L'institut orthodoxe de Chalki, près d'Istanbul, est fermé depuis 1971 | © tim rich and lesyley katon/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
International

Le président turc prend «en otage» l'école orthodoxe de Chalki

Le président turc Recep Erdogan a conditionné la réouverture de l’école théologique orthodoxe de Chalki, en Turquie, à un changement de traitement envers les musulmans de Grèce. La visite du Premier ministre grec à Ankara, début février 2019, n’a pas permis au dossier de progresser sensiblement.

L’institut théologique de Chalki, situé sur une petite île de la mer de Marmara, près d’Istanbul, fait de plus en plus office de pion dans la partie d’échecs jouée entre la Grèce et la Turquie. Le 2 août 2018, le gouvernement turc annonçait qu’un «Centre mondial d’études islamiques» serait créé sur l’île de Chalki. Ce qui mettait théoriquement fin à tout espoir d’assister un jour à une renaissance de l’école orthodoxe.

La Grèce en soutien d’une réouverture

L’université et le séminaire affilié de Chalki ont été fermés sur ordre des autorités turques en 1971. Toutes les initiatives œcuméniques et internationales visant à faire pression sur Ankara pour rouvrir l’institut ont depuis échoué.

L’affaire est cependant revenue sur la table à l’occasion d’une visite du Premier ministre grec Alexis Tsipras en Turquie, les 5 et 6 février 2019, rapporte l’agence d’information vaticane Fides. Avant de se rendre à Ankara, le chef du gouvernement grec a ainsi symboliquement rencontré le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier sur l’île de Chalki, afin de marquer l’importance de l’affaire pour Athènes et le patriarcat œcuménique.

Traitement des minorités en question

La question a effectivement été discutée entre le président turc et le Premier ministre grec lors de leur entrevue qui a suivi, dans la capitale turque. Recep Tayyip Erdogan a exprimé les regrets du gouvernement concernant la fermeture du centre théologique, rappelant que «ce n’est pas de notre faute, nous n’étions pas au pouvoir à ce moment-là». Le président turc a ajouté: «A chaque fois que la question de la faculté de théologie revient sur le tapis, je déclare: ‘Allez aussi en Thrace occidentale afin que nous puissions résoudre la question des muftis». Recep Erdogan a ainsi établi un lien explicite entre la réouverture de Chalki et les controverses croissantes opposant les autorités grecques à la minorité musulmane de Thrace occidentale.

Encore loin d’un règlement?

Dans cette région proche de la Turquie, vivent quelque 150’000 musulmans, en grande partie d’origine turque. Ces dernières années, les autorités grecques, sur impulsion du Parlement, ont commencé à nommer les muftis locaux. Cette mesure a provoqué la colère de la minorité musulmane qui, sur la base du Traité de Lausanne de 1923, revendique le droit d’élire de manière autonome ces experts juridiques islamiques.

Avant la visite de deux jours d’Alexis Tsipras en Turquie, le patriarche Bartholomée avait exprimé le désir que la rencontre entre les deux dirigeants puisse débloquer la situation à propos de Chalki. L’issue des discussions ne fait cependant pas entrevoir un règlement rapide du dossier. (cath.ch/fides/arch/rz)

L'institut orthodoxe de Chalki, près d'Istanbul, est fermé depuis 1971 | © tim rich and lesyley katon/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
7 février 2019 | 16:15
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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