Le cloître du 'Notre Père', sur le Mont des Oliviers à Jérusalem. | DR
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Le Canada adopte la nouvelle traduction du Notre Père

Après la France, la Belgique, la Suisse romande et les autres pays francophones, le Canada adoptera officiellement le 2 décembre 2018, la nouvelle traduction du Notre Père. La sixième demande «ne nous soumets pas à la tentation» est abandonnée au profit de «ne nous laisse pas entrer en tentation».

«En disant ‘ne nous laisse pas entrer’, nous sommes plus proches de ce que Jésus dit», a expliqué à Présence information religieuse Mgr Serge Poitras, membre de la Commission épiscopale de liturgie et des sacrements du Secteur français de la conférence épiscopale canadienne.

L’évêque de Timmins, qui représente le Canada à la Commission épiscopale internationale francophone pour les traductions liturgiques, rappelle l’adoption en 2013 de la nouvelle traduction liturgique de la Bible. Après le Notre Père, la dernière étape devrait être, en 2019, l’adoption de la nouvelle traduction du Missel.

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a donné son aval le 24 septembre dernier à l’introduction du nouveau Notre Père avant la fin de l’année.

Ancien directeur de l’Office national de liturgie de 2002 à 2013, l’abbé Gaëtan Baillargeon, rappelle que la traduction utilisée depuis 1966 a toujours suscité beaucoup d’insatisfaction. «C’est celle qu’on appelait la traduction œcuménique. Mais des communautés orthodoxes francophones ne l’utilisaient même pas». Il précise qu’il a fallu tenir compte des relations œcuméniques avant d’avaliser la nouvelle traduction.

La Suisse comme exemple

«L’Église catholique a choisi unilatéralement de changer le Notre Père, alors que l’ancienne formulation avait été faite de concert avec les autres Églises chrétiennes. Il y a eu des réactions tout à fait justifiées des autres Églises, en particulier en Suisse. Il a fallu que l’Église catholique accepte d’entrer en dialogue avec les autres Églises sur cette question», explique-t-il. Au Canada, le dossier a mis du temps à cheminer. Si bien que le Conseil canadien des Églises ne s’est prononcé que l’été dernier sur ce sujet.

Un langage pour les fidèles

La modification du Notre Père est plus qu’une affaire linguistique: elle concerne directement la participation des fidèles lors des célébrations, estime la liturgiste Marie-Josée Poiré. «La liturgie aujourd’hui, il faut l’admettre, ne parle plus la langue de la majorité.» L’adoption de la nouvelle formulation du Notre Père peut devenir l’occasion de prendre du recul et de réfléchir au statut que revêt cette prière pour les chrétiens.

«Le Notre Père construit un imaginaire sur Dieu. Un passage comme celui-là [ndlr: ›ne nous laisse pas entrer en tentation’] peut être occasion d’une réflexion en communauté ou en famille sur le visage de Dieu qui est sous-jacent à cela. Je suis sidérée par les traces que laissent des discours sur Dieu qui, pourtant, ne sont plus actuels. On touche à l’imaginaire et à la culture, à la transmission. Est-ce que l’image d’un Dieu qui veut tenter ses enfants rejoint ce que veut annoncer l’Évangile?» (cath.ch/pri/pv/mp)

Le cloître du 'Notre Père', sur le Mont des Oliviers à Jérusalem. | DR
26 novembre 2018 | 13:41
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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