«Une surprise totale», a reconnu le futur cardinal à propos de l’annonce | © Archidiocèse de Brasilia
Dossier

Mgr Paulo Cezar Costa: le jeune pasteur de la capitale du Brésil

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«J’ai toujours voulu être, dans ma vie, un serviteur», a confié Mgr Paulo Cezar Costa lors d’une conférence de presse le 29 mai 2022, après avoir appris que le pape François l’avait inscrit sur la liste des 20 prélats appelés à entrer au Collège des cardinaux le 27 août prochain.

Depuis sa nomination comme évêque il y a seulement onze ans, Paulo Cezar Costa, qui a aujourd’hui 55 ans, a rapidement gravi les échelons de l’épiscopat brésilien. Depuis décembre 2020, il s’est ainsi vu confier l’archidiocèse de la capitale de son pays, Brasilia, où il cherche à promouvoir le dialogue et à être proche de son troupeau. 

«Une surprise totale», a reconnu le futur cardinal à propos de l’annonce. Pour lui, elle reflète la «gentillesse du pape François» envers l’Église au Brésil et dans sa ville de Brasilia. «Ma profonde gratitude au pape François pour m’avoir choisi», a-t-il ajouté. 

En août, Mgr Costa deviendra le troisième plus jeune électeur du Collège des cardinaux, après Mgr Giorgio Marengo, 48 ans, préfet apostolique d’Oulan-Bator (Mongolie) et Mgr Virgílio do Carmo da Silva, 54 ans, archevêque de Dili (Timor Oriental), qui vont également êtres créés cardinaux lors de ce consistoire d’août. Jusqu’alors, le poste de benjamin était occupé par Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui (République centrafricaine), qui a lui aussi 55 ans mais est plus âgé de quatre mois.

Un éducateur et un pasteur de la première heure 

Mgr Costa est né le 20 juillet 1967 à Valença, dans l’État de Rio de Janeiro. Ordonné en 1992, il a étudié la philosophie et la théologie au Brésil, puis a fait son doctorat à l’Université pontificale Grégorienne de Rome, dont il a été diplômé en 2001.

De retour au Brésil en 2002, il a été curé de paroisse pendant plusieurs années et puis de 2006 à 2010, il s’est consacré à l’éducation et à la formation du futur clergé, en tant que recteur d’un séminaire, directeur d’un institut de théologie et de philosophie et directeur et professeur du département de théologie de l’Université catholique pontificale de Rio de Janeiro. En 2010, à seulement 43 ans, il a été nommé par Benoit XVI évêque auxiliaire de l’archidiocèse de São Sebastião do Rio de Janeiro, dirigé par le cardinal Orani João Tempesta. 

En tant qu’évêque, il a continué à travailler pour diverses commissions et bureaux en charge des étudiants et des universités, entre autres choses. En 2013, il a notamment été le directeur administratif des Journées mondiales de la jeunesse. À cette occasion, Mgr Costa a rencontré le pape François, qui effectuait alors son premier voyage international. 

Evêque de São Carlos

En 2016, Mgr Costa a été nommé évêque de diocèse de São Carlos, dans l’État de São Paulo, qui compte environ un million de catholiques. Au cours de ses années en poste – il est resté jusqu’à 2020 –  il a créé le Tribunal ecclésiastique, une Commission pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables, des vicariats épiscopaux, ordonné au moins huit nouveaux prêtres et rouvert le Séminaire propédeutique, rapportent les médias locaux.

En 2019, il a reçu, avec l’un de ses évêques auxiliaires, la citoyenneté d’honneur de la ville en reconnaissance de leurs services rendus à la communauté. Lors de sa messe d’adieu l’année suivante, une laïque s’exprimant au nom des fidèles du diocèse a déclaré que les habitants de São Carlos gardent pour lui «un grand sentiment de gratitude» pour avoir, entre autres, été au milieu des fidèles «l’image du bon berger».

«J’ai donné ma vie à São Carlos pendant quatre ans et quatre mois et j’y étais très heureux. São Carlos a été pour moi une grande école où j’ai pu apporter ma contribution, en prenant tout le bagage que j’avais, de foi et de vie, que l’Église m’avait donné. Mais où j’ai aussi pu apprendre et mûrir beaucoup » , a déclaré Mgr Costa dans un entretien avec le responsable de la communication du diocèse, publié le 1er juin 2022.

Promouvoir le dialogue dans un environnement politiquement tendu 

Après avoir été nommé en octobre 2020, Mgr Costa a été installé en décembre suivant comme archevêque de Brasilia, qui couvre le territoire du district fédéral du Brésil, lequel comprend la capitale et sa périphérie et compte environ deux millions de catholiques. Le siège de la Conférence épiscopale se trouve également à Brasilia.

Mgr Costa y a succédé au cardinal Sergio da Rocha, qui depuis 2020 est primat du Brésil en tant qu’archevêque de São Salvador da Bahia. Depuis la création du diocèse de Brasilia en 1960, tous les archevêques, à l’exception du premier, ont été nommés cardinaux. 

«Construire la culture de la rencontre»

«Je pars avec l’envie de rencontrer les pouvoirs: l’exécutif, le législatif, le judiciaire. [Avec l’envie] de dialoguer, de construire ce que le pape François appelle la culture de la rencontre», a déclaré Mgr Costa au média Metrópoles le 21 octobre 2020, le jour de sa nomination comme archevêque. 

Dans un pays qui est de plus en plus polarisé politiquement, qui a été extrêmement touché par la pandémie de COVID-19 (avec plus de 675’000 morts) et qui est toujours en difficulté économique, l’objectif de Mgr Costa n’est pas facile à atteindre. Cependant, il considère que promouvoir le dialogue et parler du point de vue de l’Église est crucial dans sa mission. 

«[La polarisation] devient quelque chose qui peut être négatif, lorsque les gens deviennent plus tranchants dans leurs positions et perdent la capacité de dialoguer», a-t-il déclaré au Jornal Opção en juillet 2022. «Le danger de la polarisation, c’est quand elle s’attache plus à l’idéologie qu’aux vrais problèmes des gens», assure-t-il, considérant qu’il s’agit d’un des problèmes de la politique aujourd’hui.

Attentif durant la campagne des présidentielles

Lors de la conférence de presse qui a suivi sa création comme cardinal, il avait évoqué cette idée en disant qu’il espérait que lors de la prochaine élection présidentielle, en octobre 2022, les candidats proposeront des solutions concrètes pour le bien du peuple, plutôt que de passer du temps à discuter d’idéologies. 

Bien qu’il ait déclaré que «l’Église ne se mêle pas de la politique des partis», Mgr Costa est bien conscient que Brasilia est le centre de la gouvernance du pays et a déclaré qu’il n’avait pas peur d’être ferme sur les questions que l’Église trouve importantes. Dans une interview accordée à O Estadão en novembre 2020, il a reconnu que «être inflexible» est parfois nécessaire quand on a conscience «que là se trouve le bien, là se trouve la voie de l’humanité», citant en exemple les questions relatives à l’écologie et à la protection de l’Amazonie. 

«Il y a beaucoup de travail en perspective. Du travail dans notre cher archidiocèse de Brasilia et du travail également au service de l’Église», a déclaré Mgr Costa en commentant sa création comme cardinal, en mai 2022. «Mais il faut tout faire avec joie, en cherchant à servir avec joie», a-t-il ajouté. (cath.ch/imedia/ic/bh)

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