Thomas et Isabel Messmer-Meile, de la paroisse de Bruder Klaus, à Bienne, sur le toit de l'église | © Jacques Berset
Dossier

A Bienne, la paroisse Bruder Klaus a «l'écologie au coeur»

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«Même si la communauté ecclésiale de base qui existait à Bienne a été dissoute, son esprit, inspiré par la théologie de la libération et son option préférentielle pour les pauvres, subsiste chez certains d’entre nous», souligne Isabel Messmer-Meile, catéchiste à la paroisse Bruder Klaus (St-Nicolas) de Bienne. Une paroisse qui a «l’écologie au coeur».

Cath.ch a accompagné Isabel et son mari Thomas sur le toit de l’église, équipé depuis 2015 de panneaux solaires pour mesurer le chemin parcouru par cette paroisse de l’Espace pastoral Bienne-Pieterlen. Quadrilingue, elle regroupe les fidèles de langue allemande, les francophones, les italophones et les hispanophones.

Plus grande sensibilité écologique des Alémaniques

Ce sont essentiellement les Alémaniques qui ont fait de cet engagement pour la sauvegarde de la Création un moteur de la communauté, qui a permis de mobiliser des centaines de fidèles dans ce projet paroissial de construction d’installation solaire. Cette paroisse biennoise n’a en effet pas attendu l’encyclique Laudato si’ pour se lancer, car l’équipe pastorale était déjà «conscientisée» à la préservation de l’environnement depuis longtemps.

Les catéchistes travaillent avec les enfants sur le thème ‘Un Temps pour la Création – Dieu vit que cela était bon’, qui est célébré en septembre dans le monde entier | | © Bruder Klaus

Pour elle, la sauvegarde de la Création est une tâche fondamentale de l’Eglise. Cette conviction trouve son fondement biblique dans la responsabilité confiée à l’être humain d’entretenir et de garder le Jardin d’Eden (Gn 2,15). «Pourtant, certaines voix se faisaient entendre, qui disaient que ce n’était pas une tâche de l’Eglise, que cela relevait des responsables politiques…»

Malgré les réticences et les obstacles

Mais l’équipe pastorale a tenu bon: le projet solaire est né suite à une retraite organisée en 2012 avec le «Seelsorgeteam» (équipe pastorale), le «Zentrumsrat» de St-Nicolas, le Conseil pastoral et l’équipe des catéchistes. «Il fallait passer de la discussion à une action concrète! On a écrit des lettres à des sponsors éventuels, fait des ventes d’habits et de nourriture, des quêtes lors de messes, des concerts, sollicité le Kolping, le Frauenverein, et même une messe avec cor des Alpes».

«On a profité de chaque occasion, et on a ainsi pu récolter près de 55’000 francs.»

Isabel Messmer-Meile

«On peut dire que des centaines de personnes se sont engagées, à divers degrés, car c’était un mouvement de la base, pas un ordre venant d’en haut! On a profité de chaque occasion, et on a ainsi pu récolter près de 55’000 francs, grâce aux ventes, aux manifestations caritatives, à l’organisation de collectes de fonds et aux sponsors, le reste des coûts ayant été pris en charge par la Paroisse catholique romaine de Bienne et environs». Cela a en outre permis une grande campagne de sensibilisation aux énergies renouvelables.

En route pour le label «Coq Vert»

Dès les années 1990, le Centre St-Nicolas mettait déjà en pratique la mission biblique de la «préservation de la Création». La paroisse est désormais en route pour obtenir le label «Coq Vert», un  système de «management environnemental» qui aide les paroisses à améliorer leurs résultats en matière d’écologie.

Paroisse Bruder Klaus à Bienne Les jeunes installent les panneaux solaires sur le toit de l’église | © Bruder Klaus

La démarche, assez contraignante, aide les paroisses à optimiser leur consommation de ressources – chauffage, eau, électricité, produits de nettoyage et de bureau, etc. Elle privilégie le recours à des produits locaux, économise des frais de fonctionnement et a des effets durables et motivants au-delà des frontières de la paroisse. Le processus est mis en route avec le soutien de l’association «œco Eglise et environnement», qui se charge de l’administration et de la certification pour le label «Coq Vert».

Le processus d’engagement mutuel en faveur de la Justice, de la Paix et de la Sauvegarde de  la  Création (JPSC) a débuté dans les années 1980 sous l’impulsion du Conseil œcuménique des Eglises (COE). «Ces thèmes ont été, dès cette date, portés par la paroisse. Dès le début des années 1990, nous avons cessé d’utiliser de la vaisselle en plastique jetable», relève Isabel, qui se souvient que quand elle vivait à Zurich, elle travaillait comme bénévole pour Greenpeace. Depuis ce temps-là, la paroisse est adepte du «fair trade» et se procure du café Max Havelaar, achète le plus possible local, notamment des produits de la catégorie Oecoplan de COOP, des crayons Caran d’Ache, utilise du papier recyclé, etc.

L’encyclique Laudato si’

Pour cette mère de trois enfants adultes, qui vit avec son mari Thomas à Nidau, dans l’arrondissement administratif de Bienne, la lutte pour la sauvegarde de la Création n’est pas seulement un combat pour préserver l’environnement. «Un écologiste n’a pas besoin d’être croyant, ce peut être tout simplement un humaniste!», mais pour un chrétien, c’est un engagement pour la Création, ce qui sous-tend qu’il y a un Créateur.

Dans la démarche de l’équipe, ajoute Thomas Messmer-Meile, par ailleurs président de la Zentrumskommission (commission du centre) à Bruder Klaus, il ne s’agit pas seulement d’Umwelt (environnement), mais aussi de Mitwelt, un concept qui comprend la communauté des hommes dans leur environnement.

Il relève que le conseil paroissial a maintenant approuvé une autre installation solaire photovoltaïque dans la paroisse du Christ-Roi/Christ König. Des panneaux produits en Suisse y ont également été installés.

Bruder Klaus à Bienne L’installation photovoltaïque au sous-sol. Les revenus des ventes d’électricité à Energie Service Bienne (ESB) se montent à 34’500 francs| © Jacques Berset

L’encyclique Laudato si’ parle d’»écologie intégrale» et de développement durable. Le pape François souligne qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui intègre la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant «la clameur de la terre» que «la clameur des pauvres».

«Cette encyclique nous renforce dans notre engagement, et permet aussi de convaincre ceux qui étaient restés sceptiques, ou ceux qui ont besoin de légitimation d’une autorité…» (cath.ch/be)

Des jeunes engagés dans le projet solaire
Du 13 au 17 avril 2015, dans le cadre d’un cours œcuménique, huit jeunes ont construit l’installation solaire sur le toit de l’église Bruder Klaus à Bienne, en collaboration avec la «Jeunesse Solaire» de Greenpeace et l’entreprise d’installation solaire CREA Energie AG.Dans le cadre de l’enseignement religieux, dans les différents groupes et dans les offices religieux, ce projet a été à plusieurs reprises l’objet de discussions. Ainsi, la construction de la centrale solaire en tant que projet paroissial a pu être largement soutenue.
En automne 2012, la paroisse de St-Nicolas de Bienne s’était fixé l’objectif ambitieux de produire autant d’électricité que possible pour ses propres besoins avec son propre système photovoltaïque.  Thomas Messmer-Meile nous montre des chiffres éloquents: de janvier à décembre 2019, l’épargne par la consommation propre est d’environ 10’500 francs, tandis que les revenus des ventes d’électricité à Energie Service Bienne (ESB) se montent à 34’500 francs. JB

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Thomas et Isabel Messmer-Meile, de la paroisse de Bruder Klaus, à Bienne, sur le toit de l'église | © Jacques Berset
6 septembre 2020 | 17:00
par Jacques Berset

Le Vatican a lancé, le 24 mai 2020, à l’occasion du 5e anniversaire de Laudato si’ (2015), une année écologique. Cinq ans après la publication de l'encyclique du pape François, le but est de favoriser une conversion écologique par les actes. Durant cette année, cath.ch présentera un certain nombre d'initiatives, en Suisse et dans le monde, s'efforçant de concrétiser cet engagement.

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