Mgr William Goa Seng Chye, archevêque de Singapour, sera créé cardinal le 27 août 2022 | catholic.sg
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Le futur cardinal William Goh, artisan de l'harmonie à Singapour

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Le nom de Mgr William Goa Seng Chye, archevêque de Singapour, n’était pas très attendu dans la liste des nouveaux cardinaux désignés par le pape le 29 mai dernier.

À Singapour, minuscule île-État située au bout de la péninsule malaise, aux portes du détroit de Malacca, le catholicisme est arrivé au XVIe siècle avec les marchands portugais. Le premier prêtre de Singapour, arrivé en 1821, est suivi en 1839 du Père Jean-Marie Beurel, missionnaire breton considéré aujourd’hui comme le fondateur de l’Église catholique locale. Deux cent ans après, la petite République du sud-est asiatique va bientôt compter dans ses rangs son premier cardinal en la personne de son actuel archevêque, Mgr William Goh Seng Chye. 

William Goh est né à Singapour en 1957 au sein d’une famille catholique pratiquante. L’actuel archevêque de l’île considère devoir sa vocation à la grande ferveur de sa mère, affirmant se souvenir de la façon dont elle récitait avec ardeur son chapelet alors qu’il n’avait que quatre ans. À seulement douze ans, il prie lui-même le chapelet tous les jours, entretient une grande dévotion pour la Vierge Marie et médite sur les écritures.

Un banquier devenu prêtre

Ses parents l’inscrivent dans un établissement catholique de l’île, où il intègre un mouvement de jeunesse catholique puis devient enfant de chœur, se prenant de passion pour la liturgie. Quand il finit son secondaire, en 1976, il a déjà l’idée de devenir prêtre mais hésite encore. Après son service militaire, il choisit alors de travailler pour la banque britannique Barclays. Une période de deux ans qu’il décrit comme très joyeuse et pendant laquelle sa foi et sa vie spirituelle continuent de croître. Mais l’appel au sacerdoce est trop fort et, malgré l’opposition de son père, il décide de rejoindre le séminaire local de Penang où il est accepté. 

En 1985, il passe une année à Rome où il obtient un diplôme en théologie à l’université pontificale urbanienne, puis rentre à Singapour où il est ordonné le 1er mai. Il retourne alors à Rome pour poursuivre ses études en théologie dogmatique au sein de l’université pontificale grégorienne. De retour à Singapour, il se voit confier des responsabilités d’enseignant et de formateur au séminaire majeur, en devenant par la suite le doyen, le procurateur et enfin le directeur, poste qu’il occupera jusqu’en 2013. En 1995, il intègre la commission théologique de la commission des conférences épiscopales d’Asie. 

Pendant ces années, il a aussi été directeur spirituel du centre spirituel diocésain et de plusieurs mouvements de jeunes et charismatiques, une de ses passions en tant que pasteur. Il décrit la jeunesse catholique de Singapour comme « vibrante, créative et pleine d’énergie », considérant que l’Église, pour grandir, doit apprendre à comprendre leurs aspirations. 

Un évêque engagé dans le dialogue interreligieux

En 2012, le pape Benoît XVI le nomme archevêque coadjuteur de Singapour auprès de l’archevêque Mgr Nicholas Chia Yeck Joo, qui se retire l’année suivante à 75 ans. Mgr William Goh devient dès lors archevêque à sa place, devenant le second prélat natif de Singapour à prendre la tête du diocèse. 

L’archevêque singapourien est très investi dans la culture de dialogue interreligieux, une spécificité de la ville-État qui promeut l’harmonie entre les communautés bouddhistes, musulmanes, taoïstes, hindou, protestantes et catholique locales. Depuis 2014, il fait partie des représentants officiels de la ville pour le dialogue entre ces communautés. Le lendemain de son ordination épiscopale en 2013, lors d’une rencontre en présence des principaux représentants religieux de Singapour, il déplore la sécularisation du monde et la montée du laïcisme, responsable des progrès du relativisme et donc de la fragmentation des sociétés. 

Mobilisé contre les abus

En Asie, Mgr Goh a été un des rares prélats à s’exprimer publiquement sur la question des abus. En mai dernier, il a présenté ses excuses à la communauté catholique après la condamnation d’un prêtre de son diocèse qui avait abusé deux adolescents, appelant à une « prise de conscience des réalités ». Sous sa gouvernance, le bureau indépendant en charge des abus du diocèse, qui existe depuis 2011, est passé sous la direction d’un laïc en 2018.

Enfin, dans la vie sociale du pays, Mgr Goh est, comme le promeut l’Église catholique, un des grands défenseurs de l’abolition de la peine de mort à Singapour, où la sentence capitale est encore régulièrement prononcée, notamment en cas de trafic de drogue. (cath.ch/imedia/cd/mp)

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