Homélie du 05 février 2012

Prédicateur : Monsieur Paul Demierre
Date : 05 février 2012
Lieu : Eglise Saint-Jean, Fribourg
Type : radio

Dimanche de l’apostolat des laïcs

Quand on m’a proposé de donner un témoignage à l’occasion du dimanche de l’apostolat des laïcs, j’ai été étonné car je n’étais pas bien au clair sur ce que l’Eglise entend par ce terme d’apostolat des laïcs. Mais j’ai pensé que ce serait l’occasion d’y réfléchir.

Saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens dont nous venons d’entendre un extrait, dit, dans une formulation sans détour, qu’annoncer l’Evangile s’impose à lui et qu’il s’acquitte ainsi de la charge que Dieu lui a confiée. L’Eglise nous dit que nous avons reçu par notre baptême la mission d’annoncer l’Evangile. Comme beaucoup d’entre vous, je n’ai pas appris à annoncer l’Evangile par mes paroles. Que puis-je et que dois-je donc faire? Durant sa vie terrestre, le Christ n’a cessé d’aimer en paroles et surtout en actes tous ceux qu’il rencontrait, puis il est mort par amour de tous les humains; c’est ma conviction, ma foi.

Chacun de nous l’expérimente: il est bien difficile d’imiter l’exemple du Christ, même un tout petit peu. C’est même souvent désespérant puisque l’on retombe dans les travers qui relèvent de notre nature humaine. Mais on peut retenir de l’exemple du Christ et des innombrables personnes qui ont cherché et cherchent encore aujourd’hui à marcher dans ses pas, que se mettre un tant soit peu au service des autres est une manière d’être témoin de l’Evangile. Bien sûr cela se vit d’abord dans les familles, sur les lieux de travail, dans les loisirs, etc. Au sein de l’Eglise, de ses diverses structures telles que les diocèses et les paroisses, cet esprit de service est également nécessaire. Cela pas seulement pour compenser la raréfaction des vocations religieuses car, comme l’écrit André Gouzes dans son ouvrage « Une Eglise condamnée à renaître », pourquoi attendre un retour des clercs pour refonder l’Eglise? Celle-ci requiert d’abord une âme, non pas un corps de fonctionnaires. Il lui faut des prophètes, des poètes, des hommes et des femmes, des amants de la vie, prêts à donner pour le service de leurs frères. Aujourd’hui l’Eglise encourage cette manière de vivre l’Evangile. Elle offre aux laïcs de nombreuses possibilités de concrétiser l’envie de s’engager.

Il m’a été donné, il y a peu d’années, d’entrer dans le chœur mixte de notre paroisse. Honnêtement, je n’ai pas pensé que je m’engageais ainsi de manière importante au service de la communauté des chrétiens. Le bonheur de chanter de la musique sacrée et de le faire avec des personnes qui allaient devenir des amis, était prépondérant. Mais j’ai vite ressenti que je faisais partie d’un groupement paroissial sur lequel on compte. La confiance de la part des autorités ecclésiastiques et paroissiales, des prêtres, des religieux et religieuses avec lesquelles nous collaborons est importante et très motivante. J’avais déjà ressenti cela, il y a quelques décennies, notamment dans mes engagements de responsable scout dans une paroisse. Dans nos paroisses, des laïcs oeuvrent en toute discrétion au sein de structures d’aide sociale, telles les Conférences St-Vincent de Paul et les groupes de visite aux malades, dans la diaconie auprès des personnes âgées ou encore les catéchistes et autres personnes engagées dans la pastorale auprès des enfants et adolescents, tous ceux et celles que l’on appelle « engagés ». Je suis sûr que ces chrétiens ressentent un bonheur profond en vivant et partageant ainsi leur foi. Ces choix d’engagement en tant que laïcs sont personnels. Ils offrent en retour des occasions de rencontrer des frères et des sœurs, de s’exprimer, d’être créatif, de développer des dons, de recevoir autre chose par rapport à la vie de tous les jours, quelque chose qui a de la saveur.

Notre paroisse est dédiée à saint Jean-Baptiste, ce précurseur qui annonçait le Christ venu parmi les siens. N’est-ce pas à nous, chrétiens du XXIe siècle, de continuer cette annonce? Nous pouvons le faire – comme le disait dans une récente homélie le chanoine Claude Ducarroz, curé modérateur de notre unité pastorale – en démontrant à nos contemporains que la joie consiste en la simplicité de vie, en la satisfaction d’être solidaires et miséricordieux, dans le bonheur d’être ensemble.»

Lectures bibliques : Job 7, 1-7; 1 Corinthiens 9, 16-23; Marc 1, 29-39

Homélie du 29 janvier 2012

Prédicateur : Chanoine Roland Jaquenoud
Date : 29 janvier 2012
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

4e dimanche du temps ordinaire

« Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir! » (Dt 18, 16)

Mes frères, mes sœurs,

Ces paroles du peuple d’Israël que nous avons entendues dans le Deutéronome, ces paroles qui expriment la crainte devant Dieu, devant Sa Parole, crainte devant la transcendance du Dieu trois fois Saint qui se révèle, ces paroles nous semblent un peu dépassées. La crainte du Seigneur, la terreur devant le sacré, c’est quelque chose qui appartient aux temps anciens, c’est quelque chose qui ne nous appartient plus. Et pourtant… Et pourtant face à ces paroles Dieu a répondu « Ils ont raison. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi; je mettrai dans sa bouche mes paroles et il leur dira tout ce que je lui prescrirai » (Dt 18, 18).

Nous, chrétiens, nous savons que ce prophète est bien plus qu’un prophète. C’est le Fils de Dieu fait homme, la Parole faite chair, Dieu qui est devenu homme afin de nous dire Son amour par Son Corps et par Son Sang, afin de nous offrir complètement Son amour en montant sur la Croix. Et nous n’avons plus peur. Et nous avons bien raison.

Pourtant… pourtant j’ai quelque crainte, pour ma part, qu’à force d’avoir l’habitude de contempler un Dieu proche, nous oubliions que ce Jésus, homme de Palestine, c’est le Dieu trois fois Saint, c’est le Dieu Créateur, c’est le Dieu tout puissant. A force de faire de Jésus le compagnon habituel de nos routes, nous pouvons parfois oublier que, s’il est devenu notre compagnon, c’est justement pour nous dire cette Parole éternelle du Père, c’est pour nous révéler ce Dieu trois fois Saint et transcendant qui nous aime d’un amour absolu.

En ce jour du Sabbat, dans la synagogue de Capharnaüm, ceux qui entendaient Jésus ne s’y sont pas trompés. Ils étaient, nous dit l’Evangile « frappés par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1, 22). Et cette autorité s’est manifestée de manière très concrète : Jésus a chassé un esprit mauvais, Jésus a libéré un homme des puissances de mal et de ténèbres qui le tenaient attaché.

Mes frères, mes sœurs, ce texte est là pour nous rappeler que la Parole du Seigneur, que nous entendons chaque dimanche, que nous lisons chaque jour dans la Sainte Ecriture, cette parole n’est pas là d’abord pour nous informer, cette parole est là pour nous libérer, pour nous libérer de tout ce qu’il y a en nous de ténèbre, d’attache au mal. Cette Parole est là pour nous transfigurer, cette Parole est là pour faire de nous des hommes nouveaux. Si nous oublions que cette Parole est celle du Dieu trois fois Saint, nous oublions qu’elle est là pour faire de nous quelqu’un de neuf. Nous l’écoutons comme une série d’informations que la plupart du temps nous connaissons déjà, nous l’écoutons pour nourrir une sorte de méditation intérieure qui nous fait du bien, et nous oublions qu’elle est là pour nous libérer du mal, pour nous libérer du péché, pour nous libérer de la mort. Nous oublions qu’elle est là pour nous faire vivre, mais d’une vie qui n’est pas cette vie d’ici bas, d’une vie qui est une vie parfaite, la vie divine, dont nous avons reçu les germes le jour de notre baptême, et qui s’accomplira pleinement le jour où nous verrons Dieu face à face.

L’enseignement du Peuple d’Israël au désert est là pour nous rappeler que ce que nous entendons, ce que nous contemplons, ce que nous recevons à l’Eucharistie, même si nous le recevons chaque jour, n’est pas quelque chose d’habituel. C’est Dieu Lui-même qui est venu nous transformer. Bien souvent, lorsque cette Parole résonne, nous avons tendance à la prendre et à l’adapter à nos besoins, à nos désirs du moment. Que de scandales lorsque l’Eglise, corps du Christ, annonce sans fard la Parole de Dieu, annonce sans compromis Sa volonté, pour faire de l’homme un homme nouveau. Nous sommes bien prêts à l’écouter, cette Parole, mais nous sommes souvent peu prêts à la laisser agir, à la laisser nous interroger, à la laisser nos transformer. Justement parce que nous oublions trop souvent, qu’elle est la révélation de Celui qui est venu faire de nous, ni plus, ni moins, des saints.

Mes frères, mes sœurs, notre présence à cette eucharistie aura du sens si, en sortant de cette église ou éteignant le poste de radio, nous nous mettons très sérieusement à réfléchir. Au regard de la volonté du Christ, au regard de Sa parole révélée, qu’est-ce que je dois changer dans ma vie pour Le laisser me transformer, pour faire de moi un chrétien véritable, c’est-à-dire quelqu’un qui s’engage résolument sur le chemin de la sainteté. Que le Christ nous aide par Sa grâce, afin que ce que nous entendons chaque dimanche, ce que nous recevons à chaque eucharistie soir pour nous source d’une conversion véritable, d’un retour véritable vers Lui, qui est source de toute vie et de toute vraie joie. Amen

Deuteronome, Marc, Roland Jaquenoud

Lectures bibliques : Deutéronome 18, 15-20; 1 Corinthiens 7, 32-35; Marc 1, 21-28

Homélie du 22 janvier 2012

Prédicateur : Maurice Gardiol et Christine Lany-Thalmeyr, Aumônerie œcuménique
Date : 22 janvier 2012
Lieu : Prison de Champ-Dollon, Thônex

Type : radio

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

A partir du texte de l’Évangile de Marc que nous venons d’entendre, nous vous proposons un dialogue imaginaire entre deux des personnages concernés par ce qui s’est passé. Tout d’abord bien sûr l’aveugle Bartimée et ensuite Marie de Magdala, qui aurait bien pu se trouver aussi dans le groupe des disciples de Jésus ce jour-là.

Bartimée

Je suis le fils de Timée. On m’a dit que mon père était de son vivant un homme honorable. Mais voici déjà bien longtemps que je suis sans famille et jusqu’à ce jour j’étais devenu un homme déshonoré à cause de mon infirmité qui m’a exclu et m’a obligé à mendier ma maigre pitance chaque jour à la porte de Jéricho. Il y avait parfois quelques personnes bien intentionnées qui acceptaient de me faire l’aumône, mais, même si je ne les voyais pas, je sentais aussi tous les regards méprisants de celles qui considéraient que j’étais l’objet d’une punition ou d’une malédiction divine. J’entendais les pas de tous ceux qui détournaient leur chemin pour ne pas s’approcher de moi.

Marie

Moi, c’est Marie, celle dite de Magdala. Jésus, cela fait maintenant plus de deux ans que je l’accompagne. Il a changé ma vie. Depuis que je l’ai rencontré, tout s’est transformé en moi. Avec tant d’autres qui ont croisés sa route, je crois que Jésus est le Messie, l’envoyé de Dieu. Mais depuis quelques jours, alors que nous montons vers Jérusalem pour y fêter la Pâque, l’atmosphère est tendue. Jésus semble préoccupé. A plusieurs reprises, j’ai surpris son regard sur nous, un regard triste. Il nous parle de plus en plus souvent de sa vie donnée, livrée pour nous, d’une coupe à laquelle il devra boire. Il nous parle comme s’il allait mourir. Mais Jésus est si débordant de vie, il a encore tant à donner; et le Fils de Dieu ne peut pas mourir. C’est dans cette ambiance pesante que nous traversons la ville de Jéricho.

Bartimée

Ce jour là aussi je m’étais assis au bord du chemin pour mendier. En fin de journée il y eut une agitation inhabituelle. Il me semblait qu’il y avait plus de monde que d’habitude. J’ai demandé à une personne qui venait de poser une pièce dans ma main ce qui se passait. Elle m’a dit qu’un certain Jésus sortait de la ville avec ses disciples et qu’il était entouré d’une grande foule. J’avais déjà entendu parlé de ce Jésus. Quelqu’un m’avait même raconté qu’un jour il avait lu dans une synagogue cette parole du prophète Isaïe :  » L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a appelé pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue… » Et si c’était vrai pour moi aujourd’hui ? Il faut que je trouve un moyen de le rencontrer.

Marie

Et il y a eu ce cri, le cri de cet homme, cet aveugle, assis et mendiant au bord du chemin. « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » Plusieurs essaient de le faire taire. C’est qu’ils n’ont pas encore compris.

Ils s’agitent, leur coeur est aveuglé, comme les yeux de cet homme ! Mais, je le connais bien mon Jésus, mon Seigneur, et je sais qu’il a entendu – il entend toujours – et je sais qu’il a vu et qu’il a déjà tout compris. Et c’est là qu’il fait appeler cet homme.

Bartimée

J’ai beau m’égosiller, j’ai l’impression que personne ne veut m’entendre. On me juge indigne d’intérêt, je suis une personne à terre et qui doit y rester car c’est dans l’ordre des choses. Ma présence et mes cris dérangent, tous me passent à côté et me laissent de côté. Tout à coup j’entends des pas qui viennent vers moi, probablement pour me prier de débarrasser le plancher ! Qu’elle n’est donc pas ma surprise lorsque cette personne me dit: « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! » Ces seules paroles me donnent une force extraordinaire, elles me redressent et me font d’un coup retrouver mon honneur perdu: Jésus m’appelle moi le marginal, l’oublié, le délaissé, le découragé; moi que la maladie, le handicap, les préjugés et les peurs ont dépouillé de sa dignité. Jésus appelle Bartimée et lorsque je me trouve devant lui il me demande ce que je veux !

Marie

« Confiance, lève-toi; il t’appelle. » Ces paroles résonnent encore en moi et je me souviens. Je me souviens de ce jour où Jésus a posé ses mains sur moi; de ce jour où il a expulsé tous ces démons qui m’empêchaient d’être moi-même; qui m’empêchaient de vivre. Ce jour-là, Jésus a ouvert en moi un chemin; un chemin vers moi-même, un chemin vers les autres, un chemin vers la vie, un chemin vers ma vie !

Bartimée

« Va, ta foi t’a sauvé » Une parole d’amour, une parole de vie. Rien d’autre. Rien à mériter, rien à payer. J’ai simplement fait confiance à cette parole et j’ai retrouvé la vue. Jésus n’a rien fait d’extraordinaire, il a juste été à l’écoute de mon cri et il m’a laissé dire ma souffrance et il a reconnu ma foi nouvelle. Cela a suffit pour me relever et me remettre en marche sur le chemin. Certain vous diront que c’est un peu simple et alors ?

Marie

Bartimée marche maintenant avec nous. Je le revois, ce fameux jour où il a crié vers Jésus; je le revois, assis au bord du chemin, le regard tourné vers la poussière; et je revois surtout cette manière extraordinaire qu’il a eue de se lever, de bondir et de courir vers son Sauveur qui le fait appeler. Imaginez : un aveugle qui court ! Icône magnifique de la confiance, de l’élan vers la vie. Oui, Bartimée, tu es devenu mon frère et bien souvent nos regards se croisent comme pour dire ce qui nous lie désormais : une rencontre avec le Nazaréen. Et de cette rencontre, une trace, laissée au plus intime de nous. Comme une deuxième naissance. Un retour vers la communauté des vivants. Un retour à la vie. Tout simplement.

interlude musical

Cette rencontre entre Jésus et Bartimée nous rappelle que Dieu n’est pas indifférent à notre misère. Lorsque nous nous trouvons au bord du chemin, victimes des injustices et des violences, celles que nous avons commises ou celles que nous avons subies, sa parole peut mobiliser notre force d’aimer et de croire, rallumer en nous l’espérance et nous faire retrouver notre dignité d’enfants de Dieu. Il nous engage aussi à ne pas céder à la peur ou à l’indifférence. Etre ses disciples, c’est savoir entendre les cris et les appels de ceux qui se trouvent sur le bord de nos routes, percevoir leurs souffrances et leurs besoins, accueillir et soutenir celles et ceux qui leur viennent en aide, ne serait-ce que pour leur redire ce message d’espoir: « Confiance, lève-toi, il t’appelle. »»

Marc, Maurice Gardiol, Christine Lany-Thalmeyr

Lecture biblique : Marc 10, 46-52

Homélie du 15 janvier 2012

Prédicateur : Père Johann Roten
Date : 15 janvier 2012
Lieu : Cathédrale Notre-Dame, Sion
Type : radio

Chers frères et sœurs dans le Christ, chers auditeurs,

Noël est passé. Les rois sont repartis. La présence de Dieu parmi les hommes – l’Incarnation – entre dans une phase nouvelle. C’est le temps de l’appel, de la rencontre et de la mission.

Il y a des temps quand Dieu est obligé de réveiller l’homme. L’appel de Samuel est un réveil. Si Dieu réveille, c’est qu’il cherche la rencontre avec l’homme. “Viens et vois“, dira Jésus à André et à son compagnon. Les deux restent le temps d’une rencontre qui durera toute la vie. A certains, Dieu donne un nom nouveau et leur confie une mission. Simon devient Pierre. Il sera le rocher de l’Eglise du Christ.

En plus des douze apôtres, l’appel du Christ est allé à 72 disciples. Dans la mentalité juive, le nombre 72 désignait l’ensemble des régions du monde. C’est ainsi que le nombre 72 s’applique aux disciples du Christ de tous les temps et de tous les lieux. Guillaume-Joseph Chaminade (1761-1850) fut un de ces disciples appelé, visité et envoyé par Dieu.

La Famille marianiste, des laïcs, des religieuses et des religieux répandus et actifs dans le monde entier a célébré cette année le 250e anniversaire de la naissance de Guillaume-Joseph Chaminade. L’existence de Chaminade est à cheval sur la révolution et la restauration. Chaminade fait partie de ces grands individus, indépendants et forts, à qui il sera demandé au lendemain de la révolution de reconstruire l’Eglise en France et ailleurs. Ce sont des hommes et des femmes d’action. Leur théologie est un carnet de route, leur philosophie un esprit de vie et leur figure de proue la Vierge, femme forte parce que Immaculée Conception.

Chaminade garde de la révolution un sens aigu des réalités sociales nouvelles. Il y a parmi ces réalités la liberté de l’individu, la solidarité de tous et le bonheur pour tout le monde. Chaminade fera de ces valeurs la liberté pour Dieu, la solidarité de tous à son service et la recherche d’un bonheur qui ne s’arrête pas devant l’autel de la déesse Raison.

Chaminade sera amené à faire face à l’indifférence religieuse de sa culture, à l’apathie cynique des intelligences et à la torpeur des cœurs. Il puisera pour le faire dans la grande tradition de l’Eglise. Avec saint Paul, il partage le défi et le zèle apostolique en toutes circonstances; avec saint Augustin, il se remet à l’absolu de Dieu en toutes choses. Avec saint François, il cherche la foi du cœur simple et l’intimité du Christ. Il trouve dans saint Ignace le sens de la méthode spirituelle et de l’organisation apostolique.

Chaminade n’est pas un de ces chefs de fil aigris qui va organiser une phalange de conservateurs nostalgiques ou d’intégristes butés, mais il conserve dans son cœur et dans son action l’intégralité de l’espérance annoncée par le Christ. Il y a chez lui l’appel, la rencontre et la mission. L’appel sera Saragosse, la rencontre Bordeaux et la mission Rome.

En effet, c’est pendant l’exil à Saragosse, au pied du Pilier de la Vierge qu’il trouve l’inspiration de sa vie. Saragosse est la racine de ses fondations apostoliques, l’ouverture à tous les moyens d’évangélisation et la couleur mariale de sa spiritualité.

Si Saragosse est l’endroit où tout a commencé, c’est à Bordeaux que la véritable rencontre avec le Christ se fera. Un Christ rencontré dans l’épuisement, dans les déceptions et les recommencements. Bordeaux est pour Chaminade et pour un chacun d’entre nous, le lieu des mains sales et des pieds fatigués, mais c’est aussi l’endroit où la grâce et la fécondité de Dieu deviennent visibles. Bordeaux est partout. C’est Sion ou Tokyo, c’est l’ici et le maintenant de notre engagement de chrétiens et d’apôtres.

La géographie chaminadienne ne serait pas complète sans Rome, beauté visible de la catholicité, mais vase d’argile toujours fragile de l’amour de Dieu. Chaminade y rencontre et la mère et la croix. Chaminade offre à l’Eglise le service de ses fondations. Il va léguer à ses disciples une âme ecclésiale mûrie dans une foi aimante et patiente.

Or, une âme ecclésiale est une âme mariale. En effet, la géographie spirituelle de Chaminade s’ébauche et s’inscrit sur fonds bleu, sur fonds marial. Marie est pour Chaminade le rappel constant que le Dieu chrétien est un Dieu fait chair, concret et présent au monde. Marie fera de Chaminade et de ses disciples des hommes et des femmes à la recherche des traces de Dieu dans le monde et toujours à l’affût de l’étincelle de grâce qui éclaire les nuits humaines. Pour Chaminade, Marie incarne la joie du OUI libre et généreux, la promotion humaine active et persévérante, mais également la compassion tendre et sans faille. Chaminade voit en Marie le refus de toute séparation facile entre culture et religion, entre morale et spiritualité, entre prière et action. Pour parler avec la liturgie, Marie est l’appel reçu par le cœur, la rencontre de Dieu vécue dans la chair et la mission du Christ qui résonne dans son invitation pressante: “Faites tout ce que [Jésus] vous dira“!

Revenons donc pour conclure à la liturgie de ce jour. Permettez-moi un brin d’effronterie en affirmant qu’il y a Samuel parmi nous. Pourquoi ne pas l’admettre! Nous sommes tous Samuel. Nous avons tous besoin, à nos heures, d’être réveillés par la voix de Dieu.

Et nous sommes tous André, au masculin comme au féminin, à qui le Christ lance l’invitation: Viens et vois, viens et goûte à mon amour pour toi.

Avec Pierre, nous sommes porteurs d’un nom nouveau, un nom de promesse et d’espérance, un nom de défi et d’engagement. C’est là le sens de notre nom de chrétien, un nom né du sang du Christ, un nom au service de la justice et de la paix, un nom devenu culture, un nom chanté par les arts.

Une philosophie du jour nous propose aujourd’hui un art de vivre qui est à la recherche de la vraie vie et d’une intensité existentielle à tous les niveaux. Le chrétien ne cherche guère autre chose. Il cherche la vraie vie et l’intensité existentielle.

Avons-nous le courage et la simplicité du cœur d’un Chaminade et de tant d’autres hommes et femmes, pour miser notre existence sur le Christ, source de vraie vie et promesse d’intensité existentielle sans relâche et surtout sans fin ?»

Jean, Johann Roten, Guillaume-Joseph Chaminade

Lectures bibliques : 1 Samuel 3, 3-19; 1 Corinthiens 6, 13-20; Jean 1, 35-42

Homélie du 08 janvier 2012

Prédicateur : Abbé Bernard de Chastonay
Date : 08 janvier 2012
Lieu : Cathédrale Notre-Dame, Sion
Type : radio

Fête de l’Epiphanie

Chers auditeurs de la Radio suisse romande, chers malades, chers frères et sœurs en Christ, et vous qui avez participé au 7e Festival d’Art Sacré.

Une fois n’est pas coutume : je vous invite à fermer les yeux, maintenant, quelques instants, afin que vous puissiez projeter sur l’écran personnel de votre imaginaire la scène suivante :

Dans le lointain, une plaine verdoyante, quelques bosquets épars qui rompent une certaine monotonie du paysage, et des collines recouvertes de forêts, un décor tout en douceur et en rondeurs.

Au premier plan, sur votre droite, une sorte de kiosque à musique qui, ô surprise, n’abrite pas quelques musiciens exerçant leurs talents, mais un âne et un bœuf. Le bœuf, couché à même le sol, a posé sa tête sur le rebord d’une mangeoire ; l’âne, bien planté sur ses quatre pattes, observe, l’air tout étonné, une jeune femme, assise à quelque distance, qui tient à bout de bras un enfant.

En face de cette dame, trois personnages dont les regards se portent sur le tout petit : un vieil homme, barbe blanche bien fournie, un autre, d’âge mûr, barbe brune, lui, un troisième enfin, le visage glabre ; sûrement le plus jeune des trois.

C’est ainsi que l’iconographie byzantine a commencé à représenter les mages dès le 4e siècle. Si, dès le 2e siècle, ils ont été qualifiés de rois par Tertullien, c’est en référence au psaume 71 : Les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront des offrandes…

L’évangile arménien de l’Enfance, un texte apocryphe tardif, du 4e ou 5e siècle, leur donnera des noms : Melchior, Balthasar et Gaspard. Et sur les mosaïques de Ravenne, leurs noms apparaissent autour de leur représentation dès le 11e siècle.

A partir du 15e siècle, toujours en Italie, Melchior apparaît tête nue, sa couronne déposée aux pieds de l’enfant. Balthazar porte lui sa couronne royale et Gaspard a le chef enturbanné, tel un calife. Chacun des trois porte des habits somptueux, comme il sied à des personnages de haute lignée. Couleur bleue du ciel pour Melchior, marron de la terre pour Balthazar et un habit rose ou orangé pour Gaspard, orangé de la terre s’unissant mystiquement au ciel.

Progressivement, divers artistes populariseront nos trois rois en dignes représentants de trois continents, Melchior pour l’Europe, Balthazar pour l’Asie et Gaspard pour l’Afrique.

L’art et l’imagination des artistes nous aident à lire en profondeur la réalité spirituelle qui se cache derrière la visite des mages.

Commençons par l’âne et le bœuf. Les Evangiles ne les mentionnent pas, mais pourquoi ne remonterions-nous pas jusqu’au prophète Isaïe :

Cieux écoutez, terre prête l’oreille, car Yahvé parle. J’ai élevé des enfants, je les ai fait grandir, mais ils se sont révoltés contre moi.

Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas.

Nos deux animaux ne pourraient-ils pas représenter, de manière agreste certes, tous ceux qui, au cours des âges, sauront reconnaître en l’enfant Jésus leur « possesseur », la source de la Vie véritable. Et par leur présence, c’est la création tout entière qui s’invite à la crèche en un geste d’adoration silencieux et paisible.

Poursuivons par les mages, Ils sont d’âges divers : les hommes, les femmes et les enfants de tous les temps sont donc invités à se pencher sur la crèche et à contempler, comme eux, l’enfant Jésus. C’est le mage le plus âgé qui s’agenouille le premier devant l’enfant, après avoir déposé sa couronne : il reconnaît ainsi que le seul roi devant qui il vaille la peine de s’incliner, c’est le Christ ; il invite ses deux compagnons à faire de même. Ils viennent tous trois de diverses régions du monde : c’est donc que le Verbe fait chair, la Bonne Nouvelle incarnée, s’adresse à l’ensemble de l’humanité.

Et les présents qu’ils offrent au tout petit sont tout un programme théologique : l’or, métal très précieux, pour reconnaître la divinité du Verbe fait chair et sa royauté sur le monde, l’encens, utilisé dans le culte, pour désigner celui qui est le seul Grand Prêtre devant l’éternel, et la myrrhe dont on se servait pour embaumer les corps pour affirmer la véritable humanité du Fils de Dieu devenu Fils de l’homme.

La royauté du Christ s’exprime ainsi de manière radicalement différente de celle d’Hérode ; elle se manifeste au monde dans la simplicité et la douceur (a contrario d’Hérode qui massacrera de nombreux enfants innocents) et s’accomplira dans la justice et la charité. Elle est proposée à tous ceux qui acceptent de se mettre en route pour aller à la rencontre de Celui qui est venu parmi nous, l’Emmanuel de Dieu. Elle nourrit notre espérance et nous pousse à suivre les traces de ce roi nouveau-né : C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaître pour mes disciples.

Christ manifesté au monde. Il est le vin de l’Alliance nouvelle. Celui de l’ancienne alliance encourageait le peuple d’Israël à aimer son prochain et haïr son ennemi, celui de la Nouvelle Alliance en Christ élargira le champ de l’amour jusqu’à l’infini : eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.

Le récit de la visite des mages, récit historique ou symbolique, compte donc essentiellement pour ce qu’il sous-entend : l’universalité du message du Christ, Verbe fait chair, et sa compréhension possible par les petits (les bergers chez Luc) et l’ensemble des nations (les mages chez Mt).

Puissions-nous repartir tout à l’heure dans nos foyers, comme les mages qui s’en retourneront dans leurs pays après avoir adoré, avec au fond du cœur cette étoile qui ne cesse de nous désigner Celui qui est la Lumière du monde manifestée aux hommes.

AMEN.

Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Ephésiens 3, 2-6; Matthieu 2, 1-12

Homélie du 08 janvier 2012

Prédicateur : Abbé Roland Häfliger
Date : 08 janvier 2012
Lieu : Eglise du Sacré-Coeur, Lenzburg
Type : tv

Fête de l’Epiphanie –

Une lumière est apparue aux mages de l’Orient. Ils ont découvert une nouvelle étoile. Très rapidement, ils ont décidé de se mettre en chemin, de suivre l’étoile, de quitter leur environnement habituel et sortir dans la nuit noire, illuminés par la lumière du firmament, qui les a conduits et à qui ils ont fait confiance.

Cette nouvelle étoile a rendu possible une rencontre entre trois types de rois, avec trois façons différentes d’exercer le pouvoir.

Commençons par le royaume où le pouvoir exercé est celui de la sagesse. Les mages de l’Orient en sont les représentants. Ils observent la nature, la nuit, le firmament. Ils lisent des livres saints, ils sont intelligents et bien formés. Ce ne sont pas « des idiots compétents » qui se laissent enfermer par ce qu’ils connaissent déjà, qui ne s’en tiennent qu’à ce qu’ils comprennent et analysent ou ce qu’ils sont à même de compter.

Une vraie sagesse peut s’émerveiller de ce qui est inconcevable, mystérieux, par une nouvelle étoile qui les met en mouvement, on ne sait ni comment ni pourquoi.

Une vraie sagesse se laisse bouger en dehors du laboratoire, d’une salle d’études. Depuis un dos d’un chameau ! Laissant tous les livres et les instruments à la maison.

Une vraie sagesse sait que la vérité peut aussi se trouver complètement ailleurs, bien loin, dans un autre pays, au sein d’un autre peuple, et même dans une autre religion.

Une vraie sagesse est conduite par un profond désir, l’attente du salut pour tous les hommes, le désir d’une vraie lumière pour tous.

Cependant, toute sagesse qu’elle soit, une sagesse humaine ne s’interdit pas de penser de manière très humaine quand même. C’est ainsi que les mages commence par se rendre à Jérusalem dans le palais royal ostentatoire pour chercher le vrai roi, le messie.

Et là ils rencontrent alors un deuxième type de royaume, où le pouvoir s’exerce par la force, le pouvoir de la tyrannie et de la terreur : Hérode le Grand. Le royaume d’Hérode est un royaume qui ressemble à notre monde, on lit le journal, on regarde la télé. Un monde dans lequel les hommes se dominent les uns les autres et parmi eux, quelques-uns ne sont rassurés que lorsqu’ ils en tourmentent d’autres. Pour ceux qui possèdent le pouvoir comme Hérode, les êtres humains ne sont que de la marchandise, des pions, que l’on déplace ici ou là, que l’on dresse avec le fouet de la peur, que l’on force à obéir.

C’est un monde qui trahit l’essence de l’être l’humain. Pourtant il nous apparait normal, si horriblement normal qu’aucune nouvelle du téléjournal ne nous fait bondir de notre fauteuil.

Ce royaume de l’abus arrogant du pouvoir, on ne le trouve pas seulement chez les puissants de ce monde. Non, il se niche aussi dans notre propre cœur, nous domine partout où nous considérons les autres comme de la marchandise, comme moyen pour notre fin, que ce soit dans notre famille, à notre travail ou dans nos loisirs. Des sortes de Mini-Hérode. La religion n’est pas épargnée par eux. D’ailleurs Hérode lui-même utilise la religion comme moyen de pression. Hérode prétend aux trois rois mages qu’il souhaite lui-aussi adorer l’enfant-roi et les envoie à Bethléem.

Et là se trouve le troisième type de royaume, le pouvoir du sans-pouvoir, de l’impuissance. Le royaume d’un enfant sur la paille, le royaume de l’étable.

Dieu n’a mis en valeur ni la sagesse, ni le savoir avec son royaume et encore moins le pouvoir arrogant de la tyrannie. Non, Dieu a donné son royaume à ce qui ne vaut pas grand-chose dans le monde : la pauvreté, la faiblesse, les petits.

Le Dieu tout puissant choisit l’impuissance d’un enfant, le fort sera faible, le grand petit, le riche pauvre. Ça c’est le royaume de Dieu, le royaume qui n’est pas de ce monde. La toute-puissance de l’impuissant, la toute-puissance de l’amour.

Hérode le roi de la terreur va envoyer l’épée contre le royaume de Dieu en tuant les enfants à Bethléem.

Les trois mages, les rois de la culture, de la sagesse et du savoir vont s’agenouiller devant cet illettré, devant cet enfant couché dans une mangeoire.

Ils font confiance à l’étoile qui reste et prennent en compte ce qui est inconcevable : un roi dans une étable, le messie, le sauveur pour tous dans une mangeoire.

Ils vont ainsi être capables de deviner les intentions de la tyrannie, la démasquer et, comblés de cadeaux, ne pas retourner chez Hérode en choisissant de repartir par un autre chemin.

Les mages de l’Orient doivent aussi être pour nous des modèles.

Soyons nous aussi ouverts à ce qui n’est pas concevable, à la lumière qui nous oriente pour trouver l’enfant, masquée par la tyrannie – même en nous-mêmes, et croire que ce royaume d’un autre monde confère de la dignité aux pauvres et aux faibles, aux victimes du monde.

(Traduction : Evelyne Oberson)»

Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Ephésiens 3, 2-6; Matthieu 2, 1-12

Homélie du 01 janvier 2012

Prédicateur : Abbé Denis Lamon
Date : 01 janvier 2012
Lieu : Monastère des Bernardines, Collombey
Type : radio

Chers frères et sœurs, chers auditeurs,

On demanda un jour à un cadre d’entreprise, un homme débordé d’activités professionnelles, sportives et culturelles comment il s’y prenait pour garder calme et sérénité en dépit de ses multiples occupations.

Il répondit :

« Quand je marche, je marche »

« Quand je parle à quelqu’un, je parle à quelqu’un »

« Quand j’écoute, j’écoute »

On lui répondit :

« Mais, nous aussi ! »

Et notre homme de répondre :

« Non, quand vous marchez, vous courez et quand vous courez vous êtes déjà au but »

« Quand vous parlez à quelqu’un vous pensez déjà à votre prochain rendez-vous »

« Quand vous écoutez, vous savez déjà ce que vous allez rétorquer à votre interlocuteur ».

Vous ne vivez pas l’instant présent, vous vous projetez sans cesse dans l’avenir, c’est cela qui vous fatigue continuellement.

Cette petite parabole reflète si souvent notre état d’esprit. Nous sommes si fréquemment absents de notre réalité concrète, mal à l’aise avec notre « ici et maintenant ». Nous fuyons.

Une nouvelle année s’ouvre devant nous. Un cadeau. Une succession d’instants offerts. Un don de Dieu, à vivre au présent, comme Marie qui retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Dans la prière à Marie, le « Je vous salue Marie », nous lui demandons justement de prier pour nous, pauvres pécheurs, aux deux instants les plus importants de notre vie : « maintenant » et « à l’heure de notre mort ».

Marie nous enseigne la pédagogie du temps. Le temps est de plus en plus une denrée rare. Comment le gérer ? Certains se figent dans la nostalgie du passé, comme si hier était meilleur qu’aujourd’hui. D’autres fuient dans l’avenir, en refusant la réalité et en idéalisant leurs désirs et leurs projets. Ils rêvent d’un avenir meilleur, en faisant confiance à la science, aux technologiques ou à telle ou telle prédiction.

La méditation de la vie de Marie nous propose de vivre pleinement et simplement le temps dans toute son intensité.

Marie est la femme de l’aujourd’hui. Elle vit l’instant présent.

Puissions nous être présents ici et maintenant durant tous les instants de cette nouvelle année . Le « maintenant » est le seul moment qui nous appartient.

Vivre au présent en laissant le passé au passé et à la miséricorde de Dieu, puisque nous ne pouvons plus rien y changer. Vivre au présent en confiant notre avenir à la Providence de Dieu qui s’occupe de nous et veut le meilleur pour chacun de nous qui sommes ses enfants. Vivre au présent, c’est nous disposer à accueillir la paix que Dieu veut pour nous.

Le temps est souvent compressé: on vit dans l’agitation qu’imposent nos agendas surchargés. On est soumis à un zapping perpétuel d’une activité à l’autre.

La prière, la rencontre avec Dieu, l’Eucharistie nous proposent une manière unique et vivifiante d’habiter l’instant présent. « Il est là », disait le curé d’Ars en brandissant l’hostie consacrée.

L’Eucharistie, la messe, c’est l’aujourd’hui de Dieu, c’est le « ici et maintenant » d’une présence qui se communique dans le silence.

La messe, c’est le mémorial du don de Dieu « Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang » qui est mis à notre portée et qui nous communique la vie en Jésus pour chaque instant de nos existences.

Vivre au présent, certes, mais tâcher de vivre ce présent avec intensité. « à fond », comme le disent les jeunes, « à 200% »!

Demandons à Dieu la grâce de ne pas « vivoter », dans une sorte de résignation, de léthargie, mais de vivre, avec un grand V.

Si nous voulons connaître la durée d’une année, demandons-le à un collégien qui vient de redoubler.

Si nous voulons connaître la durée d’un mois, demandons-le à deux amoureux séparés par un stage professionnel à l’étranger.

Si nous voulons connaître la durée d’une semaine, demandons-le à un malade qui attend les résultats d’un examen médical.

Si nous voulons connaître la durée d’un jour, demandons-le à une femme qui attend en salle d’accouchement.

Si nous avons oublié combien de temps dure une heure, demandons-le à un skieur accidenté qui attend son entrée aux urgences.

Si nous doutons de la valeur d’une minute, observons un passager qui vient de rater son train.

Si nous pensons qu’une seconde est une quantité négligeable, parlons-en à un automobiliste qui a risqué un accident à cause d’une inattention.

Si nous ne croyons pas que quelques dixièmes de secondes durent longtemps, demandons l’explication au skieur qui a gagné la médaille d’argent en montant sur la seconde marche du podium.

C’est à nous et à nous seul qu’appartient de profiter de chaque instant qui nous est offert pour aimer.

Le temps est précieux, le temps est cadeau.

Accueillons tous les instants de cette nouvelle année avec intensité.

Au seuil de cette nouvelle année, prenons la résolution de prendre du temps et de vivre intensément chaque instant qui nous est donné comme un cadeau.

En plus, 2012 étant une année bissextile, nous aurons un jour supplémentaire à disposition pour cela : le 29 février !

Pendant cette nouvelle année : Prenons du temps pour Dieu, prenons du temps pour les autres, prenons du temps pour nous-même.

« Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! »

Chers frères et sœurs, chers auditeurs,

Je vous souhaite à chacun :

12 Mois de joie

52 Semaines de paix

366 Jours d’amitié avec Dieu

8’784 Heures de partage avec les autres

527’040 Minutes de sérénité

31’622’400 Secondes de bonheur à vivre à chaque instant

Et enfin, UNE TRES BONNE ANNEE 2012»

Lectures bibliques : Nombres 6, 22-27; Galates 4, 4-7; Luc 2, 16-21

Homélie du 25 décembre 2011

Prédicateur : Mgr Pier Giacomo Grampa
Date : 25 décembre 2011
Lieu : Eglise Saint-Martin, Bironico (TI)
Type : tv

(traduction)

Les textes bibliques d’aujourd’hui devraient nous donner une sensation de vertige, car ils invitent à entrer dans le cœur de l’événement de Noël en nous offrant une lecture profonde, théologique, de ce qui s’est passé à Noël.

D’habitude, on privilégie la lecture narrative du mystère de Noël, on décrit ce qui s’est passé : l’annonce de l’ange, le trouble de Marie et Joseph, l’histoire parallèle d’Elisabeth et Zacharie, le recensement d’Auguste, avec le voyage de Nazareth à Bethléem. La naissance de l’enfant, la visite des bergers, la circoncision, la présentation au temple, l’adoration des mages, la furie d’Hérode, la fuite en Egypte.

Dans cette messe par contre, la liturgie nous propose une autre lecture du mystère de Noël : celle du prologue de l’évangile de Jean, au profil théologique et existentiel élevé, de haute expression lyrique.

Il nous dit comment le Verbe Divin, le Fils Unique du Père, la Parole Eternelle de Dieu qui a créé toute chose, se fait chair, en pénétrant dans l’histoire des hommes et en nous offrant une lecture différente du mystère par lequel Dieu sort de lui-même pour rencontrer l’homme à son niveau en se rapprochant du quotidien de l’homme, mieux encore, en entrant dans sa propre chair, c’est-à-dire, dans son existence.

De cette façon Jean chante, avec une vibrante inspiration poétique : « le Verbe s’est fait chair, et il est venu demeurer parmi nous »

Ainsi, on célèbre, l’union profonde entre le divin et l’humain : on ne peut être que stupéfait, qu’admiratif : on ne peut pas ne pas être pris de vertige. Comprenez-vous ce que Noël nous révèle ?

Il ne s’agit pas seulement de la belle histoire d’un enfant qui naît, pas seulement d’un enfant qui nous est donné, mais cet enfant est la Sagesse de Dieu, il est la Parole de Dieu, il est le Fils de Dieu, et il est Dieu lui-même.

Dieu est la Parole, cette parole qui fait la différence entre les créatures humaines et les autres créatures vivantes. Dans la parole, les hommes communiquent, disent leur propre histoire, leurs propres doutes et espérances, leurs propres angoisses et joies. Par la parole l’âme se communique.

Ainsi chaque créature peut avoir accès à Lui, pour chercher lumière et vérité.

Elle peut le faire avec liberté, en l’accueillant ou en le repoussant, choisissant la lumière ou en restant dans les ténèbres.

Notre Dieu qui est la Parole, se laisse comprendre dans tous les langages humains. Il est donc disponible à toutes les créatures, et personne ne pourrait empêcher le dialogue mystérieux et personnel que chacun peut débuter dans le silence de sa conscience.

Toute culture, toute histoire, tout événement peut accéder à Dieu, lui qui ne s’offensera ni des doutes, ni des perplexités, ni des refus. Patiemment il veut seulement assurer une réponse exhaustive, sans contrainte ni vengeance.

Notre Dieu qui est Verbe fait chair, a choisi le chemin de l’humanité pour révéler à l’homme son visage, le visage du Père.

La Parole en Jésus s’est faite homme avec toutes les caractéristiques de la vie humaine ; à l’émotion de ces jours de nativité suivra l’histoire difficile du fils de Dieu adulte qui connaîtra l’accueil, la chaleur humaine, les disciples, mais aussi mépris, trahison et refus. Un peu comme toutes les histoires humaines, jamais complètement heureuses ni totalement désespérées.

Il dépend de nous d’accueillir cette Parole qui est Lumière et Vie. Pas tout le monde l’accueille. Les ténèbres de l’orgueil et de la présomption, ou ceux de la superficielle inattention n’aiment pas la lumière de l’amour et de l’humilité.

« Il est venu parmi les siens, mais ils ne l’ont pas reçu ; à ceux qui l’ont accueilli il leurs a donné le pouvoir de devenir Fils de Dieu ».

Alors nous comprenons l’application que la liturgie fait de la prophétie d’Isaïe à l’événement de Noël, montrant le messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui annonce la paix.

On ne peut pas rester indifférent face au lyrisme entraînant du prophète, qui rappelle l’annonce de joie qui rejoint toutes les extrémités de la terre

« Comme il est beau de voir courir sur les montagnes qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle » et la référence poétique aux sentinelles qui exultent, car elles voient le retour du Seigneur.

Le passage de la lettre aux Hébreux confirmait que Dieu, après avoir parlé aux hommes de plusieurs manières, « nous a parlé par ce Fils » parce que nous sommes « prédestinés à devenir ses fils adoptifs ».

Voilà la grande surprise de la nativité de Jésus, il dépose dans l’homme le mystère trinitaire de Dieu, le faisant participer à un dialogue d’amour Père –Fils.

C’est le but que Noël veut réaliser, reporter l’homme aux splendeurs de son origine dans le dessein originel d’amour de notre Dieu que notre péché détruit, mais que Jésus vient restaurer.

Si nous comprenions la beauté et la grandeur de Noël et savions apprécier le don d’être participants à la vie divine, nous comprendrions ces paroles de sainte Thérèse de Lisieux : « Si vous deviez me trouver morte un matin, ne vous inquiétez pas, cela veut dire que Dieu est venu me chercher comme un bon papa, seulement ça. Sans aucun doute c’est une grâce de recevoir les sacrements, mais si le bon Dieu ne le permet pas, son étreinte est toujours une étreinte amoureuse pour le fils aimé, qui a espéré et cru en lui ».

Mon vœu est que vous puissiez vivre Noël avec cette sérénité, avec cette simplicité, avec cette félicité : malgré tout ce qui m’arrive, je suis enfant de Dieu, Dieu m’aime, Dieu marche avec moi, même si je suis un homme de peu de foi, Dieu est avec moi et nous marchons ensemble.

Voilà le sens profond de Noël.

Joyeux Noël !»

Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Homélie du 24 décembre 2011

Prédicateur : Abbé Nicolas Maillat
Date : 24 décembre 2011
Lieu : Eglise Saint-Etienne, Lausanne
Type : radio

« Il nous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».

Chers frères et sœurs, une fois de plus nous avons entendu ce récit merveilleux de la Nativité de Jésus et nous n’avons aucune peine à évoquer l’émouvant et charmant tableau : l’enfant couché dans la crèche, près de lui, Marie, la maman attendrie, Joseph, saisi de respect et quelques bergers, des pauvres, méprisés, appelés les premiers à contempler le « Verbe fait chair ».

Elle s’est donc accomplie la prophétie d’Isaïe : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné. La souveraineté est sur ses épaules. On proclame son nom : ‘Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père à jamais, Prince de la Paix.’ »

Frères et sœurs, que vous vous soyez avancés vers cette église avec joie, ou sur le pointe des pieds, vous êtes invités, ainsi que vous tous qui nous écoutez, à contempler le nouveau-né de Bethléem. Heureux de vos réussites ou meurtris par l’échec, par la maladie, le handicap, le deuil, la solitude, ou au contraire satisfaits, sûrs de vous ou encore déçus de tant de faiblesses, peu importe ! Malgré tout, vous restez capables d’aimer et d’être aimés ; dès lors, c’est à vous, à nous tous, que Dieu s’adresse et donne un signe d’espoir, de salut.

En ce Noël, comme chaque année, Dieu nous fait signe, Dieu parle et sa Parole est étrange : c’est un enfant, un nouveau-né, son Fils Jésus !

Certes, nous devons veiller à nous garder de réduire Noël à la seule fête des enfants et pourtant, au cœur de notre civilisation technologique, le signe de l’enfant n’est-il pas le signe par excellence de la Vie ? De la vie humaine et divine – dans nos veines coule la grâce de Dieu –, de la vie humaine et divine donc, que nous sommes invités à respecter et à protéger. Cette vie qui nous est donnée par Dieu et qui est malheureusement de plus en plus noyée dans l’artificiel des techniques de notre monde occidental, matérialiste à outrance.

Le signe de l’enfant ; le signe de la vie. Pensons à ces foyers amis qui souffrent tant de n’avoir pu encore accueillir chez eux un « petit », fruit de leur amour… à ces autres foyers, plus heureux, qui ont vécu l’attente, leur « Avent » et que la naissance d’un enfant a transformé. « On ne les reconnaît plus, tout est changé pour eux ! » disent les voisins.

Oui, frères et sœurs, tous ces instants privilégiés où, aujourd’hui encore, l’enfant est « sauveur ». Ici, c’est une naissance qui a renforcé l’amour d’un couple en difficultés, là c’est la première communion du fils, qui a permis aux parents de renouer avec une vie plus chrétiennement engagée.

Alors, en ce Noël, ensemble frères et sœurs, ne craignons pas de rendre visite à l’Enfant de Bethléem. Nous représenterons toute la famille humaine invitée à accueillir le signe de Dieu. Jésus est le commencement, la vie, le seuil, le ferment de notre pâte humaine. Il est le sang de Dieu au cœur de notre humanité.

Frères et sœurs, il n’est sans doute pas inutile de nous interroger sur la qualité de la visite que nous allons rendre à la Crèche de Bethléem : Simple courtoisie ? Concession à l’habitude, simple rite ?

Eh bien, en cette nuit très sainte, nous sommes invités à entrer en liaison avec ce Dieu qui est venu « habiter parmi nous » : alors, contemplons longuement l’Enfant-Dieu à la Crèche : il peut provoquer en nous une sorte de tressaillement intime, susciter tendresse et respect et – pourquoi pas ? – réveiller, chez certains d’entre nous, cette modeste flamme de la foi qui, depuis quelque temps, semblait définitivement éteinte.

Pensons au jeune Claudel, à Notre-Dame de Paris, passant devant le Tabernacle, qui eut brusquement « le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu ». En un éclair, ses idoles s’écroulèrent, « et voici que vous êtes Quelqu’un tout-à-coup », dira-t-il.

Et à la Messe de Minuit en l’église St-Augustin, Charles de Foucauld, qui venait de se convertir et recevait, par la communion « ‘son’ bien-aimé frère et Seigneur Jésus », qui l’incitait à « partager jusqu’à la dernière bouchée de pain avec tout pauvre, tout hôte, tout inconnu, à recevoir tout humain – la vie – comme un frère bien-aimé » : Il ajoutait : « Jésus est venu dans cette crèche pour sauver les âmes ; il nous enseigne à faire du salut des âmes l’œuvre de notre vie ».

Enfin, pour Thérèse Martin, ce Noël 1886 fut pour elle, quelques mois avant son entrée au Carmel de Lisieux, la « nuit de Lumière », où elle sentit la charité entrer en son cœur.

Frères et sœurs, « en cette nuit où le Fils de Dieu se fait faible et souffrant par amour pour nous », venons l’adorer et le contempler à la crèche. Ainsi, à la suite de la ‘petite’ Thérèse, nous retrouverons l’esprit d’enfance, qui transformera notre regard sur l’autre. Nous serons alors capables de recevoir ce prochain (tout être humain), mis sur notre route, comme un cadeau du Père.

Et en notre cœur se mettra aussitôt à résonner sans fin ce refrain :

« C’est Noël sur la terre chaque jour,

Car Noël, ô mon frère, c’est l’Amour. »

Ainsi soit-il.

Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6;Tite, 2, 11-14; Luc 2, 1-14

Homélie du 24 décembre 2011

Prédicateur : M. le cardinal Jean-Claude Turcotte
Date : 24 décembre 2011
Lieu : Eglise de la Purification de la Vierge Marie, Montréal
Type : tv

Un enfant est né il y a plus de 2000 ans. Non seulement nous nous souvenons encore de lui, mais, un peu partout sur terre, se célèbre aujourd’hui sa naissance. Marie, sa mère, le mit au monde alors qu’elle se trouvait à Bethléem pour le recensement ordonné par le gouverneur Quirinius. L’évangéliste Luc raconte en quelques mots comment cela se passa. Marie «emmaillota son fils premier-né et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.» Jésus couché non pas dans un berceau comme c’eut été normal, mais dans une mangeoire. Pourtant, il avait été «conçu du Saint-Esprit» cet enfant et il était Fils de Dieu!

Comme Dieu peut être étonnant! Comme Dieu peut être habile à nous surprendre, à nous déconcerter, à nous émerveiller! Le Fils de Dieu couché dans une mangeoire, c’est un signe qui nous est donné.

Jésus vient de Dieu. Il est tout-puissant, comme Dieu son Père!

La liturgie de cette nuit a raison de lui attribuer les noms qu’on trouve dans le livre du prophète Isaïe: «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix». Mais il est couché dans une mangeoire! Il manifeste ainsi sa volonté d’être accessible à tous: petits et grands, riches et pauvres, forts et faibles, gens heureux et malheureux. Il vient pour tout le monde, mais il sera particulièrement attentif à rejoindre les plus petits, les plus pauvres, les plus faibles, les plus malheureux. Il vient révéler à tous le plus beau et le plus vrai visage de Dieu. Ce visage est celui d’un Roi à qui tout appartient et par qui tout a été fait, mais qui devient serviteur de tous, sans aucune exception.

Étonnant mystère de Noël! L’amour de Dieu est manifesté d’une manière inattendue. Merveilleux mystère de Noël! Dieu se fait tout petit et tout démuni. Il devient enfant et se met à vivre avec nous. C’est le ciel qui descend sur terre. C’est le Dieu invisible qui se rend visible à nos yeux. C’est la lumière d’en haut qui vient dissiper les ténèbres d’en bas.

Marie coucha donc son enfant dans une mangeoire. Personne autour d’elle, à l’exception de Joseph, ne savait qui était cet enfant. Personne ne faisait cas de sa présence. Le cours des choses aurait pu se poursuivre ainsi, sans que rien de particulier n’arrive. Mais ce n’est pas ce que Dieu voulait. Il voulait que tous les hommes et toutes les femmes de la terre sachent ce qui venait d’arriver. Il chargea donc l’un de ses anges – l’Ange du Seigneur, écrit saint Luc – d’intervenir. Et l’ange intervint.

Il le fit d’une manière qui nous surprend. Il ne se rendit pas chez les grands de ce monde pour annoncer ce qui venait d’arriver. Il choisit des bergers, des pauvres, des gens qu’on méprisait. Il les enveloppa de lumière. Cette lumière était celle de la gloire de Dieu. Les bergers se demandaient ce qui leur arrivait. Ils étaient tout craintifs. L’ange les réconforta, puis leur annonça la Bonne Nouvelle, l’incroyable nouvelle, la merveilleuse et divine nouvelle: «Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Il est le Messie, le Seigneur… vous le trouverez emmailloté et couché dans une mangeoire». Et alors, dans le ciel, «une troupe céleste innombrable» se mit à louer Dieu: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.»

Les bergers se rendirent à Bethléem. Ils découvrirent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans une mangeoire. Ils se mirent alors à raconter «ce qui leur avait été annoncé» et ce qui leur était arrivé. Ils étaient tout heureux. «Ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.»

Chers amis de la paroisse de la Purification-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, chers amis du diocèse de Montréal, vous toutes et tous qui, partout dans le monde, m’entendez vous parler ce soir, soyez-en bien conscients, l’histoire de la naissance de Jésus que l’évangéliste Luc nous a transmise est une histoire vraie. Elle raconte un événement divin qui nous concerne. C’est pour chacune et chacun de nous que Jésus est né à Bethléem, il y a plus de 2000 ans. Les paroles que l’Ange du Seigneur adressa alors aux bergers, c’est à nous qu’elles s’adressent maintenant: «Aujourd’hui [nous] est né un Sauveur… il est le Messie, Seigneur.»

Il nous offre sa paix. Il nous offre la lumière et la joie qui viennent du ciel. Il nous offre l’amour de son Père et le sien. Il nous offre le souffle de l’Esprit Saint. Il nous offre le pardon qui réhabilite et rend capables de «vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux». Il nous offre de devenir, tous ensemble, «un peuple ardent à faire le bien».

Qu’il est admirable ce Fils de Dieu, ce fils de Marie, qui ne cesse de venir nous rejoindre et de se faire notre serviteur pour mieux nous révéler le visage de son Père. Qu’il nous soit donné, ce soir, de l’accueillir comme jamais encore nous ne l’avons accueilli. Qu’il nous soit donné de le reconnaître comme jamais encore nous ne l’avons reconnu. Qu’il nous soit donné de croire en lui et en son Évangile, comme jamais encore nous n’y avons cru.

Qu’il nous soit donné de le prier et d’espérer en lui, comme jamais nous ne l’avons fait.

À lui tout honneur et toute gloire, ce soir… et pour les siècles des siècles! Amen!»

Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Tite, 2, 11-14; Luc 2, 1-14