Plus de 100 prêtres et religieuses tués, enlevés ou arrêtés en 2022

Au moins 12 prêtres et trois religieuses ont été assassinés en 2022 dans l’exercice de leur ministère, a annoncé Aide à l’Église en Détresse (AED-ACN) le 27 décembre 2022. Le Nigeria reste le pays où il est le plus dangereux de servir l’Église. Autant d’événements qui s’inscrivent dans une augmentation globale de la persécution des chrétiens à travers le monde.

Aucun continent n’a été épargné par la persécution des prêtres, religieux et religieuses assassinés ou enlevés au cours de l’année 2022.

Selon l’œuvre d’entraide AED-ACN, le Nigeria, où le groupe islamiste Boko Haram continue de semer la terreur, est le pays qui a connu le plus grand nombre de victimes, avec quatre prêtres tués au cours de l’année écoulée. Il est suivi du Mexique où trois prêtres ont été brutalement tués par des membres de cartels de la drogue, puis de la République démocratique du Congo (RDC) où deux autres ont été abattus dans l’est du pays.

Les trois religieuses assassinées au cours de cette année travaillaient en Afrique: Sœur Mari de Coppi, au Mozambique, Sœur Marie-Sylvie Vakatsuraki en RDC. La troisième, Sœur Luisa Dell’Orto, a été tuée en Haïti.

Plus de 40 enlèvements, cinq prêtres toujours portés disparus

Au cours de 2022, 42 prêtres ont été enlevés dans différents pays, 36 d’entre eux ont été libérés. Le Nigeria totalise 28 enlèvements en 2022. Six prêtres ont été enlevés au Cameroun avant d’être libérés cinq semaines plus tard. Trois autres sont toujours portés disparus: deux au Nigeria ainsi que le Père Hans-Joachim Lohre, missionnaire allemand, enlevé au Mali en novembre. Deux prêtres qui ont été enlevés en 2019, au Burkina Faso et au Nigeria, sont toujours portés disparus.

Haïti est devenu l’un des endroits les plus violents d’Amérique centrale. Cinq prêtres y ont été enlevés par des gangs au cours de l’année. Ils ont tous été libérés. Il en est de même pour trois prêtres enlevés en Éthiopie et aux Philippines.

Au Nigeria, sept religieuses ont été enlevées en 2022. Une religieuse a été enlevée au Burkina Faso et une autre au Cameroun, avec les cinq prêtres mentionnés plus haut. Ces religieuses ont finalement été libérées par leurs ravisseurs.

Des prêtres et des évêques emprisonnés

Au moins 32 ecclésiastiques ont été arrêtés dans le cadre d’actes d’intimidation et de coercition. Les cas les plus récents concernent quatre prêtres de l’Église gréco-catholique ukrainienne. Ils officiaient dans la partie de l’Ukraine occupée par la Russie et ont été arrêtés dans le cadre de leurs activités pastorales. Deux d’entre eux ont été libérés et «expulsés» vers le territoire ukrainien. Deux autres sont toujours en détention et pourraient être accusés de terrorisme. Il est à craindre qu’ils soient torturés en prison.

Au Nicaragua, onze membres du clergé ont été arrêtés au cours de l’actuel conflit avec l’Église catholique. Il s’agit d’au moins deux séminaristes, d’un diacre, d’un évêque et de sept prêtres. L’évêque nicaraguayen Rolando Alvarez, actuellement assigné à résidence, doit comparaître le 10 janvier 2023 devant un tribunal pour «atteinte à l’intégrité nationale». On rapporte également que certains prêtres se sont vu interdire de quitter leurs paroisses et que le gouvernement a refoulé dix religieux à la frontière.

Un autre cas récent concerne l’arrestation et l’emprisonnement d’un évêque et de deux prêtres en Érythrée. Deux mois se sont écoulés depuis leur disparition, sans explication de la part des autorités.

Pression sur l’Église souterraine en Chine

Il est presque impossible de connaître le nombre de prêtres catholiques arrêtés en Chine en 2022. Le pays continue de harceler et de de contrôler les chrétiens et les membres d’autres groupes religieux qui n’adhèrent pas à la ligne officielle du Parti communiste. L’arrestation du cardinal Zen, à Hong Kong, en est une des illustrations.

Selon les informations d’AED-ACN, des clercs de l’Église clandestine sont régulièrement enlevés par les autorités pendant un certain temps pour les forcer à rejoindre l’Église approuvée par l’État. La disparition d’au moins dix prêtres, tous membres de la communauté clandestine de Baoding (Hebei), entre janvier et mai 2022, illustre le phénomène.

Outre ces cas, un prêtre a été arrêté lors de manifestations contre le régime au Mynamar, où l’armée a repris ses attaques contre les chrétiens, après une accalmie sous l’administration d’Aung San Suu Kyi. La junte militaire au pouvoir cible désormais les pagodes ainsi que les églises.

Plusieurs religieuses et deux diacres ont été arrêtés en Éthiopie pendant le conflit du Tigré fin 2021, avant d’être libérés en 2022.

La persécution des chrétiens en hausse

Ces meurtres et ces enlèvements s’inscrivent dans le cadre d’une augmentation globale de la persécution des chrétiens dans le monde. Intitulée: Persécutés et oubliés? Rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi en 2020-22, l’étude, publiée à Londres en novembre dernier par le bureau national d’AED au Royaume-Uni, révèle que, dans les trois quarts des 24 pays examinés, la persécution des chrétiens a encore augmenté au cours des deux dernières années.

Une estimation confirmée par l’ONG protestante Portes Ouvertes dans l’édition de janvier 2022 de l’Index mondial de persécution. Selon l’ONG, plus de 360 millions de chrétiens souffrent de persécution sévère en raison de leur foi. Cela représentait une augmentation de 20 millions par rapport à 2021.

Toujours selon Portes Ouvertes, le nombre de meurtres de chrétiens pour leur foi est passé de 4’761 cas enregistrés dans l’Index 2021, à 5’898 en 2022. L’Afrique subsaharienne, plus particulièrement le Nigeria, concentre la majeure partie de ces crimes.

Le nombre total d’églises attaquées est passé de 4’488 cas enregistrés à 5’110. Les détentions et arrestations ont augmenté de 44 % en un an, pour atteindre 6’175, dont 1’315 en Inde, précisait encore Portes Ouvertes. (cath.ch/com/bh)