Homélie TV du 4 juin 2017 (Jn 20, 19-23)

Abbé Erik De Sutter – Abbaye des prémontrés, Paroisse de St. Servais – Grimbergen (Belgique)

Frères et Sœurs,

Quelle joie de pouvoir fêter chaque année la Pentecôte. Au risque sinon d’oublier l’Esprit Saint? Car où, et quand le rencontrons-nous – ne fusse que dans l’Eglise? Bien sûr, lors de la confirmation. L’Esprit-Saint inonde alors nos cœurs, nous donnant la force de suivre Jésus de Nazareth dans nos vies, par beau temps comme par tempête.

Présence de l’Esprit Saint dans la Bible

En feuilletant la Bible, nous découvrons l’ampleur de la présence de l’Esprit de Dieu. Il y a littéralement trace de sa présence du début à la fin. Le deuxième verset du premier livre de la Bible, le livre de la Genèse, en parle déjà : l’Esprit-Saint apparaît. Nous lisons: ‘et un souffle de Dieu agitait la surface des eaux’. (Gn 1,2)

A la fin du dernier chapitre du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, l’Esprit est toujours là.  Nous lisons:

«L’Esprit et l’Epouse disent: viens! Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie». (Ap 22,17) Et entre ces deux versets, entre le commencement et la fin, l’Esprit-Saint est à peu près partout. On le retrouve avec Moïse et les prophètes, Jésus lui-même en parle et il est très présent aussi dans l’Eglise primitive. Le livre de la Bible sur l’Eglise primitive, le livre les actes des apôtres, en parle au moins quarante fois.

L’Esprit crée et recrée toujours

Mais plus encore que sa présence, c’est de son œuvre dont la Bible nous parle.

On dit de l’Esprit-Saint que c’est Lui qui donne la vie. Il inspire les hommes, il leur accorde la force, il les encourage. Dans le Veni Creator Spiritus, il est nommé ‘consolator optime’: le consolateur suprême. En ce qui concerne les œuvres de l’Esprit, un élément particulier m’a frappé, une sorte de fil rouge à travers toutes ses œuvres. Il crée et recrée toujours un nouveau début. Il est là au début de la genèse, là où commence la création. Mais il est aussi présent aux origines du peuple d’Israël, parce qu’il repose sur Moïse. (Nb 11,17)

Dès le début de la vie de Jésus, nous apprenons que sa mère l’a conçu de l’Esprit-Saint. (Lc 1,35) Et l’Esprit descend sur Lui lors de son baptême, qui marque le début de sa vie publique. (Lc 3,22) En outre, l’Esprit est également présent lors de la naissance de l’Eglise, quand il descend sur les disciples de Jésus à la Pentecôte. (Ac 2,1-13) Une fois de plus il est là, quand il appelle Barnabé et Paul à Antioche pour entamer la mission parmi les gentils. (Ac 13,2)

Partout où les hommes s’engagent, là est l’Esprit

Là où est Jésus, là aussi est l’Esprit-Saint. Jésus attestait qu’Il était lui-même le Royaume de Dieu, cette nouvelle société fondée sur la justice divine, la miséricorde et la charité mutuelle. Partout sur terre où les hommes s’engagent pour les pauvres, les malades, les étrangers, les prisonniers, pour toute personne quelconque de la société, l’Esprit est au travail.

Les fruits de l’Esprit

Paul fait référence à une deuxième piste qui mène à l’Esprit. Il écrit aux chrétiens de Galate que l’Esprit de Jésus porte ses fruits en chaque homme. Et il énumère ces fruits: ‘le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi’. (Ga 5, 22)

L’Esprit peut sembler caché, il n’est jamais très loin. Est-ce cela que Jésus voulait dire en promettant d’envoyer l’Esprit à ses disciples, lors de son adieu? ‘Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais, qu’il demeure auprès de vous; et en vous il sera’. (Jn 14, 16-17).

Je vous souhaite de tout cœur une fête de Pentecôte encourageante.

Amen.


FÊTE DE LA PENTEC’OTE

Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Psaume 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34; 1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13; Jean 20, 19-23


 

Homélie du 4 juin 2017 (Jn 20,19-23)

Mgr Jean Scarcella –  Basilique de Saint-Maurice

 

Frères et sœurs,

Aujourd’hui l’Esprit se donne à entendre, à voir, à comprendre. Il pousse l’Église comme un grand vent vers le large et la libère de la peur. Les portes closes s’ouvrent, le feu dévore, le souffle crée. Nous sommes 50 jours après Pâques, et les disciples sont toujours enfermés, entre eux, par peur, à cause des événements qui ont conduit à la mort infâme de Jésus. La tendance naturelle pour eux est donc le repli sur le petit groupe rassurant d’amis. Il faudra la violence de l’Esprit pour briser cette volonté de repli sur soi qui tente ceux qui ont peur.

Le baptême nous  met ‘en forme’ de Christ

Mais voici que survient le coup de vent, voici qu’apparaît le feu, voici que les langues se délient, voici que les portes closent s’ouvrent : c’est l’entrée de l’Esprit dans le monde, c’est le baptême du monde. Nous assistons, à la Pentecôte, à une nouvelle Genèse. Comme le souffle de l’Esprit de Dieu donna forme au tohu-bohu, et présence au néant, le souffle du Christ ressuscité donna forme à l’homme et manifesta sa présence au monde. Saint Paul nous l’a dit : ”Tous nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps”. Notre baptême a fait de nous les temples de l’Esprit Saint, notre corps d’homme est devenu demeure de Dieu ; la vie de Dieu est en nous, c’est notre âme. Notre baptême nous a mis ‘en forme’ de Christ et, tous ensemble, nous formons un même corps, son propre corps, qu’on appelle le ”Corps mystique du Christ”, autrement dit : l’Église.

Chaque baptisé sera transparent à l’Esprit

Oui, frères et sœurs, ce baptême du monde au jour de la Pentecôte, c’est la naissance de l’Église. Jésus a fondé son Église, c’est-à-dire a modelé comme son propre corps en nous donnant l’Esprit, son Esprit, l’Esprit du Père. Il n’y a pas 36 esprits, il n’y en a qu’un ! C’est pourquoi saint Paul rappelle encore : « Sans le Saint Esprit, personne n’est capable de dire : ”Jésus est le Seigneur”. Il n’y a qu’un seul Seigneur, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu : c’est Jésus. Et pour que l’Église, c’est-à-dire la communauté des baptisés remplie de l’Esprit Saint depuis le baptême, puisse montrer le vrai visage du Christ Seigneur, il faut que l’Esprit parle en elle. Ainsi donc chaque baptisé sera transparent à l’Esprit qui l’habite et se saura témoin, capable de parler dans toutes les langues, récapitulées dans celle de l’amour ; chaque baptisé sera présent à cet Esprit qui ouvre toutes les portes closes, et rassemble dans le cœur du Père tous ceux qui sont capables d’amour.

Les verrous de la peur

Nous disions tout à l’heure tout d’abord : l’Esprit se donne à entendre. Il se donne à entendre comme une « violent coup de vent ». Un coup de vent qui doit balayer nos peurs. Nous l’avons rappelé, les disciples étaient paralysés par l’angoisse, murés dans la crainte, sans issue. Aujourd’hui existent encore les verrous de la peur, la menace de la persécution. Nous savons bien que le cœur de l’homme est naturellement orienté vers le bien, le désir de bonheur et de liberté, et pourtant il se heurte souvent aux fausses promesses et déceptions en tous genres qui peuvent conduire au désespoir. Finalement il n’est pas bon que l’homme moderne reste enfermé, à son insu, derrière les hauts murs de l’individualisme et du plaisir immédiat.

Les chrétiens : des témoins envoyés en mission

Nous disions aussi que l’Esprit se donne à voir, sous l’aspect d’une sorte de feu qui se partageait en langues. Le feu, source de chaleur et de lumière, le feu qui se propage et saisit tout sur son passage. Il est une force : c’est le baptême dans l’Esprit Saint et dans le feu, comme le rapporte saint Matthieu, ce feu que Jésus est venu apporter dans le monde, selon saint Luc. Laissons-nous donc brûler le cœur par le feu de l’amour de Dieu ; une fois qu’il aura bien pris, il se propagera, de cœurs en cœurs, il fera des chrétiens des témoins envoyés en mission. Jésus nous a fait une confiance totale et il nous délègue aujourd’hui, par les apôtres, tous les pouvoirs. L’Esprit Saint accompagne patiemment tous les envoyés, quelle que soit la variété des dons de la grâce, des fonctions dans l’Église ou des activités ; « c’est toujours le même Dieu qui agit en tout et en tous », nous a rappelé saint Paul.

Jésus ouvre un avenir

Enfin, l’Esprit se donne à comprendre, sous l’aspect du souffle que le Seigneur répand sur nous, comme le Créateur avait insufflé son haleine de vie dans les narines d’Adam. Le souffle qui offre la paix. Oui, l’Esprit est un ouvrier de la paix, et le Seigneur veut que nous en soyons les instruments. Jésus est toujours là, au milieu de nous, sans s’imposer ni forcer les serrures de notre enfermement face à la Parole. Il est là, simplement, et apporte la paix. Il apaise les troubles générés par la peur, il ouvre un avenir que nul ne pouvait envisager, il donne la joie et répand la paix ; là est son efficacité.

Oui, la Pentecôte c’est la vie à pleins poumons et désormais, plus forte que tous les verrous, toutes les solitudes, toutes les souffrances retentit la parole de Jésus :

« La paix soit avec vous ! »


Solennité de Pentecôte

Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Psaume 103; 1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13; Jean 20,19-23