, et que vous l’ayez en surabondance. »

Et voici le troisième volet de cette Bonne Nouvelle : notre propre consécration au Royaume de Dieu que nous avons mission de bâtir.

Il nous faut en effet mettre la main à la charrue, sans nous retourner pour regarder en arrière.

Bien sûr, nous croyons au Christ et nous essayons de le suivre.

Mais quant à nous donner totalement à Lui, car c’est ce qu’Il attend de nous, il y a parfois loin de la coupe aux lèvres…

Nous sommes attachés à tant de choses; parfois nous y sommes même asservis dans la mesure où nous ne pouvons nous en passer.

Nous ne voulons pas quitter ce qu’il faudrait quitter, nous n’avons pas le courage de dénouer tous ces liens qui nous retiennent prisonniers…

Mais Jésus nous parle aujourd’hui avec une sorte de hâte pour nous énoncer les conditions nécessaires pour que nous puissions le suivre.

Chers Amis,

Il y a une chose qu’il ne faut jamais oublier : là où nous sommes et avec ce que nous sommes, nous avons pour mission de bâtir le Royaume; c’est cela la grande aventure de la sainteté !

Et en plus, nous devons aussi aider nos frères et sœurs à participer à cette construction.

Et cette tâche ne souffre aucun délai…

Jésus brûle d’un autre feu que celui dont parlaient tout à l’heure Jacques et Jean : il s’agit du feu de son amour dont il a un immense désir de le voir s’allumer et brûler sur toute la terre, dans tous les cœurs.

Et lorsqu’on parle de dureté de Jésus dans le texte que nous venons d’entendre, il faut considérer que cette dureté est celle d’un amour qui donne tout et aussi exige tout.

Par ces propos, Jésus nous annonce ce que son amour attend de nous: Il nous demande de L’aimer et de nous aimer les uns les autres, et cela dans la plus grande des libertés.

Puisse la Vierge Marie, notre Mère, nous aider à donner une réponse sans réticences, sans regrets, totale, joyeuse et généreuse à l’image de celle de son Fils…

Amen.

13e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : 1 Rois 19, 16b.19-21; Galates 5, 1.13-18; Luc 9, 51-62

Homélie du 23 juin 2013

Prédicateur : Abbé Emmanuel Rudacogora
Date : 23 juin 2013
Lieu : Chapelle Saint-Michel, Begnins
Type : radio

La croix : le chemin de l’amour

Des fois, c’est nous qui posons des questions à Dieu, nos prières de demande. Des fois, nous avons même l’impression que nos prières sont inexaucées. Mais cette fois-ci, Dieu nous a piégés. C’est lui qui nous pose la question : « Dites, pour vous, qui suis-je ? » Il ne s’agit pas de répéter des formules que d’autres ont déjà écrites avant. Il s’agit de répondre personnellement pour dire : « Seigneur, je sais que tu es le Messie. » Pierre nous a donné l’exemple, mais chacun de nous est appelé à répondre personnellement à cette question « pour toi, qui suis-je ? » sinon ça ne sert à rien de professer la foi, de connaître par cœur le credo, qu’il soit de Nicée Constantinople ou le symbole des apôtres, si on n’ose pas répondre à la bonne question « pour toi qui suis-je ?».

Mais quand je dis que Dieu nous a piégés s’il nous pose la question, une fois qu’on a répondu alors il nous dit la mission qui nous attend : « si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » La croix qui était autrefois un instrument de honte, destinée aux malfaiteurs, aux assassins et aux étrangers, est devenue un chemin d’amour. Donc Dieu nous dit, « si quelqu’un veut être mon disciple, que chaque jour il accepte encore le rendez-vous d’amour, pour ce qu’il reçoit et pour tout ce qu’il peut donner. » On peut avoir des excuses, on n’a pas tous les mêmes moyens, on n’a pas grand-chose dans le portemonnaie ou on a des soucis, mais sur le terrain de l’amour, nous n’avons pas d’excuses, et c’est là où Dieu nous attend. La croix qui autrefois amenait aux croisades où les gens se sont faits mal, et justement, nous sommes heureux dans cette communauté de Begnins qui a trouvé un mode de vivre avec l’œcuménisme, avec nos frères réformés, mais aussi avec les autres. Aujourd’hui, dans nos classes, les enfants côtoient des enfants qui sont aussi musulmans ou qui sont bouddhistes, mais qui sont humains, et sur ce terrain Dieu nous attend.

Donc la croix ne porte plus aux croisades, je dirais aujourd’hui que la croix porte à une croisière où on est tous embarqués sur le chemin de l’amour, sur le chemin de la vie, où on peut apprendre à vivre ensemble, à se pardonner, à s’aimer, à se respecter. Moi, je disais il n’y a pas longtemps aux enfants du caté qui recevaient justement la croix, je leur disais : « Pour moi, la croix c’est une boussole. » Justement, pour une croisière on a besoin de connaître la direction. Mais pour être plus moderne, je dirais que la croix, c’est un GPS. Vous mettez la croix, tournez à gauche, tournez à droite, c’est là le chemin de l’amour, c’est là le chemin de la vie, c’est là le chemin de la miséricorde. Un GPS, voilà le cadeau que Dieu nous donne aujourd’hui à vous qui êtes ici, mais à vous aussi qui nous écoutez de loin. Il nous offre un GPS gratuit où nous pouvons avancer sur le chemin de l’amour, où nous pouvons vivre tout ce que nous avons envie de vivre en découvrant que la croix finalement, c’est la promesse de liberté qui nous est donnée ; une promesse de vie.

Mais ne l’oublions jamais : c’est chaque jour. Il n’a pas dit : si quelqu’un veut être mon disciple qu’il aille à la messe que le dimanche ; du tout. Il a dit : qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il se laisse accompagner. Parce que celui qui veut sauver sa vie va la perdre. On pense à nos factures, à tout ce qu’on doit payer : nos impôts et tout ça ; et les assurances, on en a besoin. Mais celui qui perd sa vie donne un peu de son temps. On ne va pas nous demander de nous crucifier, comme ça se voit dans certains pays le vendredi saint où les gens font encore l’autoflagellation.

Ce n’est pas un Dieu qui nous invite à souffrir pour être ses amis, au contraire. Mais il nous dit, même la souffrance ne peut pas nous empêcher d’aimer et de faire ce que nous voulons au nom de l’amour, mais l’amour qui vient de Dieu. La croix nous a piégé ; ce n’est pas une croix en or comme on peut les choisir maintenant et quand on a la chance d’être évêque on a une croix qui coûte les yeux de la tête, non c’est juste une croix qui est gravée dans nos cœurs, dans nos vies, pour que nous puissions trouver le chemin. Le chemin de la vie, le chemin de l’amour.

Et que le Seigneur poursuive en chacun de nous, avec sa croix, avec nos croix, avec nos blessures aussi, qu’il poursuive en chacun de nous l’œuvre qu’il a commencée. Amen»

12e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Zacharie 12, 10-11a ; 13, 1 Galates 3, 26-29; Luc 9, 18-24

Homélie du 16 juin 2013

Prédicateur : Abbé Marc Donzé
Date : 16 juin 2013
Lieu : Eglise Notre-Dame, Vevey
Type : tv

La femme de mauvaise vie, Jésus l’accueille.

Et comment ! Il n’aurait jamais dû faire cela. C’est du moins le point de vue de Simon le Pharisien, chez qui Jésus prend son repas. « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse ». Et donc, il ne se laisserait pas toucher. Cela pourrait être aussi notre point de vue : tout de même, il y a des choses qui ne se font pas !

L’accueil de Jésus est d’une largesse d’esprit, de cœur et de corps pour le moins étonnante. Il se laisse baigner de larmes, de parfums, couvrir de baisers par une pécheresse, donc par une exclue de la société juive. Et non seulement, il se laisse aimer, mais encore il donne le pardon de Dieu : « Tes péchés sont pardonnés. Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! ».

Il est frappant de voir que cet accueil est un échange. Et même un admirable échange. En fait, c’est d’abord la femme qui fait les gestes de l’accueil pour Jésus : lui lave les pieds, le parfume. C’est d’abord la femme qui offre son amour et son désir d’être pardonnée. Elle ose le faire, parce qu’elle sait que Jésus est plein de miséricorde et que, par là même, il est pleinement accueillant.

Et Jésus accueille cet amour débordant de larmes. Et il donne, avec une haute simplicité, le pardon, la paix, la réconciliation. Admirable échange.

Cela nous interroge sur le pardon. Il est présenté souvent de manière unilatérale. Dans sa grande miséricorde, Dieu pardonne ! Et c’est tout ! Mais non, Dieu nous considère comme des personnes responsables, capables d’amour et de changements. Et il attend cet amour et ce changement.

Admirable échange : pour que le pardon ait lieu, il faut la miséricorde de Dieu – elle est toujours là – et, de notre part, l’offrande de la confiance et d’un amour qui renaît ou qui veut renaître.

Comme le dit saint Paul : « on devient justes, non pas par nous-mêmes, mais par la foi en Jésus-Christ et par l’amour qu’Il nous donne ».

Voilà donc que l’accueil et le pardon sont un admirable échange pour Dieu et pour les autres.

Aujourd’hui, dimanche des réfugiés, nous sommes encore interpellés d’une façon différente sur notre manière d’accueillir et d’échanger. Comment accueillir ceux qui frappent à notre porte pour des raisons politiques, économiques, sociales…et le plus souvent dans une grande détresse ?

La question se pose pour chaque personne. Mais encore plus, elle se pose de groupes à groupes, d’Etat à Etat. Il faut reconnaître que c’est très compliqué, tant le nombre des requérants d’asile est grand et est, hélas, appelé à grandir.

Du point de vue de l’Evangile, il faut poser d’abord que l’hospitalité est une valeur très importante. Cela remonte d’ailleurs jusqu’à Abraham ! Par son sens de l’hospitalité, il a même accueilli des anges, qui lui annoncèrent la naissance future de son fils Isaac. L’hospitalité a ses divines surprises…

Abraham se souvenait qu’il avait été un « Araméen errant », accueilli dans bien des endroits comme un frère. Et il le rendait bien. Il avait le sens de l’échange. A la suite d’Abraham, le peuple juif avait reçu mission de prendre un égard particulier pour « le pauvre, la veuve et l’étranger ». Ce ne fut pas toujours réussi, mais l’injonction reste.

L’accueil à la manière de l’Evangile nous invite à deux attitudes fondamentales : le respect de la dignité des personnes. Et la générosité. La plus grande générosité possible.

Mais nous savons bien que la générosité a des limites. Sur une barque qui contient 100 personnes, on ne peut pas en mettre 200, hélas !

La question qui se pose à nous – et aux collectivités publiques – devrait continuer d’être la suivante :

Comment respecter pleinement la dignité des personnes ?

Et comment être le plus généreux possible dans notre pays prospère et qui a tant à partager ?

Et plus profondément encore : comment faire de l’accueil des réfugiés un échange, car ils ont aussi quelque chose à nous apporter.

Les réponses sont compliquées et forcément partielles, je le sais. Mais elles devraient toujours s’inspirer des questions fondamentales de la vraie hospitalité.

Accueillir c’est un échange.

Pour ce faire, il faut avoir les bras ouverts, en signe et disponibilité et de don.

Avec Jésus-Christ, je peux prendre le risque de les ouvrir.

Et ce qui se passe alors fait circuler l’amour, le pardon, les petites résurrections d’un jour et la grande Résurrection de toujours.

Amen.

11e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : 2 Samuel 12, 7-10.13; Galates 2, 16.19-21; Luc7, 36–8, 3

Homélie du 09 juin 2013

Prédicateur : Père Jean-Claude Cuennet
Date : 09 juin 2013
Lieu : Eglise de Porsel, FR
Type : radio

Elie a une certaine audace.

Il se retrouve dans un pays où sévit la famine, il va chez une veuve et lui demande à manger.

Il insiste alors qu’elle lui annonce qu’elle n’a qu’un peu de farine et un peu d’huile, de quoi faire un pain et attendre la mort.

Elle consent pourtant à répondre à sa demande et lui fait le pain. Son geste se révèle salutaire, ni la farine ni l’huile ne s’épuiseront, ils mangeront Elie, cette veuve et son fils tout le temps de la famine.

Elle est consciente d’avoir hébergé un homme de Dieu. N’a-t-elle pas mis le bien de son côté ?

Alors pourquoi à ce moment, son fils, son unique fils vient à mourir ? Elle s’en prend à Elie : « Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Elle sait qu’elle n’est pas parfaite, Elie serait-il venu lui rappeler sa faute, celle qui conduit à la mort ?

Elie est reconnu comme un homme de Dieu alors il s’adresse à son Dieu directement, il ne le comprendrait pas sous ce visage. Il questionne Dieu : Lui veux-tu du mal à cette femme ?

Non, Dieu, par la parole et le geste d’Elie, montre son dessein sur l’homme. Il veut un homme heureux, un homme debout. £Et ce que fait Elie provoque chez cette femme, un acte de foi. : »Je sais que dans ta bouche la parole du Seigneur est véridique »

Frères et sœur, je pense que comme Elie nous avons à être ces prophètes par qui la parole de Dieu se révèle. Une parole qui fait vivre, une parole qui remet debout.

Un voisin est-il dans la difficulté ? Quelle parole, quel geste lui donnent une peu d’espérance ? Quelle visite lui donnera la certitude qu’il n’est pas seul, qu’il peut encore compter sur quelqu’un ?

A la suite du Christ nous aussi, nous prenons la main de notre frère, de notre sœur pour le relever, pour le mettre debout.

Lui, le Christ, n’est pas passé insensible à côté de cette mère de Naïm. Elle n’avait d’espérance que ce fils, Jésus le lui rend à nouveau debout.

Nous connaissons dans nos communautés des femme et des homme qui s’engagent, qui visitent, qui apportent un peu de leur joie pour redire à leur manière : Dieu se révèle encore comme le Dieu de vie.

Etre prophète dans ce sens c’est notre mission.

Paul nous en laisse un passage merveilleux. Il se reconnaît lui-même comme attaché fondamentalement à la tradition. Il défend cette pensée jusqu’à persécuter la jeune église naissante, celle du Christ. Lui, pense avoir raison, mais Dieu n’a pas ce visage. Il l’interpelle sur le chemin de Damas. Paul se trouve lui aussi un homme à terre. Dans une communauté de frères il trouvera la paix, la lumière mais surtout l’Esprit qui ne cessera de le mettre sur les chemins du monde.

Paul reconnaît alors qu’il a été choisi par Dieu.

Oui Dieu peut être surprenant. Il est là dans notre histoire, il compte sur nous pour révéler sa tendresse, son projet de vie pour chacun.

Dieu visite son peuple, il nous visite en ce moment, il nous dit : prenez c’est ma vie.

Amen

10e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : 1 Rois 17, 17-24; Galates 1, 11-19; Luc 7, 11-17