


Dorothée Thévenaz Gygax, la « maman bio » (3/7)
Dorothée Thévenaz Gygax, « maman bio » pour ses enfants, anime des « Conversations carbone » en Suisse romande. Une démarche écologique dans la ligne de l’encyclique du pape François Laudato sì sur la sauvegarde de la maison commune.
La Fribourgeoise d’adoption fait partie du groupe de facilitateurs et facilitatrices d’Action de Carême (AdC) et de Pain pour le prochain (PPP) à disposition de groupes intéressés à combattre le changement climatique. Cath.ch l’a rencontrée au Centre Sainte-Ursule à Fribourg, où elle prépare les prochaines étapes du parcours « De la tête au cœur vers les mains: vivre ensemble une transition écologique » (*).
Mère de deux garçons de 10 et 12 ans, Dorothée Thévenaz Gygax habite avec sa famille à Vevey, et travaille depuis une quinzaine d’années à Action de Carême à Lausanne. Elle a passé son enfance à Attalens, en Veveyse, avant de fréquenter le Collège de Bulle – où son prof de philo fut le futur Mgr Genoud – et d’obtenir un master en ethnologie, géographie et psychologie sociale et cognitive à l’Université de Neuchâtel. Les études, les thématiques d’Action de Carême, les voyages sur le terrain, l’ont poussée à une réflexion sur son mode de vie et celui de sa famille.
Une vie plus sobre et plus responsable
« Cela doit nous pousser à chercher, dans notre propre environnement, de nouveaux modèles de développement, moins gourmands en énergie, moins centrés sur la consommation, plus respectueux de la nature. Et cela ne va pas sans que nous nous heurtions de temps en temps à nos propres contradictions ! »
Dorothée co-anime avec Michel Maxime Egger, responsable du laboratoire de la transition intérieure à PPP, et sœur Laurence Foret, animatrice spirituelle et responsable du Centre Sainte-Ursule, des ateliers pour une transformation vers un mode de vie plus sobre et plus responsable.
Réduire l’empreinte carbone de la famille
Dans sa vie quotidienne, Dorothée cherche à mettre en œuvre des recettes pour réduire l’empreinte carbone de la famille. « C’est aussi tout un chemin intérieur, un travail sur les motivations et obstacles intérieurs pour changer de comportement. A la maison, nous organisons des ‘conseils de famille’ pour discuter de l’organisation de notre vie en commun dans la famille, pas seulement pour traiter des questions écologiques. Mais nous abordons ces problèmes, il y a une discussion, des réflexions, et les enfants sont sensibilisés au développement durable. Ils m’appellent ‘maman bio' ».
La famille ne dispose que d’une voiture et se déplace essentiellement en transport en commun. En ce qui la concerne, Dorothée ne mange plus de viande, mais ce n’est pas le cas du reste de la famille, qui n’est toutefois pas une grande carnivore. Outre son petit jardin, sur la terrasse, qui lui fournit quelques légumes et abrite le compost, la famille se procure des produits bio au marché de Vevey. Elle a participé à un réseau d’agriculture contractuelle de proximité fournissant un panier hebdomadaire de légumes et achète aussi au supermarché des produits étiquetés bio.
« On évite de prendre l’avion »
« On repense aussi nos vacances, et l’an dernier, on les a passées en Suisse. On évite de prendre l’avion, mais cela ne doit pas être une démarche systématiquement imposée à la famille. On reste en dialogue, car il ne sert à rien de dénoncer uniquement, cela rend impuissant. Alors on change d’abord ce que l’on peut, on fait de petits gestes concrets: on ne prend plus que des produits de nettoyage écologiques, on a abaissé la température du lave-linge. On prend des livres à la bibliothèque, on fréquente la bourse aux vélos, la bourse aux jouets, le troc d’hiver, pour l’équipement de ski. On recycle ainsi des biens de consommation ».
La famille Thévenaz Gygax a également installé dans son jardin une colonie d’abeilles sauvages, des abeilles maçonnes indigènes qui pollinisent dans les environs les arbres fruitiers et les plantes du jardin. « Les enfants peuvent suivre l’évolution de ces abeilles sauvages logées dans une maisonnette: ils découvrent les abeilles qui éclosent, qui cherchent du pollen et s’occupent de leur progéniture… Ils sont attentifs, ils se reconnectent ainsi avec la nature environnante! »
Les ‘Conversations carbone’
Les ‘Conversations carbone‘, promues en Suisse romande par les Artisans de la transition, à Fribourg, s’adressent à toute personne voulant progresser résolument vers un mode de vie plus sobre en carbone. La méthode permet à chacune et à chacun de surmonter ses sentiments d’impuissance, de se mettre en accord avec ses valeurs et de s’atteler à réduire dans la durée ses émissions de CO2. AdC et PPP sont à la recherche de partenaires pour lancer les ‘Conversations carbone’ et proposer cette méthodologie venue d’Angleterre en Suisse alémanique. Ces parcours devraient débuter outre-Sarine dès cet automne.
« L’encyclique du pape François Laudato sì inspire et soutien notre travail, relève Dorothée Thévenaz Gygax. « Action de Carême avait déjà fait une campagne sur le changement climatique en 2009 et soulignait les enjeux pour la survie des partenaires dans le Sud. Mais Laudato sì est une bénédiction pour nous: avant, le thème de l’écologie était embryonnaire au sein de l’Eglise catholique ». (cath.ch/be)
(*) Après les étapes du 7 février 2019 et du 7 mars, la suite du parcours aura lieu au même endroit les 11 avril, 2 mai et 6 juin 2019.
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Homélie du 17 mars 2019 ( Lc 9, 28b-36)
Chanoine José Mittaz – Eglise Saint-Martin, Vollèges
Nous traversons un temps de crise. Nous en avons parlé dimanche passé, crise de l’Église. Comment ne pas penser avec le mot crise aux 49 victimes dans les mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande ? Comment ne pas penser à la difficulté de l’Europe à vivre ensemble ? Comment ne pas penser à tant de situations à travers le monde au Moyen-Orient, en Afrique, dans chaque continent, où il y a la crise ? Et peut-être, cette crise résonne en nos vies, en l’histoire de nos familles, en ce que nous éprouvons à l’intérieur de nous-mêmes ?
Crise profonde
Les disciples qui sont conviés par Jésus à gravir la montagne avec lui traversent aussi une crise profonde. Ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Ils se sont laissés émerveiller, ils se sont laissés renouveler intérieurement à la suite du Christ qui posait des gestes concrets pour que l’humain vive debout, pour que ceux qui ont le visage incliné par la honte puissent relever leur visage. Ils se sont nourris des paroles d’espérance de Jésus. Ils ont reconnu en lui le messie attendu par tout le peuple Israël. Et voilà que Jésus leur apprend que celui qui a relevé le visage de tant d’autres, eh bien, il recevra des crachats sur son visage. Il va être flagellé. Il va être crucifié. Il va mourir comme un malfaiteur. Mais, les disciples pourront-ils l’entendre ? Il ressuscitera au troisième jour.
Un chemin de croissance
C’est dans ce contexte là, que Jésus, pour que les disciples puissent avancer et faire de cette crise, un chemin de croissance, les conduit sur la montagne. Oh ! Jésus le fait peut-être aussi pour lui-même parce que l’épreuve de la passion, c’est celle qu’il endure au plus profond de lui-même. Au moment où nous sommes en crise, le risque c’est de nous mettre totalement dans l’obscurité, de nous mettre totalement dans ce qui ne va pas, dans ce qui ne va plus, dans ce qui défigure. Que fait Jésus ? Il commence par s’élever. Il gravit la montagne. Alors, en Église, c’est toujours dangereux quand on parle d’élévation parce que l’on peut croire qu’il s’agit d’une élévation spirituelle pour se cacher derrière les nuages et fuir l’exigence du quotidien. Non. L’élévation dont il s’agit se vit au rythme du pas dans une ascension d’une montagne. Vous savez, au rythme du pas, lorsque l’on marche, il y a du silence. Ça n’est pas le silence du déni. Ça n’est pas le silence où je renferme quelque chose a l’intérieur de moi. Mais, c’est un silence où justement peut émerger ce qui se vit à l’intérieur. Et j’imagine bien, dans ce silence, les disciples qui réentendent les paroles de Jésus annonçant la passion. Jésus qui se prépare à vivre ce paradoxe existentiel terrible : il est venu pour aimer l’humanité et il va mourir comme un mal-aimé.
Une tente intérieure
Au sommet de la montagne, Jésus est en prière. Oh, il l’était déjà pendant toute la montée parce que peut-être que la prière c’est cela : chercher une élévation au rythme du pas. Mais une élévation où il y a en même temps une descente, je ne dirais pas jusqu’au cœur parce que ce mot cœur est trop souvent galvaudé, mais au plus intime en soi, là où ça vibre à l’intérieur de soi-même, là où ça fait mal, là où on peut sentir les tempêtes mais là où on peut sentir également l’apaisement. Oser entrer dans cette tente intérieure. Une tente intérieure qui est un lieu de ressources. Et le visage de Jésus en est transfiguré de lumière.
Élever le regard
On le voit échanger avec Moïse et Élie. Là, de nouveau, on peut se demander n’est-ce pas la tentation d’une fuite stratosphérique, spirituelle dans le sens gazeux du mot. Non, parce qu’avec Moïse et Élie, Jésus discute de ce qui va se passer à Jérusalem, autrement dit, de sa passion et de sa mort. Lorsque nous vivons une crise, il ne faut pas échanger uniquement avec ceux qui poseront un regard qui vont l’aggraver mais il nous faut pouvoir partager, échanger avec des présences qui vont pouvoir élever notre regard, qui vont pouvoir nous donner de rejoindre la lumière en nous.
Mains ouvertes
Et j’aimerais faire le lien avec la première Parole de Dieu où vous avez un Abraham qui doit pouvoir faire alliance avec le Seigneur qui lui dit et lui redit, année après année, alors qu’il a déjà 75 ans, que sa descendance sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Mais au moment où Abraham entend cette parole, il n’a pas de fils et sa femme n’est pas encore enceinte. Abraham va-t-il avoir le regard rivé sur cette absence de bénédiction promise par le Seigneur ou va-t-il faire alliance avec cette parole qui peut dilater son cœur tout en lui laissant les mains vides ? Puissent-elles ces mains être vides mais ouvertes !
Ces mains ouvertes, c’est l’attitude de saint Pierre. Saint Pierre qui, quand il perçoit la promesse de vie qui est en train de se vivre sur le mont de la transfiguration, dit « dressons trois tentes » ; il exprime son désir, il devient vivant. Oui, il a somnolence car quand cela devient trop dur, on a envie de dormir pour que ça passe plus vite mais il reste éveillé. Et parce qu’il reste éveillé, il peut voir autre chose que ce qui est sordide. Il peut être témoin de la vie. Il n’y aura pas trois tentes de camping qui seront dressées sur le mont Thabor mais le Seigneur exaucera Pierre au travers d’une nuée lumineuse qui va les recouvrir de son ombre. Vous entendez là, la délicatesse de Dieu. Une nuée lumineuse qui vous enveloppe, vous recouvre de son ombre. L’ombre c’est ce qui rafraîchit quand il fait trop chaud, quand c’est la canicule, on est au Moyen-Orient. L’ombre nous dit aussi que ce n’est pas une lumière stigmatisante, ce n’est pas un projecteur « braqué sur », c’est une lumière diffusée avec délicatesse. Puissions-nous la recevoir ce matin, là où nous en avons mal, là où nous en avons marre.
Lumière au cœur de la nuit
Et cela demande un consentement de notre part. Pierre et les disciples pénétrèrent dans la nuée lumineuse. Il s’agit d’y entrer comme on entre dans un sanctuaire, comme on entre au plus intime de nous-mêmes et c’est cela le passage qui fait peur. On ne mentionne pas la peur au moment où Pierre apprend que Jésus va vivre sa passion. On mentionne la peur, la frayeur au moment où il doit entrer dans de la lumière. C’est la lumière qui nous fait peur. Parfois, on est un peu découragé d’entendre les nouvelles des médias qui nous annoncent beaucoup de choses difficiles mais nous avons un travail intérieur à faire, parce que les nouvelles annoncées ne sont qu’une partie de la réalité. La deuxième partie de la réalité, c’est oser entrer dans une nuée lumineuse qui ne nous met pas à l’extérieur de l’épreuve, de la crise de l’humanité mais qui nous donne de pouvoir la traverser avec la lampe du veilleur, de celui qui reste lumière au cœur de la nuit.
Quand on est dans l’épreuve et dans la crise, c’est difficile d’écouter. On risque d’écouter que ce qui ne va pas bien. D’où la voix du Père qui dit aux disciples : « celui-ci est mon Fils que j’ai choisi, écoutez-le.» Mais l’évangéliste nous dit que Jésus était là, seul ; autrement dit, il n’y a aucune parole à entendre, il y a une présence à recevoir. Oui, le silence n’est pas toujours celui du non-dit. Le silence est celui de la communion avec Jésus qui est là, seul avec nous désolé des événements de la vie lorsqu’ils sont perturbants : Jésus présence avec nous qui relève notre visage pour nous orienter par-delà le Golgotha, vers le matin du troisième jour.
Que ce silence que nous partageons maintenant, en cette église et au travers des ondes de la radio soit un silence de communion qui nourrisse en nous la présence de Dieu et notre présence au service de la vie.
2e DIMANCHE DE CARÊME
Lectures bibliques : Genèse 15, 5-12.17-18; Psaume 26; Philippiens 3, 17–4, 1; Luc 9, 28b-36
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Jeûner
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Homélie du 10 mars 2019 (Lc 4, 1-13)
Chanoine José Mittaz – Église Saint-Martin, Vollèges
A l’écoute de la Parole de Dieu de ce dimanche, comment ne pas écouter douloureusement et essayer de mettre des mots sur les scandales que traverse notre Église. Tout ce que les médias nous donnent de découvrir de dramatique, d’horrible, de terrible dans la révélation d’abus innombrables commis au sein de l’Église.
Le Pape François nous dit que les abus qu’ils soient des abus sexuels, des abus spirituels sont des abus de pouvoir qui prennent leur origine dans une attitude de cléricalisme. Le cléricalisme c’est une forme de toute puissance où nous croyons que nous pouvons tout, nous savons tout, que nous pouvons prendre toute la place.
Le chemin vers Pâques : une traversée de crise
Le temps du Carême de cette année est appelé à nous ouvrir à l’autre ; à l’autre qui est appelé à rester autre. Le temps du Carême est appelé à nous conduire au désert pour oser écouter notre dramatique histoire. La crise que nous traversons, le chemin vers Pâques est toujours une traversée de crise.
Creuser un espace en soi
Quitter la toute-puissance c’est adopter l’attitude de Jésus. On nous dit qu’il est rempli de l’Esprit-Saint et qu’il se rend au désert. « Rempli de l’Esprit-Saint », on peut lui dire mais tout lui réussit, il peut y aller. Que fait-il ? Il se met en situation de fragilité, en jeûnant pendant 40 jours. Pour demeurer rempli de l’Esprit-Saint mais sans sombrer dans la tentation de la toute-puissance et de l’autosuffisance. Comment je sais que je ne me suffis pas à moi-même ? C’est quand je découvre que j’ai besoin de l’autre, que j’ai besoin de l’autre, dans le respect de l’autre. Le temps du Carême est un temps pour creuser en soi un espace ; à la fois, pour découvrir que seul, je ne suis pas grand chose et à la fois, pour découvrir que ma présence peut être mise au service de l’autre.
Les 3 tentations que traverse Jésus au désert nous disent les troubles qui agitent l’humain, qui agitent l’Église. Ces troubles, ces tentations, l’Évangile nous dit que le diable a épuisé toute forme de tentation et que Jésus y a résisté. C’est notre espérance. Mais, osons reconnaître que l’Église y a succombé et il nous faut le reconnaître courageusement.
Refus de la toute-puissance
Quand Jésus a faim, la voix de la tentation en lui, c’est de dire que ces pierres deviennent du pain. Le non respect de l’autre. Une pierre est appelée à être regardée comme une pierre, comme un élément de la création et non pas comme quelque chose dont je peux m’en nourrir pour ne plus avoir faim. Il en est de même dans nos relations, l’autre est appelé à rester autre et ne peut devenir l’objet de ma faim. Au contraire, l’autre, en restant autre, va pouvoir tisser ce lien de communion, ce pont de l’amitié qui respecte la distance entre deux êtres pour que la vie puisse régénérer telle une source au cœur du désert, chacun des êtres. Jésus refuse la transformation de pierre en pain ; il refuse la toute puissance car aucun de nous n’est capable de transformer un caillou en un morceau de pain. Jésus n’entre pas dans cette toute-puissance.
La Parole fait rempart à la tentation
Lorsqu’une tentation est vaincue ne croyons pas que le chemin s’arrête là. Le tentateur va conduire Jésus plus haut. Vous pouvez entendre derrière que la chute risque d’être plus lourde. Il va le conduire au sommet d’une montagne et là, nous sommes dans le deuxième abus, qui est l’abus de pouvoir en lui disant : « je te donnerai tous les biens de la terre si tu te prosternes devant moi ». Jésus était rempli de l’Esprit-Saint, le tentateur lui fait miroiter qu’il est vide de tout et que s’il veut avoir un pouvoir sur la vie, il faut qu’il se soumette à lui. La recherche du pouvoir nous donne non pas de nous prosterner mais de nous vautrer. Et, une manière de se vautrer, ça ne fait jamais exister ni l’autre, ni soi-même. La soif de pouvoir est la perte d’autorité en sa vie. Chacun est appelé en s’appuyant sur le Seigneur à trouver une source d’autorité en lui. L’autorité c’est ce qui fait grandir ; ce n’est pas ce qui nous fait nous aplatir, nous avilir, nous vautrer. Et Jésus va répondre par une Parole de Dieu à nouveau. Vous voyez, Jésus, il a besoin de faire alliance. Par une Parole de Dieu, il fait un rempart à la tentation.
Alors, le tentateur va conduire le Seigneur encore plus haut, au sommet du temple. Temple de Jérusalem, sommet de la religion. Là, vous avez l’évocation de tous les abus spirituels. Rien ne peut m’arriver. Je peux sauter du pinacle du temple, je ne risque rien puisqu’il y aura des anges qui feront en sorte que mon pied ne heurte une pierre, je n’aurai pas même une entorse. La dramatique de cette approche, c’est que le tentateur utilise la Parole de Dieu pour justifier une toute-puissance écrasante, mortifère. Jésus va également mettre un « stop » à cette troisième tentation.
Désamorcer la tentation de la toute-puissance
Comment vivre ce récit de l’Évangile aujourd’hui ? D’abord pour nous comme communauté chrétienne par rapport aux scandales qui aujourd’hui nous sont connus, c’est de ne pas dire « l’Église », « les évêques » mais c’est d’oser dire « nous ». Pas pour nous culpabiliser mais pour nous responsabiliser parce que la tentation de la toute-puissance elle est appelée à être désamorcée en chacune et en chacun d’entre nous. Dans la première Parole de Dieu que nous avons entendu, le peuple, pour rester à la fois un peuple béni et vulnérable, est appelé à faire mémoire de son histoire. « Mon père était un araméen errant », voilà la fragilité. « Et nous avons été en esclavage sous le joug de pharaon. » Pharaon qui est un des visages de la cléricalité aveugle et sourde.
J’aimerais que nous prions dans cette célébration. Évidemment, que nous portions en nous toutes les victimes. Mais aussi que nous disions « merci » à tous ceux qui ont entendu le cri de ceux qui ont eu besoin de pousser un cri de vie pour être entendu, pour libérer une parole et ouvrir un chemin. Merci aux médias qui nous donnent de pouvoir nous remettre en question. Merci à tous ceux qui par leurs compétences humaines, médicales, judiciaires nous donnent d’entrer sur un chemin d’humilité. Merci à l’humanité d’apprendre à l’Église qu’elle n’est pas autosuffisante et qu’elle aussi a besoin de l’autre pour vivre équilibrée.
1er DIMANCHE DE CARÊME
Lectures bibliques : Deutéronome 26, 4-10; Psaume 90; Romains 10, 8-13; Luc 4, 1-13
