Cornelius Sim, évêque et vicaire apostolique de Brunei, sur l'île de Bornéo | Wikimedia Common - paroissien de Brunei – DDP
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Le Cardinal Sim, pionnier de l’évangélisation 2/9

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Appelé à recevoir la barrette rouge des cardinaux des mains du pape François le 28 novembre 2020, l’évêque de Brunei, Cornelius Sim, pourrait se targuer de détenir d’impressionnants records. Il est, depuis 1989, le premier prêtre indigène ordonné dans le Brunei Darussalam – ou Sultanat de Brunei. Depuis 2004, il en est le premier vicaire apostolique. Désormais, il devient le premier cardinal de cette toute petite monarchie musulmane de l’île de Bornéo.

Cette progression fulgurante du haut prélat, qui, à 69 ans, rejoint la plus haute sphère de l’Église romaine, est encore plus surprenante si on se penche sur son parcours singulier. Né en 1951 à Brunei, il est à moitié chinois et à moitié dusun, l’ethnie majoritaire du nord de Bornéo et de Brunei. Ses parents sont catholiques, et il lui est possible d’être élevé dans la foi. Cependant, il s’en écarte peu à peu en approchant de l’âge adulte. Bon élève, il part faire ses études en Écosse dans l’université de Dundee. Il veut être journaliste un temps, mais revient finalement au pays avec un diplôme d’ingénieur qui lui permet de diriger la succursale de Shell au Brunei, qui a de très importantes ressources pétrolifères. Il occupera ce poste de 1978 à 1985.

Pendant cette période cependant, l’ingénieur redécouvre la foi grâce à la présence de mouvements charismatiques à Brunei, qui mettent plus l’accent sur une relation directe avec Dieu et moins sur la doctrine. Il en est transformé, et décide tout simplement de quitter son travail pour partir étudier la théologie dans l’université franciscaine de Steubenville, dans l’Ohio (États-Unis). Il retourne à Brunei et est ordonné prêtre en 1989. Il est lui-même encore surpris aujourd’hui de ce soudain renversement qui, en quatre ans, a fait basculer toute son existence. «Je n’ai jamais voulu être prêtre. J’ai été en quelque sorte détourné dans ce travail», déclarait-il au site anglophone Crux le 16 novembre dernier.

Au service de son pays

Il raconte qu’on lui a dit un jour: «Écoutez, nous avons besoin d’un prêtre, vous êtes le seul à avoir une sorte de formation théologique, alors ce sera vous». Le Brunéien aurait tout d’abord clairement refusé, puis après avoir réfléchi une nouvelle fois à la question lors d’une retraite, serait soudainement revenu sur sa décision. Il pensait alors ne pas avoir d’autre rôle que celui de prêtre, mais tout s’est passé autrement. On lui donne rapidement des responsabilités. En 2004, Jean Paul II décide de l’ordonner évêque, et le convoque à Rome pour lui remettre sa croix pectorale.

Cependant, fier d’être (encore une fois) le premier évêque de son pays, il demande au pontife de pouvoir être ordonné chez lui au Brunei. Le chef de l’Église catholique accepte, et la cérémonie se tient le 21 janvier 2005 dans la pro-cathédrale Notre-Dame de l’Assomption dans la capitale Bandar Seri Begawan, présidée par Mgr Salvatore Pennacchio, nonce en Thaïlande et à Singapour mais aussi délégué apostolique au Brunei.

Dialogue exemplaire avec l’Islam

Le cardinal Sim sera, de plus, le plus haut dignitaire religieux catholique d’un pays où la religion officielle est l’Islam (pratiqué par 70% de la population) et où le catholicisme ne concerne que 20’000 âmes (4%). Le pays est cependant considéré comme un modèle de dialogue interreligieux, et le pape François souhaite très probablement s’appuyer sur son nouveau cardinal pour mettre en avant des modèles pratiques et opérant de la «fraternité universelle» dont il a fait son cheval de bataille depuis 2019.

Les autres domaines dans lesquels le cardinal Sim souhaite s’investir pour faire valoir son expérience personnelle, a-t-il confié à Crux, sont «la question migratoire, la santé, et la promotion de la connaissance de la Bible». Mais les trois priorités aujourd’hui, semblent être pour lui la famille, l’environnement et les communications sociales. Ces dernières doivent passer par plus de proximité, défend-il. Quand à la famille, elle est «la clé de beaucoup, beaucoup de choses» selon lui.

Si tous les chemins semblent l’avoir mené, parfois malgré lui, vers Rome, le cardinal Sim ne pourra pas se rendre dans la Ville Éternelle le 28 novembre prochain. La pandémie, les restrictions associées et le très long vol pour venir du petit pays insulaire jusqu’en Italie ont empêché tout déplacement. Il suivra le consistoire, comme beaucoup d’autres cardinaux par vidéoconférence. (cath.ch/imedia/cd/gr)

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25 novembre 2020 | 10:00
par I.MEDIA

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