Homélie du 26 novembre 2017 ( Mt 25, 31-46)

Abbé François Dupraz – Basilique Notre-Dame, Lausanne

La première image qu’évoquent les textes d’aujourd’hui pour parler du Christ Roi, c’est l’image du bon berger. Le bon berger… Qu’est-ce qui caractérise un bon berger ?
Sans aucun doute l’attention qu’il porte au troupeau qui lui est confié. Le bon berger prend soin de toutes ses brebis, veille attentivement sur chacune, se préoccupe de leur santé, part à la recherche de celles qui s’égarent… En deux mots comme en cent : « il sent – dirait le bon Pape François – il sent l’odeur de ses brebis ».

Le Christ soucieux de nous rejoindre

Et c’est bien ainsi qu’apparaît le Christ Roi vis à vis de nous : Doux et humble de coeur, attentif à chacun, Il cherche et recherche les égarés, vient au-devant d’eux, soucieux de les rejoindre pour leur communiquer sa vie, comme le souligne le passage d’Ezéchiel, (1ère lecture).
Telle révélation suscite pour qui l’accueille en son cœur reconnaissance, gratitude, admiration, louange, action de grâce. Autrement dit Merci, merci, merci Seigneur ! Que ma vie de chrétien – c’est à dire de fils dans le Fils unique – soit un éternel « MERCI Père » du matin au soir et du soir au matin. Qui dira la puissance de la louange ?! Ceux qui vivent dans la louange…

A la recherche du Christ

Si l’Amour du Christ ne cesse de nous poursuivre pour mieux nous étreindre, Il se veut aussi le berger d’hommes et de femmes qui Le cherchent – Lui – à leur tour et reconnaissent librement et amoureusement son pouvoir royal.

Où chercherons-nous dès lors le Christ ? Là où Il se donne à rencontrer : Dans le pauvre, dit l’Evangile de ce jour… dans le pauvre. Nous vivions dimanche dernier ici même en une liturgie haute en couleur : la Journée Mondiale des Pauvres voulue par le bon pape François. Plus de 250 pauvres et démunis venus de partout ont prié ensemble puis partagé un repas festif et joyeux dans nos diverses salles paroissiales. Assurément Christ était au milieu de nous; Il était au milieu de nous comme Il est et demeure en nous.

Le pauvre est le visage de Jésus

Christ se donne à rencontrer aussi dans les prisonniers, les malades, les mal vêtus, les étrangers, les affamés, les assoiffés…. Il est là où très souvent nous pensons qu’il n’est pas ; Il est là où trop souvent le monde ne veut pas ou n’ose pas aller à sa rencontre…
En un certain sens le pauvre est notre maître car le pauvre, c’est le visage de Jésus qui se fait mendiant de notre amour.

Des communautés plus contemplatives

Le Christ se donne à rencontrer aussi et de manière très particulière dans les sacrements, au plus haut point l’eucharistie : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour que le monde ait la vie » dit-Il à ses disciples. En cette basilique « Jésus – eucharistie » est adoré, loué, aimé au jour le jour pour le plus grand bien des multitudes et de l’Eglise entière. Merci Seigneur… car c’est là une grâce insigne pour notre vie communautaire. J’appelle de mes vœux l’avènement de communautés plus contemplatives au cœur même de nos cités. Il en va du renouvellement de l’Eglise.

Rencontrer le Christ dans la Parole, dans l’Eglise

Christ se donne à rencontrer dans sa Parole car cette Parole est une Parole vivante, une Parole de Vie, une Parole inspirée par la grâce de l’Esprit Saint qui, s’Il a parlé un jour par les prophètes, me parle toujours en ces mêmes paroles dans l’aujourd’hui de ma vie pour me pardonner, me relever, me consoler, me fortifier, en deux mots pour m’aimer.

Christ se donne à rencontrer encore dans Son Eglise ; Il s’identifie même à l’Eglise qui n’est autre que son Corps mystique se déployant au cours des siècles : « Saül, Saül, pourquoi Me persécutes-tu » dira-t-il un jour à Paul le persécuteur de l’Eglise… ou à Ses disciples: « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette, me rejette ».

Voilà de quelques sources où puiser Dieu à l’heure où le monde se meurt de soif sur les rivages d’éternité : l’eucharistie, la Parole, l’Eglise, le frère / la soeur… Si quelqu’un a soif, qu’il vienne dès lors et qu’il boive celui qui croit en Christ! « De Son Coeur – comme dit l’Ecriture – jailliront des fleuves d’eau vive ». Cette même eau qui depuis vingt siècles purifie et vivifie l’Eglise à savoir l’Esprit Saint. Amen


34e et dernier dimanche du Temps ordinaire :
JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS

Lectures bibliques : Ézéchiel 34, 11-12.15-17; Psaume 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; 1 Corinthiens 15, 20-26.28; Matthieu 25, 31-46


 

Paul H. Dembinski

Né à Cracovie, Paul H. Dembinski préside la Plateforme Dignité et Développement, groupe de réflexion romand inspiré par l’enseignement social chrétien. Professeur à l’Université de Fribourg, son enseignement s’articule autour des questions liées à la concurrence et à la stratégie internationale des entreprises. Il dirige également l’Observatoire de la Finance à Genève.

Homélie du 19 novembre 2017 (Mt 25, 14-30 )

Abbé Jean-Claude Dunand  – Eglise du Sacré-Cœur, La Chaux-de-Fonds

Les paraboles de Jésus sont bien souvent dérangeantes et celle que nous venons d’entendre ne fait pas exception. Le partage inégalitaire entre les serviteurs et l’invitation au rendement maximum sont des concepts fort peu évangéliques ! C’est l’indice qu’il ne faut pas prendre cette parabole au premier degré !

La vie entre nos mains 

A l’époque de Jésus, un talent est un capital très important, une somme d’environ 15 ans de salaire ! Deux ou cinq talents, c’est donc une fortune colossale !
Les talents qui sont si généreusement confiés par le « Maître parti en voyage », – c’est-à-dire Dieu lui-même -, représentent la vie que nous avons reçu gratuitement, le monde à construire, le message de l’évangile à transmettre. C’est dans la perspective du Royaume qui vient, que Dieu a remis entre nos mains la vie pour que nous la fassions fructifier.

Dans la parabole, chacun aussi reçoit à la mesure de ses possibilités. Ce qui importe ce n’est pas le montant mais la capacité de déployer des efforts pour contribuer à la prospérité. Les deux serviteurs qui ont doublé l’apport initial sont félicités de la même manière. Si le troisième avait produit un seul « talent », il aurait eu droit au même compliment.

Dieu nous veut actifs, imaginatifs

Le message de cette parabole est bien que Dieu nous associe à ses affaires, c’est-à-dire à la réalisation de son Royaume. Chacun reçoit sa part de responsabilité. Dieu nous veut actifs, imaginatifs. Il y a tant à faire dans ce monde pour le transformer en un monde meilleur. Et pour cela nous avons toutes et tous reçus des talents. Il s’agit donc de déployer des projets qui conviennent ! Raoul Follereau racontait : « J’ai rêvé qu’un homme se présentait au jugement de Dieu, et il disait : «Tu vois, Seigneur, j’ai obéi à ta loi, je n’ai rien fait de malhonnête, de mauvais… Mes mains sont propres… » – « Sans doute, répondit le Seigneur, sans doute, mais tes mains, elles sont vides ! En fait, tu n’as rien fait, tu n’as rien risqué, rien produit. »

Le Royaume grâce à notre participation et à nos initiatives

Dans la parabole des talents, Jésus nous rappelle que pour être serviteur, il y a des risques à prendre. Retenons donc aujourd’hui que Dieu est sensible à notre manière de nous engager selon nos capacités. Agir concrètement au nom de notre foi, c’est respecter la confiance qu’il a fait en nous donnant la vie. Dieu s’est engagé d’une manière forte en créant l’homme à son image et le rendant participant à son œuvre. Il a été généreux envers nous. Nous avons donc, soutenus par son Esprit, à prendre des initiatives qui portent des fruits, qui changent les choses…

Oui le Seigneur veut construire son Royaume grâce à notre participation et à nos initiatives. Tous projets, aussi variés sont-ils, du plus petits aux plus grands, sont des lieux susceptibles où nous pouvons déployer nos efforts, surtout s’ils sont habités de notre foi en Dieu.

Et voilà une belle manière de lui rendre gloire.
La confiance génère l’audace d’entreprendre !


33e dimanche du temps ordinaire, année A

Lectures bibliques : Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31; Psaume 127, 1-2, 3, 4-5; 1 Thessaloniciens 5, 1-6; Matthieu 25, 14-30