
Homélie du 3 avril 2022 (Jn 8, 1-11)
Didier Berret, diacre – Église Notre-Dame de l’Assomption, Saignelégier
Il les connaît par cœur, Jésus, ces doigts levés impératifs, autoritaires, sûrs d’eux-mêmes qui se dressent pour haranguer les foules. Il les connaît trop bien, ces doigts pointés sur les défauts des autres, qui appuient là où ça fait mal, ces index accusateurs, qui enferment et jugent ! Il a vécu cela tant de fois, lui, le Verbe fait chair qu’ils ont voulu faire taire : ils viennent de l’interrompre en plein enseignement, alors qu’il partageait la parole, sans aucun égard pour ce peuple à l’écoute. Jésus sait bien que cette pauvre femme traquée n’a aucune chance en face des gens-là. Ils ont tracé autour d’elle un cercle dont il est impossible de sortir. Il sait bien aussi qu’elle n’est qu’un prétexte, un objet de plus entre leurs mains pour trouver les moyens de l’accuser lui-même et de le condamner.
Réécrire une histoire nouvelle
Jésus ne va pas répondre pas avec son doigt. Avec son doigt, il montre une autre direction : celle du sol, celle de la terre et avec ce doigt au sol, plutôt que de dénoncer, il trace des lettres, comme s’il s’agissait de réécrire une histoire nouvelle. Comme s’il fallait prendre le temps d’épeler l’un après l’autre les mots qui lentement racontent une vie ! D’où vient-elle cette femme ? Comment s’appelle-t-elle ? Quelle est son histoire ? Qui est son mari ? Qui sont ses frères, ses sœurs, sa mère ? Prise en flagrant délit d’adultère… est-elle seulement consentante ? Ou un rustre l’a-t-il entraînée de force dans un coin sombre de la ville ? Où est-il, du reste cet autre membre du flagrant délit ?
Ils s’en moquent de ces questions, les Scribes et les Pharisiens, et ils insistent avec mépris : (littéralement) Toi, de celles-là (au pluriel) que dis-tu ? Peut-être que s’ils se penchaient pour lire ce que Jésus lentement dessine… ? Mais ces gens-là ne s’abaissent pas, ils toisent et décrètent, cachés derrière leur code de droit.
Renvoyés à leur propre histoire
Jésus aurait pu se dresser avec autorité, les confondre et les chasser du Temple comme il l’a fait avec les vendeurs, mais Jésus n’est pas venu pour jouer au plus fort. Il se met à la hauteur de celle qu’on accuse. Il parle et en une phrase de génie, extraordinairement malicieuse, il les renvoie à leur propre histoire : qui est sans péché ? Jeter la pierre tous ensemble est facile ; chacun peut toujours se rassurer en pensant que c’est la pierre de l’autre qui a blessé ou même tué. Mais qui, en premier, seul, en face-à-face serait d’accord de porter la responsabilité de ce lynchage ? Qui commence ?
Mais même lorsqu’il dit cela, Jésus ne les montre pas du doigt, il ne les dévisage pas pour les confondre, mais se baisse à nouveau. Il les aime, eux aussi, malgré tout et les laisse partir dignes, sans savoir dans quel ordre ils s’en vont, sans observer les grimaces qu’ils font, sans les juger et sans les condamner, eux non plus. Ces intransigeants qui ont tant de réponses pour les autres, Jésus les renvoie avec une question pour eux-mêmes : « qui d’entre vous est sans péché ? »
Lui, assis à terre, continue d’écrire, à ras-du-sol. Il se plonge dans les Écritures, comme pour redire l’Alliance. On dirait qu’il relit Isaïe : « ne faites pas mémoire du passé, je fais toute chose nouvelle, je fais passer un chemin dans le désert, pour que chacun redise ma louange » Jésus touche le monde avec son doigt comme le Dieu de Michel-Ange à la Sixtine touche le premier homme de son doigt pour le créer, lui donner vie. Les Pharisiens sont partis, la femme est libre et libérée. Va, il y a un avenir pour toi !
Plusieurs mois plus tard, non loin du Temple, c’est Jésus qui sera mis au milieu, accusé, encerclé, sur la croix. Les jeteurs de pierre, tenaces, tiennent leur victoire. La nuit tombe sur Jérusalem.
Mais voici…
La scène de la femme adultère s’était passée « dès l’aurore ». « Dès l’aurore » des femmes courent en direction du tombeau. C’est une voie sans issue barricadée par une pierre immobile, à moins qu’il ne s’agisse d’un tas de pierres jetées, cumul de toutes les lapidations. Elles sont lourdes de toutes les condamnations et de toutes les haines du monde.
Le monde de la nuit n’a pas d’avenir
« Dès l’aurore » un matin nouveau, des femmes courent au tombeau et je crois bien qu’elle en fait partie, cette femme adultère parce qu’elle a fait l’expérience de ce qui peut se produire à l’aube ! Le monde de la nuit n’a pas d’avenir, désormais elle le sait. La vie de Dieu ne se laisse pas enfermer.
Jésus se lève, la femme se lève. Ils se rencontrent, elle se transforme. Va désormais ne pèche plus ! La vie t’attend. Tu es belle comme chacun des êtres que Dieu a créés.
5e DIMANCHE DE CARÊME
Lectures bibliques : Isaïe 43, 16-21 ; Psaume 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ;: Philippiens 3, 8-14 ; : Jean 8, 1-11
Messe du temps de Carême à Saignelégier

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Homélie du 27 mars 2022 (Lc 15, 1-3.11-32)
Didier Berret, diacre – Église Notre-Dame de l’Assomption, Saignelégier
Mais quel râleur ce fils aîné ! Il vient casser l’ambiance de la fête et du même coup jeter une ombre sur notre dimanche de la joie ! Son petit frère revient et il boude ! Il ne lui manque pourtant rien à cet homme car si le père a distribué l’héritage comme il se doit – ce dont il est difficile de douter – en tant qu’aîné, il en a reçu les 2/3. On dirait que le pardon sans condition du père le tracasse et on l’entend presque murmurer « c’est un peu trop facile ! » Alors au lieu de se réjouir, il s’inscrit dans lignée des pas-contents de la Bible à la suite de Caïn, des frères de Joseph, des israélites dans le désert, de Saül, pourtant roi mais malade de soupçons et de jalousie devant David, trop beau, trop jeune, trop fort.
Des rivalités malsaines
La fraternité ne va pas de soi dans la bible et beaucoup de complicités naturelles, souhaitables dégénèrent en rivalités malsaines ! Au lieu de faire ensemble, ils font contre. Ce fils aîné a tout mais il lui manque un don en prélude de la foi : ce don est celui de la reconnaissance, de la gratitude. Un don qui permet le vivre avec… ou pour employer un mot très actuel, la synodalité. Mais bon c’est une parabole, on grossit les traits, dans la réalité il aurait sûrement dit : « Chouette ! mon frère revient, il va pouvoir me raconter ce qu’il a vu, échanger avec moi, on va se dire où l’on en est, peut-être allons-nous même travailler ensemble. Mais il n’y a guère de place pour l’autre dans son petit monde et au lieu d’accueillir et d’écouter, il invente des histoires : il noircit le portrait ce frère qui rentre et lui invente un passé sans même avoir échangé un seul mot avec lui : « il a tout dépensé avec des prostituées… » Cette phrase ne sort de nulle part. Le texte avait dit sobrement et littéralement : il a dispersé son patrimoine dans une vie de prodigalité, autrement dit il n’a rien regardé à la dépense. Ce n’est pas la même chose. Tous les temps de crise se nourrissent de ce genre propos sans fondement, déformés ou certains les produisent pour justifier leur position et leur mal-être. Toutes les guerres commencent toujours par des demi-vérités et des récits arrangés.
Le Père n’a pas de retenue dans son partage
Heureusement le père de la parabole ne s’arrête pas là. Son désir à lui c’est de rétablir la relation, en rappelant d’abord ce lien fondateur avec lui : « tout ce qui est à moi est à toi. » En rappelant ensuite son lien avec l’autre : celui qui rentre n’est pas seulement mon fils, comme tu le dis, il est aussi ton frère. Et il est vivant ! Il est prêt à tout ce père de la parabole. D’ailleurs au moment du partage, là où la traduction dit qu’il distribue ses biens, le texte grec dit en même temps qu’il distribue sa vie. Vu du côté du Père, du côté de Dieu, distribuer ses biens, c’est donner sa vie. Construire le monde, c’est nous l’offrir. Il n’y a pas de retenue dans son partage : le fils demande, il donne. De la même manière qu’il n’y a pas de calcul dans son pardon. Il ne fait part d’aucune exigence d’excuses, ni d’aveu, ni rien d’autres. Il le voit au loin, (parce qu’il voit plus loin), il est ému jusque dans ses entrailles, il court, embrasse. On dirait comme Rembrandt et d’autres peintres l’ont représenté, on dirait qu’il n’est que deux bras ouverts. Le fils avait préparé des justificatifs. Il n’est pas fier. Il rentre la tête basse. Mais dans sa déconvenue, dans sa misère, en plongeant au fond de son histoire il a redécouvert un véritable trésor, le seul qui compte. Il ose rentrer ! Et il ose rentrer parce qu’il sait, pour en avoir fait un jour l’expérience, qu’il y a quelqu’un sur qui il peut compter de manière inconditionnelle. Il ne pourrait pas dire : « je ne mérite plus d’être appelé ton fils » s’il ne portait pas au cœur cette conscience de l’avoir un jour été. Et si ses déboires lui font douter de sa capacité d’être fils, il ne doute pas de la capacité de son père d’être père. Et comme il a raison.
L’accueil ressemble à une entrée au paradis : une longue tunique comme pour les élus de l’Apocalypse, une bague signe de l’alliance entre Dieu et les hommes, des sandales aux pieds comme au jour de délivrance du peuple d’Israël, le veau gras à apprêter pour que la fête dure encore. Voilà la grandeur généreuse du père prodigue qui donne sa vie pour que la savourions avec lui. Tout est mis en œuvre dans cette histoire racontée par Jésus pour nous montrer que Dieu n’a d’autre préoccupation, d’autre attente, que celle de nous faire entrer dans sa danse et de nous partager sa joie.
Je pense que le plus beau mot de la foi est « merci ».
4e DIMANCHE DE CARÊME, de Lætare
Lectures bibliques : Josué 5, 9a.10-12; Psaume 33, 2-3, 4-5, 6-7; 2 Corinthiens 5, 17-21; Luc 15, 1-3.11-32
Assemblée générale 2022 de Cath-Info
Voici les documents en lien avec
l’assemblée générale de Cath-Info
du 4 mai 2022 à Genève:
- Rapport annuel de Cath-Info 2021 (pdf)
- Comptes 2021 (pdf)
- Budget 2022 (non disponible)
- Annexe 1a du rapport 2021 : cath.ch (pdf)
- Annexe 2 du rapport 2021 : Messes radio (pdf)
- Annexe 3 du rapport 2021 : Hautes Fréquences (pdf)
- Annexe 4 du rapport 2021 : Babel (pdf)
- Annexe 5 du rapport 2021 : Faut pas croire (pdf)
- Annexe 6 du rapport 2021 : RTSreligion digital (pdf)
- Procès-verbal de l’assemblée 2022 (pdf)