Aux Philippines, le confinement a privé beaucoup de gens de leur travail et donc de nourriture | © Keystone
Dossier

Covid-19: les pays du Sud face à la pandémie – Philippines (3)

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Aux Philippines, plusieurs millions de travailleurs à la journée restent sans revenus ni travail parmi les habitants des bidonvilles de la région métropolitaine de Manille. La situation tend à s’aggraver depuis le confinement décidé le 16 mars 2020 par le président Rodrigo Duterte.

À l’origine, le confinement avait été annoncé pour quatre semaines, mais le 6 avril, le président Duterte a annoncé à la télévision que le confinement serait prolongé jusqu’au 30 avril.

Le confinement de Manille et de ses 12 millions d’habitants avait été décrété le 12 mars avant d’être étendu à l’ensemble de l’île de Luzon. Plus de la moitié des 104 millions de Philippins vivent sur cette île. Tous les déplacements par voies aérienne et maritime y ont été interdits tandis que ceux par voie terrestre ont été drastiquement restreints. Et, par la suite, la plupart des autres régions de l’archipel ont suivi cet exemple.

Au 8 avril, les Philippines avaient enregistré plus de 3’800 infections confirmées, dont 182 décès. Ainsi que l’explique au site Eglises d’Asie, le père Leo, directeur du département de langue chinoise de Radio Veritas Asia, beaucoup de Philippins gagnent leur vie avec des emplois précaires comme chauffeurs de tricycles ou de jeepneys (transports en commun). Ils n’ont aucune épargne.

Le Père Leo précise que malgré l’annonce faite par le gouvernement philippin le 3 avril, qui a assuré que des aides seraient distribuées aux familles précaires, ces dernières n’ont encore rien reçu. Selon le prêtre, certaines rumeurs affirment que des fonctionnaires ont détourné des dons destinés aux pauvres.

Aggravation de la crise alimentaire

La circulation des marchandises dans le pays a été considérablement restreinte en raison du blocus gouvernemental. Dans les villes, l’approvisionnement en nourriture est déjà alarmant dans de nombreux endroits. Il est à craindre que la crise alimentaire ne s’aggrave dans les prochains mois si le blocus venait à être prolongé.

Delia Badillo et son mari Teodulo | © Action de Carême

L’agricultrice Delia Badillo et son mari Teodulo ont leur propre ferme sur l’île philippine de Mindanao, à Molave, Zamboanga du Sud. Dans cette période de pandémie, l’autosuffisance de la famille grâce à des méthodes de culture agro-écologiques est d’une importance capitale pour diverses raisons.

«Nous nous en sortons plutôt bien, malgré le blocus du gouvernement. Notre ferme nous fournit tout ce dont nous avons besoin», affirme Delia. Elle et son mari Teodulo cultivent leurs champs avec des méthodes de culture agro-écologiques, ils innovent constamment et adaptent leurs semences. Ils partagent également volontiers leurs connaissances avec les agriculteurs et agricultrices de la région de la péninsule de Zamboanga et de plusieurs régions de Mindanao.

La diversité porte ses fruits

Sur leur ferme d’un hectare, ils cultivent du riz, des légumes, des arbres fruitiers et des herbes aromatiques et élèvent des chèvres, des poulets indigènes et des canards. Ils sont accompagnés du savoir-faire agricole d’Agro-Eco, une organisation partenaire d’Action de Carême.

L’Eco-agriculture permet une flexibilité des cultures | © Action de Carême

Agro-Eco a déjà reçu un prix international d’agroécologie pour son engagement. Grâce à des méthodes de culture agroécologique, la famille Barillo dispose d’aliments de bonne qualité, de médicaments et d’engrais naturels tout au long de l’année. Le fait de miser sur de nombreux types d’aliments différents leur garantit également un revenu régulier et même un rendement plus important que s’ils n’avaient planté que du riz.

«L’agroécologie rend notre famille plus flexible pour faire face à une telle situation. Des méthodes de cultures diversifiées sont un élément essentiel pour la survie des agriculteurs et agricultrices ainsi que de l’économie locale», déclare Delia Badillo. (cath.ch/com/eda/ag/bh)

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