Homélie du 19 mai 2019 (Jn 13, 31-33a.34-35)

Abbé Bernard Allaz – Eglise Saint-Michel, Villarlod, FR

« Comme je vous ai aimés,

Vous aussi aimez-vous les uns les autres. »

Jésus, au cours du dernier repas, quand Judas fut sorti du cénacle, se mit en prière en glorifiant son Père et nous confia un commandement nouveau : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Il est important de se souvenir que Jésus a attendu que Judas soit parti pour confier à ses disciples et à nous tous aussi ce commandement nouveau.

La révision de vie

Le mot aimer était dimanche dernier sur toutes les lèvres, car les mamans étaient fêtées en Suisse. Il est facile à prononcer, plus difficile à vivre. Je n’ai jamais oublié l’éclat de rire des jeunes lorsque je leur avais passé un montage audiovisuel sur le thème « aimer son prochain ». Une diapositive représentait un homme qui affirmait : « Moi, j’aime tout le monde. » Son pied écrasait celui de sa voisine. Un excellent échange avait suivi. Oui, le dire c’est facile, mais pour le vivre il faut chaque soir prendre le temps de regarder sa journée avec le Christ et rendre grâce pour l’amour reçu, vérifier la qualité de notre engagement et humblement demander pardon. Ce n’est que la révision de vie de chaque jour, qui nous permet d’être en lien avec Jésus et de répandre son amour.

Aimer chacun comme un ami

Jeune prêtre, j’ai eu la chance de rencontrer les Focolari, de découvrir leur mission : être des messagers de paix dans le monde entier. Par eux j’ai découvert le chant aimer qui existe dans toutes les langues du monde :

Tourne la terre passe le temps

Les roses dit-on n’ont qu’un matin

Et même si je vivais cent ans

Qu’emporterais-je dans mes mains ?

A ce pourquoi de tous les jours

La vraie réponse tu l’as donnée

A chaque instant un peu d’amour.

Fait de la vie UN JOUR DE FÊTES.

Aimer chacun comme un ami

Aimer jusqu’à donner sa vie

Aimer par-delà les douleurs

C’est trouver le bonheur.

Chaque année je l’apprends aux enfants du catéchisme et à ceux qui viennent avec moi en pèlerinage. Il est un lien fort pour nous rappeler l’essentiel de notre vie. Comme Jésus vous a aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

L’amour est-il éternel ?

Une question que l’on se pose souvent : l’amour est-il éternel ? L’une des plus grandes souffrances est celle de la perte d’un être cher. Elle surgit car nous croyons que le lien d’amour est brisé. C’est un sentiment normal. Mais en Jésus-Christ le ressuscité, nous savons que nos bien-aimés sont vivants, alors ils continuent de veiller sur nous et nous pouvons aller de l’avant en aimant, en continuant d’échanger et avec eux et de nous engager au service des autres. Lors d’un baptême, célébrer avant Pâques, une intention de prière m’a surpris. « Pour Daniel et Cécile, nos 3 petites étoiles et tous les défunts de nos familles, pour tous ceux qui nous ont quittés et que tu n’as pas eu la chance de connaître mais qui sont présents dans nos cœurs aujourd’hui. Nous te prions. » A la fin de la cérémonie la maman de Bastien, l’enfant que je venais de baptiser m’a confié : « Nos trois petites étoiles c’est les trois fausses couches que j’ai eues avant la naissance de notre enfant. Je les invoque tous les jours. » Merveilleux liens avec l’amour porté et l’espérance qui donne place à la vie, la vie éternelle.

Lors de mon dernier pèlerinage en Terre Sainte, que j’ai animé après la fête de Pâques, j’ai partagé cette espérance des 3 petites étoiles. Une grand-maman est venue vers moi pour me confier ce qu’elle vivait. Dans le foyer de l’un de ses enfants, récemment lors de l’accouchement, l’un de ses petits-enfants est entré dans la vie éternelle. Son papa, présent, l’a spontanément baptisé : Achille. Elle m’a dit : pour moi il est vivant, je lui parle, je le sens grandir et cet amour que nous partageons me donne force pour aller de l’avant dans la confiance. Merveilleux témoignage que l’amour est éternel.

Souffrance d’un deuil inachevé

L’une des plus grandes souffrances que je découvre dans mes multiples rencontres c’est celle du deuil inachevé. Il ne faut jamais oublier que si l’amour jamais ne peut être détruit, il faut avec courage clarifier nos relations avec nos bien-aimés. Nous pouvons leur demander pardon, vivre une réconciliation mais être toujours sûrs qu’ils nous invitent à donner notre vie, à aller de l’avant. Pour vous aider, je vous offre ce texte merveilleux :

« Vous pouvez verser des larmes parce qu’il est parti ou vous pouvez sourire parce qu’il a vécu.
Vous pouvez fermer les yeux et prier qu’il revienne, ou vous pouvez ouvrir les yeux et voir ce qu’il nous laisse.
Votre cœur peut être vide parce que vous ne pouvez le voir, ou il peut être plein de l’amour que vous avez partagé.
Vous pouvez tourner le dos à demain et vivre hier, ou vous pouvez être heureux demain parce qu’il y a eu hier.
Vous pouvez vous souvenir de lui et ne penser qu’à son départ, ou vous pouvez chérir ce souvenir et le laisser vivre.
Vous pouvez pleurer et vous fermer, ignorer et tourner le dos, ou vous pouvez faire ce qu’il aurait voulu : Sourire, ouvrir les yeux, aimer et continuer. » (1 Eileen Cicoli)

Un témoin de la foi, Jean Vanier qui vient d’entrer dans la vie éternelle peut éclairer notre espérance. Il nous a appris à aimer chacun tel qu’il est, à donner à tous une immense tendresse. Prenons le temps de lire ses écrits et de le contempler dans son agir auprès des plus pauvres, merveilleuses créations de l’Arche.

Il est temps de conclure. Chers malades, vous qui êtes seuls, nous tous qui vivons, gardons l’espérance, Jésus-Christ nous l’a prouvé : l’amour est plus fort que la mort. Soyons des vivants qui aiment, partagent, accueillent et apportent à chacun l’amour de Jésus, alors la joie fleurira partout et le vrai bonheur sera réalité. Amen, Alléluia !


  1. 100 textes essentiels pour traverser le deuil. (Page 32) Les Mots du deuil : http://deuil.comemo.org/

5ème dimanche de Pâques

Lectures bibliques : Actes 14, 21b-27; Psaume 144, 8-9, 10-11, 12-13ab; Apocalypse 21, 1-5a; Jean 13, 31-33a.34-35


 

Homélie du 12 mai 2019 (Jn 10, 27-30)

Diacre Stephan Rempe – église Saint-Prothais, Saint-Prex

Ce passage d’évangile d’aujourd’hui est très court, mais il fait suite à une réponse de Jésus au Juifs qui lui demande: Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement. Alors Jésus leur dit: ce sont les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.

Puis il continue : mes brebis écoutent ma voix et moi je les connais… Jésus nous redis qu’il est venu pour nous guider, il ne nous abandonne pas, et il aimerait que nous lui fassions confiance.

Nous ne savons pas toujours où la vie nous mène, dans quel milieu nous sommes appelés à vivre, quelles personnes nous allons rencontrer… toutes ces inconnues de notre existence terrestre qui ont de quoi nous déstabiliser parfois, eh bien le Seigneur nous redit que si nous restons au sein de son troupeau, il ne nous laissera pas tomber.

Mais nous ne faisons pas partie d’un simple troupeau anonyme, le berger les connait ses brebis, chacune par leur nom comme, Jésus le dit au début du chapitre 10 de saint Jean.
Elles ne périront pas et je leur donnerais la vie éternelle.

Ecouter la voix du Seigneur, c’est bien sûr tout ce que nous pouvons vivre en Eglise, par l’Eucharistie, les temps d’adoration, et de prières, de partage de la parole. Mais également dans le secret de sa chambre, dans le silence de l’oraison, la lecture de la parole.

Je pense spécialement à vous qui êtes chez vous à l’autre bout des ondes, qui pour certains ne peuvent plus se rendre dans les lieux de culte, le Seigneur vous rejoint chaque fois que vous prenez le temps de l’écouter. Vous faites partie de son peuple.

Il y a réciprocité

Et puis, il me semble qu’il y a aussi une sorte de réciprocité. Les brebis écoutent. Le berger les connait et elles le suivent.

Le suivre c’est se mettre à son service, l’imiter par des actes: c’est l’accueil des plus pauvres, de ceux qui ont des difficultés et parfois de la peine à suivre le berger et le reste du troupeau, ceux qui sont en marge.

Car nous pouvons trouver parfois que nous sommes bien au sein du troupeau. Le Seigneur nous protège, nous sommes entre nous. N’oublions pas de laisser une ouverture à celui qui veut s’y glisser. Réjouissons-nous des nouvelles brebis qui nous rejoignent, même si elles bousculent nos habitudes, qu’elles ont d’autres coutumes, ne parlent pas la même langue, ou pire des jeunes qui font du bruit et chantent d’autres chants que nous.

Nous mêler au monde

Soyons, à la manière de Paul et Barnabé, des chrétiens qui nous mêlons au monde pour témoigner de cette confiance que Dieu nous fait dans notre vie de tous les jours, au sein de nos familles, nos cercles d’amis, de sport, de travail… Malgré le pessimisme ambiant qui règne actuellement dans notre monde.

Cette confiance ne va pas de soi, nous qui avons souvent des vies réglées comme du papier à musique, ou des applications de smartphone, pour être dans l’air du temps. Nous pensons parfois que rien ne peut nous arriver.

Alors quand soudain nous avons un imprévu, un souci, un grain de sable dans le rouage de nos existences, une maladie, un conflit qui nous déstabilise et nous déboussole. Il est important de pouvoir se remettre dans les mains de Dieu, et se laisser guider par son Esprit, lui faire confiance pour retrouver un semblant de route et la sortie du tunnel.

Un entraînement quotidien

Mais bien sûr que c’est un entraînement de tous les jours, ce n’est pas seulement quand ça va mal qu’il faut crier vers Dieu pour lui demander quoi faire.

J’ai envie de dire aux plus jeunes qui sûrement font du sport, du foot, du tennis, de la danse, que sais-je. Ils savent très bien que pour être prêt au moment de la compétition, il faut s’entraîner régulièrement pour avoir les muscles solides et savoir où se placer au bon moment dans le jeu.

Et si l’on arrête de s’entraîner pendant un certain temps, l’envie se perd et c’est plus difficile de s’y remettre.

Dans la prière, pour écouter la voix du berger, c’est un peu la même chose: c’est un travail de chaque jour, prendre le temps de demander à Jésus de nous aider à le suivre, de nous dire où aller, il faut persévérer nous ne l’entendons pas toujours, même les champions de la prière vous le diront. Et souvent c’est indirectement qu’il nous fait signe, par un proche ou un ami.

Une place à prendre

Et en cette journée de prières pour les vocations, c’est peut-être ça que nous pourrions lui demander. Bien sûr il y a les vocations religieuses, les agents pastoraux et les nombreux bénévoles en Eglise qui ont besoin de nos prières.

Mais moi, quel est ma vocation? Qu’est-ce que le berger attend de moi, dans mon quotidien d’hommes et de femmes, de jeune ou moins jeune, de grands-parents, retraité et même malade ou handicapé?
Chacun a une place à prendre, pour être cet ami par qui le Seigneur passe, pour témoigner et semer la confiance en l’amour de Dieu autour de nous.


4e DIMANCHE DE PÂQUES

Lectures bibliques : Actes 13, 14.43-52 / Psaume 99 (100), 1-2, 3, 5 / Apocalypse 7, 9.14b-17 / Jean 10, 27-30