Homélie du 22 octobre 2017 (Mt 22, 15-21)

P. Jean-Louis Rey – Ecole des Missions, St-Gingolph, VS

« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? »
Voilà comment les pharisiens, les chefs religieux du peuple juif, espèrent piéger Jésus.

Si Jésus répond oui, il sera traité de collaborateur des occupants romains,
S’il répond non, il sera dénoncé comme un ennemi de l’empereur.
Dans les 2 cas, Jésus est piégé : il pourra être condamné.

Jésus nous emmène ailleurs

Mais Jésus s’en tire bien : « Sur la pièce de monnaie avec laquelle vous payez l’impôt, la figure et la parole, de qui sont-elles ?» – « De l’empereur ».
Alors, « Rendez à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui revient. » Jésus remet chacun à sa juste place.
Mais, en fait, Jésus va plus loin, Jésus nous emmène ailleurs.
En effet, sur la pièce, on pouvait lire : « Tibère divin César ». Donc, les empereurs romains voulaient être vénérés comme des dieux.
C’est là que Jésus n’est plus d’accord.
On doit payer l’impôt à Rome. Ok. Mais César n’est que César, il n’est pas Dieu, les hommes n’ont pas à lui rendre un culte. Ils ne doivent pas lui obéir comme on obéit à Dieu.

Et nous, AUJOURD’HUI ? De par notre baptême, nous portons la marque du Christ mort et ressuscité. Désormais, enfants de Dieu, membres du Peuple de Dieu, toute notre vie est imprégnée de la présence et de l’amour de Dieu. Et Jésus nous invite, il invite tous les hommes de bonne volonté, à RAYONNER sa PRESENCE et son AMOUR.

 Remis en cause

Comme dit Mgr Miranda, évêque de Gulbarga : « Avec tous les croyants, nous construisons une communauté humaine dans laquelle chacun aura sa place. Quand nous sommes unis avec Jésus, chacun de nos gestes peut devenir bénédiction. »
Mais attention, si nous prenons Jésus Christ au sérieux, il remet en cause toutes nos habitudes et nos certitudes et nous devenons nous-mêmes dérangeants pour les autres, surtout pour ceux qui croient pouvoir mettre la main sur nous. Un grand chroniqueur du journal ‘La Croix’, Henri Fesquet, disait : ‘Les chrétiens ne sont jamais de bons alliés en politique, car ils ne sont jamais les inconditionnels d’un homme ou d’un parti… ‘

S’engager

Cependant, en tant que chrétiens, face à tous les débats et tous les défis de notre société, nous ne pouvons pas rester indifférents, car c’est le Christ qui nous envoie pour construire ensemble cette ‘communauté humaine où chacun aura sa place’.
Plus que jamais, il revient à chacun de nous, de nous engager au nom de notre foi en Jésus Christ, au nom des valeurs de l’Evangile, afin de SERVIR LA VIE, afin d’améliorer la vie ensemble pour tous, pour que la dignité des plus pauvres et des plus défavorisés soit reconnue et respectée, chez nous et ailleurs.

L’accent sur la qualité de notre vie

Il y aura toujours et partout des hommes, des communautés, qui recevront la parole de Jésus Christ et qui se lèveront pour transformer ce monde. Sans confondre l’étape d’aujourd’hui avec le terme du chemin.
Donc, ne nous laissons pas séduire par les médias qui nous font rêver aux plaisirs faciles et immédiats et au seul confort matériel.
Conscients de nos responsabilités, gardons l’espérance
et, quelles que soient notre âge ou notre situation,
faisons ensemble ce que nous pouvons…
Mettons davantage l’accent sur la qualité de notre vie, plutôt que sur la quantité de choses à réaliser.

Construire une communauté

Plutôt que la réussite ou la rentabilité à tout prix, cherchons d’abord la paix et la justice dans l’ouverture à Dieu et dans l’attention aux autres.
Rappelons-nous le message de Mgr Miranda :
Sans chercher à faire des choses extraordinaires, ma mission est de témoigner et d’annoncer la bonne nouvelle que Dieu nous aime.
Collaborons ensemble à la mission de Dieu : construire une communauté humaine dans laquelle chacun aura sa place.
Soyons unis à Jésus pour que chacun de nos gestes soient bénédiction pour toutes les personnes que nous rencontrerons aujourd’hui et chaque jour ! C’est aussi cela, servir la vie.

Oui, Seigneur Jésus-Christ, nous sommes de plus en plus tentés de nous replier sur nous-mêmes, loin de ce monde tourmenté.
Et pourtant, tu nous envoies vers les autres,
tu nous envoies dans ce monde pour améliorer notre vie ensemble
et pour que nos communautés d’églises
soient plus ouvertes et plus accueillantes pour tous.
Esprit-Saint, aide-nous à toujours mieux assumer, dans l’espérance,
nos responsabilités de citoyens et de chrétiens
afin que chacun de nos gestes deviennent bénédiction. AMEN.


29e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Journée de la mission universelle de l’Église.


Lectures bibliques :
Isaïe 45, 1.4-6; Psaume 95; 1 Thessaloniciens 1, 1-5bMatthieu 22, 15-21 – Année A

 


 

Homélie du 15 octobre 2017 ( Mt 22, 1-14 )

P. Jean-Claude Pariat, spiritain – Ecole des Missions, St-Gingolph, VS

Inspiration des OPM Suisse pour ce mois missionnaire :

Rayonner Dieu /servir la vie

Annoncer l’Evangile de Jésus-Christ. Il est la Bonne nouvelle de la venue du Royaume de Dieu pour toute l’humanité ! L’Evangile de ce dimanche nous donne un message de vie. Quel défi relevé par Jésus lui-même et par ses disciples, hier et aujourd’hui. Saint Matthieu illustre non seulement ce défi et mais aussi les difficultés de l’évangélisation par ce récit.

Le partage de relations humaines festives

Un roi prépare un grand festin de mariage pour son fils. Ses invités se donnent des excuses pour ne pas venir. Ils sont trop préoccupés par leurs propres affaires : des champs à cultiver, les troupeaux à engraisser, des commerces à faire. La croissance de leurs biens est plus importante que le partage de relations humaines festives.

Ces derniers dimanches, les évangiles nous ont montré comment Jésus donne sa vie à tous ; ils nous rappellent l’accueil vécu par tant de personnes indifférentes à la Bonne nouvelle de leur salut. Elles donnent priorité à la croissance de leurs avoirs, de leurs biens.

Dieu se donne à tous

Par exemple, l’annonce de la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu se réalise pour tous les ouvriers, ceux de la première heure, ceux de la dernière heure. Tous reçoivent le même salaire.  Dieu ne partage pas son amour miséricordieux en fragments d’amour : plus pour les uns, moins pour les autres. Dieu se donne à tous.

Le vigneron envoie ses deux fils pour travailler à la vigne. L’un ira travailler après avoir refusé ; l’autre n’ira pas après avoir accepté la demande de son père.

Le maître de la vigne rétribue ses ouvriers vignerons mais il leur demande aussi sa récolte. Les ouvriers révoltés s’attribuent la vendange et se livrent à la violence envers les envoyés du vigneron.

Accueillir le don de l’amour de Dieu

Jésus nous offre ce don de l’Amour de Dieu comme il l’a offert aux grands prêtres, aux scribes, aux pharisiens et aux gens qu’ils rencontrent.  Quel accueil faisons-nous du don de sa présence et de son amour ?

Chacun est responsable de sa réponse aux invitations de Dieu. Selon la réponse donnée, les uns s’emprisonnent dans les ténèbres qui conduisent à la mort de la vie ; les autres progressent vers leur libération par la lumière de la grâce et de l’amour. Nous vivons dans ce contexte.

Les servitudes des ténèbres

Une vie sans la Lumière de Dieu nous emprisonne dans les multiples servitudes des ténèbres, trop souvent imposées aux démunis contemporains. Une vie dans le rayonnement de Dieu nous engage à servir la vie, à servir son prochain, ici et ailleurs. Nous devenons collaborateurs des oeuvres de Jésus-Christ et de l’Esprit-Saint qui repose sur Lui et sur nous.

Le rayonnement d’un sourire

Rayonner Dieu en servant les hommes ! Tel est le témoignage que Monseigneur Robert Miranda, évêque de Gulbarga, dans le Sud de l’Inde. En ce mois de la Mission universelle, Il nous partage la vie de son diocèse, fruits du rayonnement de son service pastoral depuis 35 ans. A son arrivée, comme jeune missionnaire, aucun chrétien ne vivait dans la région de Gulbarga. Son premier service missionnaire fut très simple : saluer les gens et leur sourire : « Namasté » en joignant ses deux mains.

Semeur de l’Evangile, Mgr Miranda a ensemencé la Bonne nouvelle du Royaume dans le cœur des gens par le rayonnement d’un sourire. Il n’a pas fanfaronné pour construire une église qui donnerait un visage de facilité, de bien-être et de mondanité. Une église ‘wellness’. « Venez dans mon église ; vous serez heureux. » Non, l’Eglise du Christ est composée de membres fragiles, blessés.  Ou encore comme le dit notre Pape François. Nous sommes les membres d’« une église malade de la fermeture d’une partie de ses membres, une église malade du confort des sécurités qu’elle se construit », « une église accidentée, sale ».

Alors où chercher le rayonnement de Dieu ?

Spontanément, nous unissons le rayonnement à la lumière. Pouvons-nous aussi unir ce rayonnement à la ténèbre ? Où trouver le rayonnement de Dieu, source pleine d’énergie pour notre service chrétien dans nos sociétés ? Dieu nous donne son rayonnement lumineux pour servir notre prochain.

Un rayonnement joyeux

Est-ce toujours vrai ?

Laissons notre vécu quotidien nous parler de la lumière, de la ténèbre. Notre horloge biologique est vitale. Nous entrons dans le sommeil récupérateur de la nuit en perdant conscience ; notre conscience est éveillée par l’aurore du jour nouveau. Ainsi veille et sommeil, ténèbre et lumière nous sont nécessaires.

Les ténèbres sont présentes

La ténèbre et la lumière produisent le rayonnement humain de toute vie. Chacun, personnellement, est appelé à gérer l’équilibre de ce premier rayonnement de la création. Mais les ténèbres sont présentes. Que de maltraitances et de violences sont imposées à des prisonniers politiques, plongés 24h/24 dans l’obscurité totale de leur cellule ou aveuglé 24h/24 par la violence de lumières artificielles. Séjourner dans une obscurité totale ou dans la luminosité permanente, c’est détruire leur humanité.

Sans les lumières artificielles, le tueur de Las Vegas n’aurait pu viser les auditeurs du concert. La ténèbre les aurait sauvés. Et sans la lumière du jour, les sauveteurs ne pourraient travailler efficacement à dégager des humains prisonniers des ténèbres d’un tremblement de terre.

Dieu nous offre ses dons dans la ténèbre comme dans la lumière

Le rayonnement de Dieu est bienfaisant, jamais excessif. Il n’aveugle pas. Dans la ténèbre de la nuit ou dans la lumière de midi, Dieu nous offre ses dons. Au cours de la nuit, Nicodème reçoit la présence et le message de Jésus. Au midi du jour, la samaritaine reçoit la présence et le message de Jésus. Ils en sont transformés. Dieu se donne autant dans la ténèbre de la nuit que dans la lumière du jour.

A chacun d’entre nous d’accueillir le rayonnement de Dieu pour être au service de la vie, au service de notre prochain. C’est la mission de tout baptisé missionnaire de la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Le rayonnement de Dieu dans nos vies réalise son dessein : le don de la vie pour tous, en Inde comme chez nous. Amen !


28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Année A
Lectures bibliques :
Isaïe 25, 6-10a; Psaume 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; Philippiens 4, 12-14.19-20; Matthieu 22, 1-14