Homélie du 18 juin 2017 (Mt 9, 36 – 10, 8)

Abbé Etienne Catzeflis – Eglise de Saint-Maurice-de-Laques, VS

 

Quel est ce tableau que Jésus a sous les yeux, dans son pays, qui suscite sa COMPASSION ? Des foules abattues, désemparées.
Pouvez-vous vous situer, aujourd’hui , en vous interrogeant :
« Jésus peut-il me repérer dans cette foule ? »
• Si je suis un nantis, qui vis déjà un bonheur plein, et tout va très bien dans le meilleur des mondes ; si je n’aspire à rien de plus ; si personne ne peut rien m’offrir que je n’aie pas déjà, … dans ce cas, je ne fais pas partie de cette foule.

Comment garder un optimisme solide, sans être naïf ?

• Par ailleurs, peut-être que je ne comprends pas où va ce monde, tellement tout change vite, j’ai besoin de plus d’amitié, de solidarité, de considération, j’aimerais donner des réponses aux grands défis de notre planète (climat, réfugiés, équilibre politique, droits de l’homme, respect de la nature, etc), mais je suis effrayé car je n’ai pas de solution tout seul. Et comment pourrai-je garder un optimisme solide, sans être naïf ? Je crois bien qu’il s’agit de cette foule.

Prier pour obtenir des ouvriers

Jésus voit en cela que la moisson est prête et abondante.
La moisson: c’est donc la joie d’offrir de la force, de l’énergie, de la clarté et du sens … à des gens qui sont justement en attente de vitalité, de vrai bonheur !

Et Jésus demande de prier pour obtenir des ouvriers à cette moisson.
Il y a déjà les DOUZE – Remarquez : ces douze … ce n’est pas un collectif anonyme !
Nous avons entendu leurs noms, et nous comprenons que Jésus vit une relation unique avec chacun, le reconnaissant dans sa particularité et lui maintenant son amitié et sa confiance, malgré tout : Mathieu le collecteur d’impôt, Simon le Zélote (bouillant et porté sur la force), Jacques (convoitant les honneurs), Pierre (très sûr de lui, qui fera l’expérience de sa faiblesse), etc…
Chacun d’eux a été au bénéfice d’une relation recréatrice avec leur Maître et Ami, le Christ.

Relation intime de Jésus avec chacun

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! »
Le tout 1er cadeau reçu, c’est bien cette relation amicale et intime de Jésus avec chacun d’eux. Ils en sont émus, et sur les routes des hommes, c’est bien cette relation-là qu’ils vont annoncer, comme le dit saint Paul : «Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. MAIS LE CHRIST EST MORT POUR NOUS ! petits, pécheurs !!! »
Les apôtres ne seraient pas partis sur les routes du monde s’ils n’avaient pas d’abord ressenti cette COMPASSION de Jésus en leur faveur. Leur vitalité, leur joie et leur énergie, c’est d’abord cette relation VITALE avec LUI-VIVANT.
Ainsi le Christ, au regard de cette foule désemparée, demande de prier pour que soient envoyés de tels ouvriers à sa moisson : de ceux qui sont contagieux d’une vie intérieure forte et rayonnant d’une joie qui traverse les épreuves.

Envoyés plus tard à tous les horizons

Mais pourquoi n’aller que « vers les brebis perdues de la maison d’Israël » ?
C’est une première étape, nécessaire, avant que les apôtres soient envoyés plus tard à tous les horizons.
Ils feront d’abord l’expérience du mystère de la liberté humaine : même parmi les gens bien préparés à accueillir la bonne nouvelle (ceux de la maison d’Israël), plusieurs ne s’y ouvriront pas ».

Mais il faudra cette étape pour les convaincre de la dimension universelle de cette Bonne Nouvelle de l’amour de Jésus Christ pour tout homme, par delà le cercle des élus (ou le cercle des nantis ) … surtout lorsque cet homme ou cette femme se trouve dans la foule des « désemparés ».

Dieu concerné par le sort des réfugiés

En ce 18 juin 2017, « le dimanche mondial des réfugiés », nous indique que Dieu se sent tout particulièrement concerné par leur sort.

Déjà notre Histoire Sainte nous rappelle la COMPASSION de Dieu pour l’homme fragilisé dans ses conditions d’existence : « Vous avez vu que vous êtes sortis d’Egypte, comme portés sur les ailes d’un aigle pour vous mener jusqu’à moi. », comme nous l’avons entendu dans le livre de l’Exode.
Dieu est partie prenante du voyage de l’homme, ce voyage qu’il entreprend pour vivre ou survivre, pour chercher le salut.

Notre propre histoire d’exilé ou de réfugié

Nos racines judéo-chrétiennes nous ramènent à notre propre histoire d’exilé ou de réfugié !
Abraham, quitte ton pays !
Moïse, j’ai entendu la clameur de mon peuple en Egypte ; va parler en sa faveur à Pharaon !
Fuyez hors de Babylone ! vous les rescapés de l’épée, en route ! ne vous arrêtez pas ; invoquez le Seigneur ! (Jr 51,50)

Saurons-nous contribuer à l’émergence de la joie ?

Alors pour nous, aujourd’hui, ferons nous l’expérience de la moisson ?
Que ce soit auprès de réfugiés déjà parmi nous,
ou que ce soit auprès de tant de concitoyens désabusés, et cherchant une vraie paix, une joie saine,
saurons-nous contribuer pour eux
– à l’émergence de la joie ?
– à soutenir leur force ?
– à trouver sens à leur vie
par notre présence active, discrète et respectueuse ?

Mais en même temps, gardons profondément cette question à l’esprit :
– de quelle source en nous-même, ce mouvement vers les autres prend-il naissance ?
– cette source est-elle bien la relation à Jésus Christ,
Celui qui m’a réconcilié avec Dieu, en qui je mets mon orgueil ? ( Saint Paul aux Romains, 5,11)


11e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Exode 19, 2-5 ; Psaume 99 ; Romains 5, 6-11 ; Matthieu 9, 36 – 10, 8 – Année A


 

Homélie du 11 juin 2017 (Jn 3,16-18)

Abbé Gilles Bobe – Chapelle de Gillarens, FR

Frères et Sœurs,

Le Dieu qui est au cœur de notre foi n’est pas un Dieu solitaire. Il est Père, Fils et Esprit.

Jésus nous a révélé les secrets de Dieu en utilisant un langage emprunté au monde de la famille : il nous a parlé de son Père, lui le Fils, pour exprimer tout l’amour qui les unit, cet amour qui est don et vie. Il s’est mis à notre portée, avec des mots que nous pouvons comprendre. Il s’est  « placé » ainsi à nos côtés, comme le Seigneur  l’avait fait jadis auprès de Moïse (1ère lecture). Cela nous permet, à notre tour, de parler de Dieu avec nos mots à nous, si limités soient-ils face à l’Inexprimable. Nous pouvons alors lui parler comme à un Père, comme à un Frère, comme à un Ami !

La preuve que Dieu nous aime

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique », affirme Jésus à Nicodème, dans le passage d’évangile que nous avons lu. Le seul fait que nous existons est déjà la preuve que Dieu nous aime. Le Christ Jésus, est, par sa vie, sa mort et mieux encore par son ÊTRE même, la preuve que Dieu nous aime et la mesure de cet Amour. L’amour de Dieu le Père pour nous n’a pas moins de poids que pour son Fils. Il nous a aimés et il a livré son Fils pour nous.

Plongés dans la vie trinitaire

Nous avons donc une chance inouïe : nous avons notre place au cœur de ce Dieu Père, Fils et Esprit. Un enfant se blottit entre ses parents pour ‘s’immerger’ dans le flux de tendresse qui les unit. L’amour de ses parents le fait exister. La Trinité, c’est notre famille ! Nous sommes les fils et les filles bien-aimés du Père par le Fils, notre Frère dans l’Esprit. Baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous sommes ‘plongés’ dans la vie trinitaire, dans cette communion d’amour qui unit les trois Personnes divines.

Le signe de croix : un engagement

Notre signe de croix au nom de ces trois Personnes est l’expression de notre dignité d’enfants de Dieu et de notre appartenance à la famille trinitaire. Le signe de croix est aussi un engagement. Nous ‘signons’ notre vie comme on authentifie un document. Et une vie ‘signée’ de cette manière implique une attitude de vie à l’image de ce Dieu communion et relation : « croire en l’amour que Dieu a pour nous » (1 Jn 4,16), être tourné vers les autres et non vers soi-même, vivre la paternité et la maternité à la lumière de l’Amour du Père, agir dans notre monde en solidarité et en fraternité, à l’image du Fils.

Le don de l’Esprit nous est alors précieux pour entrer dans ce dynamisme de l’amour trinitaire, un amour très concret comme le souligne saint Paul (2ème lecture) : « Soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, saluez-vous les uns les autres ». L’Esprit nous permet de communier aujourd’hui au Christ Jésus, seul médiateur vers le Père. Car, seul le Fils s’est incarné, se faisant l’un d’entre nous. Notre vie intérieure se nourrit de ce mouvement entre le Père, le Fils et l’Esprit, de ce « Dieu tendre et miséricordieux, lent à colère, plein d’amour et de vérité », selon la révélation faite à Moïse.

En cette eucharistie, nous recevons ce Pain vivant qui donne la Vie, la Vie divine, pour que nous entrions toujours plus dans cet amour trinitaire. Pas seulement pour nous-mêmes mais aussi pour témoigner de cet Amour en aimant nos frères et soeurs comme Jésus nous a aimés.

Qu’il en soit ainsi !


FETE DE LA SAINTE TRINITÉ

Lectures bibliques : Exode 34,4…9 ; 2 Corinthiens 13,11-13 et Jean 3,16-18 – Année A