Le futur cardinal Robert McElroy est évêque de San Diego en Californie | © sdcatholic.org
Dossier

Le futur cardinal Robert McErloy, un Bergoglien pratiquant

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Il est le seul cardinal désigné des États-Unis pour ce consistoire, et le cinquième choisi par le pape François dans ce pays. Sa nomination a défié tous les pronostics et provoqué la controverse car Mgr Robert McElroy n’est pas sur un siège cardinalice, ni même archevêque. Véritable disciple de François, il représente une voix importante au sein de l’Église américaine, prônant une ligne moins rigoriste sur les sujets de société. 

«J’ai dit plusieurs prières parce que j’étais abasourdi et choqué», a confessé le prélat de 68 ans après l’annonce du pape. Originaire de San Francisco, il a été ordonné prêtre pour cet archidiocèse californien le 12 avril 1980, où il a été ensuite secrétaire de l’archevêque puis évêque auxiliaire de 2010 jusqu’à sa nomination à la tête du diocèse de San Diego en 2015.

Lors d’une conférence de presse rapportée par OSV, lui-même a expliqué sa nomination par le fait que le pape «voulait avoir un cardinal sur la côte ouest» du pays. Une autre raison a été soulignée par les observateurs : diocèse frontalier avec le Mexique, San Diego est concerné par le thème des migrants, cher au pontife. 

Dans son ministère, Mgr McElroy est un proche du pape François. Il a tissé sa propre pastorale autour des thèmes bergogliens – accompagnement mutuel entre pasteur et Peuple de Dieu, Église en sortie. «Le pape François a lancé une série d’initiatives qu’il essaie d’apporter à la vie de l’Église… Et j’ai essayé de prendre ces initiatives et de les implanter ici», a affirmé ce disciple convaincu.

Très engagé pour la défense de l’environnement dans sa pastorale diocésaine, il était l’un des deux évêques américains personnellement nommés par le pontife argentin pour participer au Synode des évêques sur l’Amazonie en 2019. Il est aussi membre du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Une voix forte sur les sujets de société

Plus récemment, sa voix a porté dans le débat sur la «cohérence eucharistique» : Mgr McElroy a estimé que l’interdiction de la communion aux politiciens catholiques qui seraient en faveur de la légalisation de l’avortement était une mesure «destructrice» qui «diminue l’Eucharistie», l’instrumentalise à des fins politiques et promeut «l’esprit partisan dans notre société». Il a donc représenté le contrepoint de l’archevêque de San Francisco, Mgr Cordileone – son ancien supérieur – sur ce sujet. 

En février 2021, Mgr McElroy a signé avec d’autres évêques américains une déclaration condamnant la «violence, l’intimidation ou le harcèlement» à l’encontre des personnes LGBT, s’inquiétant du taux de suicide élevé constaté chez les jeunes LGBT. 

L’archevêque a aussi confié au National Catholic Reporter qu’il était favorable à l’ordination diaconale des femmes. Une question actuellement étudiée au Vatican par une commission mandatée par le pape François.

Puisque Mgr McElroy s’est souvent opposé à la priorisation du débat sur l’IVG sur les autres sujets tels le climat, les migrants, le racisme, certains ont décrit le choix du pape François comme une véritable «claque» à la Conférence épiscopale des États-Unis, plus frontale sur les sujets moraux – en particulier son président, Mgr José Gomez, archevêque de Los Angeles, dont San Diego est un diocèse suffragant. Ce geste du pape est «un message fort et clair pour l’Église aux États-Unis (en accord avec Vatican II)», a écrit le jésuite Antonio Spadaro, rédacteur en chef de La Civiltà cattolica, et proche du pontife, sur Twitter

Un point noir dans sa gestion des abus 

Sur la question des abus, Mgr McElroy a dénoncé «un très mauvais schéma» qui a conduit à la couverture des crimes dans l’Église. En 2019, il a rassemblé les plus de 2’500 employés de son diocèse, leur demandant de signaler les cas d’abus sexuels sur des enfants dont ils soupçonnent l’existence, quels que soient les délais de prescription. Il a également annoncé la création d’un groupe de travail sur ce sujet. 

Mais, rapporte The Catholic Telegraph, Mgr McErloy a été critiqué pour n’avoir pas répondu à une lettre d’un expert sur les abus, Richard Sipe, aujourd’hui décédé, dénonçant des évêques et des prêtres américains – entre autres des dissimulations du cardinal Roger Mahony et des agissements du cardinal Theodore McCarrick – en 2016. L’évêque de San Diego a argué que les allégations de cette lettre manquaient de preuve.

La santé du cardinal désigné a été récemment éprouvée : en novembre 2021, il a subi un pontage coronarien, pour quatre artères bloquées. Opération qui a été couronnée de succès, d’après le Register.

Quant à l’hypothèse qu’il puisse être pape un jour ? «Je ne pense pas qu’un Américain devrait être pape», a-t-il répondu lors de la conférence de presse, expliquant que les États-Unis avaient du pouvoir «à tant de niveaux», que si l’Église était dirigée par un pape américain, cela représenterait un «contre-témoignage» (cath.ch/imedia/ak/mp)  

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