Homélie TV du 27 mars 2016 (Jn 20, 1-9)

Frère Peter Rogers – Couvent des Capucins, Dublin

Il y a quelques années, je rendais visite à des amis. La fille de la maison préparait le cours de religion du lendemain et je lui ai proposé de l’aider. Elle m’a montré son livre.

En haut de la page, il y avait cette question: “Pourquoi Dieu a-t-il envoyé Jésus dans le monde?” Alors j’ai posé la question à la fillette et elle m’a donné la réponse qui était dans le livre: “Dieu le Père a envoyé Jésus dans le monde pour lui apporter la Bonne Nouvelle”. Alors j’ai demandé: “C’est quoi, la Bonne Nouvelle?”. Elle m’a répondu: “Je ne sais pas, on n’est pas encore arrivé à cette page”!

Aujourd’hui, dimanche de Pâques, nous célébrons le coeur de la Bonne Nouvelle: le Christ est ressuscité et il est présent dans son Eglise par l’Esprit saint.

La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu aime chacun de nous d’un amour plus fort que la mort, plus puissant que tout ce que la vie peut nous envoyer.

Par la résurrection de Jésus, Dieu a brisé le pouvoir du péché et ouvert une ère nouvelle, un matin nouveau qui offre un nouvel espoir à toute l’humanité. Avec Jésus, le premier-né d’entre les morts, nous osons proclamer: avec la mort, la vie est transformée, elle n’est pas terminée. C’est vraiment une bonne nouvelle.

« Un matin nouveau qui offre un nouvel espoir à toute l’humanité »

Avez-vous remarqué qu’au début de l’Evangile, Marie-Madeleine est dans l’obscurité, dans le noir à tous les sens du terme? C’est le matin, très tôt et le jour n’est pas encore levé.
Mais elle est aussi dans l’obscurité intérieure comme l’explique la fin de ce passage de l’évangile: “Jusque là, les disciples n’avaient pas compris que Jésus devait ressusciter des morts”. Et ils avaient tous fui, excepté Jean, quand Jésus souffrait et mourait.

Comme la petite fille, ils n’avaient pas encore atteint la page de la Bonne Nouvelle. Et lorsque ce fut le cas, leurs vies ont été transformées. Et ils ont travaillé sans relâche et avec courage pour répandre la Bonne Nouvelle de Jésus, pour faire advenir dans le monde un espace dans lequel les hommes de bonne volonté peuvent œuvrer ensemble pour plus de paix et de justice, d’accueil et de réconciliation pour tous.

C’est le même défi pour nous, aujourd’hui, en 2016: suivre le Christ ressuscité doit conduire à une transformation personnelle.

Notre chemin de vie doit devenir un signe concret du fait que le Christ est vivant en nous et parmi nous.

En ce sens, par nos efforts pour agir de manière juste, nous incitons les autres à aimer avec tendresse et à marcher humblement avec notre Dieu.

« Travailler pour donner chair aux valeurs chrétiennes »

Quelqu’un a dit que, dans la vie de nombreuses personnes, aujourd’hui, Dieu est absent mais qu’il n’est pas oublié. Peut-être que nous pouvons amener l’amour de Dieu dans leurs vies, non pas de manière agressive ou prosélyte, mais simplement en prenant soin d’elles, avec tendresse et compassion, en travaillant pour donner chair aux valeurs chrétiennes de base.

Il y a aujourd’hui des voix qui prétendent que l’éthique religieuse est incompatible avec le bien commun. Je ne le crois pas du tout.

Regardez les hommes et les femmes de la semaine de Pâques de 1916. Pour la plupart d’entre eux, la foi et la religion étaient très importants. On le constate à travers les luttes de ce qui a constitué une série de mutations profondes de l’histoire de notre peuple.

On constate encore et encore que ces hommes et ces femmes ont prié, se sont confessés, ont communié, ont vécu le pardon, l’amour de leurs familles, l’amour de leur pays, ils ont pratiqué une éthique religieuse, si jamais il y en avait une.

Et ils voulaient donner leurs vies pour ce qu’ils considéraient comme le bien commun.

Certains d’entre vous savent que nombre de nos frères capucins ont joué un rôle significatif dans les derniers jours de certains de ces hommes et de ces femmes, du côté des Républicains, durant la semaine sanglante de Pâques 1916. Ces derniers temps, on nous a questionnés fréquemment sur leurs motivations.

Quelques années avant le soulèvement de 1916, les capucins étaient très engagés dans la renaissance culturelle et dans la promotion de la langue irlandaise, si bien que lorsqu’ont commencé les événements de la semaine de Pâques 1916, certains des religieux de la Church Street à Dublin ont immédiatement adhéré à la cause des insurgés.

Mais il y a eu également d’autres facteurs. La rue de l’église, la Church Street, était au cœur des combats lorsque les forces britanniques ont attaqué à plusieurs reprises les positions des Volontaires autour de Church Street et de Four Courts.

Beaucoup ont été tués sur la Church Street elle-même.

Donc, comme ils l’avaient fait lors de l’effondrement des immeubles en 1913, les frères sont sortis pour aider et se sont bientôt trouvé mobilisés, 24 heures sur 24, en consolant, en ramassant les blessés et en les amenant à l’hôpital Richmond tout proche, en recueillant les confessions et en donnant des bénédictions.

« Des hommes dont la vie était transformée par le Ressuscité »

Plus tard, les capucins ont été les seuls à pouvoir amener à négocier une trêve entre l’armée britannique et les chefs rebelles afin d’éviter davantage de pertes humaines. Ils ont aussi été appelés à accompagner spirituellement les chefs avant leur exécution à la prison Kilmainham.

Mais il y a aussi une autre raison, plus profonde, de leur engagement. Durant les 400 ans de présence au sein du peuple d’Irlande, les frères capucins ont gagné la confiance et l’affection populaires par leur intégrité et leur disponibilité, leur compassion et leur proximité avec les personnes dans le besoin, quelque que soient ces besoins.

Et quand d’autres refusaient les nécessiteux, eux ils les accueillaient. Quand d’autres traversaient la rue pour les éviter, eux, ils faisaient preuve de tendresse et de compassion; et quand l’opportunité s’est présentée, ils ont permis de négocier une reddition paisible.

En d’autres termes, ils étaient des hommes de la Bonne Nouvelle, des hommes dont la vie était transformée par le Ressuscité.

Et c’est pour cela qu’on leur faisait confiance.

Aujourd’hui, au début d’un autre siècle, nous considérons le passé avec gratitude et nous nous engageons pour travailler ensemble à faire advenir un avenir meilleur, plus juste pour la nouvelle Irlande qui émerge.

Et nous y arriverons si nous nous tournons vers cette page qui contient la Bonne Nouvelle, en faisant que nos vies soient modelées et transformées par l’Evangile de Jésus, ressuscité des morts.


Dimanche de la Résurrection du Seigneur

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117; Colossiens 3, 1-4;  Jean 20, 1-9

Homélie du 27 mars 2016 (Jn 20, 1-9)

Père Claude Etienne – Institut La Pelouse, Bex

Cette nuit nous sommes passés de l’heure d’hiver à l’heure d’été, curieuse coïncidence qui tombe sur la Fête de Pâques, fête du grand passage de Jésus à la vie définitive de Dieu.. Nombreux sont les passages d’une vie : passage de l’enfance à l’adolescence, passage d’une classe à l’autre, passage de la vie scolaire à la vie active et j’en passe. Tous marquent un nouveau départ. Jusqu’au passage de cette vie terrestre à la vie éternelle.

Aujourd’hui, nous fêtons le grand passage de Jésus ; c’est son passage à la vie de Dieu ; et c’est dans ce passage qu’il veut nous entraîner. C’est lui le passeur. Cette résurrection de Jésus c’est d’abord une bonne nouvelle qui a bouleversé des foules entières. Chacun demandait : « Que devons-nous faire ? » Et la réponse a été un appel à se convertir et à demander le baptême. C’est ainsi que la résurrection de Jésus a été le point de départ d’un changement radical dans leur vie.

« La résurrection de Jésus point de départ d’un changement radical »

En cette nuit et en ce jour, de nombreux baptêmes sont célébrés dans la plupart des églises du monde entier. Des enfants, des jeunes, des adultes entrent dans la grande famille des chrétiens. Pour eux aussi c’est un passage, un nouveau départ. Tous s’engagent sur la même route que nous ; sur cette route, ce n’est pas toujours facile ; il y a parfois le doute, le découragement ; les multiples activités font qu’on n’a pas toujours le temps de s’arrêter, de prendre du temps pour retrouver le Seigneur.

Tous ces nouveaux baptisés ont besoin de sentir que Jésus ressuscité c’est quelqu’un d’important pour nous, qu’il est vraiment la lumière de notre vie. Pour nous aider à comprendre cela, il y a un symbole fort dans la célébration du baptême. Nous avons devant nous le cierge pascal. Il représente la lumière. Hier soir, au cours de la veillée pascale, cette lumière a été communiquée à toute l’assemblée. Cette lumière nous fait penser à Jésus, à l’espérance qu’il met en nous, à l’amour qu’il a pour nous.

Cette lumière a été transmise les uns aux autres pour former finalement une immense unité. A cause des tempêtes de la vie, la lumière de la foi peut s’éteindre chez certains. Nous avons tous besoin les uns des autres pour avancer à la suite du Christ qui nous appelle et même pour ranimer cette flamme chancelante.

Notre foi en la résurrection nous pousse à vivre en ressuscités. Vivre en ressuscité, c’est aller dire aux autres qu’ils peuvent aussi se relever, qu’ils peuvent eux aussi marcher vers la lumière, qu’ils ont raison eux aussi d’espérer. C’est aller leur dire qu’ils sont enfants de Dieu, qu’ils sont dignes de Dieu et que Dieu les veut près de lui pour toujours.

Ce trésor que nous recevons au jour de notre baptême, nous ne le gardons pas pour nous seuls. Il nous faut le faire grandir. Et le meilleur moyen de faire grandir cette lumière, c’est de la transmettre à d’autres.

« Croire en Dieu qui nous aime passe par des décisions concrète »

La résurrection du Christ nous provoque à un renouveau dans notre vie, un renouveau de la prière, une joie de découvrir et de vivre l’évangile. C’est le bonheur de croire en Dieu qui nous aime. Tout cela passe par des décisions concrètes : sortir du « tombeau » de notre égoïsme pour vivre un amour vrai ; rouler la pierre du découragement qui nous emprisonne et qui nous empêche d’aller de l’avant ; ne pas se laisser emporter par la rancune et la vengeance mais faire triompher le pardon et la bienveillance et la miséricorde. C’est par notre manière de vivre que nous pourrons montrer que le Christ est vivant et qu’il transfigure ceux et celles qui accueillent sa force de Vie.

A cause de Pâques, à cause de la résurrection du Christ, ne gardons pas les yeux rivés sur la terre. Levons-les vers Dieu qui nous attend pour le grand passage de cette vie à celle de Dieu. Par notre baptême et notre foi, nous sommes des « ressuscités »


DIMANCHE DE PÂQUES – LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117;  Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9

Homélie du 25 mars 2016 (Jn 18, 1 – 19, 42)

Père Claude Etienne – Institut La Pelouse, Bex

Notre société s’ingénie à occulter le spectacle de la mort : les gens meurent en famille ou dans les hôpitaux, voire seules. Les médias nous mettent devant la réalité brutale de la mort violente : accidents, crimes, attentats terroristes. conflits armés. Veillons bien à ne pas tomber dans le dolorisme ou le voyeurisme morbide.

« La croix du Christ est la victoire de l’amour »

En ce Vendredi Saint, notre regard se porte vers la Croix du Christ. Cette croix symbolise la souffrance de l’homme, notre souffrance. Pour beaucoup, elle s’appelle longue maladie, souffrance, échec, violence,  deuil. Mais la croix du Christ n’est pas une croix comme les autres. Elle est pour tous les hommes et pour chacun absolument UNIQUE. Elle est notre unique espérance parce qu’elle est la victoire de l’amour. En ce Vendredi Saint, nous ne célébrons pas la souffrance ni la mort. Nous célébrons le signe de l’immense amour de Jésus Christ et de Dieu notre Père pour tous les hommes sans exception. Ce n’est pas une croix ignominieuse, c’est une croix glorieuse, c’est la Croix de l’Amour.

La croix du Christ, signe d’amour et signe de notre salut, reste pour chacun de nous un mystère. Il n’est pas facile de l’accueillir en vérité surtout si nous connaissons la morsure de la souffrance. Quand tout va bien, quand la réussite, le succès et la santé sont au rendez-vous, il est assez facile de chanter la croix victoire de l’amour. Mais quand le Seigneur nous invite à Gethsémani, nous reconnaissons bien vite nos limites. Alors que faire en ce Vendredi Saint ?

  « Jésus n’a pas attendu le Calvaire pour donner sa vie »

Pour  progresser dans l’intelligence du mystère de la croix, il ne suffit pas d’acclamer la croix ou de la vénérer. Le plus important c’est de prendre modèle sur le Christ : Il n’a pas attendu le Calvaire pour donner sa vie. Il l’a fait jour après jour au hasard des rencontres, chaque fois qu’il s’est mis au service des petits, des malades et des pauvres.

En ce Vendredi Saint, les uns pour les autres, nous prierons l’Esprit Saint pour qu’il ouvre chacun de nos cœurs à l’intelligence de plus en plus grande de ce mystère d’amour qu’est le mystère de la Croix. Et c’est alors seulement que nous pourrons chanter en toute vérité : « Victoire ! Tu règneras. O croix, tu nous sauveras. »


 

CÉLÉBRATION DE LA PASSION ET DE LA MORT DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Isaïe 52, 13 – 53, 12; psaume 30; Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9; Jean 18, 1 – 19, 42

Homélie du 20 mars 2016 (Lc 19, 28-40 et Lc 22, 14 – 23, 56)

Abbé Marc Donzé – Basilique Notre-Dame, Lausanne


Introduction

Bonjour et bienvenue à vous tous et toutes, ici dans la basilique Notre-Dame et un peu partout sur les ondes d’Espace 2.

J’ai mis sur l’autel un rameau d’olivier, car, aujourd’hui, nous rappelons l’entrée de Jésus à Jérusalem, monté sur une humble bête de somme, un âne gris. Entrée joyeuse et populaire… et la foule acclamait en agitant des rameaux. Nous avons évoqué cette entrée par la joyeuse pièce d’orgue qui a commencé la célébration.

Mais, en ce dimanche, nous nous tournons aussi, et plus longuement, vers la Passion du Christ. Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, a souffert, est mort et a été enseveli. Il a manifesté aux hommes tout l’Amour du coeur de Dieu, s’offrant aux grandeurs et aux horreurs de la liberté des hommes. Il a donné à Dieu tout l’amour qu’un homme peut donner, avec un coeur totalement pur et totalement solidaire des gloires et des errances de l’humanité.

Comme les filles de Jérusalem transies d’émotion, notre coeur se serre devant le drame de la Croix, où se vit l’échange le plus vrai et le plus dramatique entre l’homme et Dieu.

 

HOMÉLIE

Mon frère, ma soeur,

Je suis traversé d’un grand souci.

Pour la foi chrétienne, la mort de Jésus sur la croix, suivie de sa résurrection, est l’événement central de l’histoire des hommes. Car cette mort, où Jésus offre tout l’amour qui est possible entre l’homme et Dieu – et, parce qu’il s’agit d’amour, dans le plein respect de la liberté des hommes… cette mort donc ouvre le chemin d’une pleine communication de vie et d’amour entre Dieu et les hommes.

Ce chemin avait été perdu, car les hommes avaient regardé le bout de leurs sandales au lieu de lever les yeux vers Celui qui leur donne vie, amour et paix. Il fallait le retrouver. Jésus-Christ en a refait la trace. Saint Jean de la Croix, imité bien plus tard par Salvador Dali, l’a subtilement exprimé, en dessinant la Croix de Jésus, vue d’en-haut, regardée par le Père avec flamme et tendresse.

« En ce monde, il y a plus d’amour et de vie que d’irrespect et de destruction »

Jésus-Christ a refait la trace, mais tous ne la suivent pas encore. La liberté des hommes s’exprime à hue et à dia et les chemins de l’amour vécus par Jésus sont loin d’être universellement partagés, même de façon implicite. Le temps jusqu’à la pleine harmonie pourrait être encore long. Mais il est déjà en route, car en ce monde, je le crois, il y a plus d’amour et de vie que d’irrespect et de destruction.

Mon souci, ce n’est pas d’abord que beaucoup d’hommes et de femmes ignorent Jésus-Christ, et sa mort et sa résurrection. Dieu saura se donner à connaître en leur coeur par les voies mystérieuses de l’Esprit saint.

« Notre foi a son point d’appui fondamental en la mort et la résurrection de Jésus »

Mon grand souci, le voici. C’est que bien des chrétiens considèrent la croix de Jésus, comme un événement historique quelconque, voire anecdotique J’entends si souvent parler d’une foi plutôt vague en la puissance de Dieu. Mais notre foi a son point d’appui fondamental en la mort et la résurrection de Jésus, car c’est là que se trouve l’ouverture nouvelle et définitive vers l’avenir.

Alors, cher frère, chère soeur, en méditant la passion du Christ aujourd’hui, oserons-nous dire que notre foi s’appuie sur ce moment unique du Golgotha et du matin de Pâques ? Amen.


Dimanche des Rameaux et de la Passion

Lectures bibliques : Isaïe 50, 4-7; Psaume 21; Philippiens 2, 6-11; Luc 22, 14 – 23, 56