Pour le pape François, la persécution religieuse est une ‘folie’
Desmond Tutu inhumé dans la simplicité en Afrique du Sud
Homélie du 2 janvier 2022 (Mt 2, 1-12)
Abbé Laurent Ndambi – Café du Col de Torrent, Villaz, VS
« La lumière sur la route de notre voyage »
Nous vivons dans un corps ; un corps qui parle ; un corps qui marche ; un corps qui se laisse guider ; un corps qui prie ; un corps qui danse ; un corps qui fête, etc. Ce corps, disait un auteur anonyme est comme une « (…) crèche vivante là où nous sommes appelés à vivre et à travailler. Nos jambes sont comme celles des animaux qui ont réchauffé Jésus la nuit de sa naissance. Notre ventre est comme celui de Marie qui a écouté Jésus et l’a fait grandir. Nos bras sont comme ceux de Joseph qui ont bercé, soulevé, embrassé Jésus et ont travaillé pour Lui. Notre voix est comme celle des anges pour louer le Verbe qui s’est fait chair. Nos yeux sont comme ceux de tous ceux qui, la nuit, l’ont vu dans la mangeoire. Nos oreilles sont comme celles des bergers qui, stupéfaits, ont entendu le chant des anges provenant du ciel. Notre intelligence est comme celle des Rois Mages qui ont suivi l’étoile jusqu’à la “maison” de Jésus : la grotte. Notre cœur est comme la mangeoire qui a accueilli l’Eternel qui s’est fait petit et pauvre comme l’un de nous ».
Vivre dans la lumière du Seigneur
En ce premier dimanche de la nouvelle année 2022 qui est à son deuxième jour, nous célébrons la fête de l’épiphanie, c’est-à-dire de la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ, lumière venue dans le monde pour éclairer les nations, et pour y chasser les ténèbres car il est et reste cette lumière sur la route de notre voyage.
Les trois lectures proposées à notre méditation de ce dimanche nous invitent à être dans cette lumière du Seigneur, soit dans sa lumière éblouissante et dévoilante. Dieu nous donne sa lumière pour que nous nous dirigions sur la bonne route ou pour que nous fassions volte-face si notre direction est fausse. A nous donc d’agir dans cette lumière, sans hypocrisie, avec honnêteté et franchise, même si cela est exigeant.
A ce sujet, saint Paul, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture, est bien conscient de la lumière qu’il a reçue sur le « mystère du Christ » et de la mission qui en découle pour lui : être « apôtre » de ce mystère au caractère tout à fait nouveau, puisque « Dieu ne l’a pas fait connaître, dit-il, aux hommes des générations passées ».
Aspect universel du « mystère du Christ » qui est révélé
Paul marque également l’aspect universel de ce mystère : il s’adresse à tous les êtres humains de telle sorte qu’à la suite de lui-même Paul, tous les baptisés reçoivent aussi la mission de découvrir le mystère du Christ, par leur vie et par leur parole, à ceux qui ne le connaissent pas. Dans quelle mesure sommes-nous conscients de cette mission et comment l’accomplissons-nous ? Peut-être en nous inspirant des mages ; ces premiers non-juifs que la lumière du mystère du Christ a éclairés et qui ont pris conscience de la mission qui découle d’une telle révélation.
Une parole de Dieu adressée à leur cœur, que l’évangile présente sous les traits d’une étoile, leur a dit qu’un enfant-roi venait de naître. Ils sont prêts à tout dans leur recherche de cet enfant et il n’y a rien de tout beau non plus à lui offrir en cadeau lorsqu’ils l’ont trouvé. L’or, l’encens et la myrrhe, valeurs bien caractéristiques de l’Orient, représentent le don total d’eux-mêmes au Christ et expriment la gratuité de leur démarche de vénération.
En face d’une démarche si pure, si lumineuse, l’attitude d’Hérode apparait comme un repoussoir. Il est prêt, lui aussi, à mettre le prix pour trouver l’enfant, mais pour de tout autres motifs que ceux des mages. A ses yeux, l’enfant-roi constitue une menace pour le pouvoir auquel il est obstinément attaché : il n’a rien compris de la royauté spirituelle de Jésus. L’attitude des mages et, paradoxalement, celle d’Hérode nous incitent à revoir nos positions face au mystère du Christ : nous laissons-nous envoûter par lui ou nous mettons-nous en situation de retrait, voire d’hostilité à son égard.
Jésus sur notre route : l’astre de notre vie
Le long voyage entrepris par les mages, nous invite-t-il aussi à penser qu’en ce début d’année nous entreprenons également un voyage vers Jésus ou, plus précisément, que nous continuons le voyage déjà entrepris. Un voyage ne se fait jamais sans projets, sans préparatifs, ni sans bagages : et que voulons-nous vivre durant cette année avec Jésus ? Allons-nous prendre conscience que Jésus ne fait pas simplement partie de nos bagages ; qu’il n’est pas un fétiche que nous traînons avec nous comme porte-bonheur dans les occasions fâcheuses, mais plutôt comme celui qui marche sur la même route que nous comme un grand accompagnateur, comme un guide et comme l’astre de notre vie ; une lumière sur la route de notre voyage.
Célébrer la fête de l’épiphanie pendant ce temps de Noël est une occasion de faire éclore l’enfant qui sommeille en nous, et de le faire advenir au présent. Dans l’enfant Jésus, nous adorons Dieu fait homme, Dieu parmi nous, Dieu pour nous, Dieu lumière des nations, Dieu notre lumière, Dieu ma lumière. Seul l’enfant qui est en nous peut le reconnaître. En lui, Fils de Dieu et Fils de l’homme, nous nous recevons comme filles et fils d’une humanité fragile et d’un Père aimant.
Sous les traits de cet enfant qui deviendra homme, Dieu nous montre déjà son vrai visage, et il nous invite à le regarder autrement. En Jésus, il nous montre son visage de simplicité, d’amour, de lumière et de paix. Quand nous faisons du bien à ceux qui en ont besoin, nous consolons l’enfant Jésus ! Si nous allons à la crèche, comme les rois mages, c’est parce que Dieu s’y révèle, non pas comme un patron qui nous domine, qui revendique des droits sur nous, mais comme un doux Amour qui veut se cacher en nous et qui ne cesse pas de nous attendre parce que la “seule” chose qu’il peut toujours faire, est de nous aimer et d’éclairer notre chemin de foi avec lui et en lui.
Seigneur, allume au fond de notre cœur, ta joyeuse lumière éternelle afin qu’elle éclaire sans cesse la route de notre voyage de foi en toi ! Amen.
SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE
Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13; Éphésiens 3, 2-3a.5-6; Matthieu 2, 1-12
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Homélie du 26 décembre 2021 (Lc 2, 41-52)
Abbé Boniface Bucyana – Église Saint-Joseph, Lausanne
La Sainte famille, ce berceau voulu par Dieu
Quand nous faisons un signe de croix, nous ravivons notre relation avec le foyer trinitaire, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est le foyer d’amour de Dieu qui se communique aux hommes. Le mystère de Noël vient de se révéler comme l’incarnation de cet amour dans la naissance du Fils de Dieu chez les hommes, dans une famille humaine. Quand Dieu et l’homme font famille, alors la famille humaine devient un foyer où Dieu a sa place.
La première lecture nous désigne une famille qui prie au temple pour demander un enfant, Samuel, c’est à dire Dieu exauce. Nous voyons cette famille qui sait remercier. Ces prières de demande et de remerciement sont dites au temple, c’est-à-dire au lieu de rendez-vous avec Dieu pour offrir, même l’enfant reçu. Celui-ci demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie.
Comme le souligne le psaume 83, heureux ceux qui habitent et fréquentent la maison du Seigneur, on peut dire que la première chapelle, c’est le foyer familial, mais il doit être une chapelle ouverte, comme une sacristie qui fait partie du temple, ouverte sur l’autel. Ce foyer est appelé à se réchauffer de la présence du Seigneur, avec les autres familles.
La famille devient fruit d’alliance
Ainsi la famille humaine est sanctifiée pour ne pas être un lieu de juxtaposition des êtres, un lieu de rapports de force ou de lutte de pouvoir. Elle devient fruit d’alliance, où les différences refusent les antagonismes, et deviennent des richesses pour chacun et pour tous. Ce berceau de naissance, de croissance, d’amour est le lieu d’apprentissage à l’humanité et à l’humain.
Ce berceau a été voulu et choisi par Dieu, par le Père pour son Fils, et a été tissé par le Oui de la foi de Marie et de Joseph. A travers cette sainte famille, toutes les familles humaines ont trouvé leur sens qui fait de chaque membre un enfant de Dieu et où chaque membre doit regarder l’autre avant tout et après tout en enfant de Dieu. La relation de base et le sommet de toute relation est devenue ainsi la fraternité, grâce au Fils de Dieu qui est devenu fils de l’homme. Cette fraternité donne de la sève divine à toutes nos relations familiales, et une universalité qui dépasse le seul lien de sang.
Former la famille des enfants de Dieu
Comme vient de le souligner la première lettre de saint Jean, à travers Jésus-Christ, Dieu nous a donné l’amour vrai, grâce auquel nous sommes appelés à être des enfants de Dieu et avec lequel nous devons nous accueillir en enfants du même Père et nous aimer comme tels. Alors nous avons la mission de former la famille des enfants de Dieu qui soignent cette relation par la prière de demande confiante et d’action de grâces pour tous ses bienfaits et le louer pour sa gloire. Nous gardons ses commandements qui sont les voies vers Dieu et qui nous aident à faire sa volonté. Ces commandements se résument en un seul qui vaut plus que toutes les chartes du vivre ensemble : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Grâce à ce commandement qui est une mission, nous vivons une communion intime avec celui est né chez l’homme pour que l’homme naisse chez Dieu, une relation spirituelle vitale, qui sanctifie nos familles.
En naissant dans une famille humaine, Dieu a voulu rejoindre l’homme du début à la fin, le sanctifier dès la naissance et partager avec lui tout. Tout ce qui est de l’homme ne peut être étranger à Dieu, même si nous sommes tentés de le ternir à l’écart. Nous n’avons pas de jardin secret devant Dieu ni de vie privée à son regard.
La famille est-elle encore un berceau pour l’humanité ?
En ce dimanche, nous sommes tous interpellés sur la famille. Qu’avons-nous fait de la famille ? Est-elle encore un berceau pour l’humanité ? Est-elle encore capable d’accueillir les enfants et les rassurer, les élever jusqu’à la sphère divine ? Est-ce que nos enfants peuvent encore y naître, y grandir en âge et en grâce comme Jésus chez Joseph et Marie, devant Dieu et les hommes, comme l’indique l’évangile d’aujourd’hui ? N’y sont-ils pas plutôt traités en fardeau et en consommateurs ? La famille est-elle encore le berceau de la grande famille de Dieu qu’est l’Église ? N’avons-nous pas donner un coup de pied pour trouer ce berceau, ne l’avons-nous jetée et le bébé avec ? Et dire que nous arrivons à vouloir l’enfant, tout en lui refusant malheureusement le berceau, c’est-à-dire une famille vraiment humaine. Nous voulons la famille des corps sans esprit, la famille nivelée où les spécificités sont gommées, où la confusion prend l’enfant pour un adulte, un roi absolu, et les parents pour des enfants assoiffés de caprices. C’est le désordre familial annoncé et les impasses multiples dans notre société. Oui, on refuse à l’enfant la dimension spirituelle avec le risque de le prendre pour un objet. On prétend lui donner des valeurs, en lui refusant la base de ces valeurs. La famille, que l’on veuille ou non, reste le lieu privilégié où l’on découvre et cultive les valeurs spirituelles, indispensables pour fonder les valeurs humaines universelles et autres.
C’est pourquoi, Dieu nous envoie d’abord à nos familles, comme des membres vivants qui participent à la vie de toute la famille, pour en faire des lieux d’épanouissement et des havres de paix. Il nous supplie de ne pas être des sangsues qui profitent de la famille, la mettent en danger et la démolissent au lieu de la faire vivre et la préserver parce que sans ce berceau, l’homme ne sait plus d’où il vient ni où il va. Il nous invite à ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis, à reprendre notre responsabilité pour prendre soin de notre premier environnement vital, à défendre la famille par des économies et des politiques plus humaines, à la sanctifier, la consacrer et la confier à la protection de la Sainte Famille divino-humaine du Sauveur.
Prions pour que l’amour reçu et donné en Jésus Christ aide nos familles à surmonter les épreuves de violence, de division, de routine et de la durée, à vivre le pardon mutuel, comme huile d’entretien de toute vie familiale. Amen
DIMANCHE de la SAINTE FAMILLE
Lectures bibliques : 1 Samuel 1, 20-22.24-28; Psaume 83, 2-3.5-6.9-10; 1 Jean 3, 1-2.21-24; Luc 2, 41-52
Homélie TV du jour de Noël, 25 décembre 2021 (Jn 1, 1-18)
Frère Benoît Dubigeon, franciscain – Chapelle du Christ-Souverain-Prêtre – La Clarté-Dieu, Orsay (France)
Saint François d’Assise, comme diacre, décide de mettre en scène la naissance du Christ dans le petit village de Greccio. Il rassemble la population avec des animaux, du foin et un petit enfant et il chante l’évangile. C’est la crèche vivante que nous retrouvons dans nos maisons, dans le monde entier…
Dieu petit bébé : François pleure devant ce mystère.
Un petit bébé qui ne peut pas encore parler, lui, la Parole de Dieu : et François s’émerveille, chante.
Un petit être tout dépendant de ses parents et si fragile comme la vie sait l’être : des pauvres bergers, puis des mages, beaucoup viennent s’agenouiller devant lui.
Dans le métro, au milieu de l’indifférence générale, une maman porte un tout petit bébé. De leurs smartphones, de nombreux visages se lèvent, des sourires s’esquissent et ce bébé vient révéler à chacun sa belle humanité en donne aux voisins de la rame de se parler.
L’amour de Dieu est dit tout entier dès la crèche
En cet Enfant de la crèche, tout le mystère de la Vie de Dieu et celle de l’homme est présent, en germe. Le temps ne fera que déployer ce si grand mystère. C’est pourquoi, pour saint François, Noël est la fête des fêtes. Dès la crèche, l’amour de Dieu est dit tout entier : la croix et la résurrection du Christ viendront parachever ce qui est déjà totalement présent dans ce petit enfant de la crèche.
L’année après mon ordination, un frère de ma communauté, aumônier de prison, me demande d’y venir avec lui concélébrer le jour de Noël. Quand est proclamé l’évangile de Noël, un homme, – il était là pour avoir tué -, se met à pleurer de tout son être. Car la naissance du Fils de Dieu fait homme, venu habiter avec nous, aimer en nous ce qui n’est pas aimable, m’accueillir si je suis rejeté, cette naissance l’avait bouleversé.
Eh bien, ses larmes sont devenues la source de ma vocation d’aumônier de prison. Mais seulement 24 ans plus tard, le temps de commencer à visiter, parfois dans les larmes, mes profondeurs et mes abîmes, le temps d’expérimenter la grâce de me savoir pardonné par Dieu, indépendamment de mes mérites ou de mes péchés. Les larmes de ce prisonnier, celles de saint François, les miennes, sont devenues des sources d’eaux vives puisées en la miséricorde de Dieu. Puisqu’elle est pour tous, du saint au meurtrier, du sage au fou, du pauvre au riche, « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».
Qui plus est, cet Enfant de la crèche voit l’univers et chacun de nous à sa mesure véritable. Lui, le Fils, il nous voit comme des fils. Lui, la lumière, il éclaire les ténèbres de nos cœurs et l’univers tout entier. Les enfants que nous sommes, il les fait parvenir à leur dimension éternelle, celle de fils et de filles de Dieu.
Un amour qui nous transfigure
A qui veut bien venir s’agenouiller devant cet Enfant de la crèche avec un cœur vulnérable, dépouillé, simple, son amour le transfigure. Pour regarder toute personne, en Dieu, précieuse, sainte, lumineuse, où le mal a déjà été vaincu. Et puisqu’il est au commencement de tout, il nous donne la grâce de toujours recommencer, surtout si nous sommes englués dans des impasses : « frères, commençons », disait saint François à la fin de sa vie terrestre. Faisant parfois cruellement l’expérience de la fragilité de la vie, le Christ nous donne part à sa plénitude. Et nous qui doutons, parfois terriblement, sans voir Dieu, il nous est donné de reconnaître totalement Dieu en cet Enfant de la crèche.
Les bergers, les mages, nous-mêmes, nous allons pouvoir repartir de la crèche, autrement, pour emprunter des chemins de vie, des chemins divins. Témoins de l’amour qu’a cet Enfant pour toute personne, d’un amour qui transfigure tout, qui change notre regard, qui redonne confiance, qui permet d’être trahis sans cesser de croire aux hommes. C’est cet Enfant qui rend forts nos bras pour servir nos frères.
Seigneur, même si je sais que les tiens ne t’ont pas accueilli, viens illuminer ma crèche intérieure de ta présence. Je n’ai plus peur de mes larmes car elles disent ma joie d’accueillir en cet Enfant mon Sauveur. Je m’agenouille devant toi comme les bergers et les mages. « Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! ».
Joyeux Noël!
Frohe Weihnachten!
Merry Christmas!
Vrolijk kerstfeest!
NATIVITÉ DU SEIGNEUR – Messe de jour
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97, 1.2-3ab, 3cd-4, 5-6; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18
