Chemin de Saint-Jacques: Un pèlerinage toujours plus populaire

Zurich, 25.07.2015 (cath.ch-apic) L’Eglise catholique célèbre le 25 juillet la fête de saint Jacques apôtre. L’accompagnateur suisse de pèlerinage Pius Süess analyse pour le média catholique alémanique kath.ch la fascination pour le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui attire chaque année plus de marcheurs.

Kath.ch: Est-il exagéré de qualifier le chemin de Saint-Jacques de «hit» de l’Eglise catholique?

Pius Süess: Ce n’est pas exagéré, les faits parlent d’eux-mêmes. Le nombre de pèlerins sur le chemin de Compostelle a littéralement explosé après la publication du livre de l’humoriste allemand Hape Kerkeling «Je pars!: Tribulations métaphysiques sur le chemin de Compostelle», en 2006. Depuis, les chiffres n’ont fait que monter en flèche.

Un évêque français a récemment affirmé que 70% des pèlerins de Compostelle n’étaient ni croyants ni pratiquants. Le confirmez-vous?

En ce qui concerne les groupes que j’accompagne, ce n’est pas le cas. Mais cela peut dépendre en fait de comment l’on définit les termes de «croyant» et de «pratiquant». Le Bureau des pèlerins de Compostelle formule des conditions claires pour que le pèlerinage puisse être reconnu. J’observe que pour certains pèlerins, il est clair que le fait de se retrouver eux-mêmes en chemin est un élément central, indépendamment d’une motivation religieuse. J’ai déjà cependant très souvent pu voir que ces pèlerins se posent, en cours de route, des questions religieuses et trouvent également des motivations religieuses à leur démarche.

Le pèlerinage a-t-il évolué?

C’est plus dans la forme que les choses ont changé. Dans le passé, la visite de la tombe de saint Jacques revêtait une plus grande importance. Mais le pèlerinage est une expérience humaine et religieuse primordiale. Le pèlerin chemine ainsi de façon symbolique de la naissance à la mort. Mais aujourd’hui, nous avons des pèlerinages guidés, avec des hébergements organisés et des transports en bus, pour ainsi dire des pèlerinages «de luxe». C’est également une formule que je propose. Cela reste quoiqu’il en soit un pèlerinage pleinement choisi, un chemin spirituel délibéré. La douleur et la souffrance au niveau des pieds reste en outre la même.

Qu’est-ce qui distingue le chemin de Saint-Jacques des autres chemins de pèlerinage?

Un pèlerinage vers Rome, par exemple, est beaucoup plus associé à l’Eglise. Sur le chemin de Compostelle, les profils des personnes sont variés. On y trouve certainement aussi des gens qui regardent les questions liées à l’Eglise de manière indépendante ou critique. Il y a également une fascination pour ce saint, le «fils du tonnerre», l’agitateur. Cela peut être une raison pour laquelle les hommes font souvent le pèlerinage quand ils sont «dans la fleur de l’âge». Il faut également mentionner le paysage grandiose, très diversifié, que traverse le chemin. C’est un facteur important.

Voyez-vous ce pèlerinage comme une chance pour l’Eglise?

Certainement! Les marcheurs ramènent avec eux, dans leur quotidien, les expériences qu’ils font sur le chemin. Tout cela, ils peuvent l’apporter dans l’échange sur les questions de foi au sein de leur paroisse, de leur communauté ecclésiale. Néanmoins, je trouve contreproductive l’influence que l’Eglise cherche à avoir sur les pèlerins, par exemple dans le cadre de la mise de conditions concernant un pèlerinage.

Vous avez cheminé bien des fois vers Compostelle. Qu’est-ce qui alimente encore votre fascination?

Les nombreuses, nombreuses rencontres et discussions avec les gens du monde entier qui se retrouvent là-bas. Ce sont des expériences précieuses et enrichissantes.

Pius Süess a une formation de pédagogue en religion et d’accompagnateur de pèlerins. Il a travaillé auparavant pour la Mission Bethléem Immensee. Depuis 1995, il est plus spécialement actif pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il travaille au monastère dominicain d’Ilanz, dans les Grisons et gère le site internet www.pilgerweg.ch.

Les chemins de Compostelle en Suisse

(apic/ms/rz)