Abbaye de Saint-Maurice/VS (Jn 20, 19-31)

Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice

Mes frères, mes sœurs

 Le Pape saint Jean-Paul II a voulu que ce dimanche dans l’octave de Pâques soit le dimanche de la Divine Miséricorde. En cette année où toute l’Eglise célèbre et se convertit à travers l’expérience et la joie de la Divine Miséricorde, ce dimanche a un relief tout particulier.

Et ce n’est pas comme cela, par une sorte de caprice, que l’Eglise a décidé que ce dimanche, qui est encore un dimanche de Pâques, au sens plein du terme, fût le dimanche de la Miséricorde, parce que la Miséricorde de Dieu s’incarne tout entière dans le mystère pascal. En Jésus, Dieu s’est fait homme, en Jésus, l’homme nouvel Adam s’est offert totalement à la volonté du Père, en Jésus, Il s’est donné tout entier, pour que par Jésus, nous ayons la vie éternelle. Mes frères mes sœurs quelle joie d’être l’objet de cette Miséricorde. Jésus, c’est Dieu qui vient vers nous, Jésus, c’est Dieu qui vient en nous, qui vient au plus intime de nous-même. Il n’y a rien de plus heureux, rien de plus touchant que cette réalité-là.

« Jésus, c’est Dieu qui vient en nous »

Mes frères mes sœurs, Jésus a choisi lui-même quelques signes pour venir réellement, ici et maintenant, jusqu’à nous. Ces signes, vous le savez bien, ce sont les sacrements. Le sacrement de baptême, par lequel nous sommes lavés, régénérés, nous devenons ces images ressemblantes de Dieu, à l’image duquel nous avons été créés. Par le sacrement de la confirmation, nous sommes remplis de l’Esprit Saint et nous devenons à la suite du Christ des Oints, des « chrismés », des christs. Par le sacrement de l’Eucharistie, c’est ce Corps et ce Sang qu’il a livrés sur la Croix qui nous sont donnés ici et maintenant pour qu’ils deviennent notre vie, pour qu’ils nous transfigurent.

« L’amour de Dieu devient expérience vécue dans l’âme de tous ceux qui le désirent »

Au soir de Pâques, le Seigneur a envoyé ses disciples, ses Apôtres (Apôtre, cela veut justement dire « envoyé ») pour qu’ils amènent à tout homme, à travers la Parole de Dieu et à travers ces humbles signes que sont les sacrement, la Miséricorde, l’amour de Dieu ; pour que cet amour de Dieu ne soit pas seulement parole, mais qu’il devienne expérience vécue dans l’âme de tous ceux qui le désirent. Aujourd’hui nous avons lu dans l’Evangile de saint Jean, qu’après avoir prononcé sa parole d’envoi, Jésus donna aux Apôtres la mission de remettre les péchés. « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Bien sûr, Dieu peut remettre les péchés sans passer par aucun intermédiaire. Pourtant Dieu a voulu l’intermédiaire de l’Eglise,  l’intermédiaire des « envoyés », des Apôtres, pour remettre les péchés. Non pas parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, mais parce qu’il sait (Dieu sait tout) que NOUS avons besoin de ce signe de l’Envoyé, sous les traits de l’évêque ou du prêtre, successeur des Apôtres. Nous avons besoin de ce signe, à travers lequel nous allons confesser à Dieu  nos misères, pour pouvoir réellement  être relevés, pour pouvoir réellement faire l’expérience de cette Miséricorde qui veut atteindre le plus intime de chacune de nos âmes, de chacun de nos cœurs.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu »

Mes Frères mes Sœurs, ce dimanche qui est aussi le dimanche de Thomas, est un dimanche où l’on apprend quelque chose d’essentiel à propos de la foi. Quelques uns ont vu Jésus ressuscité, ils ont témoigné, et nous sommes invités à croire par ce témoignage qu’ils ont rendus en allant jusqu’à donner leur vie pour ne pas le renier. Et nous entendons cette parole extraordinaire : « Parce que tu as vu, Thomas, tu a cru. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » C’est à dire heureux nous tous si, sans avoir vu, mais en ayant cru au témoignage, nous croyons vraiment que Dieu se donne tout entier à chacun d’entre nous, non pas de manière abstraite, mais très concrètement, ici et maintenant, dans ses sacrements.

La Miséricorde divine veut nous rejoindre concrètement, dans le réel de notre vie. Mes frères, mes sœurs, soyons véritablement ces « heureux », qui croient ce que le Seigneur leur dit. « Je suis ressuscité, j’ai vaincu le mal et la mort, je veux te donner la vie. Reçois- la par ces intermédiaires que j’ai choisis que sont ma Parole et mes sacrements, par lesquels tu recevras vraiment ma vie, pour qu’elle devienne ta vie. Amen


2e dimanche de Pâques et dimanche de la miséricorde

Lectures bibliques : Actes 5, 12-16; Psaume 117; Apocalypse 1, 9-11a.12-13.17-19; Jean 20, 19-31


 

 

Homélie TV du 27 mars 2016 (Jn 20, 1-9)

Frère Peter Rogers – Couvent des Capucins, Dublin

Il y a quelques années, je rendais visite à des amis. La fille de la maison préparait le cours de religion du lendemain et je lui ai proposé de l’aider. Elle m’a montré son livre.

En haut de la page, il y avait cette question: “Pourquoi Dieu a-t-il envoyé Jésus dans le monde?” Alors j’ai posé la question à la fillette et elle m’a donné la réponse qui était dans le livre: “Dieu le Père a envoyé Jésus dans le monde pour lui apporter la Bonne Nouvelle”. Alors j’ai demandé: “C’est quoi, la Bonne Nouvelle?”. Elle m’a répondu: “Je ne sais pas, on n’est pas encore arrivé à cette page”!

Aujourd’hui, dimanche de Pâques, nous célébrons le coeur de la Bonne Nouvelle: le Christ est ressuscité et il est présent dans son Eglise par l’Esprit saint.

La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu aime chacun de nous d’un amour plus fort que la mort, plus puissant que tout ce que la vie peut nous envoyer.

Par la résurrection de Jésus, Dieu a brisé le pouvoir du péché et ouvert une ère nouvelle, un matin nouveau qui offre un nouvel espoir à toute l’humanité. Avec Jésus, le premier-né d’entre les morts, nous osons proclamer: avec la mort, la vie est transformée, elle n’est pas terminée. C’est vraiment une bonne nouvelle.

« Un matin nouveau qui offre un nouvel espoir à toute l’humanité »

Avez-vous remarqué qu’au début de l’Evangile, Marie-Madeleine est dans l’obscurité, dans le noir à tous les sens du terme? C’est le matin, très tôt et le jour n’est pas encore levé.
Mais elle est aussi dans l’obscurité intérieure comme l’explique la fin de ce passage de l’évangile: “Jusque là, les disciples n’avaient pas compris que Jésus devait ressusciter des morts”. Et ils avaient tous fui, excepté Jean, quand Jésus souffrait et mourait.

Comme la petite fille, ils n’avaient pas encore atteint la page de la Bonne Nouvelle. Et lorsque ce fut le cas, leurs vies ont été transformées. Et ils ont travaillé sans relâche et avec courage pour répandre la Bonne Nouvelle de Jésus, pour faire advenir dans le monde un espace dans lequel les hommes de bonne volonté peuvent œuvrer ensemble pour plus de paix et de justice, d’accueil et de réconciliation pour tous.

C’est le même défi pour nous, aujourd’hui, en 2016: suivre le Christ ressuscité doit conduire à une transformation personnelle.

Notre chemin de vie doit devenir un signe concret du fait que le Christ est vivant en nous et parmi nous.

En ce sens, par nos efforts pour agir de manière juste, nous incitons les autres à aimer avec tendresse et à marcher humblement avec notre Dieu.

« Travailler pour donner chair aux valeurs chrétiennes »

Quelqu’un a dit que, dans la vie de nombreuses personnes, aujourd’hui, Dieu est absent mais qu’il n’est pas oublié. Peut-être que nous pouvons amener l’amour de Dieu dans leurs vies, non pas de manière agressive ou prosélyte, mais simplement en prenant soin d’elles, avec tendresse et compassion, en travaillant pour donner chair aux valeurs chrétiennes de base.

Il y a aujourd’hui des voix qui prétendent que l’éthique religieuse est incompatible avec le bien commun. Je ne le crois pas du tout.

Regardez les hommes et les femmes de la semaine de Pâques de 1916. Pour la plupart d’entre eux, la foi et la religion étaient très importants. On le constate à travers les luttes de ce qui a constitué une série de mutations profondes de l’histoire de notre peuple.

On constate encore et encore que ces hommes et ces femmes ont prié, se sont confessés, ont communié, ont vécu le pardon, l’amour de leurs familles, l’amour de leur pays, ils ont pratiqué une éthique religieuse, si jamais il y en avait une.

Et ils voulaient donner leurs vies pour ce qu’ils considéraient comme le bien commun.

Certains d’entre vous savent que nombre de nos frères capucins ont joué un rôle significatif dans les derniers jours de certains de ces hommes et de ces femmes, du côté des Républicains, durant la semaine sanglante de Pâques 1916. Ces derniers temps, on nous a questionnés fréquemment sur leurs motivations.

Quelques années avant le soulèvement de 1916, les capucins étaient très engagés dans la renaissance culturelle et dans la promotion de la langue irlandaise, si bien que lorsqu’ont commencé les événements de la semaine de Pâques 1916, certains des religieux de la Church Street à Dublin ont immédiatement adhéré à la cause des insurgés.

Mais il y a eu également d’autres facteurs. La rue de l’église, la Church Street, était au cœur des combats lorsque les forces britanniques ont attaqué à plusieurs reprises les positions des Volontaires autour de Church Street et de Four Courts.

Beaucoup ont été tués sur la Church Street elle-même.

Donc, comme ils l’avaient fait lors de l’effondrement des immeubles en 1913, les frères sont sortis pour aider et se sont bientôt trouvé mobilisés, 24 heures sur 24, en consolant, en ramassant les blessés et en les amenant à l’hôpital Richmond tout proche, en recueillant les confessions et en donnant des bénédictions.

« Des hommes dont la vie était transformée par le Ressuscité »

Plus tard, les capucins ont été les seuls à pouvoir amener à négocier une trêve entre l’armée britannique et les chefs rebelles afin d’éviter davantage de pertes humaines. Ils ont aussi été appelés à accompagner spirituellement les chefs avant leur exécution à la prison Kilmainham.

Mais il y a aussi une autre raison, plus profonde, de leur engagement. Durant les 400 ans de présence au sein du peuple d’Irlande, les frères capucins ont gagné la confiance et l’affection populaires par leur intégrité et leur disponibilité, leur compassion et leur proximité avec les personnes dans le besoin, quelque que soient ces besoins.

Et quand d’autres refusaient les nécessiteux, eux ils les accueillaient. Quand d’autres traversaient la rue pour les éviter, eux, ils faisaient preuve de tendresse et de compassion; et quand l’opportunité s’est présentée, ils ont permis de négocier une reddition paisible.

En d’autres termes, ils étaient des hommes de la Bonne Nouvelle, des hommes dont la vie était transformée par le Ressuscité.

Et c’est pour cela qu’on leur faisait confiance.

Aujourd’hui, au début d’un autre siècle, nous considérons le passé avec gratitude et nous nous engageons pour travailler ensemble à faire advenir un avenir meilleur, plus juste pour la nouvelle Irlande qui émerge.

Et nous y arriverons si nous nous tournons vers cette page qui contient la Bonne Nouvelle, en faisant que nos vies soient modelées et transformées par l’Evangile de Jésus, ressuscité des morts.


Dimanche de la Résurrection du Seigneur

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117; Colossiens 3, 1-4;  Jean 20, 1-9

Homélie du 27 mars 2016 (Jn 20, 1-9)

Père Claude Etienne – Institut La Pelouse, Bex

Cette nuit nous sommes passés de l’heure d’hiver à l’heure d’été, curieuse coïncidence qui tombe sur la Fête de Pâques, fête du grand passage de Jésus à la vie définitive de Dieu.. Nombreux sont les passages d’une vie : passage de l’enfance à l’adolescence, passage d’une classe à l’autre, passage de la vie scolaire à la vie active et j’en passe. Tous marquent un nouveau départ. Jusqu’au passage de cette vie terrestre à la vie éternelle.

Aujourd’hui, nous fêtons le grand passage de Jésus ; c’est son passage à la vie de Dieu ; et c’est dans ce passage qu’il veut nous entraîner. C’est lui le passeur. Cette résurrection de Jésus c’est d’abord une bonne nouvelle qui a bouleversé des foules entières. Chacun demandait : « Que devons-nous faire ? » Et la réponse a été un appel à se convertir et à demander le baptême. C’est ainsi que la résurrection de Jésus a été le point de départ d’un changement radical dans leur vie.

« La résurrection de Jésus point de départ d’un changement radical »

En cette nuit et en ce jour, de nombreux baptêmes sont célébrés dans la plupart des églises du monde entier. Des enfants, des jeunes, des adultes entrent dans la grande famille des chrétiens. Pour eux aussi c’est un passage, un nouveau départ. Tous s’engagent sur la même route que nous ; sur cette route, ce n’est pas toujours facile ; il y a parfois le doute, le découragement ; les multiples activités font qu’on n’a pas toujours le temps de s’arrêter, de prendre du temps pour retrouver le Seigneur.

Tous ces nouveaux baptisés ont besoin de sentir que Jésus ressuscité c’est quelqu’un d’important pour nous, qu’il est vraiment la lumière de notre vie. Pour nous aider à comprendre cela, il y a un symbole fort dans la célébration du baptême. Nous avons devant nous le cierge pascal. Il représente la lumière. Hier soir, au cours de la veillée pascale, cette lumière a été communiquée à toute l’assemblée. Cette lumière nous fait penser à Jésus, à l’espérance qu’il met en nous, à l’amour qu’il a pour nous.

Cette lumière a été transmise les uns aux autres pour former finalement une immense unité. A cause des tempêtes de la vie, la lumière de la foi peut s’éteindre chez certains. Nous avons tous besoin les uns des autres pour avancer à la suite du Christ qui nous appelle et même pour ranimer cette flamme chancelante.

Notre foi en la résurrection nous pousse à vivre en ressuscités. Vivre en ressuscité, c’est aller dire aux autres qu’ils peuvent aussi se relever, qu’ils peuvent eux aussi marcher vers la lumière, qu’ils ont raison eux aussi d’espérer. C’est aller leur dire qu’ils sont enfants de Dieu, qu’ils sont dignes de Dieu et que Dieu les veut près de lui pour toujours.

Ce trésor que nous recevons au jour de notre baptême, nous ne le gardons pas pour nous seuls. Il nous faut le faire grandir. Et le meilleur moyen de faire grandir cette lumière, c’est de la transmettre à d’autres.

« Croire en Dieu qui nous aime passe par des décisions concrète »

La résurrection du Christ nous provoque à un renouveau dans notre vie, un renouveau de la prière, une joie de découvrir et de vivre l’évangile. C’est le bonheur de croire en Dieu qui nous aime. Tout cela passe par des décisions concrètes : sortir du « tombeau » de notre égoïsme pour vivre un amour vrai ; rouler la pierre du découragement qui nous emprisonne et qui nous empêche d’aller de l’avant ; ne pas se laisser emporter par la rancune et la vengeance mais faire triompher le pardon et la bienveillance et la miséricorde. C’est par notre manière de vivre que nous pourrons montrer que le Christ est vivant et qu’il transfigure ceux et celles qui accueillent sa force de Vie.

A cause de Pâques, à cause de la résurrection du Christ, ne gardons pas les yeux rivés sur la terre. Levons-les vers Dieu qui nous attend pour le grand passage de cette vie à celle de Dieu. Par notre baptême et notre foi, nous sommes des « ressuscités »


DIMANCHE DE PÂQUES – LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117;  Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9