Homélie de la messe de Minuit, 25 décembre 2017 (Lc 2, 1-14)

Abbé Philippe Blanc – Eglise St-Pierre, Fribourg

« Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ». Au cœur de la nuit et de toutes les nuits humaines, c’est un cri de joie et d’espérance qui retentit à travers l’univers. Avec le prophète Isaïe, nous nous sommes préparés à la rencontre et ses paroles : « un enfant nous est né, un fils nous a été donné », sont maintenant accomplies.

Le Christ-lumière vient éclairer nos chemins

Nous sommes les témoins de cet événement qui se situe au cœur et au sommet de toute l’histoire humaine : Dieu visite son peuple en prenant chair de notre chair, il vient à notre rencontre en entrant dans notre histoire, il donne à toute vie humaine une dignité unique. Et saint Paul nous dit que dans cet enfant de Bethléem notre bienheureuse espérance s’est réalisée dans la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Nous n’aurons jamais fini de prendre la mesure de ce qui s’accomplit en cette douce et sainte nuit.

Notre joie, c’est d’accueillir la lumière, non pas ces clartés factices et passagères, mais le Christ-Lumière qui vient éclairer nos chemins, qui fait resplendir sur chacun de nos visages les traces de la présence de Dieu.

La gloire de Dieu dans la fragilité de l’Enfant

Notre joie, c’est de chanter la gloire de Dieu et d’être dans l’action de grâce à cause de sa fidélité, de sa patience et de son amour. C’est d’exulter avec toute la création car nous sommes l’œuvre de ses mains et nous sommes les uns pour les autres autant de sacrements de sa présence aimante.

Notre joie, c’est d’ouvrir les yeux et d’être transfigurés par la gloire de Dieu qui se laisse voir et adorer dans la fragilité de l’Enfant. C’est de proclamer que l’humilité dans laquelle le Seigneur vient à notre rencontre est un chemin de béatitude et d’épanouissement.

Notre joie, c’est d’être libérés de toutes les peurs qui nous empêchent d’être ce que nous sommes et de témoigner de la beauté de notre foi. C’est d’être touchés au cœur par la bonne nouvelle qui nous émerveille et nous rend responsables de sa transmission.

La petite étincelle de la confiance

Quelle que soit la demeure que nous puissions offrir au Seigneur, il est heureux de venir à notre rencontre et d’habiter parmi nous. Que ce soit la plus belle des maisons ou une simple mangeoire, Dieu est là, Dieu-pour-nous, Dieu-avec-nous. Et c’est sa présence qui permet à toutes nos demeures, jusqu’à celle qu’est notre cœur, d’être totalement renouvelées pour devenir des foyers de lumière, d’amour et de paix. En cette nuit, ne regardons pas nos obscurités mais laissons-nous saisir par la lumière. Et même si ce n’est pas encore le plein jour chez nous et en nous, n’oublions pas qu’avant le grand brasier de l’amour il faut la petite étincelle de la confiance. Alors, comme le prophète, ayons confiance car Dieu tient toujours sa promesse et l’accomplit à la plénitude des temps.

Comme les bergers, ayons confiance et approchons-nous pour voir avant d’avoir la joie de partager ce que nous avons vu et entendu. Comme Marie et Joseph, ayons confiance car l’œuvre de Dieu se réalise par des chemins parfois inattendus et il veut nous associer à la manifestation de son amour. Et, avec les anges, chantons sans fin la gloire de Dieu qui revêt le monde de sa lumière et qui habite nos cœurs pour que nous soyons des messagers et des artisans de paix.


Messe de Minuit – Année  B

Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95 (96); Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14


Homélie du 24 décembre 2017 (Lc 1, 26-38)

Abbé Philippe Blanc – Église St-Pierre, Fribourg

 

           

En relisant la Parole de Dieu, nous pouvons constater avec quelle fidélité Dieu ne cesse de venir à la rencontre de l’humanité. Plus précisément, il vient à la rencontre de chacune et de chacun d’entre nous, là où nous en sommes de notre parcours de vie, et quels que soient les chemins qui nous ayons pu emprunter.

Un inattendu qui bouscule

Dans notre désir de tout maîtriser, nous voudrions prévoir et organiser cette rencontre à notre façon, à notre mesure. Un peu comme le roi David imaginait bâtir une demeure pour Dieu en prenant l’exemple de sa propre maison. Mais Dieu ne se laisse pas enfermer dans nos calculs. Il vient sans cesse nous surprendre. Il se manifeste dans un inattendu qui vient nous bousculer. En venant vers nous, il nous révèle ou nous rappelle qu’il est pour nous un père, selon les mots du livre de Samuel. En conséquence, nous sommes pour lui des fils et des filles bien-aimés.

Le bonheur de nous donner

Comme le psalmiste, nous aimons chanter que ce Dieu qui nous visite est pour nous un roc et le salut. Son amour et sa fidélité donnent un vrai sens à notre histoire et ne cessent d’ouvrir des chemins nouveaux pour une authentique espérance. Et Dieu se fait tellement proche qu’il nous invite à une relation d’alliance. Il se donne à nous et, en lui, nous découvrons le bonheur de nous donner et de participer à la fécondité de l’amour. Ainsi, Dieu nous associe à son œuvre. En venant en notre chair, Jésus nous révèle que toute chair peut être sacrement de la présence de Dieu. C’est bien lui qui manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui révèle la sublimité de sa vocation (cf. GS 22).

Rendre présente la bonne nouvelle de Noël

L’évangile de ce quatrième dimanche de l’Avent nous étonne et nous émerveille. Alors que nous avons conscience de nos limites et de nos incapacités, alors que nous sommes parfois confrontés à la stérilité dans nos actions et nos engagements, voilà que la Parole retentit et nous invite à relever la tête. A la suite de la jeune fille de Nazareth, il nous faut tourner notre regard et notre cœur vers ce Dieu qui vient et nous offrir simplement à lui. Après avoir dit « comment cela va-t-il se faire », n’oublions pas de conclure par « que tout m’advienne selon ta parole ». C’est au cœur de ce dialogue de confiance que nous découvrons notre vocation personnelle : participer dans notre chair au mystère de l’amour de Dieu. Pour nous, le vrai défi est là : permettre à l’amour de Dieu d’advenir dans notre temps, dans notre culture, dans notre vie à travers notre propre humanité. Il s’agit de s’éveiller et de se rendre présent à cette bonne nouvelle : c’est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’amour ! Marie a expérimenté cela en se mettant à la disposition de la volonté de Dieu : « voici la servante du Seigneur » et ainsi la jeune fille vierge est devenue la mère de Jésus et de ce magnifique peuple de ses disciples.

Nous mettre en route

Arrivés au terme de notre chemin d’Avent, nous ne célébrons pas la fin d’une histoire. C’est une aventure nouvelle qui commence bientôt et nous en serons les pionniers, les prophètes et les missionnaires. Avec joie et espérance nous voulons proclamer le Verbe fait chair, le proclamer par nos paroles et aussi à travers nos vies. Et puisque rien n’est impossible à Dieu, n’hésitons pas à nous mettre en route, à nous laisser conduire, à trouver notre joie à servir l’amour et à répandre la Bonne Nouvelle.


4e dimanche de l’Avent – Année B

Lectures bibliques : 2 Samuel 7, 1-5, 8-16; Psaume 88 (89); Romains 16, 25-27; Luc 1, 26-38